Compte Utilisateur

Audios



Souscription

MERCI

Le groupe

Directeur de publication
· Elh Gorgui W NDOYE

Rédacteur en chef
· Elh Gorgui W NDOYE

Comité de Rédaction
· El hadji DIOUF
· Papa Djadji Guèye ·

Responsable Informatique
· Alassane DIOP

Responsable Gestion
· Cécile QUAN

Webmaster
· REDACTION

Contact

Adresse
   Salle de Presse
   N0 1 Box 35
   8, Avenue de la
   Paix Palais des Nations Unies
   1211- Genève 10 Genève Suisse.
Téléphones

   +41 22 917 37 89
   +41 76 446 86 04

Service

Publicités, Abonnements et Souscriptions

Téléphone
· Suisse:
   +41(22)917 37-89
   +41(76)446-86-04

Ou envoyez un courriel à Info@ContinentPremier.com

Aux Tirailleurs Sénégalais, morts pour la France

Publié le, 15 septembre 2008 par

Léopold Sédar Senghor (Sénégal, 1906-2001)

Voici le Soleil
Qui fait tendre la poitrine des vierges
Qui fait sourire sur les bancs verts les vieillards
Qui réveillerait les morts sous une terre maternelle.
J'entends le bruit des canons---est-ce d'Irun ?---
On fleurit les tombes, on réchauffe le Soldat Inconnu.
Vous, mes frères obscurs, personne ne vous nomme.
On vous promet 500 000 de vos enfants à la gloire des futurs
morts, on les remercie d'avance, futurs morts obscurs
Die schwarze Schande !

Ecoutez-moi,
Tirailleurs Sénégalais, dans la solitude de la
terre noire et de la mort
Dans votre solitude sans yeux, sans oreilles, plus que dans ma
peau sombre au fond de la Province
Sans même la chaleur de vos camarades couchés tout contre
vous, comme jadis dans la tranchée, jadis dans les palabres
du village

Ecoutez-moi,
Tirailleurs à la peau noire, bien que sans oreilles
et sans yeux dans votre triple enceinte de nuit.

Nous n'avons pas loué de pleureuses, pas même les larmes de
vos femmes anciennes
Elles ne se rappellent que vos grands coups de colère, préférant
l'ardeur des vivants.
Les plaintes des pleureuses trop claires
Trop vite asséchées les joues de vos femmes comme en saison
Sèche les torrents du Fouta
Les larmes les plus chaudes trop claires et trop vite bues au
coin des lèvres oublieuses.

Nous vous apportons, écoutez-nous, nous qui épelions vos
noms dans les mois que vous mourriez
Nous, dans ces jours de peur sans mémoire, vous apportons
l'amitié de vos camarades d'âge.
Ah !puissé-je un jour d'une voix couleur de braise, puissé-je
chanter
L'amitié des camarades fervente comme des entrailles et délicate,
forte comme des tendons.
Ecoutez-nous, morts étendus dans l'eau au profond des plaines
du Nord et de l'Est.
Recevez le salut de vos camarades noirs, Tirailleurs Sénégalais

Morts pour la République !
Tours, 1938
Léopold Sédar Senghor ( 1906-2001),
Œuvres poétiques, Editions du Seuil,1990.