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LA RELIGION AU SENEGAL

Publié le, 15 novembre 2004 par

Par Daouda Mané, journaliste au "Soleil" du Sénégal.

L'Afrique est un continent où la plupart des religions du monde cohabitent parfois bien ou moins bien. Si l'Islam est la religion dominante dans la partie Nord, ce sont les religions chrétiennes et traditionnelles qui font le plus d'adeptes au Sud d'une ligne partant du Cameroun à l'Ouganda. Le Sénégal ne déroge pas à la règle. Officiellement, il y a 88 % de Musulmans pour 12 % de Catholiques. On peut en fait affirmer que les Musulmans constituent plus de 90 % de la population mais qu'au moins 15 % de la population pratiquent une religion traditionnelle.

C'est particulièrement le cas dans les parties au Sud du pays, de la Casamance au Sénégal oriental. En outre, une grosse partie du pays sérère (région de Thiès, Fatick et Kaolack) est constituée de nombreux Catholiques. À part quelques agités intégristes et fanatiques, on peut dire que l'entente entre les communautés religieuses est très cordiale. Les mariages inter-religieux sont nombreux. Quelques incidents éclatent néanmoins sporadiquement, notamment entre Musulmans de confréries différentes. Soulignons tout de même que les Mourides sont particulièrement agités. Ils n'ont d'ailleurs pas hésité à saccager puis à brûler une mosquée il y a peu de temps dans le quartier dakarois de Niari Talli. Malgré tout, reconnaissons aux Sénégalais, de quelque confession qu'ils soient, la palme de la tolérance tant en Afrique que dans le monde. Mieux vaut néanmoins éviter les discussions autour de la religion... sous peine d'y passer des heures dans un dialogue de sourds.

Photo en haut à droite : depuis le 11 septembre, Mister Bin est devenu une star au pays. La plupart des transports en commun arborent un autocollant du terroriste survolé par un Concorde. Les autocollants comme les T-shirt viennent du Pakistan et du Nigeria, pays islamistes bien connus pour leur tolérance... Amateurs de mauvais goût bonsoir. No comment !

Fêtes religieuses et traditionnelles au Sénégal

  • Le Troupeau des Songes, Le sacrifice du fils et l'enfant prophète dans les traditions des Peulhs de Souleymame Baldé et Diawne Diamanka
  • Contes et mythes wolofs, du tieddo au talibé de Babacar Dieng. Les récits fabuleux recueillis ici contiennent l'héritage du système de valeurs des Tieddo, guerriers nobles et pillards, auquel s'est adjointe la religion musulmane aux principes humanistes.
  • L'islam au Sénégal, demain les mollahs ? de Moriba Magassouba. État actuel de la question musulmane au Sénégal, l'activisme islamique, évolution de la société civile musulmane. Indices ou signes de l'expansion : une république islamique est-elle concevable au Sénégal ?
  • Dakar et les ordres soufis. Processus socioculturels et développement au Sénégal de Adriana Piga
  • Radicalisme islamique au sud du Sahara de R. Otayek. Au sud du Sahara, le réveil de l'islam voit l'émergence d'intellectuels radicaux qui entreprennent d'instruire le procès de l'Occident. Sont restitués ici quelques itinéraires de cet islam politique : des foyers de formation des élites musulmanes (Arabie Saoudite, Libye) à l'étude de situations contrastées (Nigeria, Sénégal).
  • Le temps des marabouts : Itinéraires et stratégies islamiques en Afrique Occidentale française 1880-1960 de Jean-Louis Triaud et David Robinson.

LES MUSULMANS

Comprendre la religion au Sénégal, c'est avant tout comprendre comment fonctionnent les différentes confréries maraboutiques du pays. Une confrérie, au sens sénégalais du terme, est un ensemble de croyants se réclamant d'un guide spirituel commun, le marabout. Unique au monde, cette organisation de la religion musulmane au Sénégal attirent les foudres des plus orthodoxes qui y voient de la pure idolâtrie envers ces marabouts richissimes qui n'hésitent pas à s'octroyer des pouvoirs quasiment divins. En outre, de nombreux Musulmans orthodoxes (souvent parmi les Peulhs ou les Toucouleurs) pour qui la représentation graphique de prophètes ou de guides religieux est sacrilège ont du mal à comprendre ces murs sénégalais couverts de peintures, d'autocollants et de photos de marabouts divers. Des marabouts Layènes qui font reculer la mer, aux marabouts mourides qui marchent sur l'eau, voici une brève présentation des confréries maraboutiques au Sénégal.

Voir la carte IRD au format PDF sur les hauts-lieux de l'islam au Sénégal

Les Mourides

Cette confrérie comporte moins de membres que les Tidjanes ou les Orthodoxes mais étant la plus bruyante et la plus vociférante, on la voit partout. L'importance commerciale des baol-baol, commerçants mourides illettrés, investissant en masse dans le secteur informel et émigrant dans le monde entier grâce à l'argent des marabouts, finissent de faire connaître cette dérivation de l'islam à l'observateur étranger. Le fondateur, Mamadou Bamba, est né à Mbacké-Baol en 1853. Il fut un adepte d'abord d'un Musulman orthodoxe, puis d'un Tidjane avant de créer lui-même sa petite confrérie en 1895. Dès 1884, il avait réussi à regrouper autour de lui un nombre grandissant d'adeptes. L'augmentation rapide de ceux-ci suscita les soupçons des autorités coloniales qui craignirent que le marabout ne fût tenté de recourir au Jihad à l'instar d'El-Hadj Omar. Ces soupçons se trouvèrent d'autant plus justifiés que des éléments appartenant aux familles royales déchues avaient rejoint le camp de M. Bamba. C'est pourquoi celui-ci fut arrêté et déporté au Gabon de 1895 à 1902, puis en Mauritanie de 1903 à 1907, puis placé en résidence surveillée d'abord au village de Thièene dans le Djiolof de 1907 à 1912, puis à Diourbel jusqu'à sa mort. Mais le mouridisme se développa de façon exponentielle plus particulièrement dans les provinces du Cayor et du Baol, aujourd'hui régions à cheval des provinces de Kaolack, Djourbel, Thiès et Fatick.
Un très bon site pour en savoir plus sur cette confrérie :

Les Baye-Fall : qui sont ces troubadours que vous voyez demander l'aumône partout dans le pays ? Souvent habillés d'un grand boubou en patchwork multicolore et affublés de grigris en tous genres, ils se laissent pousser les cheveux à la façon dreadlocks des rastafaris. Ce sont avant tout des Mourides, disciples ou plutôt Talibans (talibés) des marabouts mourides. Il se disent descendant de Cheikh Ibra Fall, appelé aussi Lamp Fall ou Baye Fall (Baye signifiant "père") qui lui-même était le compagnon du grand Cheikh Amadou Bamba, le premier des Serigne Touba. C'est à ce titre qu'ils ne font que rarement le jeûne du Ramadan. Cheikh Amadou Bamba, pour remercier son disciple, exempta Lamp Fall du jeûne pour le récompenser de ses services. Ses descendants de fait en sont exempts. Ils ont leur propre conception de l'islam. Un islam plutôt libéral puisqu'il n'est pas rare de les voir fumer la Yamba (le chanvre indien sénégalais). Comme Cheikh Ibra Fall, ils ne vivent que par et pour leur marabout qui les loge et les nourrit. Tout le produit de leur mendicité va d'ailleurs à ces marabouts. En plus de cette tâche quotidienne, ils se rendent chaque année dans les champs d'arachide des marabouts et cultivent gratuitement durant toute la saison des pluies. D'un naturel souriant et bon enfant, ils sont malgré tout bornés et n'allez surtout pas discuter religion avec eux sous peine d'en avoir pour plusieurs heures de monologue montrant la véracité de leur foi. Ils sont pour la plupart issus d'une classe moyenne sénégalaise dont les jeunes privés de travail voient dans cette dévotion au marabout un moyen de donner un sens à leur vie. Certains restent dans la capitale et principalement sur l'avenue Pompidou très fréquentée des Européens. Mais la plupart sillonne le pays à pieds recevant la charité, le gîte et le couvert de la population. Parfois vous verrez de véritables manifestations composées d'un groupe d'une vingtaine (ou plus) de Baye Fall chantant et jouant de diverses percussions.
Un site intéressant sur les Baye Fall

Touba : c'est la ville sainte des Mourides où réside le chef de la confrérie, le Serigne Touba (qui est un titre et non un nom). Sa mosquée (photo à droite) est l'une des plus grandes du continent. Cette cité, qui n'était qu'un village, il y a vingt ans, a connu depuis une explosion démographique sans précédent au Sénégal. Ce serait, d'après les Mourides, la deuxième ville du pays. En fait, elle l'est si on compte les nombreux pèlerins de passage pendant quelques jours. Mais les véritables résidents sont très peu nombreux compte tenu du prix du terrain et de la construction qui est l'un des plus élevé du pays. Tous ces résidants sont donc de riches propriétaires souvent marabouts. Le rêve du Mouride étant de se faire enterrer à Touba, on comprend que de nombreux retraités dépensent leur retraite pour habiter dans la cité où est enterré Cheikh Amadou Bamba. La ville est moyennement propre et d'une monotonie unique ! Les maisons individuelles modernes s'alignent sans aucune originalité et on dirait une cité surgit au beau milieu du Sahara. Les plantes et arbres sont très rares. Lors des Magals commémorant les différentes étapes de la vie de Cheikh Amadou Bamba le nombre de pèlerins est époustouflant à tel point qu'on a l'impression que le Sénégal entier est à Touba.

Les Talibés (talibans) : Ce phénomène, même s'il n'est pas l'apanage des Mourides, est hélas très pratiqué par les petits marabouts de cette confrérie. Le talibé est normalement un simple élève d'une école coranique qui apprend l'arabe et le coran auprès d'un instructeur. Aujourd'hui, au Sénégal, il s'agit de milliers de gosses entre trois et douze ans qui sont envoyés dans tout le Sénégal pour mendier. Mal nourris, non soignés, non habillés, c'est un véritable scandale dont s'émeuvent tous les visiteurs du pays. Les maigres recettes de ces enfants reviennent évidemment au marabout sous peine d'être punis avec de bons coups de baguette. Les parents qui confient leurs enfants à ces marabouts vivent souvent eux-mêmes dans le dénuement et pensent donner une chance à leur enfant en lui apprenant le Coran. Le phénomène des marabouts et par là des talibés engendre tous les futurs criminels du Sénégal. Les trois-quarts des apprentis dans les transports en commun et des coxers qui sont des bandits notoires s'affichent avec des médailles de Sérigne Touba. Soulignons une fois de plus que les Sérignes Touba déconsidèrent cette pratique honteuse et qu'il s'agit le plus souvent des petits marabouts oeuvrant dans les grandes villes (Tidjanes et Mourides principalement).

Voir aussi la page au sujet de la mendicité au Sénégal

Un bon site résumant parfaitement la situation catastrophique des talibés et l'origine maraboutique du phénomène.

  • La confrérie sénégalaise des Mourides de Cheikh Tidjane Sy
  • Les marabouts de l'arachide : la Confrérie mouride et les paysans du Sénégal de Jean Copans. Approche anthropologique de la confrérie mouride qui remet en cause les stéréotypes et les mythes des descriptions disponibles depuis 50 ans.

Les Tidjanes

C'est la deuxième confrérie dans le temps et la première en nombre. Son premier propagateur au Sénégal fut El-Hadj Omar Tall (1794-1864) qui s'y convertit au cours de son pèlerinage à La Mecque en 1827 et se considéra comme le Khalife ou représentant de son fondateur au Soudan occidental et Suvra dès son retour à sa propagation avec fougue. Il eut recours aux armes (1852-1864) pour établir un Etat musulman tidjane et se heurta aux forces traditionnelles et coloniales. Incapable de mobiliser les Musulmans et de les amener à le doter d'une force armée pouvant résister aux troupes françaises et leurs alliés africains et s'étant impliqué dans un conflit contre les musulmans du Macina et leurs alliés, le conquérant tooroodo, en dépit de son courage et sa détermination, périt sans réaliser son entreprise en 1864. Des marabouts enseignants qui surent privilégier la voie pacifique tels que El-Hadj Malick Sy, El-Hadj Abdoulaye Niasse, El-Hadj Abdoulaye Cissé, etc. réussirent à propager le tidianisme dans le pays aux XIX ème et XXème siècles. La ville sainte du tidjanisme est Tivaouane (photo de droite) mais Kaolack, grâce au rayonnement du grand marabout Baye Niass, est également un grand lieu de cette confrérie. Son fils Ibrahima décédé en mai 2001 (photo à gauche) a réussi à donner une unité aux Niassènes trop souvent éclipsés par les grandes gesticulations mourides.

Voir aussi l'article du bulletin 14 sur l'influence de la confrérie Tidjane dans l'enseignement

Voir aussi l'article du bulletin 34 sur le Gamou de Serigne Samba Fall à Kaolack

  • La Tijaniyya, une confrérie musulmane à la conquête de l'Afrique de Jean-Louis Triaud et David Robinson. Confrérie souvent controversée, la Tijâniyya a été fondée en l'année 1195 de l'Hégire (1781-1782 de notre ère), à la suite d'une vision du Prophète, dans l'oasis algérienne d'Abû Samghun, par le savant et mystique Ahmad al-Tijânî (1737 - 1815). Depuis cette date, la Tijâniyya s'est imposée comme la grande confrérie africaine des XIXème et XXème siècles. Au sud du Sahara, son nom est associé au jihâd d'al-Hajj Umar al-Fûtî (m. 1864). Pendant la période coloniale, c'est la confrérie qui a connu, en Afrique de l'Ouest, les plus grands développements. C'est aussi celle qui suscite les passions les plus vives, de la part de tendances soufies rivales ou de mouvements anti-confrériques.
  • La Guerre Sainte d'Al-Hajj Umar de David Robinson. Al-Hajj Umar Tal, connu dans la littérature sous le nom d'El Hadj Omar, est une des figures dominantes de l'histoire ouest-africaine au XIXème siècle

Les Layènes

La quatrième confrérie fut créée par Libasse Thiaw plus connu sous le surnom de Limamoulaye (1843-1909). Pêcheur illettré, Libasse ne s'en lança pas moins dans la prédication religieuse en 1884 en prétendant réincarner sous la peau noire le Prophète Muhammad mort à Médine en 632. C'est pourquoi ses partisans le considèrent comme un prophète. Sa confrérie se répandit dans la presqu'île du Cap-Vert notamment parmi les Lébous, de Kayar à Rufisque.
Baye Laye Amoul Mass Yallah ko djangueul ( Baye Laye n'a pas d'égal, c'est Allah qui l'a dit !). Les Layènes constituent la quatrième confrérie musulmane après les Tidjanes, les Othodoxes et les Mourides. Chaque année une grande manifestation se déroule à Yoff, ville sainte des Layènes où est enterré Baye Laye, le marabout à l'origine de la confrérie. Ce tombeau se trouve sur la plage de Yoff et de nombreuses croyances en font un lieu magique. L'eau avant la mort de Baye Laye recouvrait parait-il une zone beaucoup plus importante de la plage. Le tombeau du marabout aurait au fil des heures repoussé la mer de 200 mètres. Les Layènes ont eux aussi une conception particulière de l'islam. Les chants des croyants sont gais et en langue lébou. De nombreux rassemblements tout au long de l'année vous permettront d'entendre ces chants où femmes et hommes chantent en coeur en battant des mains. Voici quelques éclaircissements d'un lecteur layène qui a eu la gentillesse de nous écrire. Merci à Libasse Ka qui nous propose les détails suivants :

"L'enseignement du fondateur de la confrérie Seydina Limamou Laye (Libasse Thiaw) repose sur le suivi scrupuleux de tous les préceptes de l'Islam et notamment les cinq piliers dont le Ramadan. En plus il apporte des compléments à la pratique quotidienne. Pour étayer mes propos, ces quelques exemples suffiront :

  1. Les ablutions : Seydina Limamou Laye demande à ses disciples en lavant leurs pieds de ne pas s arrêter à la cheville comme tout le monde mais de continuer jusqu au genou. Il recommande aussi de faire ses ablutions avant toute prière reléguant au second plan le " tîme "(*).
  2. La prière : En plus de la pratique quotidienne des cinq prières, le Saint Maître recommande de chanter les louanges de Dieu avant chaque prière pour qu on puisse se détacher de ce bas monde et communier avec le Seigneur. Seydina Limamou Laye demande à tout Layène de vivre avec le " Zikr " "(**) car elle constitue la nourriture de l'âme.
  3. Le Ramadan : Le jeûne en milieu layéne revêt un caractère particulier vu l intensité dans laquelle il est vécu. Le Ramadan constitue un moment de communion et de recueillement. Durant cette période, les Layènes célèbrent chaque soir la nuit du destin (qui n est fêté que lors du 26ième jour par les autres musulmans) dans une grande ferveur religieuse traduisant une volonté de vivre pleinement les bienfaits de ce mois béni.
    Je vous recommanderais vivement de bien lire un ouvrage du Professeur Assane Sylla intitulé Le Mahdi ce qui vous permettra de mieux vous imprégner de la doctrine layène qui mérite d être mieux connu.

Libasse Ka."
(*) tîme : faire ses ablutions de manière mimique.
(**) zikr : chants religieux ( en wolof ou en arabe)
Voir aussi l'article du bulletin 30 sur le 120 ème anniversaire de l'Appel de Baye Laye

La confrérie layenne et les Lébous du Sénégal de Claude Laborde.

La Quadiriyya

C'est la représentation la plus orthodoxe des Musulmans au Sénégal. Loin de l'influence des marabouts talibanisant les enfants du pays, c'est également la plus tolérante. La branche animée par la Zawia des Kounta exerça très tôt une influence durable sur les familles religieuses de l'AOF. La branche mauritanienne (le mouvement est né au Maroc) dirigée par la famille du Cheikh Mohammed Fadel a été à l'origine de l'implantation du mouvement au Sénégal.

LES CATHOLIQUES

S'ils sont très largement minoritaires, leur ferveur est incontestable. La plupart des Diolas, des Balantes, des Manjaks, des Mankagnes, des Bassaris, des Tendas-Bediks, des Coniaguis, et de nombreux Sérères et Baïnouks sont catholiques. Certains le sont traditionnellement depuis le début de la colonisation (Sérères), d'autres ont été évangélisés au milieu du siècle (Diolas), tandis que les Bassaris et les Bediks viennent à peine de recevoir les premiers missionnaires. Cette chronologie est d'ailleurs flagrante lorsqu'on écoute les prénoms chrétiens des différentes ethnies. Les prénoms sérères sont souvent démodés depuis longtemps en Europe (comme ceux des Antilles) : Rose, Rosalie, Justin, Bernardin, Saturnin, Thérèse, Augustin, Yvette, Léopold, Honorin, Marcel, Felicie, Firmin, Anatole, Aimé...... À l'inverse, dans les ethnies plus récemment converties, les prénoms sont ceux que l'on entend aujourd'hui en France : Phillipe, Eric, Jean-Marc, Sébastien, Nadège, Sophie..... Des manifestations spectaculaires sont organisées par le clergé local et toute l'opération marketing (T-shirt, télévision, casquette, radio ....) font de ces rassemblements des succès : pèlerinage à Popenguine (photo à gauche), Fête Nationale de la Jeunesse, etc....

Après de très nombreuses années de dominance européenne dans la hiérarchie religieuse sénégalaise, les croyants sénégalais sont désormais présents à tous les échelons jusqu'au plus haut : évêques, archevêques (Théodore Sarr est archevêque de Dakar depuis 2001) et un cardinal (sérères et diolas) représentent le pays à Rome ! Les missionnaires restent néanmoins européens (en bas à gauche la mission de Kédougou).

À l'inverse des Musulmans, il n'y a pas au Sénégal de temples monumentaux. La cathédrale de Dakar datant du début du siècle (construite par le fondateur des orphelins apprentis d'Auteuil, Daniel Brottier) est très sobre et finalement très peu africaine. Différentes autres églises et chapelles ont été construites sans pour autant en faire des chefs-d'Suvre d'architecture (en haut à droite la cathédrale de Saint-Louis du Sénégal). L'effort humain des organisations catholiques donnent aux chrétiens sénégalais une très bonne image qui n'est démentie nulle part même pas dans les régions les plus musulmanes du pays. (Caritas, Enda Tiers-Monde, et les centaines de dispensaires qui soignent sans distinction Chrétiens et Musulmans). Les ministres catholiques du gouvernement de l'ancien président Abdou Diouf (comme Robert Sagna à l'agriculture ou Jacques Baudin à la justice) donnent en outre une reconnaissance nationale aux Chrétiens du pays. Le nouveau "président-talibé" semble hélas beaucoup moins t

Voir aussi les pages sur les "coins du Sénégal"

L'Abbaye de Keur Moussa connu pour ses chants et ses produits du terroir.

Le site des joyeux pères piaristes espagnols d'Oussouye qui avec leurs actions dans les domaines de la formation et de l'éducation sont une bénédiction pour le Kassa.

  • Le bienheureux Daniel Brottier d'Alphonse Gilbert. Le père Daniel Brottier, béatifié en 1984 par le pape Jean Paul II, est un héros fabuleux de notre temps: missionnaire spiritain au Sénégal, il se révèle un éducateur hors pair ; aumônier volontaire au front durant la guerre de 1914, il brave le danger pour demeurer constamment en première ligne avec ses soldats. Avec l'appui de Clemenceau, il fonde l'Union nationale des Combattants. Au retour de la guerre, son prestige suscite la générosité de milliers de Français à travers tout le pays pour édifier à Dakar le fameux Souvenir africain.
  • Église locale et crise africaine : Le diocèse de Dakar de Léon Diouf. Si cet ouvrage traite d'abord de Dakar et de sa région, il y a assez de similitudes entre pays d'Afrique noire pour qu'une bonne part de ce qui se passe dans un pays en matière de crise se retrouve, mutatis mutandis, dans les autres pays. Le témoignage recueilli à partir d'un seul pays peut servir à ancrer la réflexion dans la réalité africaine la plus profonde.

L'ANIMISME

Que dire de l'animisme si ce n'est que c'est la religion officieuse de 75 % des Sénégalais ! Certes seuls quelques Casamançais, Bassaris, Coniaguis ou Tendas sont ouvertement et uniquement fétichistes. Leurs noms, leurs fêtes, leurs rites sont ancestraux et rendent hommage aux esprits et aux ancêtres. Les amulettes, masques, gri-gris et potions magiques préparés par quelque sorcière ermite sont utilisés quotidiennement par la famille. Mais à côté de ces animistes " de souche " se trouvent la majorité des Sénégalais certes catalogués comme catholiques ou musulmans mais qui craignent ou vénèrent les esprits autant voir plus que les premiers ! Si rares sont les Sénégalais qui ne portent pas de gri-gris préparés à l'écart par un marabout. Le nombre d'amulettes ou d'ingrédients magiques vendus au marché Tilène à Dakar montre ce besoin de " paranormal ". Les guérisseurs font également partie de cet univers très africain qui respecte tant les pouvoirs réels ou supposés des forces de la nature. Souvenons-nous (et que ceux qui nous contre-diront se cachent car les témoignages et les articles de journaux sénégalais sont nombreux) que pratiquement chaque année dans tout le pays et même à l'Université de Dakar on lynche ou même on tue des soit-disant " réducteurs de sexe".... Photo à droite : fête traditionnelle diola en Casamance.

  • Rituels divinatoires et thérapeutiques chez les Manjaks de Guinée-Bissau et de Casamance de Maria Teixeira. Dans le royaume de Babok en Guinée-Bissau et dans les communautés originaires de ce territoire, émigrées au Sénégal, les prises en charge des infortunes personnelles et communautaires sont faites de manière privilégiée par les femmes. Par des rituels divinatoires et thérapeutiques au cours desquels elles connaissent parfois des états de conscience modifiée, elles réajustent la société manjak à un environnement mouvant, donnent une intelligibilité aux événements et permettent à la communauté d'affronter les perturbations du monde.
  • Médecine traditionnelle, religions et divination chez les Sérères Siné : la connaissance de la nuit de S. Kalis
  • Les Bassari du Sénégal : fils du caméléon de J. Girard

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