Youssou NDour, l’atout cœur de la Francophonie.

Par Alain Jourdan, Tribune de Genève

Si les Africains le considèrent comme un sage, pour la Francophonie, Youssou Ndour est tout simplement un symbole.

Genève internationale - Le célèbre chanteur donnera un concert unique au Palais des Nations le 19 mars prochain, la veille de la Journée de la francophonie.

Pour les Africains, ce n’est pas seulement un chanteur, c’est aussi un sage. Pour les partisans et défenseurs d’une francophonie plurielle, Youssou Ndour est tout simplement un symbole. Parce que ses notes comme ses mots ne sonnent pas dans le vide, la star sénégalaise a été choisie pour animer le grand concert annuel donné au Palais des Nations la veille de la fête de la Francophonie le 19 mars prochain.

Fort du succès des éditions précédentes qui ont vu Ismaël Lo et Salif Keïta enflammer le public réuni dans la grande salle des assemblées du Palais des Nations, Ridha Bouabid, représentant permanent de la Francophonie à l’ONU a voulu mettre la barre encore plus haut en invitant Youssou Ndour. L’artiste sénégalais se déplace rarement en dehors de ses tournées. Il vient à Genève pour un concert unique et gratuit avec tous ses musiciens. Un coup de force auquel un autre sénégalais, le journaliste Gorgui NDoye (Continentpremier.com), correspondant au Palais des Nations, n’est pas étranger. L’accès au siège de l’ONU étant sécurisé et le nombre de places limitées, il faudra s’inscrire préalablement sur le site de la Francophonie pour être parmi les chanceux qui verront le chanteur sur scène. Le représentant de la Francophonie tient à ce que les diplomates et fonctionnaires internationaux ne soient pas les seuls à pouvoir vivre ce moment unique.

Défendre la diversité

L’aspect festif n’occulte en rien la dimension politique de l’événement. Youssou Ndour avait été l’un des premiers à condamner l’assaut des terroristes islamistes contre les manuscrits de Tombouctou. L’Organisation internationale de la francophonie vient d’ailleurs d’inaugurer au Palais des Nations une exposition consacrée à ce patrimoine exceptionnel auquel se sont attaqués les combattants du groupe salafiste Ansar Eddine.

«Ces gens qui détruisent les tombeaux des saints et les sites historiques ne sont pas des musulmans. Ils ternissent l’image de l’islam à travers des actes ignobles», avait déclaré le chanteur. Sa venue vient renforcer les propos des diplomates pour qui la diversité des cultures au sein de la francophonie se doit d’être un atout et non un prétexte à des divisions. A Genève, Aya Thiam Diallo, la représentante permanente du Mali a dénoncé avec vigueur les attaques contre le «patrimoine mondial de l’humanité» et les souffrances imposées à son pays et à ses habitants. Pour elle, l’ignorance est la source de tous ces malentendus et souffrances. Pour renvoyer les terroristes à de qu’ils sont, elle cite un propos attribué au prophète par le grand sage africain Ahmed Baba: «Plus précieuse que le sang des martyrs est l’encre des savants.»

La canadienne Michaëlle Jean, qui a succédé à Abdou Diouf à la tête de la Francophonie en décembre dernier, a annoncé qu’elle souhaitait donner priorité au combat contre le terrorisme et l’obscurantisme. Mais elle doit aussi entretenir la flamme allumée par l’ancien président sénégalais. «Dans ce monde secoué de convulsions, fracturé par les inégalités, démuni face à des menaces nouvelles, la Francophonie a allumé un phare d’espérance et de concorde, de solidarité et d’humanisme», avait-il déclaré avant de lui céder sa place.

Paroles de sagesse

Pour Ridha Bouabid, le mandat est clair et l’action «globale». «La Francophonie est engagée contre le terrorisme qui menace de nombreux pays de l’espace francophone mais elle est aussi engagée en faveur de la promotion de la paix et de la stabilité», explique-t-il.

Pour sceller ce discours d’ouverture et de tolérance et le transmettre de façon festive, la Francophonie s’est donc tournée vers Youssou Ndour, son atout cœur. «Alors qu’il est mal compris en Occident, l’islam doit se présenter et montrer qu’il est une religion de paix, de tolérance et d’amour, comme l’illustre si bien cheikh al-Tijânî, grand maître de la confrérie soufie Tijâniyya fondée vers 1780», explique l’artiste.

Concert de Youssou Ndour, jeudi 19 mars, 18 h 30, Palais des Nations, inscriptions dans la limite des places disponibles:

20mars.geneve@francophonie.org (Avec l’aimable autorisation de la Tribune de Genève)