C'est sous sa présidence du Conseil des droits de l'Homme, que le Secrétaire général de la Francophonie a été invité pour la première fois à s'exprimer devant cette institution importante du système onusien. Diplomate de carrière, Laura Dupuy Lasserre travaille depuis 1998 sur les questions liées aux droits humains, d’abord au sein de l’OEA (Organisation des États Américains) avant de rejoindre les Nations Unies à Genève. Originaire d’un continent qui est sorti il y a une vingtaine d’années de la dictature militaire avec son système d’impunité, l'ambassadrice Lasserre est une défenseure des droits humains, des cultures, du multilinguisme et de la langue française.
GENEVE- Fonctionnaire des Affaires Étrangères dans son pays, l'Ambassadeur Lasserre a dans sa famille d’arrière grands parents originaires de la France. En effet, à la fin du 19ème siècle, vers 1870 et au début du 20ème siècle, son grand père est professeur de français. A l’âge de 3 ans, elle étudie le français et s’intéresse dans ses études universitaires aux relations internationales. Elle apprend la langue de Molière à l’Alliance française et au lycée. Elle nous rappelle, en nous recevant à la Mission de l'Uruguay à Genève que «la langue française était considérée comme deuxième langue au lycée après l’apprentissage de l’espagnol» et de noter: « Aujourd’hui l’anglais a pris la place du français.»
Originaire d’un pays avec une tradition démocratique reconnue malgré une parenthèse dictatoriale de treize (13) ans, Dupuy Lasserre est née dans une famille amoureuse de la langue française. Au début du 20èmesiècle, très à l’avant-garde, l’Uruguay a accueilli beaucoup de réfugiés européens. L’espagnol est la langue autochtone, le français y est enseigné et se place au deuxième rang.
L’Uruguay pays qui renvoie à « une rivière des oiseaux» par sa richesse ornithologique, respecte les différentes chansons des nombreuses sensibilités qui le composent.La liberté de la presse considérée comme pierre angulaire de la démocratie y est respectée. Le rapporteur des Nations Unies sur la liberté d’expression a considéré l’Uruguay comme un modèle offrant des garanties judiciaires aux média. «Les populations apprécient leur modèle démocratique.», glisse Madame L'ambassadeur. Cette dernière se dit «honorée de diriger les travaux du Conseil des droits de l’Homme au nom de l'Uruguay.» Ce pays d'Amérique Latine compte près de trois millions et demi d’habitants, son territoire est quatre fois plus grand que la Suisse. Le pays se nourrit de l’exportation agricole, son économie est basée sur le tourisme et les finances. Les défis auxquels sont confrontés ce pays ont pour noms : «le combat contre la pauvreté qui est certes marginale mais demeure une réalité. Le taux est de moins 2%. La crise économique de 2002 a accentué les problèmes sociaux avec son impact sur les classes moyennes.» explique Laura Dupuy Lasserre.
Regard sur la Genève internationale
L’Uruguay fut considéré comme la Suisse de l'Amérique Latine. Dupuy Lasserre ne maque pas d'ailleurs de faire des comparaisons entre son pays et la Suisse quand on l'interpelle sur sa vision de Genève, siège européen des Nations Unies. Pour elle: «La Ville de Genève s’inscrit et s’insère dans la société suisse. Elle préserve ses valeurs communautaires, le respect d’autrui. Certes la sécurité y est actuellement mise à rudes épreuves avec l’émergence de plus en plus de problèmes mais il faut savoir que c’est partout pareil et Genève n’est pas une exception. Nous partageons aussi la démocratie directe participative et pragmatique et une langue (le français) qui s’est imposée comme langue internationale.».
L'ambassadeur considère par ailleurs que «le multilinguisme estimportant même si on sait que partager une langue facilite la communication mais il faut respecter la culture des autres.». Elle souligne que « la maîtrise d’une langue permet de comprendre la mentalité d’un peuple et ses idées.»
Du Conseil des droits de l’Homme
Défenseure du multilinguisme, personnalité de premier plan du multilatéralisme incarné, à Genève, par le Conseil des droits de l'Homme qu'elle dirige avec maestria depuis 2008, Laura Dupuy Lasserre martèle que le Conseil fait son travail pour protéger les droits humains des peuples du monde entier. Ainsi, dit-elle: «Le Conseil envoie un message politique clair quand il y a des violations inacceptables dans un pays.» Elle martèle que c’est la communauté internationale qui fait une évaluation de la situation des violations perpétrées par un régime donné avant de prendre une série de mesures pour rétablir le Droit. «Parfois on nous accuse de traîner le pas comme sur la Syrie mais on oublie souvent que la question a été abordée deux fois par le Conseil des droits de l’Homme et une Mission d’établissement des faits a été créée malheureusement elle n’a pas pu faire son travail par manque de coopération du gouvernement syrien.»
Sur la Syrie, notons, enfin, que le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a créé une commission d'enquête confiée à l'ancien Secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan dont le mandat est de dresser un relevé des violations flagrantes des droits de l'homme commises depuis mars 2011, y compris une évaluation du nombre de victimes.
El Hadji Gorgui Wade NDOYE
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