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Ont collaboré à ce numéro
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AU SUJET DU CROISSANT LUNAIRE.
Par le Professeur Iba Der THIAM, Agrégé des Universités, Ancien Ministre, Ancien Député de l'Assemblée nationale du Sénégal.
En raison de l’intérêt que les Sénégalais portent à la question du croissant lunaire, j’ai le devoir de porter à la connaissance de l’opinion, les documents ci-joints, élaborés par l’Académie Islamique du FIQH, structure mise en place par l’Organisation de la Conférence Islamique (OCI) à laquelle, des sénégalais comme le Cheikhal Islam El Hadji Ibrahima Niasse et le Professeur Rawane Mbaye ont appartenu, si je ne me trompe.
Je ne cherche pas à polémiquer mais, simplement, à verser au débat, un document fondamental, qui montre que l’unification des débuts des mois lunaires a été réglée, depuis 1986, par l’OCI, dont nous sommes membres.
Aujourd’hui, c’est le Sénégal qui préside cette organisation, forte, à ce jour, de 56 Etats membres.
Cela dit, notre pays est le seul sur ces 56 pays à avoir célébré la Korité à trois dates différentes; le seul, avec sa population de 13 millions d’habitants sur plus d’un milliard 500 millions de musulmans.
En ma qualité de simple citoyen, je m’interroge publiquement.
Qu’avons-nous de particulier, pour estimer avoir raison sur tous les autres Etats musulmans du reste du monde? Avons-nous mesuré l’image que nous donnons de l’Islam de notre pays au reste de la planète, dans un monde où tout est affaire d’image? Le Sénégal mérite-t-il cela?
Je ne suis, pour ma part, ni ouléma, ni Imam, ni érudit dans les Sciences Islamiques. Mais j’aime ma religion et me soucie de son image.
Le simple talibé que je suis, qui n’a aucune prétention, mais qui désire, simplement, vivre sa foi dans la paix du cœur et de l’esprit, en conformité avec les principes du Saint Coran et de la Sunna du Prophète Muhammad (PSL), est inquiet, parce que:
1) si je commence le Ramadan avec un jour de retard, cela veut dire, que j’aurais pris de la nourriture un jour qui était censé être jeuné.
Cela est très grave et nos oulémas le savent mieux que moi.
2) La nuit de Leylatoul Khadri, tombant un jour impair, soit la 21ème, la 23ème, la 25ème, la 27ème nuit de la dernière décade, est-ce que je ne risque pas, parce que j’ai commencé avec un jour de retard, de la célébrer, la 22 ème, la 24 ème, la 26ème, ou la 28ème nuit.
Quand on connait les bienfaits de cette nuit, on ne peut qu’être terrifié.
3) si on a commencé le Ramadan avec du retard, ne risque-t-on pas de célébrer la Korité avec du retard, en jeunant le jour de la Korité. Ce qui est interdit par la Charia.
4) De nos jours, quel sens devons-nous donner à la prescription nous faisant obligation de voir, de visu, la lune, dans le cadre de nos Etats-nations ?
Nous avons eu des années, où nous n’avons pas tenu compte du fait que la lune avait été vue en Gambie, située à l’intérieur du Sénégal, ou en Mauritanie, dont la capitale a été Saint-Louis jusqu’en 1920 et une autre fois, au Mali (Ex-Soudan), dont une partie des territoires, après la création, le 16 Juin 1895, de l’AOF, avaient été démantelés, dès 1899, les territoires militaires de Tombouctou et du Tchad créés, le reste réparti entre la Guinée, la Côte d’Ivoire et notre pays, comprenant les cercles de Kayes , Bafoulabé, Kita, Ségou, Satadougou, Djenné, Bamako, Nioro, Bougouni , Goumbo, Sokolo.
Le 1er Octobre 1902, un nouveau décret donnait naissance à la Sénégambie-Niger, qui reconstituait, en partie, le Soudan, mais en y englobant les cercles de Dakar-Thiès, Cayor, Casamance, Tivaouane, du Fleuve et les territoires entre la Gambie et la Falémé, correspondant aux anciens pays dits de protectorat du Sénégal.
Ils étaient administrés par un Délégué, établi à Kayes. D’autres remembrements interviendront au sein de l’AOF. Cela veut dire, que nos frontières, héritées du système colonial, depuis le Congrès de Berlin (1884-1885), n’ont jamais empêché les musulmans de constituer la Umma Islamique, c’est-à-dire, une communauté qui n’est fondée, ni sur la géographie, ni sur la race, ni sur le sang, ni sur un espace économique, ni sur une histoire commune, ni sur une culture partagée.
La Umma est une communauté fondée, exclusivement, sur la foi en un Dieu Unique, sur un Livre Sacré, le Saint Coran et sur la fidélité au même Prophète sayyidina Muhammad (PSL).
Elle transcende les frontières et dépasse les États-nations.
Voilà pourquoi, il n’existe pas de lune saoudienne, ni de lune pakistanaise, marocaine, égyptienne camerounaise, française, américaine, brésilienne ou sénégalaise.
La lune appartient à Dieu, qui l’a donnée en partage à tous les musulmans.
De nos jours, Dieu a mis à la disposition des musulmans des moyens technologiques (téléphone, SMS, Internet, télévision, calculs astrophysiques) permettant d’être informé, en temps réel, sur l’apparition du croissant lunaire, partout dans le monde.
5) Du temps du système colonial, il a existé un Haut Conseil Islamique, mis en place par les français. Le Mali en a un, qui fonctionne parfaitement.
6) Sous le Gouverneur Général de l’AOF, chaque fois que la lune était vue au Cameroun, au Tchad, en Egypte, à Djeddah, au Maroc, en Algérie, ou en Côte d’Ivoire, le Gouverneur Général en était informé par télégramme. Il faisait, aussitôt, un communiqué annonçant le début ou la fin du Ramadan.
Encore une fois, je ne suis ni un Ouléma, ni un Imam, mais un simple talibé, soucieux de vivre correctement sa foi.
C’est pourquoi, je ne critique personne. Je respecte tous les musulmans. Mais, je n’en lance pas moins un appel, bien que je n’aie aucun titre à le faire, pour que les musulmans s’asseyent, rapidement, autour d’une table et résolvent, définitivement, le problème du croissant lunaire.
L’Islam que le Sénégal pratique est admiré dans le monde entier. Modèle de tolérance, de paix, de convivialité, il a développé un humanisme élevé grâce à quoi, notre pays étonne le reste du monde.
Pouvons-nous être de l’OCI, présider à ses destinées et nous soustraire à ses résolutions, sans sombrer dans une contradiction insurmontable?
N’est-t-il pas possible, à l’heure des réseaux, d’interconnecter toutes les commissions chargées de scruter le croissant lunaire dans les ex-colonies de l’AOF, par exemple, mais aussi, du Maghreb et du Machreck, de sorte à dialoguer, constamment, pour éviter la situation que nous déplorons?
Il s’agit, là, d’une tâche religieuse, certes, mais aussi, gouvernementale, qui incombe, aussi, à l’État, qui doit la mener, en intelligence parfaite, avec toutes les confréries, sans aucune exclusive, une tâche que la constitution d’un Conseil Supérieur Islamique, celle d’un Ministère des Affaires Religieuses, où les Ambassades que nous possédons dans ces divers pays, auraient, sans nul doute, mené à bien.
Pour conclure, si mes propos ont blessé quelque musulman que ce soit, je m’en excuse d’avance.
Je profite de l’occasion, au sortir du mois béni de Ramadan, pour présenter mes excuses à tous les sénégalais, sans exception, si j’ai eu, aussi bien dans le passé, que dans le présent, à commettre, à leurs dépens, le moindre tort, ainsi que mes vœux de bonheur, de santé et de prospérité pour notre pays, pour tous ses habitants, pour toute la Umma Islamique et pour nos frères et sœurs des autres religions.
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