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ÉTUDIANTS SÉNÉGALAIS À GENÈVE : Entre études et apprentissage de la vie
Après de nombreuses démarches auprès de l’ambassade Suisse à Dakar, à quelques encablures du Ministère de l’Education, entre la Fondation Senghor, les ambassades de Tunisie et d’Italie, l’étudiant ou chercheur sénégalais, visa de longue durée en poche, dès qu’il pose les pieds à Cornavin, l’aéroport international de Genève, sent que l’Afrique si proche, est tellement lointaine. Il faudra alors s’adapter à des réalités différentes et à des mentalités autres.
L’Université de Genève comptait, en 2004, 14.685 étudiants dont 38% d’étudiants étrangers. Les étudiants africains étaient au nombre de 953 en 2004 contre 598 en 1995. L’université qui a une vocation internationale confirmée, compte aujourd’hui, 158 étudiants sénégalais dont 128 garçons et 30 filles. En 1995, ils étaient 26 dont 5 filles et 21 garçons. En moins de 10 ans, le nombre d’étudiants sénégalais à Genève a été multiplié par 6.
Chaque année, plus de 240 types de diplômes et environ 150 programmes de formation continue dans des domaines extrêmement variés y sont proposés. L’université se veut un lieu de réflexion, d’enseignement et de dialogue, un espace mis à disposition de la créativité scientifique. L’Unige est composée de 7 Facultés, une Ecole et un Institut : Sciences (dont l’Ecole romande de pharmacie) ; Médecine (dont l’Ecole d’éducation physique et de sport-Eeps) ; Lettres (dont l’Ecole de langue et civilisation françaises-Eclf) ; Sciences économiques et sociales ; Droit ; Psychologie et des sciences de l’éducation ; Théologie protestante. L’Institut d’architecture et l’Ecole de traduction et d’interprétation (Eti). Par ailleurs, l’Unige a développé des programmes d’études en lien avec les organisations internationales comme l’ONU et ses différents organes et institutions (BIT, OMS...) mais également avec les instituts qui lui sont rattachés : l’Institut universitaire des hautes études internationales, l’Institut économique de Bossey et l’Institut universitaire du développement.
De plus, le Réseau universitaire international de Genève (RUIG) vise à faire collaborer chercheurs et organismes internationaux sur des thèmes comme le droit humanitaire ou le développement durable.
L’Unige donne un enseignement qui permet à l’étudiant d’être fonctionnel après l’obtention de son diplôme de licence (l’équivalent de la maîtrise pour la France et le Sénégal). Par exemple, explique le Sénégalais Mapathé Ndiaye, géologue : “ Dans le cadre de mes études en géologie, j’ai eu à faire de nombreux voyages en Europe avec le Département.
Mais le cas de la sortie en Tunisie est très révélateur
de ce double aspect de l’enseignement qui lie la théorie à
la pratique. En effet, les régions lagunaires de la Tunisie offrent toutes
les conditions de formation des hydrocarbures. C’est-à-dire une
roche mère qui fournit la matière organique, une roche-réservoir
vers laquelle migre la roche mère et enfin une roche couverture qui permet
de retenir le pétrole, car ce dernier est beaucoup plus léger
que l’eau ...
"Donc, l’étudiant se sent déjà prêt à
affronter le monde du travail et Mapathé est convaincu que" l’enseignement
est moins théorique et les moyens sont disponibles plus qu’on ne
l’aurait eu toujours au Sénégal ”. Par ailleurs, l’Université
offre aux étudiants, sans distinction de leur origine, des possibilités
de devenir moniteurs dès la 3ème ou la 4ème année.
Et ceux qui sont inscrits en thèse peuvent aussi postuler pour des postes
d’assistants de recherche. Au moins, trois étudiants sénégalais
dont Mapathé ont bénéficié de ses possibilités
qu’offre l’Université de Genève.
Pour Mapathé comme pour bon nombre de Sénégalais, l’inconvénient majeur de venir en Suisse est lié aux équivalences des diplômes. Les diplômes sénégalais sont ici dévalués. Un étudiant titulaire d’une maîtrise en lettres (notamment), reprend presque systématiquement une première ou une deuxième année... C’était pareil pour les Français, la Suisse n’étant pas dans la zone Schengen.
Cependant, depuis l’automne 2004, certaines Facultés proposent, dans le cadre de la mise en œuvre du processus de Bologne, une nouvelle formation de base composée d’un bachelor et d’un master.
En outre, à compter de la rentrée 2005, l’Université rejoindra l’espace européen de l’enseignement supérieur par le passage de toutes les Facultés à ce système. Genève se positionne également comme une des 12 meilleures universités de recherche en Europe.
Le Bureau de placement organise une forme de bourse au travail, en mettant en contact les annonceurs (entreprises, personnes privées...) avec les étudiants. Ici, on propose des travaux et on offre des possibilités aux étudiants d’avoir une expérience professionnelle. Selon la directrice du Bureau, Mme Jeannine Steiner (24 ans de service), “ Nous agissons dans un cadre purement social pour permettre aux étudiants de gagner de l’argent tout en leur offrant la possibilité de mieux connaître les réalités de la vie ”.
Certes, la société suisse se déclare comme égalitaire et respectueuse des droits humains, ce qui n’empêche que réussir “ demande un plus grand effort pour les Sénégalais et, d’une manière générale pour les Africains. Car il faut s’adapter à une mentalité et à des pratiques au quotidien ”. Mme Steiner, une véritable “ archive ”, conseille les étudiants sénégalais : “ Quand on reçoit un message, il faut être très attentif, l’analyser très rapidement. Il faudra aussi avoir des niches, de bons contacts. Ne pas tomber sur des escrocs qui profitent de la vulnérabilité des gens. Contacter par exemple pour la Communauté sénégalaise ceux qui sont bien intégrés et se renseigner auprès de l’association des Sénégalais qui est bien structurée”. Être réaliste, tel est le message de Jeannine Steiner aux étudiants étrangers, car elle veut prévenir contre la naïveté. Il n’y a pas forcément une adéquation entre ce que l’on sait de la Suisse des livres et prospectus et les réalités qu’on y rencontre.
L’équation de l’insertion dans le pays d’accueil
Les échecs se conjuguent aussi avec de grands succès. L’étudiant a droit à 15 heures de travail réglementaire selon la Loi fédérale, mais le Canton de Genève tolère jusqu’à 20 heures par semaine. Avec un Franc suisse fort, les étudiants sénégalais pensent d’abord à aider leurs parents. Pourtant, beaucoup ne savaient pas qu’ils pouvaient travailler en tant qu’étudiant dès leur première année. En France, comme au Canada, l’étudiant n’a pas le droit de travailler quand il est inscrit en première année. Après avoir justifié ses moyens d’existence pour l’obtention du visa (attestations bancaires de virement obligatoire et permanent ou de bourses ou d’aides, ou d’une prise en charge par un résident, l’étudiant devrait normalement subvenir à ses besoins soit près de 1.500 FCH/mois). Mais, une opportunité on la saisit.
Ce n’est pourtant pas toujours évident de rester réaliste et vigilant, car à gagner de l’argent, parfois beaucoup plus qu’un enseignant d’université au Sénégal, l’on risque d’oublier la primauté des études. La famille aussi qui voit l’argent arriver chaque mois ne demande plus des nouvelles des études. “ Ma famille ne me demande plus où j’en suis avec mes études ?
La seule chose qui les intéresse, c'est l’argent que j’envoie, le portable, le voile suisse, les belles montres... Et quand j’envoie de l’argent, c’est moi qui dois téléphoner pour m’enquérir s’ils l’ont effectivement reçu. Je dois me battre seul pour m’affirmer en tant qu’être humain, parfois en face d’individus qui pensent que tous les Noirs sont des dealers. Je dois bosser dur, toujours prouver que je suis capable de mériter leur confiance. Ensuite je dois réussir mes études. Je manque parfois de soutien affectif alors que j’étais gâté au pays ”, regrette, amer, Sangoulé, étudiant en Lettres.
Même si les Sénégalais croient comme un
principe fondamental le fait d’aider leur famille car la vie peut être
très dure au Sénégal, beaucoup se lamentent de leurs relations
avec leur famille ou leurs amis, qui sont désormais faussées pour
la plupart à cause de l’argent. Ainsi, ceux qui ne réussissent
pas ou qui sont sommés de retourner chez eux par l’Office cantonal
de la population ont du mal à expliquer leur échec à leur
famille. Vous savez le “ soutoura ” ( voile de discrétion) des gens du Sénégal
!
Dans un pays comme la Suisse, il n'y a pas de régime de traitement différencié
pour les étudiants. Vous êtes résident, vous avez des devoirs
et des droits comme le citoyen lambda. Par exemple, on paie l’impôt
directement déduit du salaire. On paie aussi l’assurance et pas
de prix étudiant. Il faut payer le logement. Le prix variant selon l’espace
occupé.
Une chambre chez l’habitant, un logement en Cité universitaire, un studio privé... Les prix variant entre 400 et 1.200 F Suisse. Certains peuvent être hébergés gratuitement chez l’habitant à condition de remplir des tâches ménagères (repassage, linge, entretien de la maison..), ou s’occuper d’handicapés, de personnes âgées, d’enfants (baby sitting ou répétiteur de cours) ou nourrir et entretenir les chats et les chiens du logeur.
Tout ceci a un prix. La liberté est garantie ou ne l’est pas.... Et influe directement sur les résultats des études. Un autre facteur très difficile pour les étrangers, c’est le fait de devoir reprendre la première ou la deuxième année alors qu’on est déjà titulaire d’une licence ou d’une maîtrise. L’acceptation ou le refus des équivalences, crée une certaine nonchalance. Alors que la valse des Facultés est regardée avec suspicion par l’Office cantonal de la population, qui ne veut pas que les étudiants grossissent le rang des immigrés. Le choix qu’opère l’étudiant est plus lié aux possibilités de trouver des plages horaires propices à la recherche du Franc suisse que d’approfondir ses connaissances. Car, il faut aussi vivre.
L’épée de Damoclès, l’Office cantonal de la population veille sur le cursus des étudiants.
Il n’est pas rare qu’un étudiant reçoive
une lettre des autorités suisses lui demandant de leur faire état de l’évolution
de ses études.
Le renouvellement du permis de séjour en dépend aussi. C’est
clair, l’université offre un certain délai pour l’obtention
du diplôme. Si l’étudiant échoue ou réussit
dans le cadre du temps imparti, il est ex-immatriculé de l’Université.
Et c’est là où les choses se corsent car, pour rester en Suisse, il faut impérativement ce sésame. Le permis d’étudiant refusé ou retiré, l’étudiant n’a d’autres choix que de rentrer chez lui ou de vivre en clandestinité.
Cette dernière posture n’a aucun avenir, même si la solidarité agissante de certains compatriotes permet de tenir pendant quelque temps. En effet, par exemple, Amy peut prêter son code de recherches d’emplois à Maïmouna qui peut ainsi, se faire passer toujours pour une étudiante. Dans ce cas seul le “ door mou danou ” (des métiers manuels très précaires, mais qui peuvent bien être rémunérés), peut marcher.
Des rêves qui se brisent, des destins qui se réalisent merveilleusement, des étudiants qui s’organisent à l’absence de la présence d’un Consulat ou d’une ambassade pour les aider. Se posent les défis de la prolétarisation, de l’intégration dans la société d’accueil. S’y ajoutent les difficultés d’être toujours à jour pour payer son logement, l’assurance maladie, dans une vie réputée être l’une des plus chères au monde.
La “ solidarité ” sénégalaise, une réalité
Il existe au sein de la Communauté sénégalaise un certain élan solidaire. La solidarité permet aux nouveaux arrivés de s’imprégner des réalités du milieu. Soit c’est l’hébergement qui est offert, soit la possibilité de venir manger gratuitement en “ Famille sénégalaise ”. Sur ce Plan, le “ Montbrillant ”, qui est un logement d’étudiants non loin de la Gare de Cornavin, servait de point de chute. Aujourd’hui, les anciens qui y étaient ont été remplacés par d’autres étudiants sénégalais, qui y vivent avec des Européens. Certains principes sont parfois mis de côté pour aider des amis, des connaissances ou des gens qui ont été recommandés. Mais, ce n’est pas toujours facile. Des Sénégalais peuvent être très ingrats, oubliant tous les bienfaits de leur mentor. C’est le revers du Bon cœur ! D’un autre côté, l’association des Sénégalais organise des rencontres (Soirées dansantes, conférences.. ) pour mieux faire se connaître les originaires du pays. À côté de cette association apolitique et non confessionnelle, on trouve les Dahiras Mouride et tidjanes pour maintenir vive la Flamme des Khassaïdes de Serigne Touba, mais aussi des Wazifas de Cheikh Hadji Malick Sy...
En réalité, il existe un certain contrôle non institutionnel, mais il y a comme une main invisible qui module et modèle le comportement du Sénégalais. On a toujours honte par exemple de faire des choses répréhensibles (vente de drogue, prostitution...) La peur du “ qu’en dira-t-on ”. Ce qui n’empêche que certains profitent bien de la liberté absolue dont ils jouissent en terre helvétique. Après tout, chacun se nourrit soi-même.
Le difficile retour au pays natal
La problématique du retour après les études se pose avec
acuité chez les étudiants sénégalais. Si certains
ont choisi librement de retourner au pays, d’autres et le plus grand nombre
cogitent encore. Et le séjour à Genève finit, dans bien
des cas, aujourd’hui à Montréal ou ailleurs au Canada. Un
nouveau circuit triangulaire est donc né ! D’autres ont de gros
salaires en Suisse , par rapport à ce qu’ils pourraient gagner au Sénégal
et leur retour se négocie. Certes, un cerveau ne fuit pas,
mais quand même, l’homme lutte aussi pour sa survie !
Ne pourrait-on pas envisager que les ambassades et missions africaines sur place
utilisent les compétences de leurs ressortissants au lieu de recourir
à d’autres personnes ? Qu’est-ce qui empêcherait de
prendre des étudiants pour les travaux en informatique de nos missions,
les traductions de leurs documents, l’assistance dans le cadre des négociations
commerciales, au lieu de les laisser se débrouiller tout seuls ?
Même si au pays, les choses bougent favorablement à l’insertion
des diplômés de retour, le danger, c’est que quand tu perds
les attaches, tu deviens étranger dans ton propre pays. Et les gens vont
vous mener la vie dure. Pourquoi donc est-il revenu ? Il était parti,
nous, nous étions là... L’on entend souvent ce genre de questions
et commentaires peu avenants.
Certains chefs de service éprouvent aussi une jalousie ou une aversion
prononcée quand ils sont en face des “ venants ” de l’Alma
Mater occidental qui ne se laissent pas faire. Complexe d’infériorité
ou carence en iode citoyenne ? La question est posée...
INFOS PRATIQUES
- Site web : www.unige.ch/etudes
- Permis de séjour et de travail : site internet de l’Office Cantonal de la Population et questions concernant plus particulièrement les étudiants.
- Taxes semestrielles : 500 Fch- par semestre (Suisses et étrangers)
- Espace administratif des étudiants : +41 22 379 71 11 ; http://www.unige.ch/dase/
- Bureau des logements : + 41 22 379 77 20 ; http://www.unige.ch/dase/bulog/
- Pour la réduction des taxes : allant de 500 à 65 Fch, ou pour les Bourses, aides, subsides d’études, appeler : +41 22 379 77 79/18 ; ou consulter http://www.unige.ch/etudes/aides.html
- Bureau de placement pendant les études : http://www.unige.ch/dase/bupla/
Uni-emploi : Pour la recherche d’un emploi après la Licence, téléphoner au :
+41 22 379 75 90 ; ou consulter le site
http://www.unige.ch/presse/archives/unes/2002/20021028uniemploi_1.html - Association faîtière des étudiant-e-s : +41 22 379 77 13/14 ; http://www.asso-etud.unige.ch/cuae/.
- Association des Sénégalais de Genève - Contact : Email
: Senegalgeneve@senegalgeneve.ch -
Site web : www.senegalgeneve.ch Adresse de l’université : Université de Genève, 24, rue du Général-Dufour,
CH-1211 GENEVE 4 - Tel. +41 22 - 379 71 11 - Fax +41 22 - 320 29 27
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