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PALUDISME : La santé publique otage du business.

Publié le, 16 février 2005 par

Par EL HADJI GORGUI WADE NDOYE

Novartis devait fournir à l'organisation mondiale de la santé (OMS) le Coartem, une combinaison d'artemether, dérivé d'une plante chinoise, et de lumefantrine qui a donné des taux de guérison de plus de 95%, même dans des zones de polypharmacorésistance à un prix coûtant - environ 10 cents le comprimé, soit moins de US$2,50 le traitement complet pour les adultes et sensiblement moins pour les enfants. Novartis n’arrive plus à respecter ses engagements. Elle s’est mise dans une situation sérieuse et préoccupante. Les 300 millions de malades des pays sous - développés qui souffrent de paludisme, devront - ils mourir ou tout simplement lutter patiemment en attendant que, leur gouvernement, l'OMS et le géant pharmaceutique leur apportent le médicament qui les sauvera.

206 millions de dollars américains, c’est le total des fonds prédestinés et qui ne peuvent être déviés parce qu’uniquement destinés à l’achat des ACT dont le Coartem, médicament fourni uniquement par Novartis, Leader mondial en terme d’entreprise citoyenne. La firme suisse, malgré les assurances du Global Fund n’arrive plus convenablement à fournir aux pays en développement le traitement contre le paludisme pharmacorésistant.

La firme Novartis est depuis quelques mois confrontée à une difficulté de fournir les médicaments contre le paludisme. Parmi les raisons évoquées par l’entreprise à travers un communiqué de l’OMS, on note: « Les fournisseurs chinois n'arrivant pas à approvisionner suffisamment Norvartis en artemether, le laboratoire vient d'informer l'OMS qu'il se trouvait en situation de pénurie pour l'artemether-lumefantrine. Il en résulte que l'Organisation ne sera sans doute pas en mesure de fournir dans les prochains mois les quantités requises pour ce médicament ».

En effet, explique l’OMS, l'arthemeter dérive de l'artémisinine, extraite d'une plante, Artemisia annua. La culture de cette plante demande au minimum six mois auxquels se rajoutent trois à cinq mois pour extraire, traiter le principe actif et fabriquer le produit final. La forte augmentation récente de la demande en artémisinine a donc créé une tension provisoire sur le marché.

Une demande en constante augmentation

Les commandes d'artemether-lumefantrine ont augmenté rapidement depuis 2001, date à laquelle l'OMS avait demandé 220 000 traitements pour le secteur public. On prévoyait qu'en 2004, la demande allait être de 10 millions de traitements et elle devait passer, selon les projections de l'Organisation à 60 millions de traitements en 2005.

En septembre 2005, Novartis pourra fournir 5 millions de doses par mois. Ce qui est sa capacité maximale de production et qui sera insuffisante en 2006.

On apprend que Novartis a décidé d’augmenter sa production pour correler les besoins. Sous certaines conditions explique un expert de l’OMS : « l’Organisation mondiale de la santé devra lui faire des prévisions sûres avec un contrat à long terme pour assurer qu’après la production, il y aura des achats».

Le problème, c’est que la consommation du Coartem est très dynamique.
Par exemple en 2002, les pays ont demandé 200.000 traitements pour le paludisme par le Coartem.
En 2003, la demande est passée de 1,6 millions de traitements.
En 2004, la demande est passée de 10 millions, exactement 9,6 millions et Novartis n’a pu couvrir que les 6 millions.

En 2005, l’OMS prévoit 60 millions de traitements et Novartis ne pourra fournir que la moitié soit 30 millions.
En 2006, la demande est estimée à 106 millions de traitements. « Novartis serait prête à fournir 120 millions de traitements pourvu que la demande soit réelle », explique l’expert de l’OMS.

Plus de 20 pays africains sont en demande du Coartem. Rien que le Nigéria, aurait besoin de 120 millions de traitements. Le Niger, vient tout récemment d’exprimer le besoin d’utiliser ce médicament.

Alternatives ?

« Opter uniquement pour le Coartem, n’est pas bon », explique notre source, sutout qu’il y a des alternatives moins coûteuses et qui marchent fort bien.

On estime qu’en Afrique centrale et de l’Ouest, on pourrait utiliser d’autres dérivés de l’artémisine.Les médicaments choisis comme alternatives à l'artémether/lumefantrine en Afrique Centrale et de l'Ouest sont les suivantes: l’artésunate + amodiaquine et artésunate + sulfadoxine/pyriméthamine.

Par ailleurs on signale que dans certains pays de l'Afrique de l’Est , les alternatives ne marchent plus. Ainsi ces pays sont prioritaires dans la distribution des médicaments déjà en stock.

Chercher d’autres fournisseurs ?

Le problème, c’est que seule la firme suisse a accepté de vendre à prix coûtant sa découverte. Des génériques qui auront la même équivalence que le Coartem sont en étude. Mais le hic, c’est qu’il faudra à ces entreprises qui s’engagent dans la fabrication des substituts au Coartem d’avoir le visa de l’OMS. Des études cliniques seront nécessaires pour attester de la qualité de la fabrication.

Ce sont des experts indépendants nominés par l’OMS qui acceptent les dossiers de projets de préqualification. Il s’agit en effet de voir si les dossiers comportent les garanties nécessaires pour une bonne pratique de fabrication. Le processus peut durer une année. Certes, les malades sont plus victimes de la déficience du système de santé dans leur propre pays, auquel s'ajoute la pauvreté, mais mourir par manque de médicaments, est aujourd'hui inadmissible.

Résistances ?

Au cours de ces 10 dernières années, le parasite du paludisme a développé une résistance croissante au traitement le plus courant au paludisme, la chloroquine.

Les malades habitués au Coartem et qui subitement ne retrouvent plus le médicament sont ils menacés par une résistance ? Il semble que non.

L’OMS déclare, qu’elle n’a pas observé des cas de résistance au Coartem. Le médicament, explique -t- on tue le parasite avec une vitesse d’élimination supérieure aux autres médicaments. Il élimine les gamétocytes qui sont les formes du parasite qui passent à travers le moustique. « Même s’il y a des formes de résistance, assure un expert de l’OMS, le médicament élimine la probabilité que les parasites résistants soient transférés à un sujet». Les chances sont très faibles pour une résistance.

Dans une situation globale de manque de médicaments, poursuit l’expert de l’OMS, la priorité sera de doter ceux qui ont déjà commencé à utiliser ce médicament.

La santé publique, otage du business

Le paludisme tue environ 20% des moins de cinq ans en Afrique et il représente 10% de la charge de morbidité totale sur le continent. Le paludisme est la cause de 30-50% des admissions hospitalières, il absorbe 40% des dépenses de santé publique totales et jusqu'à 50% des consultations externes lui sont imputables dans les zones d'endémie, estime l’OMS. Problème de santé publique majeure, le paludisme décime les pauvres. Les riches s’y intéressent pour gagner de l’argent.

La santé publique est devenue un problème de business. Beaucoup d’intérêts sont en jeu. La gestion aussi, car il y a des risques financiers à long terme. Les fournisseurs réagissent une fois que la demande est là. Mais à quoi donc servent tous ces engagements pris devant la Communauté internationale ?

Pourtant, l’OMS de même que Madame Awa Coll Seck Secrètaire exécutive du Partenariat "Roll Back Malaria" ( Faire reculer le paludisme), se refusent de condamner la firme Suisse. « Novartis a accepté ce qu’aucune autre entreprise n’a accepté » entonne –t- on.

Un expert de l’OMS, clarifie le débat « si au départ tout le monde était d’accord de mettre le paquet sur ce médicament, on n’en serait pas là ». Mais n'y a -t- il que le Coartem pour soulager les malades? Et, aujourd’hui où en est – on ?

La faute aux Chinois ?

Si l’on regarde de plus près l’argumentaire de Novartis, on se rend compte que la firme suisse met tout sur le dos des producteurs chinois. Ces malheureux paysans dont le labeur vient tout juste d’être reconnu et payé à « sa juste valeur ». On affirme même que ce sont les intermédiaires entre les paysans et Novartis qui sont à l'origine de la surenchère, rendant les coûts de production excessifs pour la firme pharmaceutique.

Par ailleurs, on affirme que les Chinois qui avaient trouvé le chemin de l’artémisine très fructueux auraient décidé eux mêmes de contrôler le marché de la production de la matière première à la délivrance du produit fini. Ainsi donc, la Chine serait engagée dans un processus de fabriquer elle même son « Coartem ».

Des paysans africains seraient aussi dans le coup, pour délivrer eux mêmes la plante à Novartis. Des productions sont signalées en Tanzanie, au Kenya, au Rwanda et en Afrique du Sud.

Dans ces pays, on suppose une optimalisation supérieure de la plante. On pourrait par conséquent obtenir trois fois la récolte de l’artémisinine par année.

La seule vérité, c’est que 300 millions de personnes malades du paludisme sont menacées et le chiffre d'un million de victimes chaque année, au rythme actuel risque de s’accroître. L'OMS et ses partenaires étatiques et privés, doivent prendre toutes leurs responsabilités.

Les malades meurent, dans l’anonymat.