Ont collaboré à ce numéro

 Amb. Abdou S DIALLO
 AUNG SAN SUU KYI
 BIT-Genève
 CHEIKH FAYE
 DR. Awa M. Coll SECK
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(Montréal / Canada) - Le 28 mai 2012, sera élu le nouveau Directeur général (DG) du Bureau international du travail (BIT) en remplacement de l’actuel occupant du poste, Juan Somavia, démissionnaire. Le scrutin sera le point d’orgue d’un processus de sélection opposant 9 candidats dont 3 africains tous issus de la même aire géographique, monétaire et économique (Afrique de l’Ouest, UEMOA et CEDEAO). Parmi ces africains figure un sénégalais, Assane Diop, qui a occupé, de 1990 à 2000, deux portefeuilles ministériels à caractère social : la Santé et le Travail. La première manche s’est joué les 30 et 31 mars 2012 derniers avec leur audition par les membres du Conseil d’administration (CA). Après un rappel des principales règles qui entourent le déroulement du scrutin, il sera présenté le profil des neufs (9) candidats en lice avant d’analyser les chances des 3 candidatures africaines.

Le scrutin pour désigner un nouveau DG : règles et modalités

 Le CA, qui va élire le nouveau DG est composé, de façon tripartite, de cinquante-six (56) membres titulaires dont vingt-huit (28) représentent les gouvernements, quatorze (14) siègent au nom des employeurs et quatorze (14) autres représentent les travailleurs. Parmi les vingt-huit (28) membres titulaires gouvernementaux, seuls les dix-huit (18) sont élus. Les dix (10) autres sont désignés en raison de l’importance de leur poids industriel (Allemagne, Brésil, Chine, États-Unis, France, Inde, Italie, Japon, Royaume-Uni et Fédération de Russie). Les vingt-huit (28) membres gouvernementaux titulaires sont issus de quatre (4)  régions du monde : Asie (7), Afrique (6), Amérique (7) et Europe (8). Les quatorze (14) membres employeurs titulaires viennent de l’Asie (3), de l’Afrique (3), de l’Amérique (3), de l’Europe (4) et de l’Océanie (1). Pour les quatorze (14) membres travailleurs titulaires, ils sont ressortissants des continents asiatique (3), africain (3), américain (3), européen (4) et océanien (1). Au total, la répartition géographique des cinquante-six membres (56) titulaires du CA qui auront un droit de vote (sous réserve qu’ils soient à jour de leurs cotisations) se répartissent comme suit : Asie (13), Afrique (12), Amérique (13), Europe (16) et Océanie (2). Le vote se fera au scrutin secret. Il est réputé valable lorsque le quorum est atteint, soit la présence de trente-trois (33) membres au moins. Il y aura autant de tours de scrutin que nécessaire pour déterminer qui des neuf (9) candidats sera le prochain Directeur général. À chaque tour de scrutin, le candidat qui recueillera le plus petit nombre de voix sera éliminé. Lorsqu’il restera les deux derniers candidats, sera élu celui qui aura les suffrages de plus de la moitié des membres du CA ayant le droit de vote.
 
Profil des candidatures en lice
 
Les neuf (9) candidatures en lice peuvent être présentées selon des critères différents et complémentaires. Dans le lot des prétendants figurent une (1) femme et huit (8) hommes. L’Europe et l’Afrique comptent le plus de candidats en alignant, respectivement, quatre (4) et trois (3) aspirants. L’Amérique et l’Asie présentent chacune un (1) candidat. On peut aussi noter que huit (8) des candidats sont présentés par le gouvernement de leur pays au contraire d’un seul prétendant « indépendant » dont la candidature est soumise par 2 membres du CA comme l’autorisent les textes en vigueur. Parmi les neuf (9) candidats, un (1) est actuellement Vice-président d’une République, cinq (5) ont occupé des fonctions ministérielles et seuls trois (3) n’ont aucune expérience gouvernementale. L’âge des candidats est très dispersé : le plus jeune a 52 ans et le plus âgé a plus de 71 ans. Seuls trois (3) candidats peuvent se prévaloir d’une expérience opérationnelle de l’OIT en exerçant des fonctions de direction (Guy Ryder, Charles Dan et Assane Diop). Les autres ont connu ou connaissent l’OIT en leur qualité de membres des organes de gouvernance, d’ambassadeurs, de participants aux Conférences internationales du travail ou de fonctionnaires dans d’autres organismes du système des Nations-unies. Enfin, les trois (3) candidats africains sont Ibrahim Assane Mayaki du Niger, Charles Dan du Bénin et Assane Diop du Sénégal.  
 
Analyse des chances des candidatures africaines
 
D’une manière globale, la première chose qui attire l’attention est l’impression de gâchis qui se dégage de la candidature de 3 africains sur 9 reçues. Cette impression est accentuée par le fait qu’ils sont tous francophones et issus de pays qui appartiennent à la même aire géographique et aux mêmes organisations sous-régionales notamment l’espace monétaire commun (UEMOA) et la communauté économique ouest-africaine (CEDEAO). Une concertation, en amont, sur les intentions de candidature aurait pu éviter pareille chose et renforcer la personne choisie en l’auréolant de « candidat de l’Afrique ». Ainsi, le continent africain a raté l’occasion d’imposer un rapport de force qui aurait pu lui être favorable en déclarant, de façon nette et sans ambages, que son « tour » était arrivé d’occuper le poste de Directeur Général et, subséquemment, son intention de proposer une candidature sans attendre la tenue de la 312e session du CA (novembre 2011) qui allait fixer les règles entourant l’élection d’un nouveau DG. Cette opportunité s’est pourtant présentée lors de la grande messe du Travail en Afrique avec la tenue de la douzième Réunion régionale africaine à Johannesburg (11 - 14 octobre 2011), soit 2 semaines après l’officialisation de la démission de Juan Somavia intervenue le 30 septembre 2011. Ce rapide positionnement aurait pu, outre favoriser l’émergence d’une bonne et forte candidature, mais aussi dissuader certains candidats à se présenter notamment ceux venus des continents américain et européen, lesquels ont fourni huit (8) DG sur neuf (9) que l’institution a connus depuis sa création en 1919.
 
Certaines candidatures sont handicapées par l’histoire et la politique récentes de leur pays (ces handicaps n’ont rien à voir avec les personnes qui les portent). Par exemple, malgré ses compétences avérées et son expertise reconnue, le candidat de la France, âgé de 71 ans, aura du mal à s’imposer étant donné que son pays, outre le fait qu’il a déjà fourni deux (2) des neufs (9) DG du BIT et occupe actuellement au moins 3 postes similaires dans le système international (Pascal Lamy à l’OMC, Christine Lagarde au FMI et Raymond Benjamin de l’OACI). Pour les mêmes raisons, les chances du candidat du continent asiatique pourraient être réduites par le fait que plusieurs ressortissants de cette partie du monde occupent, à l’heure actuelle, dans le système international des postes de premier niveau : Ban Ki-moon à l’ONU, Yukiya Amano à l’AIEA, Dr Margaret Chan à l’OMS, etc. Le candidat présenté par la Colombie pourrait souffrir, en ce qui le concerne, de son appartenance à la même zone géographique que le DG sortant qui est chilien de nationalité. Sur un autre registre, les handicaps de la candidature « indépendante » (présentée par 2 membres du CA) sont réels et relèvent d’un autre ordre. En effet, le fait qu’elle provient du groupe des représentants des travailleurs porte en elle-même les causes d’une limitation de la marge de manœuvre nécessaire à rallier les autres membres du CA. En effet, il est admis que certains membres du CA voteront en tenant compte des consignes reçues de leur gouvernement ou de leur organisation et non sur la base de leurs affinités individuelles. Pour les autres candidatures européennes (Pays-Bas et Suède), elles pourraient se voir opposer le fait que leur continent, l’Europe en l’occurrence, a déjà occupé le poste de DG du BIT 3 fois sur 9, donc est venu le temps de laisser la place à d’autres pour qu’ils fassent leurs preuves. 
 
L’Afrique compte 12 membres titulaires au CA (6 représentants gouvernementaux, 3 représentants des employeurs et 3 représentants des travailleurs). Ils se répartissent, comme suit, selon les aires linguistiques : 6 francophones dont 1 arabo-francophone (Congo, Niger, Togo, Mali, Guinée et Algérie) et 6 anglophones y compris 2 arabo-anglophones (Egypte, Ghana, Kenya, République-Unie de Tanzanie et Zambie). Une fragmentation des suffrages africains fait craindre une élimination, dès les premiers tours, des candidats du continent. D’où la nécessité voire l’urgence d’engager des discussions entre les 3 candidats africains afin de parvenir, si ce n’est pas déjà fait, à un accord garantissant un report systématique et intégral des voix obtenues par tout candidat éliminé, ceci dans le respect des règles qui régissent le processus d’élection (il est interdit aux candidats d’adopter des pratiques contraires à la déontologie telles que les promesses, les faveurs, les dons, etc., en contrepartie de soutiens). Le candidat qui aura la chance de gagner sera celui qui parviendra à survivre aux premiers tours du scrutin et à pouvoir rallier les partisans des candidats éliminés.
 
 Au plan individuel, les chances des 3 candidatures africaines ne sont pas toutes égales et se présentent avec des avantages mais aussi quelques limites.
 
Ibrahim Assane Mayaki : ses fonctions actuelles de Secrétaire exécutif de l’Agence de Planification et de Coordination du Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique (NEPAD-APCN) et celles antérieures de Ministre puis de Premier ministre lui donnent une vision transversale des questions sociales et de leur intégration dans une perspective plus globale, voire sociétale et planétaire. Ce qui constitue un atout. Le fait de ne pas être issu directement du monde social est à la fois un atout et un handicap. C’est un atout dans la mesure où il pourra avoir les coudées franches, en cas d’élection, pour mener à bien les réformes et changements nécessaires à l’institution. Il devient un inconvénient, voire un handicap, car il aura besoin d’une période d’apprentissage et d’initiation au fonctionnement spécifique de l’OIT lequel est basé sur le tripartisme (État – Employeurs – Travailleurs).
 
Charles Dan : sa trajectoire professionnelle (une carrière essentiellement accomplie au sein de l’Organisation internationale des employeurs et du BIT) l’a préparé à occuper les fonctions de DG du BIT. Son long passage au Cabinet du DG (1999 – 2008) et ses fonctions actuelles (Sous-Directeur général, Directeur du Bureau régional de l’OIT pour l’Afrique depuis 2008) l’ont certainement permis de consolider son expertise, mais surtout de se tisser un réseau relationnel qui pourrait s’avérer capital dans la suite des choses. De plus, il pourrait certainement compter sur l’appui du groupe des employeurs en tant qu’ancien fonctionnaire de l’Organisation internationale des employeurs. Ses fonctions actuelles lui ont sans doute permis de tisser des liens privilégiés avec les gouvernements, employeurs et syndicalistes du continent africain. Toutefois, il risque d’être handicapé par 2 éléments : sa relative jeunesse comparativement aux autres candidats (il a 52 ans) et le fait qu’il ait réalisé toute sa carrière professionnelle en dehors de son pays (le Bénin). Ce dernier aspect pourrait avoir un effet négatif sur le degré d’engagement des autorités béninoises à le faire élire, car n’ayant pas les réseaux que disposent généralement d’anciens Ministres.
 
Assane Diop : le fait qu’il soit Directeur exécutif chargé de la protection sociale, sans discontinuité de 2000 à 2012, donc parmi les plus hauts responsables de l’organisation, lui confèrent, sans conteste, un précieux avantage sur ses concurrents. Ses expériences antérieures de responsable syndical de premier plan tant au niveau national que continental ainsi que celles de Ministre chargé de 2 secteurs sociaux parmi les plus importants (Santé et Travail) confortent cet avantage et font de lui un homme tout à fait préparé à occuper les fonctions de DG du BIT. Sa connaissance de l’institution, des hommes qui l’animent et de ses partenaires institutionnels permettent d’augurer, en cas d’élection, une transition sans problèmes tournée vers l’avenir. Cependant, il ne lui sera pas facile de s’imposer pour au moins 2 raisons principales. La première tient au fait que quelques uns de ses « amis » travailleurs du CA ont préféré présenter une candidature indépendante au lieu de le soutenir dès le début. Cela constitue une source d’inquiétudes et pourrait l’affaiblir. La seconde raison tient aux changements politiques intervenus au Sénégal avec les éventuels impacts que cela pourrait avoir sur la gestion diplomatique de sa candidature par les autorités sénégalaises. (NDRL-  Assane Diop a déclaré avoir reçu le plein soutien du nouveau Président sénégalais élu, Macky Sall qui l’a “ reçu deux fois et a mis en branle toute la diplomatie sénégalaise.” La conference de Presse de lancement de sa candidature à Dakar a été également presidée par le nouveau ministre du travail.)  
 
Pour terminer, il importe de souligner que le continent n’a jamais été aussi proche d’occuper le siège de DG du BIT. Pour cela, le plus dur reste à faire : convaincre les autres continents que le « tour » de l’Afrique est arrivé et parvenir à une gestion harmonisée des 3 candidatures ouest-africaines.
 
Par Cheikh Faye