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APE: OXFAM MET EN GARDE L'AFRIQUE !

Publié le, 30 mars 2007 par

GENEVE – ( 20 mars)-  La prolifération des accords commerciaux hypothèque l'avenir des pays pauvres. Une étude commanditée par l'UE prévoit que l'Accord de Partenariat Economique ( APE) avec l'Afrique de l'Ouest va conduire à une hausse de 15% des importations de produits de base essentiels comme les oignons, la pomme de terre, le boeuf et la volaille, ce qui va dévaster le secteur rural. Vingt-cinq pays en développement ont à ce jour signé des accords de libre-échange avec des pays en développement et de nombreux autres sont encore en négociation, selon le dernier  rapport d'Oxfam dénommé « L'avenir hypothéqué ». Au total, il y a plus de 250 accords commerciaux régionaux et bilatéraux en vigueur, régissant 30% du commerce mondial.


« Ces accords demandent une libéralisation plus rapide et des règles de propriété intellectuelle plus strictes que celles de l'OMC. Ils enlèvent aux pays en développement le droit de régir leurs économies et de protéger leurs populations les plus défavorisées et de les sortir de la pauvreté » déclare Céline Charveriat, directrice de la campagne d'Oxfam « Pour le Commerce Equitable ».

« Ces accords constituent une pression injuste sur les pays en développement car ils enferment les paysans dans la pauvreté» a dénoncé pour sa part Amy Barry, responsable de la Communication d'Oxfam à Londres. Particulièrement amère, la Britannique jointe au téléphone ne mâche pas ses mots: «L'Occident mène une politique anti - développement». Par ailleurs Amy Barry souligne que : «les pays du Nord doivent respecter leurs engagements pour aider à l'avénement d'un commerce durable et équitable» et leur demande de retourner à Genève à la Table de négociation qu'offre l'OMC.

Oxfam souligne par ailleurs un certain nombre de voies à travers lesquelles le commerce peut avoir des conséquences négatives : - Les règles d'investissement dans les accords commerciaux régionaux et bilatéraux refusent aux gouvernements le droit de protéger leurs travailleurs, l'environnement et leur économie et peuvent les exposer à des poursuites et à des demandes de compensations qui peuvent atteindre des milliards - Les lois de protection intellectuelle plus strictes menacent de priver les populations défavorisées de l'accès aux médicaments, de mettre en péril les méthodes de culture traditionnelle et d'enlever le droit au savoir traditionnel - Une libéralisation radicale des droits de douane menace les moyens de subsistance des paysans et entrave le développement économique - Le tissu d'accords sape le multilatéralisme et détourne le commerce.

Vigilance

Durant les dix premières années de l'Accord de libre-échange de l'Amérique du Nord (ALEAN), le Mexique a perdu 1,3 millions d'emplois dans l'agriculture. Des emplois industriels ont été initialement créés mais la compétition avec la main-d'oeuvre chinoise à bas prix a conduit à la perte de 200.000 emplois entre 2001-2004 au moment où les entreprises ont délocalisé leur production. Au Pérou, près de 900.000 personnes risquent de se retrouver sans accès aux médicaments si l'accord avec les Etats-Unis est signé.

Propositions

Le rapport recommande que toutes les règles commerciales, qu'elles soient multilatérales, régionales ou bilatérales : - Reconnaissent que les pays en développement ont besoin d'un traitement spécial et différencié - Permettent aux pays en développement d'adopter une législation flexible en matière de propriété intellectuelle - Excluent des engagements en matière de libéralisation les services essentiels tels que la santé - Reconnaissent aux gouvernements le droit de réglementer l'activité des investisseurs étrangers - Assurent la participation de la société civile au processus de négociation.

Par El Hadji Gorgui Wade Ndoye,