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« Porter la Burka (habit traditionnel) ne signifie pas que nous soyons rétrogrades et hermétiques à l’évolution »
Son Altesse Royale Dalal, Princesse Saoudienne,
Par Catherine Fiankan-Bokonga, Journaliste à l'ONU
Dès sa naissance, la fille du regretté roi Saud Bin Abdul Aziz d’Arabie Saoudite (1953-1965) est considérée comme le « petit cœur » de son papa. Née sous le signe du cœur, elle est souvent avec lui et il l’entoure de toute son affection. Pour marquer le chemin de vie de l’enfant, le souverain la prénomme : « Dalal » (gâtée) et lui laisse en cadeau la liberté. « Mon père a décidé que j’aurai le droit de choisir mon époux et mon style de vie. Il m’a donné sa bénédiction pour être une femme épanouie. »
La jeune fille passe une partie de son enfance en Arabie Saoudite. «Je suis avant tout une enfant du désert ! Le mystère et la sérénité de la culture bédouine m’inspirent en permanence. Aussi loin que je me souvienne j’ai toujours griffonné sur un papier ou ramassé des pierres, des bouts de bois … ».
Lorsque la santé de son père se dégrade et qu’il renonce au trône au profit de son frère Fayçal, la famille suit l’ancien monarque en Europe. L’émotion est encore très vive quand la Princesse parle de son père. Ses grands yeux ourlés de noirs s’embuent et le regard si direct, se détourne pudiquement. « A sa mort, en 1969, maman nous a emmené au Liban … ». C’est à Beyrouth que la Princesse étudie. « Le Liban est ma seconde patrie ; des souvenirs heureux peuplent cette période. La Princesse Dalal déclare aimer les coquillages, l’eau, les poissons mais elle a peur de plonger dans la mer. « C’est mon imagination qui me permet d’évoluer dans ces lieus sous-marins. » Par contre la guerre civile lui a laissé une impression très désagréable. « Elle a marqué ma vie spirituelle et m’a profondément blessée. Je me suis sentie obligée de réagir avec mes armes. J’ai exprimé ce malaise de manière artistique car dessiner est aussi naturel et vital pour moi que respirer. »
Douée, dotée de multiples talents, l’enfant s’est transformée en une femme d’une beauté assez exceptionnelle. Comme l’avait souhaité son père, la Princesse a choisi librement son mari. Deux enfants, un fils, Khalid et une fille, Rim, sont nés de son union. « Ce sont les Amours de ma vie ! » La Princesse rayonne. Elle vous fixe avec un je ne sais quoi de malice et éclate de rire. « Ma fille me dit que mes œuvres sont tout à fait moi. » La représentation de femmes nues dans ses œuvres n’entre nullement en contradiction avec les traditions de son pays. « Porter la Burka (habit traditionnel) est une fierté pour les Saoudiennes car elle représente notre identité culturelle, nos racines mais, elle ne signifie pas que nous soyons rétrogrades et hermétiques à l’évolution. »
La Princesse souhaite que l’exposition de ses œuvres contribuera à encourager les femmes à exprimer plus facilement leurs émotions. « Grâce à l’art tout peut être formulé, avec pudeur, de manière universelle ! » Une forme revient souvent ponctuer les créations de la Princesse : un cœur. « Que voulez-vous ? Je ne le fais pas exprès mais je trouve toujours des pierres, des objets qui ont cette forme naturelle … ». Dalal se considère avant tout comme une femme qui a beaucoup à donner car la vie a été généreuse à son égard. Elle aime partager, incognito, en jeans et baskets, des conversations, des amitiés sincères avec des personnes qui n’imaginent pas un instant son identité. « Mon nom de famille a toujours été un élément de fierté mais porter le titre de Princesse Royale n’est pas toujours facile … on ne sait pas ce qui attire les gens vers vous, des sentiments sincères ou une curiosité intéressée. C’est une des raisons pour laquelle je me sens très à l’aise à Genève. C’est une ville internationale dont la richesse réside dans les différences de ses habitants.
Personne n’essaye de vous juger ! » Princesse Royale Saoudienne, femme moderne internationale, l’artiste Dalal Al-Saud, aime, au travers de ses œuvres, nous prendre par la main pour nous raconter des histoires. Peintures, collages, encre de chine, pastels, compositions, chaque création nous parle d’amour, de passion. « Je suis heureuse lorsque je vois une étincelle s’allumer dans les yeux du spectateur. J’ai ainsi l’impression que, grâce à Dieu, la magie de la vie opère. »
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