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L'INVITEE: Madame MICHELINE SPOERRI, Présidente ( ministre) du Département Justice Police et Sécurité, Etat de Genève :
«Je trouve déplorable le fait de traîner un homme quelle que soit sa couleur»
- Asile : pas d’options péremptoires
- L’été est moins chaud que l’été dernier
- La police doit être le reflet de la population
- Bientôt une femme dans l’Etat – Major
- L'importance accrue de la communication induit davantage de responsabilités
Mme la Présidente, vous avez demandé à des policiers suite à l’affaire "CHICO", de vous présenter des excuses. C’est quand même exceptionnel tout ça. Est ce à dire que vous étiez-fâchée ? Ces excuses je les ai demandées vis à vis de la Collectivité genevoise comme des ressortissants étrangers et vis-à-vis de l’Institution policière elle-même. Oui j’étais aussi fâchée car vous savez que la police qui représente l’ordre et le respect a une image à défendre. Comment expliquez que des policiers fassent des démonstrations aussi douteuses. Sur le scénario, je trouve déplorable le fait de traîner un homme quelle que soit sa couleur, derrière une voiture. Je n’y vois que de la dérive. |
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Mme Micheline Spoerri
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Mme la Présidente, considérez-vous que « l’été est chaud pour la police genevoise » pour paraphraser nos confrères de la « Tribune de Genève» ?
Je suis quotidiennement mise au courant par mes Services en
ce qui concerne leurs activités. Je découvre dans la presse une
vision publique de ce qui s’est passé. C’est important d’avoir
une différence de perception.
L’été est moins chaud que l’été dernier.
Le reportage des journalistes n’était pas inintéressant.
D’un autre côté, il ne peut y avoir un feuilleton par saison.
Mme la Présidente, les faits rapportés montrent que les populations africaines sont le plus souvent exposées à la violence policière. Envisagez-vous une politique à ce traitement dégradant ?
Je démens cela. La police a partout une tâche difficile et est très exposée, y compris en Suisse. Certains trafiquants sont des spécialistes de certains pays d’Afrique de l’Ouest. De même d’autres types de drogues sont entre les mains d’autres populations étrangères. Il y a une immigration illégale qui facilite le trafic de drogues.
Nous avons un Commissaire à la déontologie qui examine plusieurs milliers de cas d’arrestations mais parmi celles-ci, la police a utilisé la contrainte sur uniquement 1 à 2% des cas. Il n y a pas d’utilisation systématique de la violence dans la police genevoise. Je reconnais qu’il peut arriver que la force soit utilisée dans les cas d’interpellation liée à la drogue. L’Etat de Genève, a décidé de renforcer la formation des policiers en renforçant les cours de droits de l’homme, et de la déontologie, de même que les cours liés à la cohabitation. Nous accentuerons aussi des efforts dans la formation des formateurs pour le perfectionnement de nos troupes.
Par ailleurs des sanctions seront prises à la suite d’enquêtes internes si un policier s'est mal comporté.
Comment allez-vous sanctionner par exemple les policiers impliqués dans l’affaire "Chico" et celle liée à la bastonnade perpétrée sur un jeune homme de moins de 20 ans au « jardin anglais » lors des fêtes de Genève ?
Les excuses sont une chose, les sanctions une autre. Le Chef de la police va proposer une sanction que je vais réexaminer à mon niveau pour prendre la décision idoine.
Des populations genevoises se plaignent de la présence de dealers dans les lieux publics notamment dans les parcs qui jouxtent des écoles. Qu’envisagez-vous de faire ?
Nous avons mis en place un programme validé par le Département de l’instruction publique ( programme d’encadrement qui doit se faire entre les différentes parties).
Un Groupe de travail a été créé avec le Chef de la police, un responsable des établissements, deux juges, un éducateur de rue etc… Ce programme doit fonctionner sous forme de réseaux et comporte des mesures préventives et éducatives. En principe il devait déjà fonctionner cette rentrée. Le programme est sectorisé et personnalisé.. Les Collèges de Drize, de Stael seront des écoles test. Il s’agira de veiller sur la sécurité routière, la consommation de drogues, et de veiller au respect des règles civiques.
On a beaucoup parlé ces temps des requérants d’asile déboutés du Canton de Vaud. A Genève, c’est un silence. Cela voudrait-il dire que le Canton est indemne ?
Non cela veut dire que nous avons une délégation
aux réfugiés qui mène un travail permanent sous ma responsabilité.
Notre travail est très nuancé. Nous prenons beaucoup de temps
pour étudier les cas qui nous sont soumis. Nous travaillons avec les
syndicats, avec les représentants des communautés étrangères.
En dernier ressort, notre travail est toujours validé par le Conseil
d’Etat.
Nous n’allons, certes pas, échapper à des situations explosives.
Si la politique n’est pas cohérente, nous nous exposons à
des problèmes. Mais, sachez que nous n’avons pas des options péremptoires.
Si on fait un retour en arrière, vous avez été membre de la Délégation nationale qui a accompagné à Dakar la Conseillère fédérale Ruth Metzler. Vous êtes revenues avec un accord de transit vite dénoncé. A quoi attribuez - vous aujourd’hui avec le recul les raisons de cet échec ?
J’ai accompagné Madame Metzler parce qu’elle avait besoin de moi, comme j’avais besoin d’elle. Vous savez Genève est la ville la plus cosmopolite de la Suisse. Il y avait donc un intérêt à signer cet accord. Mais l’échec était prévisible du fait même de l’aspect juridique lié au transit. L’accord de transit est beaucoup plus compliqué que la réadmission. Le pays de transit doit être d’accord de gérer lui-même la réadmission avec les pays frontaliers. Je comprends dès lors l’attitude du Parlement sénégalais. Si l’on m’avait proposé à Genève d’être un Canton de transit des 26 autres cantons, je n'aurais pas été à l’aise. Mais c’était bien d’avoir tenté.
Vous avez présenté récemment un nouveau projet sur la police, accepté assez difficilement. Quelles sont les grandes lignes de votre réforme ?
Le projet de Loi adoptée tout récemment donne une perspective de carrière aux policiers. Nous avions constaté que l'ancien système avait des effets pervers. Il fallait au minimum 15 à 20 ans de carrière à la police pour avancer. C’était assez décourageant et c’est ça qui explique les nombreuses démissions au sein de la profession.
Un autre aspect, concerne l’actualisation de la formation initiale et continue pour faire élever le niveau. S’y ajoute l’entrée dans la Loi de la police de Sécurité internationale. Cette police n’était pas incluse dans l’institution policière. C’était une erreur. Cela avait déclenché des guerres entre les différents corps de police. Avec la nouvelle loi, nous avons une base légale qui permet de revaloriser la fonction policière. La réforme actuelle n’est pas une loi très révolutionnaire mais elle a tout de même son importance pour l’avenir de la police.
Genève l’internationale, est plus que multiculturelle, ne pensez - vous pas que la formation et la composition de la police devrait aussi intégrer cette réalité ? Quelles sont les contraintes à vos yeux ?
Le permis C, c’est moi qui l’ai introduit dans la police. Les détenteurs de ce type de permis représentent 25% de la population genevoise, j’avais jugé donc important d’intégrer cette population dans la police.
En offrant aux étrangers cette possibilité, mon objectif est de réaliser la diversité et d’asseoir la multiculturalité de la police genevoise.
C’est important que l’institution soit le reflet de la population. En plus, nous professionnalisons le recrutement.
Vous êtes une femme alors que les hommes sont majoritaires dans la police. Comment faire pour arriver à l’égalité de traitement et l’équilibre de l’effectif hommes – femmes ?
Je souhaite qu’il y ait plus de femmes dans la police. Mais sur le plan psychologique et de l’intendance, les moyens ne suivent pas. Dans l’Etat-major de la police, il devrait y avoir une femme. En tout cas je souhaite dans un délai raisonnable qu’une femme accède à une haute responsabilité au sein de la police.
Aimez-vous diriger des hommes ?
J’éprouve un grand plaisir de diriger des hommes. Sachez que mes hommes n'ont pas la grosse tête. En tant que femme ministre en charge de la police, nous apportons aussi l'instinct maternel. C’est difficile d’être policier, c’est un métier public très dur. Il y a donc une relation de type maternel, mais l’autorité passe avant tout.
L’image de la police a subi un sacré coup cet été une année après le G8, ce sont les bavures. La presse genevoise n’a pas été tendre avec vous, contrairement aux journaux étrangers. Quels commentaires faites - vous?
Je reconnais pour le G8, que je n’ai pas réussi à faire prendre conscience de l’ampleur des dangers. Mais j’avoue que nous avons beaucoup de chance ici plus qu’ailleurs, car il n y a pas eu de mort, ni même de blessé grave. Et j’étais contente de voir que ce G8, était élargi aux pays africains et qu’on ait pu discuter des questions d’ordre mondial, comme la crise iraquienne. Cela m’a fait oublier les aspects négatifs de l’organisation.
Comment voyez-vous la relation Presse et Politique?
Il y a une co-responsabilité. La presse doit se montrer
plus novatrice mais pas uniquement rapporteuse. C’est très important.
Je ne ferai que répéter ici, mes propos d’ailleurs relayés
par le “Soleil du Sénégal” à l’occasion
de la 6ème fête de la Communication. L'importance accrue de la
communication induit davantage de responsabilités pour les politiques
et pour la presse. Le débat collectif est nécessaire à
la vie démocratique. Il ne faut pas en avoir peur, même s'il est
parfois houleux. En revanche, ce débat doit exclure l'injure, l'insulte
et la menace. Si nous ne parvenons pas à donner davantage de tenue aux
échanges, entre presse et politique et aux échanges internes au
monde politique, nous courrons le risque de nous discréditer et d'éloigner
les citoyens de la chose publique. Nous devons avoir, je pense, une culture
du politique qui soit plus soucieuse du sens. La communication pourrait nous
y inviter. Communiquer, c'est s'éloigner du conformisme pour gagner en
confrontation et approfondissement de la pensée. Nous ne voulons pas
museler la presse car une société muette est une société
moribonde.
Cependant une société bavarde, en panne de sens, perdant dès lors le sens des mots, est en péril. C'est ainsi que la presse et le politique doivent, jouer chacun sa partition avec sérieux pour permettre au débat d'être à la fois digne et fécond. En cela, le monde politique doit donner l'exemple : réapprendre à débattre de manière civile, sans ukases, sans proférer à tout vent des menaces. Le sens des responsabilités politiques doit s'affranchir de ces tentations et se fonder sur des convictions fortes, bien communiquées. C'est à ce prix que nous pourrons rallier à la démocratie les déçus, les rebelles désemparés et notre jeunesse. C'est à ce prix que nous pourrons dire : casser des vitrines ne rend pas plus libre. Une communication avisée est parfois un art ; elle est toujours un espoir : trait d'union entre les cultures et les peuples, ferment démocratique, gage de dialogue et donc promesse de paix et d'humanité.
Quelle est votre vision de la police de demain ?
Je souhaiterais une police de proximité. On est dans une rupture de liens sociaux. Très grave. La violence domestique et conjugale augmente. A Genève, c’est une tendance qui existe mais également dans d’autres cantons.
Nous devrons aussi dans cette vision de la police de demain, développer la sécurité internationale surtout avec la France. Il s’agira de renforcer la sécurité aéroportuaire, veiller à l’application des accords bilatéraux qui sont signés entre les différents Etats. Cependant, je crois que les régions frontalières doivent être plus sollicitées dans l’élaboration des accords transnationaux. Des accords plus adaptés et mieux conçus faciliteront le travail des commissariats communs, des patrouilles mixtes ….
(Propos recueillis par El Hadji Gorgui Wade NDOYE)
PLUS LOIN AVEC MME SPOERRI
Profile : Docteur en Chimie analytique. Diplômée en biologie médicale. Membre du parti libéral. Micheline Spoerri, 58 ans, est élue le 11 novembre 2001, Présidente du Département de justice police et sécurité de l’Etat de Genève, 10 ans après son entrée en politique. En 1991, elle entre au Conseil municipal de la Ville de Genève, 2 ans après elle est Députée au Grand Conseil.
Qui êtes-vous :
Femme très soucieuse de l’intérêt
général depuis mon enfance.
Je suis une femme comme les autres, capable d’être superficielle
de temps en temps.
Rapports avec son staff :
Bons. Disons dynamique, car je suis très exigeante et je souhaite que le personnel prenne plus d’initiatives.
Musique :
Pas trop danse, mais voix. J’aime les opéras, le gospel …
Cigarettes, combien par jour :
J’ai arrêté pendant 7 mois, puis j’ai repris il y a 3 mois. Je fume en moyenne 20 cigarettes par jour.
L’Afrique : C’est mon Continent. Je suis une Africaine. L’Afrique est un continent irremplaçable.
Loisirs : Rencontre avec mes amis et ma famille. J’ai trois nièces dont une gabonaise de 8 ans, les deux autres ont 20 et 32 ans.
Lecture : Je lis par plaisir. Je ne peux pas vous dire que j’ai un auteur préféré. La lecture doit être un divertissement. Sachez que je ne lis pas des romans policiers. Je lis plus des livres écrits par des femmes.
Conseil fédéral : Non je souffrirai beaucoup là – bas. Avec le Conseil d’Etat, je me sens beaucoup plus proche des populations. Je souffrirai d’un éloignement avec populations.
Une fonction au niveau international : Oui, je serais bien tentée pour apporter ma modeste expérience à la Communauté humaine.
Joie: Ma joie, le jour où j’ai été élue mais j’étais très motivée pour cela.
Peine : La solitude. On est proche de la souffrance des gens et de la souffrance elle-même.
QUIZ : L'effectif des policiers du canton
- Gendarmerie: 756, dont 51 femmes
- Police de sécurité internationale PSI: 203, dont 17 femmes
- Police judiciaire PJ: 280, dont 41 femmes.
- Total : 1239 personnes dont 109 femmes (moins de 10%).
- Combien sont d’origine étrangère : seuls 10% sont d'origine étrangère du fait des dispositions relatives au statut du personnel de l'Etat de Genève ( près de 4 % sont noirs)
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