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Par Dr. Abdoulaye Taye
E-Mail : taye@physik.uni-leipzig.de

LEIPIZIG – (Allemagne) - L'article 4 de la loi du 23 février 2005 votée par l'Assemblée nationale française, stipulant entre autre que « les programmes scolaires reconnaissent en particulier le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord, et accordent à l'histoire et aux sacrifices des combattants de l'armée française issus de ces territoires la place éminente à laquelle ils ont droit », reconnaît le rôle positif de la colonisation dans les ex-territoires occupés.

Nous ne devons pas confondre, cependant, les effets et les motivations profondes de la colonisation. La nécessité de créer un environnement infrastructurel pour les besoins de l’économie coloniale ne justifie pas les motivations qui sont à la base de l’entreprise coloniale. On ne pouvait pas bâtir une économie coloniale durable sans routes, sans hommes en bonne santé et sans cadres et interprètes ayant pour rôle la gestion de la communication entre les acteurs. Il faudrait tout mettre en en œuvre pour que le système fonctionne de manière optimale.

La construction de ports, de chemins de fer, d’hôpitaux et d’écoles obéissait plus à une logique économique qu’à une logique purement humanitaire voire « civilisatrice ». Sinon comment comprendre les mouvements de résistance des rois africains contre la pénétration coloniale, les travaux forcés des indigènes, les mouvements de libération nationale dont la guerre de l’Algérie consacre l’ultime sommet ? Blaise Comparé n’avait pas à alerter son armée nationale lorsque, par le biais de la coopération, on lui offrait cet hôpital luxueux que les Burkinabés ne fréquentent d’ailleurs même pas. Le sabotage qui a suivi le départ précipité des cadres français à l’occasion du recouvrement par la Guinée de sa souveraineté est une preuve qui en dit long sur les motivations inavouées des colons.

Nous saluons d’ailleurs la construction de ports, de chemins de fer, d’hôpitaux, d’écoles et d’universités pendant la colonisation et nous nous étonnons que cette pratique n’a pas continué après les indépendances si tant qu’elle est une mission humanitaire ou « civilisatrice ». L’Afrique a justement besoin d’infrastructures. Le NEPAD ou l’initiative africaine pour le développement n’a cessé de le crier, en appelant les investisseurs européens et américains à participer au programme de financement de ses projets pour bâtir des chemins de fer, des routes, des ponts, des aéroports etc...

La colonisation serait une grande œuvre humaine si les motivations profondes n’étaient uniquement que philanthropiques ! hélas ! Si les avis sont partagés pour juger les avantages matériels et linguistiques liés aux effets du colonialisme, nous sommes cependant unanimes à condamner sa politique, ses pratiques et les motivations qui le sous-tendaient. La colonisation est un système violent, autoritaire et inhumain fondé sur l’exploitation de la force de travail et des ressources naturelles aux dépens des populations locales et autochtones et orienté exclusivement vers le développement de la métropole. C’est ainsi que le colonialisme a contribué à développer le capitalisme des pays du nord et à retarder le décollage des pays colonisés. Sauvegarder l’avenir du souvenir c’est surtout veiller à l’intégrité du souvenir.

Il est curieux qu’une assemblée nationale vote une loi pour renforcer et soutenir dans des esprits jeunes que la colonisation est une bonne chose parce qu'elle a contribué à « civiliser » des sauvages. Certains raisonnements dissimulent mal un sentiment raciste, un complexe de supériorité. C’est justement cette mentalité, cette arrière-pensée qui fait naître le sentiment raciste et l’entretient. Les émeutes qui ont secoué la France toute entière jusque dans ses fondements républicains ne sont que les réactions à cette mentalité d’autres temps. Il ne faut pas se cacher la face.

Il faut lâcher le mot que le discours officiel classe comme tabou pour éviter de s’engager dans la lutte contre le racisme. La lutte contre le racisme est certes juridique, politique, économique mais elle est surtout sociale. On ne peut pas faire de véritables progrès que par l’éducation. Aucune loi ne peut venir à bout du racisme. Le rôle de l’éducation doit être assumé par la famille et par l’état à travers son école et ses jardins d’enfants. Nous parlons tous de lutter contre le racisme. Chacun doit se poser la question sur sa contribution personnelle pour faire reculer les barrières du racisme. Il faut que les mères, les pères, les enseignants, tout citoyen apprennent aux enfants que le racisme est un faux sentiment. La nature a créé des oiseaux blancs, noirs, rouges et jaunes.Elle a créé des chiens, des chats, des serpents de toutes couleurs imaginables. La couleur de la peau ne renvoie pas à une hiérarchie biologique. L’homme lui-même a créé des couleurs blanches et noires. Le problème de la couleur ne se pose que lorsqu’il s’agit de la couleur d’un être humain. Mais cet esprit regrettable est aussi un effet ou un produit de l’esclavage et du colonialisme pareil aux frontières artificielles héritées de la colonisation qui ont plongé des états voisins dans des conflits fratricides. La Gambie placée au cœur du Sénégal est une anomalie qui ne peut être que l’œuvre du colonialisme et que les deux pays payent très cher aujourd’hui. C’est pourquoi il faut stigmatiser la colonisation au lieu de la défendre pour prévenir des amalgames qui peuvent conduire à des actes regrettables. La conscience humaine universelle doit condamner le colonialisme et l’esclavage dans leur essence. C’est une honte de l’humanité. Cela ne relève pas seulement du devoir et du droit de l’Africain de le faire.

Les succès de la lutte contre le racisme, contre l’émigration involontaire et la pauvreté sont les clés de la paix, de la démocratie et du développement dans les pays africains mais aussi de l’intégration des immigrés d’origine africaine dans les sociétés européennes. L’intégration ne peut avoir qu’un double sens : s’intégrer mais aussi intégrer. La volonté d’un immigrant de s’intégrer ne peut s’appuyer que sur l’autre volonté du pays d’accueil à l’intégrer. Les émeutes dans les banlieues françaises ont montré les limites de la politique d’intégration à sens unique. L’immigrant doit se déshabiller aux portes de l’Europe et étrenner ses nouveaux habits de la civilisation occidentale. Un traitement mensuel net de dix mille Euros ne me permet pas de m’intégrer si devant la porte d’une discothèque on m’interdit de rentrer parce que je suis noir ou arabe. Les joueurs de football bien nantis financièrement paient sur les terrains les frais des états d’esprit racistes. Ces genres de frustrations accumulées produisent de la haine qui tôt ou tard finira par s’exprimer dans la violence. Les études après les émeutes dans les banlieues françaises sont là pour le témoigner. Il faut arrêter. C’est là où il faut agir par une éducation tous azimuts.

L’Afrique à travers la colonisation et l’esclavage s’est acquittée de manière douloureuse et violente de son devoir de contribuer à l’édification de l’économie mondiale.
Elle a apporté sa part dans le développement matériel et moral de l’histoire de l’humanité. Imaginer tous les travailleurs de la société de construction d’automobiles Renault, travailler nuit et jour sans salaires ! Il est sûr que l’entreprise serait la plus rentable et la plus compétitive du monde! L’Afrique ne demande pas de dédommagement mais elle revendique sa place dans la société mondiale et sa part dans le partage de la richesse mondiale à l’accumulation de laquelle elle a participé par le sang et par les larmes. Nous ne sommes pas des parasites. Nous avons été des acteurs incontournables dans la création de la richesse planétaire par notre contribution dans le développement du capitalisme en Europe et dans l’émergence de la première puissance économique du monde : les Etats Unis d’Amérique. L’échange inégal, caractérisé par les subventions agricoles et la détérioration des termes de l’échange, continue toujours de constituer des transferts de travail et de richesses des pays dits sous-développés vers les pays dits développés et partant de maintenir les africains dans les mailles de la pauvreté.

La terre et la richesse créée par l’homme ne sont la propriété de personne. Elles appartiennent à toute l’humanité quoique nous devions organiser la vie sur terre par des lois, des règles et des coutumes démocratiques pour prévenir les conflits et les crises de tous ordres. La solidarité est une règle d’or qui permet aux régions abondantes de venir en aide aux régions défavorisées pour combler les déséquilibres liés au développement inégal. Les formes de distribution de l’aide, dont on est sûr que l’argent prêté va revenir aux pays donateurs sous forme de traitements des assistants techniques et de détournements de dirigeants corrompus, n’ont pas permis de jeter les bases d’une économie durable apte à combattre efficacement la pauvreté dans le continent. L’assistance a conduit à l’impuissance et à l’échec. Les conséquences de cette politique d’aide pratiquée pendant plus de 40 ans se traduisent par une forte émigration des jeunes africains vers l’Eldorado européen accompagnée d’événements tragiques tels que ceux de Melilla et Ceuta.

Les leaders africains ne reçoivent de leurs pairs européens (G8) que des promesses et des prétextes à la place d’actions concrètes. On ne peut pas s’accrocher sur des arguments tels que la corruption et les conflits, en fermant les yeux sur tous les autres progrès du continent, pour ne pas aider l’Afrique à se développer. La corruption et les conflits sont à la fois des effets et des causes. On ne peut les éradiquer qu’en luttant résolument contre la pauvreté, qu’en favorisant l’émergence d’une économie viable dotée d’infrastructures modernes.

Nous demandons que l’aide au développement et la remise de la dette des pays pauvres soit distribuée directement à la population sous forme d’un revenu de base (Grundeinkommen) sur une période de dix ans. Des modèles de financements de ce programme sont possibles. Ce revenu de base doit pouvoir doter les familles de moyens suffisants pour subvenir à leurs besoins primaires relatifs à la santé, à l’éducation et à la nourriture. Cette mesure pourrait aussi doper la consommation des masses africaines et conduire à l’émergence d’un marché solvable qui permet à l’économie nationale de prendre son envol.

L’Afrique est un continent stratégique. L’Afrique est le continent des ressources naturelles, de la population jeune, de l’espace et de l’énergie. C’est le continent des enjeux futurs.