Compte Utilisateur
Audios
Souscription
Le groupe
Directeur de publication
· Elh Gorgui W NDOYE
Rédacteur en chef
· Elh Gorgui W NDOYE
Comité de Rédaction
·
El hadji
DIOUF
·
Papa Djadji Guèye
·
Responsable Informatique
· Alassane DIOP
Responsable Gestion
· Cécile QUAN
Webmaster
· REDACTION
Contact
Salle de Presse
N0 1 Box 35
8, Avenue de la
Paix Palais des Nations Unies
1211- Genève 10 Genève Suisse.
Téléphones
+41 22 917 37 89
+41 76 446 86 04
Service
Téléphone
· Suisse:
+41(22)917 37-89
+41(76)446-86-04
Ou envoyez un courriel à Info@ContinentPremier.com
Autres Liens
Rencontre : M. Joseph K. INGRAM, Représentant de la Banque Mondiale à Genève
«CE N'EST PAS VRAI, L’AFRIQUE NE REGRESSE PAS»
Par Papa Djadji Guèye et EGWN
Joseph K. Ingram |
Au lendemain de la clôture de la réunion annuelle de la B.M à Washington, son représentant à Genève nous en dit plus. Très détendu, ce canadien, alternant l’anglais et le français, connaît bien sa banque, l’Afrique et ses dirigeants comme les doigts de la main.
|
La Banque Mondiale, vient d’achever à Washington sa réunion annuelle. Pouvez – vous nous parler des thèmes abordés ?
Le Président de la Banque Mondiale avait évoqué certains thèmes lors de cette réunion : le mauvais équilibre dans le monde en termes de revenues, de richesse et de pauvreté. Mais en même temps il a parlé de trois questions d’une importance capitale et qui ont un impact déterminant dans ce déséquilibre qu’il faut corriger d’une manière urgente.
Il s’agit, premièrement, du danger croissant d’une
détérioration de l’environnement et l’effet direct
qu’elle aura sur les pays pauvres dans le domaine écologique comme
nous l’avons constaté avec les tempêtes survenues en Amérique
et qui, par ricochet, ont beaucoup touché les pays comme Haïti,
Cuba.
Le deuxième élément dont il a parlé est la pauvreté
elle-même et le fait qu’il y a eu dans les années récentes
une augmentation de l’écart entre les pauvres et les riches, lequel
écart devant être réduit, fermé plutôt qu’être
élargi.
Mais les pays riches ne font pas assez pour financer la réduction de cet écart. Nous sommes tous témoins des milliards qui sont dépensés sans le monde à des fins d’armement et de munition, ce qui tourne autour de 900 milliards de dollars US et dont les principaux financeurs sont les Etats-Unis et certains pays d’Europe tandis que les dépenses consacrées à l’assistance aux pays étrangers n’avoisinent que les 63 à 65 milliards de dollars ( c’est très peu).
Il a aussi fait allusion au fait qu’on est loin d’atteindre la cible de 0,7 % du PIB qui a été établie, il y a quelques décennies déjà. Quelques rares pays ont atteint ce taux, c’est l’exemple de la Belgique, du Luxembourg, des Pays- Bas…). Par rapport au PIB par tête d’habitant, ce sont les USA qui contribuent le moins de tous les pays de l’OCDE à l’assistance aux pays pauvres. Donc, on a beaucoup à faire si on veut surtout atteindre ce que l’on appelle le Millenium development gaols ( Ndlr les objectifs du Millénaire), et c’est de ça qu’il a beaucoup parlé.
Le troisième élément sur lequel il s’est appesanti est évidemment l’importance de financer des opportunités pour les jeunes des PVD (pays en voie de développement ) si l’on sait que près de 80% des personnes au chômage de par le monde ont moins de 25 ans, ce qui atteste de l’importance de la jeunesse. D’ailleurs, dans la plupart des cas ce sont des jeunes qui ont de l’éducation, qui sont munis des outils nécessaires pour faire accroître les économies.
Par ailleurs, lors d’une conférence sur la jeunesse à laquelle il a assisté à Sarajevo, en Bosnie il y a trois semaines avec des représentants de la jeunesse de 83 pays, M.Wolfensohn a établi – de concert avec les représentants - que la jeunesse n’est pas une force uniquement pour demain, c’est autant une force pour aujourd’hui qui n’est pas utilisée dans beaucoup de pays, un atout dans lequel des gouvernements n’investissent pas suffisamment .
Ce faisant, on ne permet pas aux jeunes de mettre en valeur
leurs énormes potentialités et libérer leur énergie
créatrice qui leur permettent de jouer un rôle important dans la
croissance et le développement des sociétés.
Des ressources inexploitées, un atout laissé en friche, de l’action
mise en berne, des capacités étouffées, voilà les
caractéristiques de la jeunesse dans un monde où l’action
des gouvernants sur cette tranche de la population est insuffisante. Une situation
qui porte les jeunes à choisir une voie qui leur semble l’unique
solution possible : L’émigration.
C’est triste quand la jeunesse qui est la force du présent et de l’avenir de la nation n’a pas un engagement… C’est le cas de la Bosnie où au moins 60% de la jeunesse veulent quitter le pays.
En outre, il y a eu aussi des discussions autour du sujet de la dette et un programme qui a été avancé par certains pays comme la Grande-Bretagne en direction d’une réduction de 10% de la dette des pays pauvres qui peut servir comme une aide importante.
Une conscience a été prise qu’il y a une nécessité de faire beaucoup plus qu’il n’a été fait jusqu’ici et je pense que le fait d'en discuter lors de cette réunion est un bon signe qui augure d’une forte volonté et du sérieux de certains gouvernements.
Quelles sont vos activités et qui sont vos partenaires notamment ici à Genève?
Comme vous le savez, je suis là maintenant depuis une année et avant mon arrivée, le bureau avait une préoccupation surtout des droits de l’homme. Mon prédécesseur, Alfredo Younis était très engagé en matière de droit de l’homme et son objectif était de donner à la Banque mondiale à Genève un visage plus humain. Et je pense qu’il l’a réussi. A mon arrivée, j’ai élargi la gamme car il ne faut pas oublier que Genève est le lieu où sont représentées plusieurs organisations. New York, c’est la politique, mais Genève, c’est le développement.
C’est pourquoi, la représentation s’occupe aussi d’autres questions liées au développement comme le commerce extérieur, la santé, les migrations, les mouvements de main - d’œuvre dans le monde…
La Banque reste naturellement impliquée dans le domaine des droits de l’homme, ce qui ne sous-entend nullement qu’on essaie d’appliquer de nouvelles conditionnalités relatives à cette matière. On nous critique souvent de la pléthore de conditionnalités, mais il s’agit plutôt des principes sous-jacents aux droits au développement ( la transparence, la responsabilisation, la participation, l’équité et la non discrimination)
Ces cinq principes sont à la base de ce que nous appuyons comme stratégie de développement dans les PVD et que nous appelons les Plublic production Strategy Process ( Stratégies de développement dans les pays les plus pauvres ).
Ce processus est certes conçu pour réduire la pauvreté, mais surtout avec l’objectif d’augmenter la participation de la société civile, des ONG, d’accroître la responsabilité des cadres publics et privés des Etats, de créer un développement plus équitable et de permettre aux pauvres de prendre une grande part aux actions de développement.
Actuellement, nous sommes en train de créer une sorte de matrice. Le département juridique y travaille. Cette matrice identifie dans une première colonne les droits spécifiques qui existent, dans une deuxième colonne, la convention internationale ou le traité internationale où se trouve ce droit en particulier, dans une troisième colonne les directives opérationnelles de la banque qui couvrent ce droit, et enfin l’instrument spécifique de la banque qu’on utilise pour soutenir la disponibilité ou la livraison de ce droit .
Cette matrice devra nous permettre de voir où on applique les droits spécifiques ( droit à l’eau, éducation primaire, droit des femmes, tout droit existant en Droit international), comment, on le fait et à l’avenir, elle nous permettra de cibler ces droits stratégiquement plutôt que comme un « biproduit ».
On appuie aussi étroitement d’autres programmes comme le sida qui regroupe l’OMS, l’Onusida et le Global Fund. La matrice devra nous permettre de cesser d’appliquer ces droits de façon stochastique.
A certains pays on a demandé de présenter leur expérience de lutte contre le Sida sur la base d’un cadre commun aux quatre pays. C’est le cas tout récemment avec la Thaïlande, le Sénégal, le Brésil, et l’Ouganda en vue d’une étude comparative pour permettre de savoir comment les réussites notées peuvent faire tache d’huile. Sur cette lancée, les actes de cette rencontre seront consignés en fin de ce mois dans publication pour permettre de vulgariser les efforts des uns et des autres en matière de lutte contre cette pandémie.
Dans le cadre du commerce extérieur la Banque Mondiale a travaillé intensément sur le cycle de Doha et les réformes attendues. Les négociations qui s’ouvrent actuellement à la suite de l’accord général survenu en début août portent surtout sur les détails car, comme on dit souvent, « le diable se trouve dans les détails ».
A propos du coton, la Banque Mondiale est très sensible au sort des pays producteurs tels que le Mali, le Niger, le Bénin, le Burkina Faso quant à la question la production et la commercialisation de ce produit. Mais il importe de retenir que les bénéfices potentiels pour les pays en voie de développement proviendraient plus de la réduction ou de l’annulation des subventions agricoles. Toutefois, les réformes agricoles et l’accès au marché des Etats-Unis et de l’Europe sont nécessaires mais pas suffisantes. Elles doivent s’accompagner d’une amélioration de l’environnement de l’investissement privé par les étrangers et aussi par les citoyens des pays eux-mêmes, une réduction importante de la corruption dans le privé, mais surtout des gouvernements et du secteur public, un allègement des exigences administratives, l’ouverture aux pays en voie de développement des marchés des pays riches surtout pour les producteurs agricoles.
Votre représentation favorise-t-elle une meilleure compréhension du rôle et de l’activité de la Banque Mondiale ?
Je l’espère ! Comme je l’ai déjà
souligné plus haut, on a élargi nos activités, et aujourd’hui
on s’oriente aussi vers le transfert des connaissances. On travaille (…)
avec le gouvernement suisse à la création à Genève
d’un centre d’informations sur le développement qui va permettre
de livrer la formation aux pays en voie de développement à partir
de Genève qui inclut un centre de formation à distance qui va
permettre aux agences spécialisées siégeant à Genève
de livrer la formation aux PVD qui pourraient atteindre de multiples étudiants
restés dans ces pays. Il y a 60 pays qui sont connectés aujourd’hui
dont le Sénégal.
L’OMC veut former les personnes résidant dans les pays qui veulent
adhérer à l’organisation. Ce qui nous permettra d’être
plus cohérent en matière d’appui au développement.
Des agences basées sur le même espace géographique, traitant
des mêmes questions souvent ne se parlent pas. Une coordination peut-être
facilitée ou développée tout en permettant à ces
agences de former les personnes. En cela, nous serons en phase avec le point
No 8 du Millenium goals qui porte sur la cohérence dans les politiques
de développement. Bref, la Suisse, avec la coopération de la Banque
Mondiale et le PNUD va créer une plateforme pour la formation à
distance. Ce centre est aussi appelé à générer plus
de cohérence entre les agences basées à Genève.
Vous avez élaboré des programmes à l’endroit des PVD. Comment jugez – vous la performance et quelles sont vos perspectives ?
On parle tout le temps du fait que l’Afrique régresse, ce n’est pas vrai. En fait, il y a des progrès considérables en Afrique. C’est que le taux de croissance en Afrique subsaharienne n’est pas aussi élevé qu’ailleurs.
L’espérance de vie, par exemple, est beaucoup plus élevée qu’il y a dix ou quinze ans. Le PIB par tête d’habitant est beaucoup plus élevé qu’il y a dix ou quinze ans. L’éducation des filles dans une bonne partie de l’Afrique subsaharienne augmente. Mais par rapport à ce qui se passe dans d’autres pays, son développement est lent. Les indicateurs, pour la plupart des pays africains sont favorables, mais trop lents. C’est l’image d’un verre à moitié plein et qui est en train de se remplir à une vitesse particulièrement lente.
Chez certains gouvernements où l’effort est sérieux, on arrive à des progrès. C’est le cas des pays comme le Mozambique, l’Ouganda, la Tanzanie, le Botswana, le Sénégal, le Nigeria, le Ghana le Burkina Faso. Ce sont des pays qui ont une bonne gouvernance, qui adoptent des réformes et qui sont sérieux. Il y a des pays néanmoins qui souffrent d’un manque de robustesse de leur gouvernance tandis que d’autres sont lésés par une absence de rentrées de ressources provenant de l’extérieur.
Lors du sommet d’Evian, le Président Sénégalais, disait : « le Président Wolfensohn est avec nous. C’est un ami des pays sous développés, mais si sa volonté n’est pas soutenue par les pays membres,… » , l’argent appartient à des pays… ?
Oui et non ! Pour l’IDA, oui ! Ce sont des contributions
faites directement par des pays riches. Mais il y a de l’argent que nous
empruntons des marchés financiers. Nous sommes l’un des plus grands
débiteurs dans le monde. Et le montant annuel moyen de nos emprunts s’élève
à 15 ou 20 milliards de dollars.
Qui dit emprunts dit taux d’intérêt mais les pays
pauvres qui sont un des derniers maillons de la chaîne des emprunts, ne
payent – ils pas cher avec les taux appliqués?
D’abord, cet argent qui est emprunté est soumis à des taux
très bas et qui sont favorables. Les taux d’intérêt
que nous appliquons reflètent une marge très limitée. Et
d’ailleurs le taux d’intérêt n’est pas le même
pour tous les pays. Il dépend de la capacité économique
et financière de chaque Etat.
Les pays les plus pauvres ont accès au crédit de l’IDA, mais sans intérêt. Le Sénégal, par exemple jouit d’un crédit sans intérêt. Il rembourse normalement sur 34, 35 ou 40 ans et ne rembourse que le principal. En plus, il n y a pas d’intérêt et le pays profite de 10 ans de différé.
Evidemment, les projets qu’on devrait financer doivent être des projets qui rapportent quelque chose au pays demandeurs. Il y a des pays pauvres qui n’arrivent même pas à rembourser le principal de la dette suivant les échéances. Ca c’est un véritable problème. C’est pourquoi on a cette initiative qui s’appelle HIPEG destinée à pardonner une partie de la dette. Mais certains pays, en dépit même de cette réduction et des taux favorables, presque nuls n’arrivent pas à rembourser convenablement.
Certains pays préconisent une élimination de la dette. Mais une fois cette dette annulée, vers qui pourraient-ils se tourner plus tard quand ils auront besoin d’un financement ?
Il y a à ce propos un grand débat et certains analystes avancent
la thèse qu’il ne faut justement pas le faire, sinon personne n’octroiera de
crédit au vu de la confirmation par ces pays pauvres de leur insolvabilité.
D’autres craignent un gaspillage ou une mal gérance des fonds émanant de cette
annulation.
La position de la Banque Mondiale est pourtant claire: oui à l’annulation de
la dette, mais pourvu que le résultat soit une augmentation à long terme des
flux financiers sur ces pays. Un don signifierait que la Banque n’est pas remboursée.
Profil
De nationalité canadienne, M. Joseph Ingram travaille à la Banque Mondiale depuis 1976 où il a tout d’abord occupé le poste de Chargé d’Affaires au service des prêts pour les départements du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord. Dès lors, il a œuvré au sein de la Banque Mondiale dans les pays suivants : le Nigeria, le Cameroun et plus récemment la Bosnie Herzégovine en tant que Directeur des Opérations.
Depuis le 1er septembre 2003, M. Ingram occupe le poste de Représentant Spécial auprès des Nations Unies et de l’Organisation Mondiale du Commerce, à Genève (Suisse).
Avant son intégration à la Banque Mondiale, M. Ingram a travaillé pour le Centre International de la Recherche et du Développement (CIRD) à Beyrouth en tant que Représentant Régional pour le Moyen Orient et l’Afrique du Nord. Auparavant, il fut Chargé d’Affaires dans les domaines de la santé et de la démographie, puis Assistant Particulier du Président du CIRD à Ottawa, Canada. M. Ingram fut également enseignant pendant deux ans dans un collège privé de Côte d’Ivoire.
M. Ingram détient une licence et une maîtrise en économie politique, diplômé de l’Université McMaster au Canada. Il a également suivi avec succès le Programme du Développement Exécutif de l’Université de Harvard.
Nous lire dans
· FaceBook
Tweet· Twitter