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Laïcité et islamophobie. 

Publié le, 18 novembre 2009 par

En Suisse, le peuple est appelé à voter le 29 novembre sur une initiative dite contre la construction des minarets...

L’initiative antiminarets est-elle raciste ? Qui prétend-elle protéger ? Dans son Valais catholique, qui héberge les intégristes d’Ecône, le chevalier Freysinger se garde bien

d’attaquer la foi musulmane.

L’islam qu’il combat n’aurait rien à voir avec la religion, mais avec la politique, le militaire.

Semblables au cheval de Troie, les minarets cacheraient une armée d’envahisseurs impérialistes. Curieux retour du refoulé ! Des travailleuses et des travailleurs de pays paupérisés se voient reprocher d’avoir trouvé du travail dans les pays qu’ils habitent et qui, eux, ont colonisé, dominé, pillé leurs pays d’origine… au nom du christianisme. 

Du racisme colonial au racisme contemporain 

Le soudard Le Pen, bourreau du peuple algérien en lutte pour son indépendance, fut au cours des années 1980 un pionnier de la forme nouvelle du racisme qui s’impose aujourd’hui. Il présentait les « Français »  en victimes de l’invasion des « Algériens » et revendiquait leur expulsion au nom de l’indépendance de la France.

Que son petit parti survive ou non au retrait de son guide, il a joué un rôle majeur dans la réhabilitation du racisme colonial en Europe.

Cette politique développe deux accents complémentaires en réaction à l’affirmation naissante d’une identité musulmane. Identifiée à une menace aux droits démocratiques et au droit des femmes, cette identité justifierait les aventures guerrières menées en Afghanistan, en Irak, en Palestine, les discriminations de migrants définis comme menaçants. Ce racisme nourrit une idéologie qui fait les beaux jours de toutes les propagandes sécuritaires et identitaires, celle de l’indigène occidental victime du racisme de l’allogène du Sud. 

Combattre les minarets au nom de la laïcité 

Certain·e·s soutiennent au nom de la laïcité lalutte du comité d’initiative antiminarets contre le prétendu impérialisme musulman. La progression d’une religion ouvrirait la voie à toutes les autres. S’opposer à la supposée progression de l’islam serait leur faire obstacle à toutes.

La laïcité  dont ils se réclament serait le fruit du combat contre l’Eglise et tolérer la progression de l’islam qu’exprimerait l’augmentation du nombre de minarets serait renoncer à cet acquis.

Pour accréditer le supposé danger musulman, cet argument prend appui sur des informations venant de pays où l’islam est majoritaire. Mais ceux-ci n’ont jamais connu la république laïque qu’ils sont supposés menacer. 

Il y eut une laïcité colonialiste 

Les défenseurs de cette république laïque se réfèrent à la fin du 19e et aux premières années du 20e siècle. La lutte anticléricale s’opposait alors à la réaction catholique qu’appuyaient les nostalgiques de l’ancien régime. Tous combattaient le mouvement démocratique et social, la « gueuse ».

Ils oublient pourtant combien cette lutte était hétérogène. Elle était animée par les deux héritiers de la Révolution française, le jeune mouvement ouvrier internationaliste et la bourgeoisie radicale et colonialiste que rejoindra une fraction du mouvement ouvrier, avide de profiter, elle aussi, d’une part du pillage colonial.

Le sabre et le goupillon se sont abattus en bonne intelligence sur les peuples qu’ils ont soumis pour le bonheur de la foi, de la civilisation et des intérêts capitalistes. Pétant dans la soie du pillage colonial, la Troisième République

française, pour laïque qu’elle fût, n’a pas trouvé grand-chose à y redire.

Le 8 mai 1945, la France fêtait la fin de l’Occupation nazie – la Libération. En Algérie, soldats et colons français assassinaient par dizaines de milliers des Algériens qui avaient eu la naïveté de croire que leur commune participation au combat contre la barbarie ouvrirait la voie à leur libération. 

Combattre toutes les formes du racisme 

Les plaies qu’ont provoquées des siècles de destruction dans les sociétés qui ont subi le colonialisme ne sont pas refermées.

Pire, elles sont à peine reconnues. Les avancées qu’avait permises la Conférence mondiale contre le racisme à Durban, en 2001, dans l’Afrique du Sud libérée de l’apartheid, se sont estompées à Genève en 2009 à la Conférence contre le

racisme.

Pire, au nom du devoir de mémoire les Etats occidentaux se gargarisent de leur humanité  prétendument retrouvée, énoncent leur antisémitisme passé  et le nazisme, mais développent ce supposé clash de civilisation qu’annoncerait la progression de l’islam.

La laïcité  que nous soutenons respecte le caractère personnel et privé de toute foi ou croyance. Elle contribue à une démocratie émancipatrice qui reconnaitra le pouvoir de chacune et chacun à participer à  la gestion de la société tout entière. 

Raciste l’initiative islamophobe antiminarets ?

Evidemment ! 

Quelles qu’en soient ses formes, le racisme réduit des personnes uniques et différentes – toutes égales en dignité et en droits – à  leur appartenance à des supposées « races », religions, nationalités, genres, classes ou statuts, etc. que distingueraient leur apparence physique, leurs croyances, leurs cultures, leurs psychologies ou leurs comportements.

Le racisme n’est pas caractérisé par les groupes qu’il appelle à  rejeter, mais par la volonté de ce rejet, par la négation de l’unité du genre humain, de la société au profit de « la valorisation généralisée et définitive de différences biologiques ou culturelles, réelles ou imaginaires, dans un contexte de pouvoir et de domination » comme le définit le le philosophe français Albert Memmi.  

Karl Grünberg, ACOR SOS Racisme (Genève)