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Professeur de philosophie aux Etats – Unis, Souleymane Bachir Diagne (SBD) a présenté le 20 septembre à Paris au Musée du Quai Branly un livre d’une étonnante actualité qui remet la raison africaine au cœur de l’art. A travers ses cent soixante six (166) pages, « Léopold Sédar Senghor l’art africain comme philosophie » publié aux Editions Rive Neuve, permet de lire ou de relire Senghor au delà de ses propres formules souvent à l’emporte – pièces et au delà même du mot - masque Négritude.  

Comment lire Senghor au delà des formules? Beaucoup parlent de Senghor sans vraiment le connaître réellement. Pour certains sa phrase à l’emporte pièces : « L’émotion est nègre la raison hellène » prouve suffisamment que « les Noirs n’étaient pas dotés de raison d’où leur nullité scientifique ». SBD part de la posture première de Senghor. Ce dernier était fasciné par les objets d’art africains qui se trouvaient au Musée de la Place du Trocadéro devenu après la deuxième guerre mondiale le Musée de l’Homme. Léopold Senghor est aussi arrivé en France en pleine vogue de  l’art du Nègre, c’est à dire à un moment où de grands artistes comme Picasso ou de grands poètes comme Apollinaire, avaient écrit sur cet art en disant tout simplement qu’il ne fallait pas considérer les objets africains comme livrés à notre curiosité  ethnologique mais il fallait pouvoir déchiffrer la beauté singulière qui était la leur.  Bachir Diagne aboutit à la conclusion que la philosophie senghorienne peut – être lue comme ce déchiffrage de cette beauté singulière des objets d’art africains. Comme une manière de répondre à la question qui a été aussi la question de Picasso « pourquoi sculptent – ils comme ça ? Que veulent – ils nous dire ces artistes africains ? ». Senghor a lui – même placé sa réflexion sur le terrain de ces questions – là. Que veulent nous dire ces objets? C’est donc ce fil conducteur que SBD suit dans son livre en indiquant que si on part de ces questions là, on retrouve peut – être la signification véritable de formules que Senghor a un peu employé à l’emporte pièces. A ce titre, « on sent bien qu’il a voulu faire une formule en faisant exprès que sa célèbre phrase « l’émotion est nègre la raison hellène » sonne comme un alexandrin » éclaire l’auteur. « Quand on lit cette formule à la lumière de sa philosophie de l’art africain, à la lumière de la réponse qu’il essaie de donner à la question « pourquoi sculptent – ils comme ça ? », la formule devient beaucoup plus compréhensible et moins scandaleuse que ce qu’on a voulu y voir ». Ce que dira Senghor par la suite aussi, poursuit le philosophe c’est qu’il n’a jamais prétendu faire une séparation radicale entre une humanité particulière qui aurait une approche de la connaissance, qui aurait des approches cognitives différentes d’une autre humanité. On le voit bien quand on entre dans le système senghorien par la voie que SBD a choisie d’explorer qui est la voie de la question de l’art.

Pour le philosophe sénégalais qui enseigne l’amour de la Sagesse aux Américains: « Ces objets d’art dans une civilisation orale deviennent l’écriture d’une philosophie particulière de ce que j’appelle une ontologie dans notre jargon et c’est cela que j’explore. Dans ce cadre là d’ailleurs, l’art devient lui même une approche du réel. L’art ne se limite pas seulement à sa pure fonction esthétique ». Cette fonction esthétique est elle – même un effet d’une approche du réel que Senghor présente comme un type de connaissance autre que la connaissance analytique. Ce connaître artistique qu’il explore et qui repose sur l’émotion permet de comprendre ce qu’il a voulu dire dans sa théorie de la connaissance.

C’est dire finalement qu’une approche de l’œuvre théorique de Léopold Sédar Senghor s’impose. Une théorie qui est un peu masquée par les mots et les formules de Senghor lui – même. Le mot Négritude fonctionne par exemple un peu comme un masque. C’est vrai que c’est le titre de l’œuvre théorique  senghorienne mais cela risque de fonctionner un peu comme un masque de ce qu’il a fait. La tendance est de dire Senghor c’est la Négritude et la négritude on en parle de manière très massive. SBD a essayé dans son ouvrage d’approcher l’œuvre de Senghor sans se donner tout de suite ces grands mots la Négritude ou des formules trop bien connues de Senghor. Sa méthode consiste à regarder dans le détail des textes de Senghor et des  ses propres lectures philosophiques la manière dont il a construit une philosophie de l’art africain. C’est ce travail de philosophie et de reconstruction de sa pensée philosophique à partir des lectures qui ont été les siennes que SBD a abouti à ce merveilleux travail sur le Poète – président.  

Le Musée Branly   

Le Musée du Quai Branly ne pourrait – il pas être considéré comme une reconnaissance à posteriori du savoir faire africain ? Dans le paragraphe final de son livre, SBD salue la coïncidence qui a voulu que l’anniversaire du centenaire de Senghor tombe la même année que l’inauguration du Musée du Quai Branly. Ce Musée répond à l’exigence des poètes et artistes du début du vingtième siècle qui avaient demandé que les objets d’art africains soient considérés pour ce qu’ils étaient. C’est –à- dire des objets qui sont porteurs d’une émotion esthétique et qui ne sont pas simplement des objets de curiosité ethnographique. Apollinaire avait exigé  que ces objets d’art soient mis dans un endroit qui signifie leur valeur esthétique et le Musée du Quai Branly a répondu à cet appel là. « Le Musée correspond parfaitement à la philosophie senghorienne. C’est un lieu de rencontres, de dialogues, un lieu de métissage où toutes les curiosités se rencontrent» justifie SBD. Le livre est scindé en cinq (5) chapitres qui correspondent à des concepts senghoriens : Exil, Rythmes, Connaissance, Convergence et Métissage. Souleymane Bachir Diagne considère que le métissage est le message ultime et le plus important de la philosophie du fils de Ngilann. Senghor, celui que l’on ne peut humilier ne disait – il pas que le métissage c’est l’avenir ? 

Par El Hadji Gorgui Wade NDOYE