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GERER L’EMIGRATION EN AFRIQUE ET HORS DU CONTINENT?

Publié le, 09 janvier 2014 par M. Antoine NOEL

Des millions de personnes notamment en Europe ont partagé la douleur des 36O familles qui ont perdu le 3 octobre 2013 à Lampedusa une personne aimée et porteuse d’espoir.  Aujourd’hui 80% de l’émigration africaine irrigue le continent. En 2025 l’Afrique aura 1,350 milliard d’habitants, 60% de la population vivra dans des agglomérations urbaines, un Africain sur deux aura moins de vingt ans. Selon l’Organisation Internationale du Travail (OIT) un Africain sur dix sera un travailleur migrant. Dans le proche futur quelle sera l’ampleur de l’exode des populations africaines du fait de la déforestation, de la désertification et des conflits ? L’ordonnancement de l’émigration du travail en Afrique est à l’évidence de la responsabilité de l’Union Africaine avec des soutiens des Nations Unies. La régulation de l’immigration africaine à destination de l’Europe demande une coopération urgente entre l’Union Africaine et l’Union Européenne.

Reconnaissons d’emblée que paix et sécurité, droits de l’homme et développement sont les buts majeurs de l’Organisation des Nations Unies, et en parallèle, que conflits internes, violations des droits fondamentaux de l’homme et/ou pauvreté sont les causes du départ du migrant économique et du demandeur d’asile. Notons également que  la Charte de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) créée en 1963 et devenue en 2OO2 l’Union Africaine (UA) : 1) affirme que « la liberté, l’égalité, la justice et la dignité sont des objectifs essentiels à la réalisation des  aspirations légitimes des peuples africains », 2) s’engage à « mettre les ressources naturelles et humaines du continent au service du progrès général des  peuples d’Afrique ».

 

Dans ce contexte de valeurs et d’objectifs  la régulation de l’émigration du travail exige une approche globale et pour des solutions durables. Les flux migratoires ont  pour cause structurelle un chômage endémique entretenu par  l’inégale répartition des  richesses du continent entre les Etats membres de l’UA et ou par leur gestion. Et les conflits internes sont la cause de flux migratoires souvent aggravés par le tracé arbitraire des frontières de l’Etat postcolonial qui balkanise les territoires traditionnels des ethnies, des tribus et des royaumes. A contrario, la gestion de l’émigration du travail est nécessaire à la solidarité panafricaine et au développement économique durable de continent. Comme la prévention des conflits internes est incontournable pour la formation de la Nation.

 

Le droit panafricain des réfugiés est ordonné par la Convention de l’OUA de 1969 « régissant les aspects propres aux problèmes des réfugiés en Afrique », et il est organisé par des règles de gestion portant « sur les aspects juridiques, sociaux et économiques ». Des règles adoptées en 1967 et en 1979 par deux Conférences panafricaines initiées par l’OUA et le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR).[1]

La Convention de Genève de 1951 et son Protocole de 1967 assurent la Protection internationale et nationale du réfugié. Le Droit panafricain des réfugiés est un complément du Droit internationale qui facilite notamment la coopération entre le HCR et l’UA pour la réalisation de trois objectifs. 1) La fraternité  pour l’octroi des droits socio-économiques aux réfugiés. 2) La solidarité pour la réinstallation  dans un autre pays. 3) La création des conditions politiques du rapatriement librement consenti.

 

L’émigration africaine pour l’Europe requiert  une coopération entre l’Union Européenne et l’Union Africaine  ainsi qu’une approche économique. Dans une vision plus large l’Union Européenne et l’Union Africaine devraient  revisiter la proximité géographique, historique et culturelle des deux continents ainsi que les convergences et complémentarités Afrique-Europe. Une réflexion qui serait au bénéfice de valeurs partagées et au profit de l’industrialisation de l’Afrique et de l’Europe. L’Union Africaine et l’Union Européenne pourraient associer à ce dialogue des représentants de la société civile, des entrepreneurs et des investisseurs.

 

En conclusion, que l’UA et les Nations Unies matérialisent maintenant trois buts essentiels et prioritaires : 1) Prévenir et gérer en temps utile les conflits socio-économiques et/ou religieux pour la formation de la Nation et l’enracinement de la Démocratie dans le respect des frontières existantes de l’Etat. 2) Réguler l’émigration du travail pour la solidarité panafricaine et le Développement économique durable du continent.  3) Assurer la sécurité alimentaire et prévenir ainsi des conflits dévastateurs et d’importants flux migratoires. La sagesse conçue comme une parole de vérité et de solidarité pour se comprendre et pour le vivre ensemble est dans les cultures africaines un élément central du gouvernement des hommes. Que cette richesse concrétise l’aspiration  de la jeunesse : solidarité et paix, éducation et emploi, justice et dignité.

                                                              Antoine   NOEL* ,                                                       

                                               Ancien  Directeur Général au Ministère des

                                          Affaires Etrangère d’Ethiopie et ancien Directeur

                                                  du Bureau Régional Afrique du HCR

* Antoine Noel est Diplômé d’Etudes Supérieures de Droit Public de la

Faculté de Droit et de Sciences Economiques de l’Université Aix-Marseille

et  Diplômé de l’Institut de Sciences Politiques d’Aix en Provence

 


[1] L’auteur a suivi durant vingt ans les travaux des instances politiques de l’Organisation de Unité Africaine,  a  contribué à l’élaboration du droit panafricain des réfugiés et a assuré la vice-présidence et la Présidence du Comité juridique de la Conférence de 1967 et la Présidence du Comité préparatoire   de la Conférence de 1979. Et a servi le HCR de 1968 à 1997.