Convention internationale protégeant les travailleurs domestiques : Mody Guiro, Secrétaire Général de la Confédération Nationale des Travailleurs du Sénégal (CNTS): « Les travailleurs, le gouvernement et le patronat sénégalais ont travaillé la main dans la main »
Patron incontesté des centrales syndicales du Sénégal, l’héritier du regretté Madio Diop dont le syndicat sorti victorieux des élections de représentativité du 20 avril dernier a donné à notre pays son premier Centre d’écoute des travailleuses domestiques inauguré le 26 mai dernier, en présence d’une délégation de la Confédération Syndicale Internationale (Csi) exprime sa fierté d’avoir été à Genève en ce moment historique. Mody Guiro donne aussi son point de vue sur des questions relatives à l’évolution socio-politique du Sénégal.
Vous êtes à Genève pour représenter le monde du travail à la 100ème session de la Conférence internationale du Travail. Que ressentez-vous surtout après les élections de représentativité du monde syndical au Sénégal dont vous êtes sortis vainqueurs ?
La CNTS a toujours été la centrale syndicale la plus représentative du Sénégal. Nous venons à Genève avec le statut de délégué des travailleurs. Les élections de représentativité ont eu lieu pour la première fois au Sénégal auparavant des enquêtes étaient organisées par le Ministère du travail en dehors des représentants du monde du monde du travail. Et nous étions toujours placés comme la première centrale syndicale du pays. Cette suprématie n’a jamais été contestée jusqu’en 1998. Nous sommes dans un pays de pluralisme syndical et certains ont voulu changer la donne en remettant en cause notre forte représentativité. Nous avions dit quand nous avons été informés de la tenue de ces élections que le moment n’était pas opportun. Organiser des élections syndicales alors que le pays traverse un ensemble de crises était un moyen de nous diviser alors que nous avons besoin de toutes nos forces réunies pour faire face au gouvernement. Par ailleurs, je signale que le Code du travail détermine les conditions dans lesquelles cette représentativité devrait être jaugée. Il y a donc une base d’éléments de mesure dont le plus subjectif est le critère d’indépendance. Mais certains ne l’avaient pas compris ainsi arguant que nous ne voulions pas aller aux élections. Il y a eu des incompréhensions mais finalement ces élections nous les avons organisées. Bien sûr, tout n’était pas parfait. Rappelons que le gouvernement après arbitrage du Président de la République avait fixé les élections le 20 avril dernier. La CNTS est sortie victorieuse. Ces résultats nous les avons accueillis avec humilité. Après tout ce sont des élections d’une journée. La CNTS travaille pour le renforcement et l’unité du syndicalisme sénégalais. L’émiettement ne sert nullement aux intérêts des travailleurs. Nous allons donc nous inscrire dans cette dynamique et conforter notre place de leader.
Quelle est selon vous l’importance de la centième conférence annuelle du BIT ?
Au-delà de l’aspect symbolique, nous avons, après des années de discussions, adopté des instruments pour les travailleuses et travailleurs domestiques. C’est une chose très importante pour cette catégorie de travailleurs exploitée sur tous les plans faute de protection sociale. Le rêve d’une protection sociale pour les travailleurs domestiques s’est réalisé. Ces derniers peuvent aujourd’hui plus que jamais se sentir comme membres à part entière du monde du travail. J’éprouve un sentiment de fierté d’avoir été là en tant leader syndical. C’est le lieu de remercier le patronat et le gouvernement sénégalais. Nous avons des échanges permanents sur ce sujet. Nous avons tous travailleurs patronat et gouvernement voter « oui » pour l’adoption de normes internationales visant la protection des travailleurs domestiques. L’autre dossier qui a attiré notre attention est relatif à l’acceptation par l’ensemble des parties de mener une réflexion sur un socle minimum de protection sociale et aboutir sur une recommandation. Il s’agit donc d’élargir la protection sociale par une prise en charge des couches vulnérables.
Le Sénégal traverse une crise énergétique chronique. Le Gouvernement a décidé de faire des coupes budgétaires pour financer son programme de relance de ce secteur. Pensez-vous que c’est une bonne solution ?
La crise énergétique est assez sérieuse et mérite une très grande réflexion. Ce n’est pas l’affaire uniquement du Président ou d’un quelconque autre ministre. C’est en effet une question d’intérêt national et qui requiert l’ensemble des citoyens sénégalais s’y intéresse. Si nous le faisons nous arriverons à obtenir des solutions patriotiques car le règlement de cette question nécessite des investissements lourds. C’est dire que les coupes sont parfois nécessaires car il faut faire des arbitrages. Il faut également rechercher d’autres pistes et redéfinir les priorités. Et sans électricité on ne peut rien faire.
M. Guiro le Sénégal va vers l’organisation d’une élection présidentielle. Au-delà de la société civile des marabouts, peut-on s’attendre à ce que votre puissante centrale joue un rôle pour que le Sénégal sorte gagnant de ces joutes politiques?
La CNTS a toujours tenu un langage d’apaisement. Nous sommes des acteurs du monde du travail et nous voulons la paix sociale. Nous nous engageons pour que le jeu démocratique puisse respecté. Qu’on ne donne la place à aucune forme de violence. Et nous l’avons dit lors de notre discours du 1er mai devant el Président de la République. Les partis politiques peuvent s’inspirer du monde syndical. Nous disions à nos membres que la meilleure riposte face aux attaques et aux violences est de gagner.
Propos recueillis à Genève par El Hadji Gorgui Wade Ndoye
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