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"Si vraiment les palestiniens et les israéliens aiment la Terre Sainte, nous leur disons: « Vivons sur cette terre, n’y mourons pas»

La Lauréate du Prix de l’Unesco pour l’Education à la paix ( 2001), Mme Ozacky était au Bureau International du Travail à l’occasion de la tenue de la Conférence « Women defending peace » co – présidée par Mme Suzanne Mubarak et la ministre Suisse, Micheline Calmy Rey. Elle a reçu « Continentpremier » pour aborder en toute franchise les questions qui touchent au Moyen Orient.

Quelle appréciation faites vous de la Conférence ?

La conférence regroupait près de 400 femmes d’expérience. C’était important de discuter des problèmes auxquels les femmes et les enfants sont confrontés en période de conflits armés qui ont pour noms, violence, viol… Je regrette seulement que nous n’avons pas pu tenir des ateliers pour discuter de manière plus approfondie des différents problèmes soulevés. Nous avons travaillé en plénière et il n’y a pas eu de discussions. C’aurait été bien, d’avoir de petits groupes pour réfléchir sur des thèmes précis malgré que le temps était limité. Nous ne sommes pas allés au fonds des problèmes. Mais je me réjouis de cette initiative qui a permis de regrouper des femmes du monde entier, Palestine, Maroc, Egypte, Bahrein et même l’Irak…

De la situation en Israël et de la mort d’Arafat ?

Maintenant que Arafat est mort, tout le monde parle d’une nouvelle ère au Moyen – Orient. Mais si vous voulez mon sentiment, je vous dirai que je suis optimiste par nature. Avec la réélection du Président Bush aux Etats – Unis, pour un second mandat, on peut s’attendre à un renforcement du processus de paix visant à mettre fin au conflit.

Par ailleurs, en Palestine, les regards sont tournés vers les élections de janvier prochain. Les Palestiniens sont appelés à choisir un nouveau leader qui pourra accompagner le processus de paix.

En Israël par contre, la situation est très compliquée. L’évacuation de la Bande de Gaza pose un sérieux problème au niveau interne.

Je ne vois pas de règlement rapide du conflit. C’est un conflit vieux et qui dure depuis près de 60 ans.

Les femmes peuvent – elles aider à solutionner le conflit israélo - palestinien ?

Les femmes peuvent aider au règlement du conflit. L’ONG « Peace movement » auquel je suis membre, oeuvre par exemple pour la paix mais n’essaie pas d’influencer les gouvernements.

Notre politique, est beaucoup plus axée sur les individus notamment les jeunes. Je vais vous dire une chose : que ce soit en Israël ou en Palestine, les populations veulent la paix individuellement mais quand elles se retrouvent en communauté, changent de discours.

Je crois sincèrement, qu’Israël doit, immédiatement mettre fin à l’occupation.
Israël doit laisser les Palestiniens organiser leur vie de manière indépendante.
Mon gouvernement doit repenser notre existence, en dehors de l’occupation.
Je me suis battu plus de 20 ans pour cela.

Cependant, en Israël, malgré les problèmes, nous sommes en face d’une démocratie au moins pour les Juifs et certainement pas pour les Palestiniens.

La Loi protège les libertés individuelles. J’ai donc la liberté de promouvoir mes idées et de prendre position comme je le fais le plus souvent par écrit dans les journaux.

Vous avez d’ailleurs, créé un magazine. Qui le finance ?

Le magazine « Crossing Borders » est un joli canard édité en même temps en arabe, en hébreu et en anglais. Son financement est assuré par le gouvernent du Danemark. Il a coûté 115 000 Euros.

Nous avons fait des appels de fonds en plus de nos propres ressources issues de l’argent généré par nos programmes qui sont payants. L’équipe du journal est composée de quinze personnes et nous atteignons chaque année plus de 20 000 personnes.

L’Union Européenne a pour sa part décaissé un demi - million d’Euros, pour financer le projet de création d’un média alternatif, co-géré par les israéliens et les palestiniens. C’est une radio dénommée « All for peace » ( Tous pour la paix) et qui occupe vingt personnes.
Ces médias nous permettent d’avoir beaucoup plus d’influence auprès des populations.

Que vous suggère la mort d’Arafat ? Qu’avez-vous dit à l’annonce de son décès ?
Bonne nouvelle, une bonne affaire, comme la plupart des israéliens ?

( Rires). Vous ne me verrez jamais dire ça quand quelqu’un meurt. Arafat était sans conteste un leader, le créateur et le fondateur de la nation et de l’identité palestinienne. Il a fait beaucoup, beaucoup d’erreurs. Je ne le dis pas parce que je suis israélienne. Je pense que l’Histoire le jugera. Il aurait pu adopter des positions plus salutaires pour son peuple. Malgré tout, ce peuple le considère comme un « Ramz » ( Symbole).

Par contre, je n’ai pas compris tout ce drame qu’on a fait pendant les deux à trois semaines qui ont précédé sa mort. Toutes ces femmes, tous ces médias en sentinelle devant son hôpital à Paris. Maintenant qu’il est mort, les palestiniens doivent lui trouver un remplaçant, ce que Arafat avait refusé de faire alors qu’il était en vie. Voilà par exemple une de ses erreurs. Il a joué entre les différentes parties du mouvement palestinien pour se maintenir. Actuellement ces groupes se font la guerre. Il savait qu’il était vieux et qu’il pouvait mourir.

Et quelles sont les erreurs commises côté israélien ? Je vois que vous voulez en parler.

Concernant les erreurs commises côté israélien, et j ’ajoute américain, ces deux, trois dernières années, les américains et les israéliens ont mis un lourd fardeau sur le dos d’Arafat. Ils ont mis toute la responsabilité de la situation sur lui. Ils lui ont mis la pression, exactement la même chose qu’ils ont fait avec Saddam Hussein.

C’est de la propagande démagogique. Vous savez le public ou l’homme qui n’est pas initié a besoin de mettre un visage sur l’ennemi. Ils ont trouvé en Arafat, un bouc émissaire. Je ne pense pas que cette image correspondait à Arafat. Je ne pense pas qu’il était un obstacle à la paix. Mais aujourd’hui mon gouvernement n’a pas d’excuse d’autant plus qu’ Arafat est mort. Israël doit faire maintenant la paix avec les palestiniens. Celà prendra certainement du temps.


Et combien de temps faudra-t-il pour que le rêve de la paix soit enfin réalisé ?

Il n’y aura pas de miracle. Mais la paix ne dépendra pas uniquement des israéliens et des palestiniens. Les américains ont un rôle à jouer.

Le Président Bush, d’autant plus qu’il est réélu, devrait s’engager davantage à mettre fin à ce conflit. Il a déjà dit lui même que c’est sa première priorité de résoudre le conflit israélo - palestinien. Un Président américain peut pendant son second mandat faire ce à quoi il croit profondément. Son pouvoir est renforcé et il n’a plus les mains liées. Peut-être que le Président Bush mettra la pression des deux côtés pour les mettre ensemble.

Certes, Bill Clinton, me direz-vous, a essayé et n’a pas réussi. Ce n’était probablement pas le bon moment. Peut-être qu’aujourd’hui le fruit de la paix est mûr.

Vous savez, nos deux peuples souffrent, souffrent trop. Pour rien. Oui, croyez-moi !

Nous vivons sur un petit lopin de terre. Je ne sais pas si vous vous imaginez combien la Terre- Sainte est étroite. Chaque partie déclare aimer la Terre - Sainte, alors si vraiment les palestiniens et les israéliens aiment cette terre, nous leur disons, « Vivons sur cette terre, n’y mourons pas ».

Mme et le Mur ? N’est-ce pas un autre écueil ?

Je suis ravie de répondre à cette question. Ce Mur est à 10 minutes de ma maison. Je déteste ce Mur. Je me suis battue contre sa construction. J’ai manifesté contre. Malheureusement. Peut-être qu’il est vrai qu’il a servi à arrêter quelques attentats commis par les Kamikazes. Peut-être, dis-je, car je ne suis pas sûre ! Mais ce Mur, c’est comme une blessure. Ils sont venus avec leurs bulldozers, tout détruire, pour ériger ce Mur si horrible, si arrogant !
Comme si les israéliens se disaient, nous ne voulons pas savoir, ni connaître ce qui se passe de l’autre côté du Mur, là-bas. Nous sommes ici et eux, là-bas. C’était le slogan.

Ceci, naturellement, va à l’encontre de mes idéaux et de ma manière de penser. Je suis pour une solidarité agissante. Je plaide pour le partage et le vivre ensemble, dans la paix. Et si, nous devons tous vivre ensemble, pourquoi ce Mur ?

Ce Mur, par ailleurs cause beaucoup de souffrances aux palestiniens, notamment aux agriculteurs et à ceux qui sont du coup séparés de leur famille. Les villageois ont perdu leurs biens en perdant leurs champs. Je le dis haut : je déteste ce Mur. Je rêve du jour où palestiniens et israéliens, ensemble vont détruire ce Mur comme les allemands ont détruit le mur de Berlin. J’espère voir ce jour où ce Mur sera détruit. Si ce n’est pas moi, je prie pour que mes enfants soient présents ce jour-là.

Par EGWN.