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Difficultés des USA en IRAK : Eclairage de Mme Sabrina Mervin du CNRS
« Les Américains ont négligé la pluralité et l’identité de la société irakienne chapeautées par un nationalisme fort »
Docteur en Sciences religieuses et sociales, auteur, chercheuse au CNRS - "Monde iranien", Sabrina MERVIN (1958), est depuis le 4 septembre 2004, rattachée à l'IFPO à Beyrouth.(lire l'interview)
Comment expliquez
vous les difficultés de la coalition anglo-américaine de venir à bout
de la rébellion irakienne? |
© photo: Oumma.org |
Colin Powell a accusé l'Iran de soutenir la rébellion. Y a-t- il un glissement possible de la situation en Irak sur l'Iran?
Il y a des conjectures sur les plans américains en lesquelles il vaut mieux ne pas se perdre. Tout ce que l’on peut dire, c’est que l’Iran a entamé un processus de démocratisation, qui se poursuit dans une société très dynamique, et qu’il serait regrettable de ne pas laisser ce processus aller à son terme.
Dans un article paru dans la presse française, vous parliez déjà de Moqtada SADR, alors qu’il était encore inconnu du grand public? Qui est ce personnage?
Moqtada al-Sadr est un jeune clerc, trop jeune et trop peu avancé dans ses études religieuses pour prétendre prendre une place importante dans la hiérarchie religieuse chiite, dominée par les marja‘ ou « grands ayatollah ». Toutefois, il exerce une influence sur les chiites paupérisés, les jeunes sans emplois, et autres déçus de l’occupation américaine ; il a aussi, parmi ses partisans, d’anciens baathistes qui visent à se refaire une virginité politique. Son influence vient de ce qu’il occupe un vide, puisque les autres partis ou mouvances chiites se prononcent pour une résistance pacifique à l’occupation et se montrent plus coopératifs avec l’administration américaine. En outre, Moqtada al-Sadr jouit d’une aura qui repose sur son ascendance. Il est issu de la famille Sadr, une grande famille de oulémas chiites, qui a donné des révolutionnaires et des martyrs : Muhammad Baqir al-Sadr, exécuté en 1980 par le régime baathiste, dont bon nombres de groupes chiites se réclament aujourd’hui ; Musa al-Sadr, leader du « réveil chiite » au Liban, dans les années 70 ; et puis surtout le père de Moqtada, Muhammad al-Sadr. Cet ayatollah fut d’abord soutenu par Bagdad, ce qui lui permit de développer des institutions et de se construire ainsi une base populaire. Puis, il prit ses distances avec le régime et se mit à le critiquer ouvertement, tant et si bien qu’il fut assassiné en février 1999. Moqtada se réclame donc de tout cet héritage familial, qui lui confère une certaine légitimité.
Pensez vous que l'enseignement religieux chiite détermine le comportement des politiques en Irak.?
En fait, l’autorité religieuse chiite –
et politico-religieuse éventuellement - repose sur deux piliers : la
hawza et la marja‘iyya.
La hawza, c’est effectivement l’enseignement religieux ou bien l’ensemble
des écoles religieuses d’une ville comme Najaf. Elle regroupe étudiants
et enseignants, c’est-à-dire des milieux cléricaux où
se transmet certes, la tradition religieuse, mais où se discute aussi
la modernité. Ce milieu de la hawza est parcouru par des débats,
concernant la religion, la société, la politique, etc.
La direction spirituelle de la hawza est assurée par un ou plusieurs
marja‘. Ceux-ci sont des références en matière de
préceptes religieux dont les croyants suivent les avis. Chacun est libre
de choisir son marja‘, et lui verse alors des impôts religieux.
Ce système permet l’indépendance de la marja‘iyya,
et de la hawza puisque les écoles sont financées par les marja‘,
et les étudiants reçoivent des bourses. Il est donc indépendant
de l’Etat. On voit donc l’importance de ces deux piliers, surtout
lorsque l’Etat est vacillant. Et la place que prend aujourd’hui
la parole de Ali Sistani, qui est le marja‘ le plus suivi, non seulement
en Irak, mais dans tout le monde chiite.
Quelles sont les critiques de ce type d'enseignement, son enracinement dans l'islam? Une ouverture sur la modernité mal assimilée?
Depuis le début du XXe siècle, et surtout depuis
les années 1930, le système de l’enseignement religieux
chiite est passé au crible de la critique… par les clercs eux-mêmes,
ou du moins certains, des réformistes.
Ils lui ont particulièrement reproché son manque d’organisation,
de bureaucratisation, son isolement du monde… Des mesures ont été
prises, des expériences menées, et aujourd’hui, on a à
la fois des écoles traditionnelles (surtout en Irak) et des écoles
réformées, modernisées (notamment en Iran, au Liban, etc.).
Ces écoles sont enracinées dans l’islam, et enseignent les
sciences religieuses islamiques classiques, tout en dispensant des cours dans
des sciences islamiques « actualisées » ou bien dans des
sciences profanes, modernes. L’Irak, au regard des autres centres chiites,
a accusé un retard, à cause de la répression dont souffraient
les chiites et qui a provoqué le déclin de Najaf, et aussi parce
que les milieux cléricaux y sont plutôt traditionnels. Toutefois,
beaucoup, aujourd’hui, veulent reconstruire Najaf et y ouvrir des écoles
réformées.
Comment envisagez vous l'avenir de l'Irak? L'Iran a -t- il son mot à dire?
La situation est trop brouillée, chaotique, pour que
l’on puisse y voir clair. Néanmoins, l’Iran, comme les autres
voisins de l’Irak, pourrait avoir un mot à dire, d’autant
que les communautés chiites des deux pays sont liées par des liens
historiques très profonds. Il est difficile de l’exclure complètement.
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