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«LES CADRES AFRICAINS EXPATRIES ONT UNE RESPONSABILITE A ASSUMER DANS LE DEVELOPPEMENT DE NOS PAYS»
Par El Hadji DIOUF.
ABDOURAHMANE FAYE, Docteur en informatique, Consultant du programme TOKTEN du PNUD. Ancien étudiant de l’Université Gaston Berger (du nom du père de Maurice Béjart) de Saint – Louis du Sénégal, cet africain vivant à Lausanne en Suisse, n’a pas hésité un seul instant à payer de sa propre poche ses billets d’avion pendant plus d’une année pour la formation de ses étudiants. Le programme TOKTEN du PNUD l’a trouvé sur le terrain du bénévolat. |
Pouvez-vous nous expliquer le processus qui a mené à votre participation au programme TOKTEN ?
Tout a commencé en février 2001, où j’avais répondu à une demande des responsables du Département Informatique de l’UFR « Mathématiques Appliquées et Informatique » de l’Université de Saint-Louis au Sénégal. Ils éprouvaient d’énormes difficultés à trouver des Informaticiens titulaires d’un Doctorat d’Informatique pour assurer certains enseignements et encadrer les étudiants, surtout en second cycle. La Coopération Française assurait certes l’essentiel des enseignements, mais ne pouvait pas les prendre tous en charge.
Etant un ancien étudiant de cette institution, je n’ai donc pas hésité un seul instant.
Cependant, se posait le problème de la prise en charge
de ma venue (achat du billet d’avion, et autres frais…), et malgré
toute leur bonne volonté et tous leurs efforts, j’étais
obligé de me payer mon billet d’avion pour venir dispenser ces
enseignements. Aussi, j’étais obligé de leur consacrer 2
à 3 semaines parmi les 5 semaines de congés annuels que m’offrait
mon employeur….
En Février 2002, je suis encore revenu, dans les mêmes conditions
de bénévolat.
Par la suite, j’ai été informé par un ami, Seydina Ndiaye (un grand fouineur du Net !), de la mise en place prochaine au Sénégal d’un programme du PNUD, appelé TOKTEN, dont l’objectif était de faire bénéficier les pays sous-développés des compétences de leurs fils expatriés, et cela à travers des missions ponctuelles. Ces missions seraient purement bénévoles, mais le TOKTEN leur paierait leurs billets d’avion, de même qu’une modique somme (300 $ + 58 $ par jour) leur permettant de subvenir à leurs besoins sur place. Il est important de noter que les consultants TOKTEN ne sont pas payés pour leur mission.
J’ai immédiatement compris tout le potentiel qu’il
y avait dans un tel programme pour le Sénégal, et j’en ai
immédiatement informé les responsables de l’Université
de Saint-louis avec lesquels j’étais en contact, en particulier
le Professeur Mary Teuw Niane, qui a alors entamé les contacts nécessaires
pour en savoir plus, et en faire bénéficier son UFR.
Lorsque le programme a été enfin mis en place au Sénégal,
ils ont déposé un dossier de demande de consultant, en précisant
le profil recherché. Entre-temps, le responsable du programme à
Dakar, Mr Traoré, avait commencé à vulgariser le TOKTEN,
et m’avait retenu dans sa base de données des expatriés
Sénégalais potentiellement « utilisables » comme consultants.
Vu que mon profil répondait aux besoins exprimés par l’Université
de Saint-louis, j’ai alors été sélectionné
pour ma première mission TOKTEN. C’était en Décembre
2002.
Quelles ont été vos motivations ?
D’abord, il y avait la volonté d’apporter
quelque chose à mon pays, de lui faire bénéficier de mon
expérience.
Ensuite, je souhaitais m’engager dans une action qui me permettrait de
maintenir le contact avec mon pays, d’y aller un peu plus souvent, aussi
bien pour ma famille que pour mes amis, de sorte à ne pas être
trop déconnecté des réalités du pays et de mieux
suivre son évolution, mieux m’imprégner de ses réalités,
pour faciliter mon intégration si une opportunité d’y retourner
définitivement s’offrait à moi.
Enfin, le TOKTEN permettait de résoudre en partie la question du financement
de mes interventions à l’Université de Saint-Louis, engagement
que j’avais pris et que je comptais respecter toutes les années,
tant qu’ils estimeraient avoir encore besoin de mes services, et tant
que Dieu m’en offrait les moyens et la possibilité.
Pouvez-vous nous dire précisément quelle a été votre mission : dans quelle institution et dans quel domaine ?
Jusqu’à ce jour, toutes les missions que j’ai
effectuées dans le cadre du TOKTEN l’ont été pour
l’UFR « Mathématiques Appliquées et Informatique »
de l’Université de Saint-Louis. Il s’agissait d’intervenir
dans divers enseignements en Informatique. C’est ainsi que je suis d’abord
intervenu dans les modules « Bases de Données » de Licence
Informatique et « Théorie des Langages et Automates » de
Maîtrise Informatique. Suite à l’ouverture d’un DESS
d’Informatique dans la même UFR, j’ai été obligé
d’abandonner le module « Bases de Données » pour prendre
en charge le module du DESS intitulé « Data Mining et systèmes
décisionnels », en plus du module de Maîtrise Informatique.
Je m’occupe donc uniquement de ces deux modules depuis maintenant deux
ans.
En dehors de ces enseignements, je prends aussi en charge l’encadrement
et le suivi de certains étudiants de maîtrise dans le cadre de
leur mémoire de fin d’année, de même que l’encadrement
de divers projets informatiques pour les étudiants de DESS. Je continue
leur encadrement à mon retour en Suisse, et cela en communiquant surtout
par Internet. Cette année, je n’ai malheureusement pas pu encadrer
d’étudiants par manque de temps…
J’avais été retenu également pour une autre mission qui devait s’effectuer à la DIE (Direction de l’Informatisation de l’Etat), pour intervenir sur un gros projet Informatique d’ « Intranet Gouvernemental » comme ils l’appellent, avec surtout une intervention dans ses aspects « Bases de données » et conception de l’architecture d’un tel système Informatique. Cette mission a finalement été annulée d’abord parce que je donnais priorité à l’Université de Saint-Louis, et je ne pouvais me libérer cette année là pour une durée aussi longue que celle requise pour la mission de la DIE combinée à celle de l’Université de Saint-louis (je rappelle que je n’avais que 5 semaines de congés annuels….) . L’autre raison de l’annulation de cette mission est que de nouveaux responsables de la DIE avaient été nommés entre-temps, et peut-être que leurs choix et priorités ont dû changer…je ne sais pas…
Avez-vous l’impression qu’il y a un déficit de formation ou de compétence dans votre domaine d’intervention qui justifie le recours à des experts externes à l’institution d’accueil ?
De toute évidence, oui ! L’enseignement à
l’Université requiert l’obtention d’un doctorat. Il
y va de la crédibilité de l’enseignement et de la reconnaissance
des diplômes de l’institution Universitaire. Malheureusement, il
n’y a pas assez d’Informaticiens titulaires d’un Doctorat.
Pour vous donner un ordre d’idées, lorsque je soutenais ma thèse,
je ne connaissais (directement ou indirectement) l’existence de pas plus
de cinq informaticiens Sénégalais titulaires d’un Doctorant.
Certes, il y en avait certainement d’autres « cachés »
quelque part à travers le monde…
Il s’agit là d’une situation assez délicate : nos
universités n’ont pas de formations en Informatique de niveau Doctoral.
L’Université de Dakar a certes mis en place un DEA, mais n’offre
pas aux étudiants titulaires de ce diplôme la possibilité
de poursuivre en thèse de Doctorat…Et tout cela parce qu’il
n’y a pas sur place d’enseignants susceptibles d’encadrer
des travaux de recherche de niveau doctoral. Vous voyez donc qu’on est
enfermé dans un cercle vicieux….
Cependant les choses commencent à changer : de nombreux Sénégalais comme moi vont désormais poursuivre à l’étranger leurs études, avec à la clé un Doctorat en Informatique. Aujourd’hui j’en connais au moins une bonne dizaine ! Le problème est que rares sont ceux qui, après leur thèse de Doctorat, rentrent au pays (à commencer par moi-même d’ailleurs…). De ce fait, le problème demeure toujours entier…
Il faut noter aussi que l’offre de formation en Informatique s’étoffe de plus en plus au Sénégal, mais elle se limite dans le meilleur des cas au DESS, au DEA ou à un diplôme d’Ingénieur. Ce qui fait que l’on trouve sur place une certaine expertise dans certains domaines de l’Informatique, mais pas suffisamment de gens de niveau doctoral pouvant (par exemple) enseigner à l’université et faire de la recherche…d’où forcément le recours à une expertise extérieure qui se trouve ainsi bien justifiée dans certains secteurs et pour certaines institutions et organismes publics ou privés Sénégalais.
Quelle lecture faites-vous du problème de la fuite des cerveaux ?
Il s’agit d’un problème assez complexe,
qui, tel qu’il s’effectue dans des pays comme les nôtres,
ne contribue pas à leur développement. C’est une évidence.
Cependant, je ne suis pas de ceux qui pensent qu’il s’agit de l’un
des facteurs principaux de notre sous-développement, encore moins d’un
phénomène néfaste.
Des pays comme l’Inde par exemple vivent depuis des décennies
ce phénomène. Cependant, les « cerveaux » Indiens
reviennent assez souvent dans leur pays d’origine, y interviennent assez
souvent dans de nombreux domaines, et pour des durées plus ou moins longues.
De ce fait, ils continuent de développer leurs compétences et
leur expertise en restant dans leurs pays d’accueil (Européens
ou Américains), tout en faisant bénéficier à leur
pays d’origine de cette expertise. De ce fait, ils contribuent considérablement
au développement de leur pays. C’est ainsi que, dans le domaine
informatique par exemple, l’expertise indienne locale s’est tellement
développée aujourd’hui que l’Inde devient l’un
des principaux fournisseurs de services Informatiques du monde : l’on
vient s’abreuver de partout à la source de savoir de ses ingénieurs
et chercheurs. Cela apparaît aussi dans de nombreuses conférences
de recherches en Informatique, ou d’excellents chercheurs Indiens se remarquent
par leurs publications.
Je précise au passage que l’Inde bénéficierait du
TOKTEN depuis plus d’une vingtaine d’années déjà…
Je veux simplement illustrer à travers cet exemple que
« la fuite des cerveaux » peut être positive pour un pays.
Il s’agit simplement de mettre en place dans les pays d’origine
un processus de récupération de ces « cerveaux » à
travers une politique qui les ferait revenir assez souvent dans leur pays d’origine,
à défaut de les y retenir. Et croyez-moi, nombreux sont ceux qui
sont prêts à intervenir dans leur pays d’origine si certaines
conditions, variant d’une personne à l’autre, sont réunies.
Cependant, il faut être assez prudent sur cette question du retour au
pays. A mon avis il ne s’agit pas de rentrer définitivement sans
aucune possibilité d’échanges avec les pays Européens
ou Américains où nous sommes installés actuellement. Nous
y apprenons beaucoup en raison des moyens dont ils disposent : de nombreuses
institutions de recherche, une expertise reconnue à travers le monde
et qu’on peut côtoyer assez facilement pour en bénéficier,
une avancée technologique qui nous permet d’être au diapason
des évolutions techniques et scientifiques, de nombreuses possibilités
de formations et de perfectionnement avancées aussi bien en entreprise
que dans des centres universitaires et autres instituts, etc…
Personnellement, si j’étais rentré au Sénégal
immédiatement après ma soutenance de thèse, je me vois
très mal comment j’aurais développé les compétences
pratiques que j’ai acquises dans les entreprises où je travaille
depuis 8 ans maintenant. J’estime que j’avais vraiment beaucoup
à apprendre à ma sortie de l’Université et de mon
labo de recherche….et je continue d’apprendre énormément
dans le privé….
Quelles mesures préconiseriez-vous pour l’amélioration du processus de recrutement au sein du programme ?
Je pense qu’il faut d’abord mieux vulgariser ce
programme, le faire connaître beaucoup plus aussi bien au niveau des expatriés
que des institutions, sociétés privées ou publiques du
pays. Il faut que les autorités de notre pays comprennent ce qu’ils
peuvent tirer d’un tel programme : avoir la possibilité de se faire
financer la venue d’une expertise avancée dans n’importe
quel domaine, et de surcroît originaire du pays, et donc qui comprend
mieux les réalités et besoins du pays.
Je suis heureux de voir que des médias comme le vôtre l’ont
fort bien compris, et s’y attèlent déjà, et je vous
en félicite et vous encourage sur cette voie.
Autrement, je trouve que le processus de recrutement lui-même est très bien. Il implique aussi bien les structures bénéficiaires que les gérants du TOKTEN. Le programme est géré par quelqu’un de très compétent (Mr Traoré), très chaleureux, et très constructif dans son approche des choses. Il encourage beaucoup les consultants, et à chaque fois qu’on y va pour une mission, on a encore envie d’y revenir…
Quelle appréciation faites-vous de votre participation au programme ?
Ce furent des expériences très enrichissantes
pour moi. Sur le plan relationnel et humain surtout. Ma participation m’a
permis de faire la connaissance de beaucoup de personnes, et les échanges
et contacts persistent après. Surtout dans le monde universitaire, où
la majeure partie de mes étudiants finissent par devenir des potes.
J’ai vu aussi qu’il y avait réellement un besoin qui justifiait
ma venue. Et donc cela crée une certaine fierté de voir qu’on
sert réellement à quelque chose…
Enfin, il y a ce sentiment de reconnaissance qu’on nous exprime, une certaine
considération dont on jouit, et cela on ne le vit pas toujours ici.
Cependant j’avoue que ma participation au programme se fait au détriment de ma vie familiale, car je suis obligé d’y consacrer mes vacances, vu qu’il n’est pas lucratif (et donc je ne peux prendre des « congés sans solde » comme on le dit…). Sans compter le temps que j’y consacre à mon retour pour le suivi des étudiants, les corrections des examens et préparations des cours, etc…Du coup je ne me repose presque jamais, et c’est vrai que cela fait râler parfois mon épouse…Mais bon, le sentiment et le plaisir de faire quelque chose d’important et noble pour son pays finit par prendre le dessus…
Quel message voulez-vous transmettre aux cadres Sénégalais
et Africains vivant à l’extérieur ?
Je souhaite simplement qu’ils s’investissent un
peu plus dans des actions permettant de faire profiter à leurs pays d’origine
leurs compétences et expertises. Les besoins sont nombreux dans nos pays,
et personne d’autre ne s’y investira à notre place.
Il est vrai que, pour nombre d’entre nous, nous n’avons reçu
aucune aide des autorités de nos pays pour réussir dans nos études
ici. La majeure partie d’entre nous s’est battue seule pour construire
sa carrière, dans des conditions souvent très difficiles, avec
pour seuls soutiens nos parents et nos amis. Aussi, même si nous voulons
entreprendre des actions dans nos pays, nous ne recevons pas toujours l’attention,
l’écoute qu’il faut de la part des autorités de nos
pays, en dehors des traditionnelles manifestations de bonne volonté verbales.
Et du coup c’est parfois frustrant et décourageant…
Mais je pense qu’il nous appartient aussi de nous battre pour faire changer
les choses, chacun à sa manière, d’abord pour le peuple
et non pour ceux qui le dirigent. En tant que citoyens de nos pays, nous avons
aussi notre mot à dire, notre contribution à apporter, mais aussi
notre part de responsabilité dans le devenir de nos pays.
Mais c’est vrai que c’est pas facile, mais c’est là
où se trouve tout le challenge…
Faudrait – il poursuivre l’expérience ?
J’aimerais souligner que, même si la venue des consultants TOKTEN
permet de répondre en partie aux besoins en experts de nos pays d’origine,
cela ne résout pas pour autant de façon pérenne la problématique
de la « fuite des cerveaux ». Il serait souhaitable que les autorités
politiques du pays, de concert avec le PNUD, mettent en œuvre une stratégie
permettant de les retenir dans leurs pays d’origine, tout en leur ouvrant
les possibilités d’échange avec leurs pays de résidence.
Dans cet ordre d’idées, des discussions que j’ai eues avec
des responsables du PNUD à Dakar (en particulier Mr Laba Touré)
me permettent de penser qu’il serait peut-être possible pour cet
organisme de mettre en place un fonds spécial permettant aux experts
de rester quelques années au pays (3 ou 4 ans), ou de façon définitive.
Ce fonds aurait les caractéristiques suivantes :
-
Il serait alimenté en partie par le PNUD, et en partie par le gouvernement Sénégalais, et éventuellement par d’autres organismes ou institutions, selon des proportions à convenir.
-
Les consultants seraient payés par ce fonds, à un salaire au moins équivalent à celui qu’ils ont dans leurs pays de résidence, ou à définir avec le consultant selon les taux et niveaux de salaire en vigueur au PNUD.
-
Ce fonds permettrait de financer également divers projets et missions sur lesquels interviendraient les consultants.
-
Durant tout leur séjour, les consultants interviendraient sur de nombreux projets et missions définis par les autorités gouvernementales par le biais des responsables du Tokten, selon un timing à définir avec le consultant
A l’issue de ces missions, le consultant pourrait être amené à rester définitivement dans son pays d’origine pour mettre en place des projets personnels (création d’entreprise ou autres), avec l’aide du PNUD et des autorités du pays.
J’estime que cela est bien réalisable : il suffit d’en discuter
entre partenaires impliqués et de prendre les mesures adéquates
pour sa réalisation.
REPERES (ED)
Depuis le milieu des années 1970, le PNUD a mis en place le Programme TOKTEN pour l'exécution de projets dans les pays en développement. Le Programme consiste à utiliser l'expertise des ressortissants de pays en développement établis à l'étranger au profit d'institutions nationales. On peut dire que c'est une forme de renforcement des capacités autocentré qui permet de minorer les effets pervers du phénomène de la fuite des cerveaux.
De plus en plus, ce Programme s'ancre en Afrique. Au Sénégal, il commence à mobiliser des ressources humaines extérieures et les premiers effets positifs commencent à se faire sentir.
Pour ses responsables, son caractère non contractuel lui permet d'avoir accès à des Sénégalais employés à l'extérieur qui peuvent ainsi intervenir sans trop de complications légales et contribuer à la réalisation d'une assistance technique dans des domaines de développement clés de manière flexible et rapide.
Cette interview est le premier chaînon d'une série
de reportages et témoignages sur le TOKTEN en Afrique. Dans nos prochains
numéros, nous allons revenir sur l'évolution du processus dans
d'autres pays africains, et donner la parole aux responsables nationaux qui
en ont la charge. Ce mois, nous donnons la parole à un informaticien
sénégalais basé en Suisse. Son expérience est riche
et incitative.
Puisse d'autres africains de la Diaspora en faire profiter leur pays.
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