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A la veille de la tenue du 5eme Forum du Programme Faire Reculer le Paludisme/OMS ( Roll Back Malaria) et de la Conférence panafricaine sur le paludisme ( Yaoundé du 13 au 19 novembre 2005), Madame le Professeur Awa Marie Coll – Seck, Secrétaire exécutive du Programme et ancienne ministre de la santé du Sénégal, a bien voulu nous établir un bulletin de santé global de notre Continent. Mme Seck, ne se limite pas a un constat, elle ouvre un débat, donne des pistes tout en dégageant des perspectives salutaires pour améliorer l’état sanitaire de l’Afrique.

Quelle est la situation sanitaire en Afrique ?

L'analyse situationnelle est la première étape dans l'élaboration d'une politique sanitaire et elle doit mettre en exergue les spécificités de l'Afrique:

- La première différence entre l'Afrique et les pays du nord, est qu'il subsiste des maladies qui ne devraient plus exister. Il y a là un agenda inachevé, car sur le continent sévissent encore des pathologies infectieuses telles que :

  • les maladies infantiles qui peuvent être prévenues notamment par les vaccinations;
  • les maladies diarrhéiques touchant surtout les enfants;
  • le paludisme
  • et les épidémies de choléra, de méningites ou de fièvre jaune, pour ne citer que celles là

- Des maladies nouvelles ou mieux diagnostiquées aujourd'hui s'ajoutent au tableau. Il s'agit du SIDA, des pathologies cardiovasculaires et métaboliques (hypertension artérielle, insuffisances coronariennes, diabète..), mais également les cancers.

- Les indicateurs de santé sont peu enviables :

  • La mortalité infanto juvénile (<5 ans): 140 décès pour 1000 naissances vivantes, elle est de moins de 5 décès /1000 dans les pays riches. Ainsi sur les 11 millions de décès d'enfants de moins de 5 ans, 1% ont eu lieu dans les pays développés et 42% dans la seule Afrique au Sud du Sahara;
  • La mortalité maternelle: 920 décès sur 100 000 naissances vivantes comparée à 20 décès pour les pays développés. En d'autres termes, la mortalité maternelle est extrêmement élevée sur le continent africain qui compte 50 % des décès survenus dans le monde soit 250 000 personnes;
  • L'espérance de vie: elle varie entre 35 et 58 ans contre plus de 70 ans en Europe. Un déclin, parfois de plus de 15 ans, a été observé dans les pays à forte prévalence de VIH/SIDA comme le Botswana; Ces chiffres sont suffisamment éloquents, la situation sanitaire en Afrique est alarmante.

- Le système de santé et la qualité des services sont faibles.

  • L'accès au soins n'est pas équitable: l'accessibilité, qu'elle soit géographique ou financière, est difficile pour les populations, notamment celles vivant dans les zones rurales. La qualité des services qui prend en considération entre autres paramètres les infrastructures, le plateau technique, l'accueil, la prise en charge des urgences ou la logistique, est généralement d'un niveau faible à quelques exceptions près dans certaines capitales ou dans le secteur privé;
  • Les ressources humaines sont inadéquates.

Pour toutes les catégories de personnel médecins, sage femmes, infirmier(ère)s, ces chiffres sont bien loin de ceux recommandés par l'OMS. Cela est lié aux contraintes macro économiques, aux capacités de formation insuffisante, à la fuite de cerveaux vers les pays du Nord, les organisations internationales, le secteur privé ou les ONGs, au SIDA (première cause de mortalité du personnel de santé dans les pays de forte prévalence), entre autres.

  • Le financement de la santé est insuffisant: le rapport du groupe macro économique et santé a montré qu'aujourd'hui, seulement 11$ par tête d'habitant et par an sont dédiés à la santé, alors qu'il en faudrait au minimum 34$.

Devant ce tableau, que devrait être la politique sanitaire pour l'Afrique ?

La santé est un droit universel, inscrit dans la plupart des constitutions nationales et un bien public. La santé selon l'OMS est un état de bien être physique mental et social et non pas seulement une absence de maladie.

Le défi majeur des pays en développement, particulièrement Africains est de rompre le cercle vicieux pauvreté et mauvaise santé. En effet, le poids de décès et de souffrance se concentre dans les pays les plus pauvres du monde.

Un engagement politique au niveau des pays, au niveau régional et international Par exemple la santé est une des priorités du NEPAD. Comment traduire cet engagement par des stratégies et actions concrètes?


La politique sanitaire devrait s'articuler autour de principes généraux, d'orientations stratégiques, de réformes, et s'appuyer sur des ressources humaines et financières renforcées.

Il faut tout d'abord reconnaître que la santé est un facteur de développement, et doit être placée au plus haut dans l'agenda de développement. Sur 8 objectifs du Millénaire, 3 lui font directement référence et 3 autres au moins sont influencés par l'état de santé.

La santé est également un facteur déterminant de démocratie et de stabilité sociale (Exemple du SIDA).

- Quelques principes généraux

  • L'approche multi sectorielle et le partenariat
    Le secteur de la santé ne pourra jamais seul relever le défi de la santé pour le plus grand nombre. L'implication d'autres secteurs ou de catégories spécifiques de population, comme l'éducation, l'agriculture, les mines, la recherche, les finances, ou encore les femmes et les jeunes, est décisive.
    Un partenariat public, privé, société civile doit se développer autour d'un agenda commun pour atteindre les buts fixés par les objectifs nationaux et les objectifs de développement du Millénaire.
    Aussi la planification stratégique des investissements doit se faire dans le secteur de la santé et dans les autres secteurs qui l'influencent pour pouvoir améliorer la santé des populations, notamment les plus pauvres, et promouvoir le développement.
  • L'approche décentralisée de la planification et de la mise en œuvre entraîne un renforcement des capacités, la participation communautaire et la promotion des comportements favorables à une bonne santé. Une réponse locale appropriée, permettra l'atteinte de résultats concrets et la pérennisation des acquis.
  • L'approche genre

Elle permet d'identifier les inégalités entre les hommes et les femmes dans le domaine de la santé qui favorisent l'augmentation des maladies et des décès.
L'approche genre appliquée à la santé permet de comprendre comment ces inégalités déterminent la vulnérabilité aux maladies et situations morbides mais également l'accès aux soins, aux technologies, à l'information et aux ressources.

Quelles sont les orientations stratégiques ?

Elles sont clairement identifiées dans le programme national de développement sanitaire des pays. Elles s'articulent autour de : $

  • La Prise en charge intégrée des maladies de l'enfant, par notamment, les vaccinations, la nutrition, la lutte contre le paludisme, les maladies diarrhéiques et respiratoires.
  • L'amélioration de la santé reproductive, du suivi de la grossesse et des conditions de l'accouchement.
  • La lutte contre le SIDA, le paludisme, la tuberculose, et autres maladies infectieuses transmissibles.
  • Les situations spécifiques aux pays doivent enrichir ces orientations comme la montée des maladies non transmissibles.

Tout ceci devra être accompagné d'un renforcement global des systèmes de santé d'un investissement dans les ressources humaines, les infrastructures, la gestion et le financement.

- Des réformes seront nécessaires

  • Les ressources humaines : le personnel de santé est généralement bien formé et très prisé par les pays industrialisés, est en nombre insuffisant. Il est le plus souvent mal réparti au détriment des zones éloignées et rurales. Des initiatives peuvent être menées dans différents domaines:
    • Le recrutement de pharmaciens, médecins , infirmier(e)s, sages-femmes et autres personnels de santé peut nécessiter des dérogations selon le cadre macro économique des pays. La contractualisation des agents est aussi une option;
    • La formation complémentaire où la création de corps spéciaux: Exemple: Médecin compétent en obstétrique ou Assistant infirmier
    • La motivation du personnel: La reforme du statut des personnels de la santé qui sont généralement dévalorisés, mal payés, démotivés est une priorité. Il faut ajouter qu'ils travaillent le plus souvent dans des conditions difficiles et parfois risquées.
  • La gestion des services
    • L'autonomisation des hôpitaux: Le rôle de l'Etat est d'organiser le cadre de celle-ci avec la participation des travailleurs et des consommateurs.
    • La contractualisation de certaines structures avec le secteur privé ou les ONGs a été expérimentée dans certains pays comme la Zambie ou la Côte d'Ivoire.
    • La participation des populations à l'effort de santé et non pas seulement à son financement à tous les niveaux
  • La politique pharmaceutique
  • L'accès aux médicaments est une contrainte majeure. Leur coût est trop élevé pour la grande majorité des populations africaines, d’où la nécessité:
    • D'introduire les génériques dans le secteur privé comme cela se fait déjà dans le secteur public.
    • Développer le contrôle de la qualité et la pharmaco vigilance
    • Favoriser les achats groupés sous régionaux notamment
    • Promouvoir la médecine traditionnelle
    • Renforcer la fabrication locale et le transfert de technologie
  • L'utilisation des nouvelles technologies de l'information

La télémédecine pour la formation professionnelle, la téléconsultation et la mise en réseaux interactifs ou de surveillance a été expérimentée avec succès dans des pays comme le Sénégal.
Des stratégies de pérennisation de ces expériences méritent d'être développées.

Comment se fera le financement de cette politique?

- Financement national

  • Les gouvernements africains doivent concrétiser les engagements pris à Abuja en 2000 par les chefs d'Etat, qui étaient de faire progresser les budgets de santé jusqu'à 15% en 2005. A ce jour 2 ou 3 pays se rapprochent de ce taux et un le Zimbabwe le dépasse.
  • Les assurances maladies universelles comme proposées au Kenya
  • Les mutuelles de santé communautaire: au Sénégal en 2 ans 2001- 2003 leur nombre est passé de 7 à 150
  • Intégration de la santé dans les documents de réduction de la pauvreté et de réduction ou annulation de la dette. Ce serait logique mais très souvent il y a des compétitions féroces entre secteurs au détriment de la santé

- Financement international, multilatéral et bilatéral

  • L'apport important du fond global contre le SIDA, la Tuberculose et le Paludisme depuis 2002 a vraiment changé le paysage financier de ces trois maladies. Exemple: concernant le paludisme 600 millions de $ ont été mobilisés en 2004 provenant aux 2/3 du Fond.
  • L'aide publique au développement: Les pays donateurs doivent tout d'abord respecter leur engagement d'atteindre 0,7% de leur PNB. Très peu l'ont fait contrairement à la Suède qui est à 1%. Il s'agit de passer de 65 à 130 milliard de $ par an, somme fort raisonnable si on la compare aux dépenses en armement de 950 milliard de $. Par ailleurs des projets d'appui bilatéraux et bien ciblés sont développés de plus en plus comme les projets américains PEPFAR pour le SIDA et la récente initiative présidentielle sur le paludisme.
  • Les Fondations: elles sont de plus en plus impliquées dans le financement de la santé: la Fondation Gates a annoncé en marge de la dernière assemblée mondiale de la santé un appui de 450 millions de $ à l'OMS.
  • Des initiatives de financement international comme le prélèvement international de solidarité sur les billets d'avion lancée par le Président Français sont porteuses d'espoir. "The International finance facility" proposée par la Grande Bretagne est un autre exemple.

Par ailleurs cette aide devrait être plus efficace notamment grâce à l'harmonisation des procédures et méthodes des différents bailleurs et de plus grande synergie et complémentarité entre eux. La mise en cohérence de ces pratiques avec les stratégies nationales est indispensable. Tout cela appelle à une bonne gouvernance, une transparence dans la gestion et un bon système de suivi évaluation.

Propos recueillis par El Hadji Gorgui Wade NDOYE