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C'est par la voie de son Rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, que les Nations Unies se sont exprimées pour condamner l'exécution par fusillade de 9 condamnés à mort, dont deux sénégalais, du régime de fer gambien. L'ONU rappelle que la dernière exécution officielle en Gambien remontait en 1985!

 

 Yaya Jammeh, le Président de la Gambie qui a exécuté 9 personnes condamnées à mort suscite la réaction d'indignation des Nations Unies. En effet, c'est Christof Heyns, le Rapporteur spécial de l'ONU sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, qui sort un communiqué, évidemment en anglais, dans le quel il demande au Gouvernement gambien «de surseoir à l'exécution des 39 autres personnes qui sont sur la liste des condamnés à mort du régime gambien.».

 Christof Heyns rappelle que la dernière exécution officielle en Gambie remonte en 1985 ! Et d'ajouter: «je condamne avec force les 9 exécutions qui ont lieu le 26 août». Cette nouvelle donne constitue, selon lui, un retour en arrière pour la Gambie, un recul pour le respect des droits humains et notamment du respect du droit à la vie.

 Christof Heyns souligne que les exécutions se sont faites de manière opaque de même que les procès ayant conduit à ces exécutions n'ont été transparents.

 

 Les chiffres de la terreur en décroissance

 1.923 personnes ont été condamnées dans 63 pays en 2011 contre 2.024 dans 67 pays en 2010. Au moins 18.750 personnes étaient, à la fin de l’année 2011, sous le coup d’une peine capitale dans le monde, selon un rapport d'AmnestyInternational. Le nombre minimum de personnes exécutées en 2011, estimé à 676, a augmenté par rapport à 2010, année pour laquelle on était à 527.

 Notons qu'en 2009, Ensemble Contre la Peine de Mort (ECPM) qui a pour ambition l’abolition universelle de la peine de mort répertoriait 59 pays appliquant la peine de mort. Cette dernière a lieu, le plus souvent pour des affaires, de meurtre, de corruption, de proxénétisme, de vol d’adultère, d’homosexualité, de trafic de drogue, délits économiques (fraude fiscale, abus de confiance)

 

 Alors que des organisations de la société civile comme Amnesty international se réjouissait il y a quelques mois de la baisse du recours de la peine de mort et à des exécutions judiciaires dans le monde, avec 20 pays qui en ont fait usage, en 2011, contre 23 pays en 2010, Yaya Jammeh remet au devant de la scène cette pratique barbare. Notons, qu'il n'est pas le seul, les États-Unis d'Amérique continuent à exécuter des condamnés notamment des Noirs et des Musulmans, l'Arabie Saoudite, l'Iran, la Chine, la Corée du Nord, la Somalie, le Yémen etc ... En Europe, seule la Biélorussie a exécuté un condamné en 2011. L'Iran est le plus grand exécuteur au Moyen Orient et le premier au monde à part la Chine ( des milliers carles données ne sont pas transmises) avec 360 personnes, il est suivi par l'Arabie Saoudite (82), l'Irak (68), les Etats-Unis (43), viennent ensuite, Yémen (41), Corée du Nord (30), Somalie: (10), Soudan(7), Bangladesh (5), Vietnam, (5), Sud Soudan(5), Taïwan (5), Bande de Gaza (3), Afghanistan (2), Bélarus (2), Egypte (1), Émirats arabes unis (1). Par ailleurs des exécutions non répertoriés ont lieu en Syrie et en Malaisie.

 

 

 La peine de mort au Sénégal

 Concernant le Sénégal, Abdou Diouf qui se réclame sans complexe de l’héritage de Léopold Sédar Senghor, rappelait lors du IVe Congrès mondial contre la peine de mort organisé à Genève, du 24 au 26 février 2010: « Au Sénégal, la dernière exécution date de 1967» et de souligner avec fierté: «Depuis cette date, la peine de mort n’a jamais été appliquée dans mon pays. Je suis fier - après toutes ces années pendant lesquelles nous avons illustré les valeurs d’humanisme et de respect de la dignité humaine que nous a léguées Léopold Sédar Senghor - que mon successeur Me Abdoulaye Wade ait consacré formellement en 2004 l’abolition de la peine de mort au Sénégal».

 Robert Badinter, l'ancien ministre français de la Justice ayant obtenu l'abolition de la peine de mort en Hexagone en 1981proclamait, dans une rare emphase : «Nous disons : « Vive la Vie ! Vive la Vie» en réponse au général espagnol, qui lors de la guerre civile, déclamait : «Vive la Mort ! Vive la Mort!». Des applaudissements nourris fusèrent alors de toute la Salle des droits de l’Homme des Nations Unies. Et face à Hobbes qui disait que «l’Homme est un loup pour l’Homme» qu’avait cité, sans le nommer, le Sénateur Badinter, le président Diouf, Secrétaire général de la Francophonie fait appel au philosophe sénégalais, Kocc Barma Fall: «Défendons nos valeurs humanistes et aidons les générations futures à cohabiter autrement, à vivre ensemble et à partager de l’idée du philosophe sénégalais et la Déclaration de Bamako de 2000, les Africains francophones ou non peuvent réclamer cet humanisme de Kocc: «nit moy garab u nit’, autrement dit : l’Homme est le remède de l’Homme»

 El Hadji Gorgui Wade NDOYE