Ont collaboré à ce numéro

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 Notes de lecture par Khadim Ndiaye

Un ouvrage qui fera incontestablement date et référence au Sénégal, voire en Afrique, est celui de Sogué Diarisso, Mémoires pour l’espoir, publié aux éditions L’Harmattan en juin 2012. L’auteur, économiste statisticien, est ancien directeur de la Direction de la Prévision et des études économiques, puis de la Prévision et de la Statistique du Sénégal. Il est présentement conseiller à la BCEAO. Il a donc été un acteur important au cœur des programmes économiques du Sénégal, très informé des relations avec les bailleurs de fonds. En plus de son expérience en tant qu’administrateur, l’auteur a aussi lu dans «le Grand livre du monde» par ses voyages aux quatre coins du globe.

Rassurez-vous: vous ne trouverez pas dans son livre des équations économétriques ni de grandes théories sur le développement économique en général. L’ouvrage de 218 pages est écrit dans un langage simple, accessible au grand public. L’auteur se veut clair : «Il ne s’agira pas pour moi de m’épancher sur les aspects techniques des principes de base […], mais plutôt de poser un certain nombre d’orientations stratégiques accessibles au plus grand nombre pour être mieux partagées, d’autant que plusieurs ouvrages techniques de qualité ont déjà été écrits sur les questions de développement et d’émergence du Sénégal et des pays environnants, et de l’Afrique en général.»

Pour arriver à ces orientations, l’auteur prend prétexte de sa trajectoire de vie, des personnes et événements qui l’ont marqué et façonné. Il nous livre ses mémoires, nourris par une expérience riche et dans lesquels il convoque plusieurs branches du savoir : anthropologie, sociologie, droit, économie, religion, etc.

L’ouvrage est scindé en trois parties. Dans la première, intitulée «Mémoires», Sogué Diarisso adopte une démarche pédagogique et veut montrer à ses lecteurs comment l’endurance, la persévérance, le refus de la fatalité, le culte du travail à l’école et la solidarité familiale ont aidé l’homme qu’il est devenu à rebondir quand il le fallait et à s’en sortir. Il nous retrace sa vie de famille à la Médina puis à la Zone B à Dakar, marquée par des drames et des déceptions qui le secoueront mais qui démontreront surtout sa grande capacité de résilience: décès du cousin tant affectionné Bandiougou, son père qui meurt par accident de la route, son frère Mamadou, excellent élève injustement dépossédé d’un prix d’excellence, les décès de la Grande Adja, sa grand-mère adorée qui est un modèle d’altruisme, de son grand-père, puis les amis de son père qui tournent le dos à la famille etc. Autant de déboires qui n’ébranleront cependant pas sa détermination à aller de l’avant et, fait important pour sa carrière, à réussir ses études en France où il fera le constat de l’écart de développement qui sépare son pays des pays développés. Il y fera l’expérience de la rigueur, du sentiment d’appartenance au groupe, du respect des lois, du culte du travail etc.

Le retour au pays coïncidera avec les fameux plans d’ajustements structurels et leur lot de désolation pour les populations. Les maux dont souffre le pays sautent aux yeux de l’auteur : escroquerie, injustice, népotisme, fatalisme, improvisation, etc. On apprend, par ailleurs, qu’un simple représentant de la Banque mondiale peut faire échouer les demandes d’un pays auprès de l’institution et que les partenaires au développement ne conçoivent leurs relations avec les pays pauvres «qu’à travers des rapports de dépendance, comme le suggèrent les travaux de Joseph Stiglitz». L’auteur arrive vite à la conclusion que ce qui fait défaut dans nos pays, c’est un bon «leadership» et des «principes fondamentaux de gouvernance». C’est l’objet de la seconde partie de l’ouvrage.

Du «leadership» et des «principes fondamentaux de gouvernance»

Sogué Diarisso a manifestement été influencé par des personnalités telles que Bill Clinton, Nelson Mandela - il a lu leurs mémoires -, et l’ancien premier ministre malaisien, Mahathir Mohamad, qui a littéralement modifié le visage de la Malaisie en seulement quelques années. Le fait également que la ville de Bordeaux, où il a initialement posé ses baluchons en France, ait su se développer de façon fulgurante en 5 ans sous l’égide d’un nouveau maire, finissent de le convaincre que le leadership est une donnée fondamentale pour nos pays, que le développement est une «affaire de personnes déterminées à changer le cours des choses». Plus clairement, le leadership est pour lui «la capacité d’un homme ou d’un groupe à rassembler les énergies du plus grand nombre, pour les dresser vers un objectif unique, d’amélioration de bien-être.». Le leader doit être quelqu’un d’exemplaire et doit posséder une vision partagée par le plus grand nombre. Il doit se démarquer de cette attitude négative constatée chez de nombreux dirigeants africains qui n’agissent que pour plaire à l’Occident. Le véritable leader ne doit nullement souffrir de ce «syndrome de l’esclave dont le seul rêve est de rassembler à son maître, même dans sa façon de roter.». Il doit impulser un sursaut de fierté et ne pense pas récolter lui-même les fruits de ses actions. Il doit plutôt, à l’instar de Mandela, se dire que «le succès n’aura pas de limites dès lors que l’on ne se préoccupera pas de savoir à qui il profitera.»

Dans cette évocation du leadership, Sogué Diarisso passe en revue le magistère des trois premiers présidents du Sénégal: Senghor, Abdou Diouf et Wade. Le premier a procédé au démantèlement de la justice après les événements de 62 et a légué au second «la corruption et la gabegie dans la gestion des ressources publiques très limitées.» Abdou Diouf lui-même, quoique enregistrant de bons résultats sur le plan macroéconomique, n’a su empêcher une amplification de la corruption, une dégradation de l’école et une jeunesse désœuvrée. Le président Wade est cependant pour Diarisso, l’illustration parfaite de «l’Antimodèle»; celui dont le magistère devra être étudié même par les psychologues et psychiatres ! Communicateur hors pair, capable de faire avaler toutes sortes de couleuvres à la population, Wade, pour l’auteur, «aurait pu écrire « le Prince » de Machiavel». Il illustre «l’Antimodèle», en ce sens que, contrairement au bon guide qui n’attend rien de ses réalisations, Wade, lui, considère que «le succès n’a de sens que s’il en est l’artisan»; pire, il ne «s’engage que sur ce qu’il peut inaugurer». Bien qu’ayant d’excellentes idées, son entêtement, ses folles dépenses et ses courtes vues auront eu raison de beaucoup de projets dont celui de l’initiative du millénaire de 2004 financé par les Américains et qui devait changer durablement le visage du Sénégal ou, à tout le moins, celui de Dakar. Sachant que ce projet bénéficierait à son successeur et voulant, par conséquent, obtenir une partie de l’argent «cash», il fâcha les Américains qui délaissèrent le projet de Diamniadio, se contentant de financer de petits projets dont l’impact va être de loin inférieur à celui du projet initial. Sogué Diarisso fustige également, entre autres aberrations, cette volonté de Wade de mettre son fils, Karim (qu’il appelle le «Corégent») aux commandes de l’État, l’utilisation opportuniste du mouridisme à des fins politiques et l’instrumentalisation de l’appareil judiciaire pour «liquider» ses adversaires.

Pour juguler les maux dont souffre le pays, l’auteur fera un certain nombre de propositions intéressantes parmi lesquelles le fait d’instaurer un véritable État de droit, car, en son absence, point de développement économique et seuls les investisseurs mafieux seront encouragés. Pour favoriser cet État de droit, il faut bannir les fameux «courtiers en justice» (l’auteur est étonné de découvrir leur existence. Nous aussi.), capables d’aller négocier à prix d’or des décisions de justice en faveur de leurs clients, exactement comme font les «courtiers immobiliers». Il faut aussi que les juges soient responsables: «il faut aller vers une justice indépendante, mais avec des juges responsables devant un organe où seront représentées les institutions de la République, des professionnels du droit et des hauts fonctionnaires élus par leurs pairs, etc.» Pour améliorer la productivité, il faut d’abord des outils pour la mesurer. A des fins d’information, le fait de se doter de dispositifs statistiques est très indiqué pour «apprécier à leur juste valeur l’ampleur des tâches à mener». Des critères de performance doivent être définis pour les hauts responsables de l’État. Avoir une liberté de la presse ne peut que faire du bien pour un gouvernement qui n’a rien à cacher. Protéger et faire respecter les droits des groupes vulnérables tels que les handicapés montrera que l’État se préoccupe de toutes ses composantes. À cet égard, il faut souligner que l’auteur qui est incontestablement un homme rigoureux et de bon cœur, a embauché un handicapé pendant qu’il dirigeait la direction de la Prévision et de la Statistique. Cet handicapé, qui savait lire et écrire, s’est montré très dévoué à la tâche et s’est révélé être le plus constant à son poste.

En guise de clin d’œil aux valeurs endogènes, l’auteur verrait de bon augure l’instauration d’un « Conseil de Sages» qui serait «constitué d’anciens hauts fonctionnaires, de magistrats et de personnalités de la société civile, tous indépendants et à la probité morale avérée, choisis d’un commun accord par les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire. ». Ce Conseil, véritable garant de la démocratie, se substituerait au Conseil constitutionnel et à la haute cour de justice et se prononcerait sur «des décrets de l’exécutif, la constitutionnalité de lois et des décisions finales de justice.»

Le dernier chapitre de la deuxième partie est consacré au «renforcement du capital humain» et à la maîtrise de l’eau. Par «renforcement du capital humain», l’auteur entend la constitution d’une «industrie du savoir-faire», d’une éducation adéquate qui serait compatible avec les orientations de développement du pays et qui ne négligerait pas les langues nationales. Mais pour avoir une population bien préparée aux défis de l’éducation, il faudrait qu’elle soit d’abord en bonne santé, qu’elle bénéficie «de bonnes conditions sanitaires qui vont influer positivement sur la productivité, l’espérance de vie et donc, sur l’équilibre de la nation.». Les médecins doivent répondre de leurs mauvaises pratiques. Il faut également que l’eau, denrée qui se fera rare en 2050 dans «le quart des pays» du monde, soit maîtrisée.

Les «forces motrices» pour impulser le développement

La troisième partie titrée «Des forces motrices» bien qu’étant la dernière de l’ouvrage est pour nous la plus importante par sa teneur. Il en est le cœur. L’auteur essaye d’y expliquer ce qu’il appelle les «forces motrices». Cette métaphore mécanique est utilisée pour désigner les valeurs et identités propres capables d’impulser le développement. Les Anglo-Saxons s’étant appuyés sur le protestantisme, les Chinois sur le bouddhisme, le confucianisme et le taoïsme, les Indiens sur l’hindouisme, les Sénégalais devraient, selon l’auteur, s’appuyer eux aussi sur des valeurs fortes. «Nous devons, dit-il, envisager de développer comme substrat principal nos identités propres, car l’on ne duplique pas chez soi les valeurs d’un autre pour faire mieux que lui. Ce sont des sortes de lois sociologiques du développement ou plutôt une question de bon sens.» Pour lui, c’est une question vitale; il nous faut «absolument trouver de puissantes forces motrices comme catalyseur…». Et, pour être efficaces, ces forces doivent posséder un certain nombre de caractéristiques. Elles doivent être «mues par des courants de pensée», dépasser les frontières, insister sur l’importance du travail, annihiler l’esprit de dépendance vis-à-vis de l’Occident, être «assez puissantes pour transcender les clivages ethniques, sociaux, religieux et confrériques» et leurs inspirateurs doivent être «une source de fierté nationale et [avoir] une préoccupation de développement, soit dans leur action quotidienne, soit à travers leur philosophie»

Sogué Diarisso trouve qu’Ahmadou Bamba incarne ces valeurs et « peut constituer un puissant facteur unificateur ». À travers des développements intéressants dans son ouvrage, l’auteur montre qu’Ahmadou Bamba est le continuateur des prophètes Mouhammad et Jésus, qu’il est le dépositaire de leur lumière, la « lumière qui synthétise l’unité de Mouhammad et Jésus.» Le Saint de Touba n’a-t-il pas, en effet, dit dans un de ses écrits que «Dieu a réuni en lui les attributs de tous les prophètes envoyés »?

Ahmadou Bamba transcende les confréries par l’appellation du vocable «mouride» donné à ses disciples. Le terme de «mouride» est en effet celui à l’œuvre dans les écrits des grands fondateurs de confréries même si ces confréries sont éponymes. D’ailleurs la définition du Mouridisme qu’il donna au gouverneur de Saint-Louis qui lui en demandait la signification montre l’universalité de sa démarche: « la Voie du mouridisme est fondée sur la croyance et la foi en Dieu, l’unicité de Dieu et la soumission à Lui, les préceptes de l’islam et le bien, dans le soufisme. Elle a été créée au moment de l’exil du Prophète Mouhammad et a été introduite en Afrique de l’Ouest par Cheikh Abdul Khadr Jaïlani, Cheikh Abdul Hassan Chazaali, Cheikh Ahmad Tijani. Son but est la Face de Dieu le Majestueux. Les premiers dans la voie sont ceux qui cherchaient la connaissance et les héritiers sont les croyants en Dieu, les musulmans, ceux qui font le bien où qu’ils soient. Et les guides actuels sont les justes. ». Il arrivait par ailleurs à Ahmadou Bamba de conférer tous les awrâd (pluriel de «wird» qui signifie oraison) des grands saints aux aspirants qui le désiraient. Il considérait en effet que tous les awrâd mènent vers Dieu car tous les saints cheminent sur la même voie qui mène au salut des disciples.

La valeur donnée au travail est aussi une composante essentielle de la voie mouride, parfaitement illustrée par la philosophie des Baye Fall, disciples de Cheikh Ibrahima Fall, lui-même grand disciple d’Ahmadou Bamba. Cette importance donnée au travail a été, selon l’auteur, reconnue par certains de ses confidents dont un ancien ambassadeur de France au Sénégal et même, pour remonter plus loin, par les administrateurs de l’époque coloniale.

Il nous semble toutefois important de remarquer que Sogué Diarisso n’a pas poussé plus loin son analyse des nombreuses références à la notion de travail chez les mourides. Ce qui, l’on s’en doute, aurait accru sa valeur documentaire, surtout au niveau de la recherche. Il aurait pu, par exemple, évoquer les enquêtes de terrains des chercheurs tels que Vincent Monteil, Paul Pélissier, Christian Coulon, Donald Cruise O’Brien et tant d’autres qui ont consacré plus de «70 ans d’études mourides» pour reprendre une expression de Jean Copans. Pour illustrer, par exemple, cette importance donnée au travail, Vincent Monteil a rapporté le contenu d’un intéressant rapport administratif de 1905 où il est dit que «ces illuminés [Les Mourides] ne travaillent pas la terre dans les mêmes conditions que les cultivateurs ordinaires. Ainsi, par le clair de lune, ils ne quittent les travaux qu’à onze heures du soir et vont ensuite à la mosquée pour faire leur salam. Ils prennent leur repas après.»

Monteil a également rapporté les impressions d’un animateur rural en service dans les zones mourides: «Un Animateur rural fait état de son expérience vécue sur le terrain: intervention des marabouts pour améliorer les façons culturales; encouragement au travail collectif; la daara n’est pas un simple village de culture, c’est surtout un centre d’initiative et d’entraide. Pour ce stagiaire, la devise mouride «Tous pour Un» peut parfaitement s’intégrer à l’État si ce «Un» n’est autre que la Nation. Évoquant l’enthousiasme des Mourides pour transporter à la main les pierres de la mosquée de Touba, il conclut: «on peut faire du Développement avec les bâtisseurs de cathédrales».

C’est d’ailleurs cette transposition de la force mouride dans l’État qu’espérait le président Senghor dans son discours du Magal de Touba de 1963. Le poète-président voulait que le paysan mouride insère désormais son action, non plus seulement dans le cadre de sa communauté religieuse, mais dans le cadre national. «Il prendra ainsi», poursuivait-il, «plus nettement conscience de son rôle d'artisan de la construction du Sénégal nouveau.»

Il faut dire que ce «mordant» mouride, pour reprendre un terme de Fernand Dumont, cette âpreté au labeur, découlant du souffle nouveau impulsé par Ahmadou Bamba, a été propagé dans les masses par les poètes mourides qui s’en firent les relais. On en trouve par exemple illustration chez Serigne Mor Kayré:

«Kuy sàkku ag àgg’ak ngërëm liggéeyi

Liggéey du wor saadix, di leen liggéeyi

Ku masa gën maasam liggéey la ko gëne

Ku weddi lii ndaw la lu dul am lu gëne

Kon lu fi waay am ci liggéey la ko ame

Li mooy ndigël lol ku ko def daa di ame…»

« Qu’il se livre au travail qui espère le succès et la béatitude

Le travail rassure l’aspirant pour qui la sincérité est l’attitude

Devancera ses pairs qui fait du travail son credo

Quiconque le dédaigne verra ses actifs aller decrescendo

Les biens ne proviennent que des fruits de notre labeur

Qui fait de cette vérité une règle usera de son heur…»

Sogué Diarisso souligne également qu’Ahmadou Bamba redonne sa fierté à l’homme noir. Ce que, du reste, Cheikh Anta Diop avait tenté de faire, mais étant remonté très loin dans le temps, ses thèses sont encore discutées. Mais «qui peut douter que Ahmadou Bamba est noir?» se demande l’auteur. Il faut cependant ici souligner (ce que n’a pas fait l’auteur) que Cheikh Anta Diop lui-même a reconnu l’importance de l’œuvre d’Ahmadou Bamba pour le Sénégal. Il avait bien perçu l'utilité de l'œuvre du fondateur de Touba dans le renforcement du sentiment national. Après avoir souligné les «pulsations nègres» de la poésie religieuse mouride, il écrivait dans son Nations nègres et culture: « Quoi qu'il en soit, l'enseignement d'Amadou Bamba reste plus que jamais valable sur le plan national.»

Pour appréhender les véritables enseignements d’Ahmadou Bamba, il faut, selon l’auteur, savoir dépasser les caricatures qu’en font certains pseudo-disciples. Ahmadou Bamba lui-même, nous le savons, a bien distingué le «murîd» (le vrai disciple) du «marîd» (le «malade», le faux disciple).

L’idée de «forces motrices» est donc essentielle pour le Sénégal et les pays africains en général. D’autres théoriciens en ont ressorti l’importance dans d’autres zones du monde. On connaît les thèses de Max Weber exposées dans son livre L’Éthique protestante et l’esprit du Capitalisme où il montre qu’en percevant dans le travail un instrument de salut, le protestantisme a favorisé l'esprit du capitalisme moderne. De même, l’économiste japonais Mishio Morishima, dans son ouvrage Capitalisme et Confucianisme, a illustré le fait que la loyauté à l’égard du chef dans le confucianisme a favorisé l’entrée du pays dans l’ère de la technologie. On peut aussi évoquer l’importance des «Islamic values», ou plus généralement des «Asian values», dans la grande réforme entreprise par l’ex premier ministre malaisien Mahathir, pour modifier le visage de la Malaisie. D’ailleurs, aujourd’hui encore, de plus en plus de pays en Asie usent de ce concept d’«Asian Values» pour se démarquer de l’Occident. Ce qui, à postériori, semble confirmer la pertinence de la référence de Sogué Diarisso à ce que nous pourrions appeler les «Murid values» (valeurs mourides) en tant que forces motrices potentielles pour nos pays.

Pour nous résumer, l’ouvrage de Sogué Diarisso, par la pertinence des idées qui y sont développées, suffit à lui seul comme programme politique. Il est à mettre entre les mains de tous les étudiants et décideurs politiques préoccupés par les questions de développement.

Par Khadim Ndiaye - Montréal, Canada