Catégorie
Ont collaboré à ce numéro
Couleur
Enfants du Monde
Francophonie
M. Ali Tounsi, ACI
M. Johannes Drewling
M.Denis ROUSSEAU
M.S.F
Min. Mansour FAYE,
Mme Karine Rivière
Mme Sandy Clavien
MSF
ONUG
Sud Quotidien
Zeid Ra’ad AlHussein
Compte Utilisateur
Audios
Souscription
Le groupe
Directeur de publication
· Elh Gorgui W NDOYE
Rédacteur en chef
· Elh Gorgui W NDOYE
Comité de Rédaction
·
El hadji
DIOUF
·
Papa Djadji Guèye
·
Responsable Informatique
· Alassane DIOP
Responsable Gestion
· Cécile QUAN
Webmaster
· REDACTION
Contact
Salle de Presse
N0 1 Box 35
8, Avenue de la
Paix Palais des Nations Unies
1211- Genève 10 Genève Suisse.
Téléphones
+41 22 917 37 89
+41 76 446 86 04
Service
Téléphone
· Suisse:
+41(22)917 37-89
+41(76)446-86-04
Ou envoyez un courriel à Info@ContinentPremier.com
Autres Liens
* LE JOUR OU LES IMMIGRES EUROPEENS DEMANDERONT L’ASILE …..
Les barbelés, c’était cela le plus effrayant.
Il fallait éviter que les enfants ne se blessent sur les pointes acérées de ces engins barbares.
Les enfants ! Thomas Martin n’avait d’yeux que pour eux. L’année précédente, les deux garçons de 5 et 7 ans avaient perdu leur mère dans un attentat à la voiture piégée. Et depuis le départ en catastrophe de la famille il y a déjà trois mois, suite aux bombardements incessants de leur ville, là-bas, si loin, au nord de la France, il les encourageait, les réconfortait et leur promettait -lui-même y croyait-il encore ?- : « Vous verrez, une fois en Afrique, on sera à l’abri, on pourra demander l’asile, vous retournerez à l’école, on sera heureux, et on finira par oublier la guerre ».
La guerre ? Elle avait pris tout le monde par surprise, en Europe ! Certes, le conflit était attendu et redouté depuis plus de quatre ans. Mais nul n’avait prévu un tel déferlement de violence et ce, dans un espace-temps si court. Thomas Martin , à l’image de millions d’Européens, avait assisté, médusé, à l’inquiétante montée des mouvements populistes extrémistes , aux prises de pouvoir successives sur le continent européens de leaders nationalistes haineux eux-mêmes soutenus par des courants religieux intégristes devenus de réelles forces politiques .Une étincelle - un attentat particulièrement sanglant - avait littéralement mis le feu aux poudres. Le conflit, milices autonomes contre armées régulières, avait dégénéré et s’était généralisé. Il avait fallu fuir.
Ces maudits barbelés, c’était la dernière trouvaille du gouvernement de la Libye pour endiguer le flot de ces milliers de réfugiés venus de toute l’Europe à l’issue d’une périlleuse traversée nord-sud de la Méditerranée ; ne venait-on pas de publier ce macabre décompte de 3284 Européens morts noyés au cours des seuls six premiers mois de l’année ? Plus de 400 000 candidats à l’asile avaient été dénombrés. La Libye avait été la première des « nations d’accueil » à condamner les passeurs français, italiens et belges qui, en toute indécence et impunité, monnayaient leurs services : 10 000 dollars pour un passage, tarif adulte ; 5 500 pour les enfants. Les Libyens, submergés par ce tsunami de réfugiés en lesquels ils ne voulaient considérer que de simples migrants économiques , s’étaient donc résolu à acheter à la Hongrie plus de 300 km de ces barbelés qu’ils avaient à présent disposés le long des plages et du littoral africain.
Alors oui, il fallait les franchir, ces barbelés, sans que les enfants ne s’entaillent profondément les mains, les bras et les jambes. Thomas Martin s’y employa le mieux qu’il put, sous l’œil des caméras de deux chaines africaines d’info en continu. Les cadreurs filmèrent surtout les enfants, en plein effort, visiblement épuisés. Les images feraient le tour du monde, c’est sûr.
De quoi faire oublier le contexte politique ! L’Algérie, pour sa part, avait annoncé la couleur : elle ne prendrait plus que des réfugiés français. Suisses et Belges francophones, à la rigueur. Mais Alger l’avait dit, exprimant tout haut ce que nombre de pays du Maghreb pensaient tout bas : « La barque est pleine, nous ne pouvons pas, ici, en Afrique, absorber toute la misère humaine ». La Tunisie, pragmatique, avait d’ores et déjà fixé un quota : 5000 Européens sur les 5 ans à venir. Pas plus. Le Maroc, dénonçant un évident manquement de ses voisins aux valeurs communes de l’Union Africaine, avait pris la décision de ne pas renvoyer les « vrais » réfugiés. Pour le moment. Faisant preuve d’un grand sens de l’anticipation, les leaders de l’Union Africaine décidèrent du principe d’un prochain sommet spécial consacré la question de cette immigration nord-sud. Le communiqué officiel précisa que ce sommet durerait une demi-journée.
Ce n’était pas là la préoccupation première de Thomas Martin. Allait-il, oui ou non, pouvoir rester sur le sol africain, avec les enfants ? C’est alors que l’employé du Croissant-Rouge l’interrogea : « Au fait, vous trois, vous venez d’où ? ». Thomas Martin, les yeux dans le vague, s’entendit répondre : « D’où venons-nous ? De très loin. Nous venons de Calais. Vous savez, là-bas, c’était l’enfer ». L’employé secoua la tête. Calais, ce nom lui disait quelque chose, mais quoi ?
Par Xavier Collin, Journaliste producteur de Geopolitis - RTS (Suisse)
* (Source - BILAN- Suisse)
Nous lire dans
· FaceBook
Tweet· Twitter