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Photo:corriere.it
 

Propos recueillis par Emilya Cermak et EGWN

Monsieur le rapporteur spécial, quel bilan faites - vous de votre visite en Suisse ?

« Disons que le bilan, je le ferai après avoir reçu toute la documentation que j’ai demandée aux autorités suisses, aux ONG, aux victimes et je vais faire un rapport préliminaire pour la Commission des Droits de l’Homme pour le mois de Mars-Avril. Le rapport général, sera présenté de manière préliminaire aussi à l’Assemblée Générale des Nations – Unies qui se tiendra en octobre. Mais le gros rapport sera soumis à la commission l’année prochaine ».

Est – ce qu’une personne sur toutes les latitudes, s’estimant victime de racisme, peut vous saisir directement?

« Oui. C’est à dire que toute personne qui est victime du racisme, de la discrimination et de la xénophobie, dans le monde peut m’écrire officiellement en me disant : « M. Diène, rapporteur spécial, j’ai été victime de telle ou telle forme de discrimination à telle date avec tous les détails qu’il faut» et immédiatement j’ai une procédure qui me permet de saisir les gouvernements pour trouver une solution à ce cas sinon je le mets dans mes rapports ».

M. Diène, qu’est ce qui explique votre choix d’enquêter sur le racisme en Suisse ?

« Je choisis les pays en fonction de l’analyse que je fais, en quoi ce pays est intéressant pour approfondir la problématique du racisme dans le monde. Par exemple, je suis allé au Canada parce que l’image du Canada, c’est que c’est un pays qui a fait face à sa dynamique multiculturelle, et qu'elle a trouvé des réponses, je voulais voir ce qu’était la réalité. Je suis allé en Colombie parce que je voulais voir quelle était la situation des communautés historiquement discriminées noires et autochtones dans le contexte de violence politique de ce pays. Et je suis allé en Côte d’Ivoire parce que la problématique de la xénophobie est un enjeu central dans la crise politique ivoirienne. La crise n’est pas xénophobe, elle est politique mais elle a une dimension xénophobique que je voulais aller mesurer.
En réalité, j’ai choisi la Suisse pour deux raisons : la première est que j’avais noté avec beaucoup d’intérêt le nombre de votations que la Suisse a tenu qui sont liées aux étrangers dans différents aspects de cette problématique des étrangers. Je me suis dit que le nombre de votations était l’indicateur peut être que soit dans ce pays on se pose de façon régulière la question des étrangers, soit que cette question occupe une position politique centrale. Et la deuxième, lors de la dernière votation concernant la citoyenneté des enfants d’immigrés de la deuxième ou troisième génération, j’avais lu la presse suisse et j’avais noté les allégations de programmes et de plates-formes xénophobes pendant la campagne précédant cette votation. Et j’ai vu une affiche d’un des partis que je ne nommerai pas qui montrait un panier avec des passeports suisses et des mains brunes plus ou moins brunes, qui, voracement voulaient se saisir de ces passeports. Je me suis dit que le moment est venu d'aller voir ce qui se passe en Suisse.
Et peut-être la dernière raison qui couvre un peu tous ces deux précédentes, j’ai été amené dans tous mes rapports récemment à souligner l’enjeu du multiculturalisme dans la recrudescence du racisme, de la discrimination et de la xénophobie »

Vous liez souvent la montée du racisme au refus de la réalité multiculturelle de nos sociétés modernes?

« L’enjeu du multiculturalisme est réel, dans le sens où toutes les sociétés du monde sont devenues multiculturelles, même au Japon où je suis allé il y a deux mois, et une analyse un peu serrée de la discrimination nous montre que c’est la reconnaissance ou le refus de la réalité multiculturelle qui est une des causes lourdes du racisme et de la culture et de la mentalité discriminatoire. Je voulais donc savoir comment la Suisse qui a une culture et une situation géographique particulières, qui a une tradition interculturelle puisqu’elle a plusieurs communautés sur son territoire, faisait face au processus de multiculturalisation de sa société qui est une multiculturalisation d’origine extra européenne, donc plus complexe. Ceci m’a amené à me dire « je vais aller voir la réalité de la situation » . Et en analysant ces questions là, à la fois peut - être d’accompagner ce que fait la Suisse mais aussi d'informer la Communauté internationale sur la réalité de ce qui se passe dans ce pays »

M. Diène, on a l’impression qu’après votre départ de la Suisse, vos préliminaires ont quand - même excité une bonne frange de la société helvétique. Comment analysez-vous cela ?

« J’ai noté trois choses très intéressantes de cette visite en Suisse. La première : le gouvernement suisse a coopéré de manière extrêmement ouverte et positive à ma demande de visite. Ma demande a été acceptée, mon programme de visite je l’ai finalisé avec les autorités compétentes suisses et dans mes visites dans les différents cantons, mes rencontres avec les officiels de l’appareil politique ou de l’Etat ont été extrêmement ouverts et positifs. Le deuxième point que j’ai noté c’est que c’est l’intérêt que ma visite a suscité autant au niveau des institutions divers de l’appareil d’Etat qu’au niveau des communautés concernées – minorités ethniques, religieuses ou culturelles. Et cet intérêt était le signe qu’il y avait une attente, que sous la question de la discrimination et la xénophobie il y avait une sensibilité suisse, une interrogation suisse : les gens se posent des questions. Et enfin la troisième chose que j’ai noté, c’est que la presse et c’est un point très important dans mon travail comme rapporteur spécial, la question du racisme est une question publique : elle est sociale et le combat contre le racisme est d’abord un combat d’information. Donc moi j’ai tenu depuis mon élection en tant que rapporteur spécial à faire en sorte que toutes mes visites soient connues par les populations. Les gouvernements la connaissent parce qu’ils m’invitent sous ma demande et donc j’attache une très grande importance à la couverture de ma visite. Et là la couverture en Suisse a été d’une très grande qualité – critique quelques fois – mais d’une très grande qualité : il y avait un suivi. Et enfin pour terminer sur ce point, sur le point essentiel de la presse, comme rapporteur spécial, j’ai pris conscience que l’un des terrains où se trouvent à la fois le problème du racisme, de la discrimination, de la xénophobie et à la fois une solution, c’est le problème de l’information et de la communication et donc des médias ».

Vous voulez dire que la presse peut, même si elle participe souvent à véhiculer des préjugés raciaux, aider à lutter contre le racisme ?

« C’est à dire que dans les pays que j’ai visités et sur lesquels j’ai fait des rapports, les situations les plus lourdes de discrimination sont les situations où la presse a été le relais soit du programme politique discriminatoire soit les médias ont été porteurs d’un discours raciste et xénophobe. Mais en même temps, il est apparu très clairement que pour répondre au problème du racisme, de la discrimination et de la xénophobie, la presse comme l’éducation sont les voies royales, parce que la base fondamentale de la mentalité et de la culture raciste c’est l’ignorance. L’éducation dans la longue durée permet de rompre l’ignorance sur les cultures, les communautés, les peuples, les races mais la presse en informant aussi peut apporter des éléments extrêmement positifs d’une très grande profondeur pour éradiquer cette mentalité. Et c’est pour ça que je tenais à voir les représentants de la presse durant cette visite. Donc cette visite a été très très intéressante pour moi »

Et quels commentaires faites-vous des critiques qui ont été faites par l’Union démocratique du Centre ( Ndlr UDC, représentant 27 % de l’électorat suisse). Ce parti que vous ne voulez pas nommer, établit un déterminisme absolu entre la qualité d’un rapport onusien à la nationalité ou à l’ethnie du rapporteur. N’est ce pas du racisme?

« Je trouve cette remarque intéressante dans le sens où comme rapporteur je dois procéder à la lecture des sensibilités diverses des discours et pratiques racistes ou xénophobes. J’intègre la réaction de ce porte - paroles d’un parti politique sur ma nationalité ou mon origine ethnique dans le spectre de la complexité et de la diversité de la Suisse sur cette question. En conséquence ce commentaire ainsi que les réactions positives du Ministre des affaires étrangères et celui de l’intérieur seront analysés en profondeur dans mon rapport. Je vais les traiter en détails. Je ferai mon commentaire et laisserai le soin à la Communauté internationale d’apprécier »