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‘Nino’ Vieira : Qui était l’homme ?

Publié le, 30 mars 2009 par

Justin Mendy Journaliste, Consultant en Communication Email : justin_mendy@yahoo.fr

S’il est un homme dont l’action sur le terrain a été des plus déterminantes dans la décolonisation portugaise sur tout le continent africain, c’est bien ‘Nino’ Vieira, de son vrai nom Joao Bernardo Vieira. Car, c’est de l’avancée intenable de la guerre de libération en territoire bissau-guinéen qu’est parti le coup d’Etat, qui a chassé à Lisbonne, le régime fasciste portugais et ouvert la voie à des négociations avec les combattants de toutes les colonies portugaises en Afrique.

Du déclenchement de la lutte armée par son parti, le Parti africain pour l’indépendance la Guinée et le Cap-Vert (Paigc), le 23 janvier 1963, à l’indépendance complète de la Guinée-Bissau, en septembre 1974, il fut l’un des chefs de guerre les plus efficaces et les plus respectés, tant par ses propres troupes et l’ensemble de ses camarades de parti que par les contingents militaires portugais d’occupation, du fait, aussi bien de ses hauts faits d’armes que de ses capacités de mobilisation populaire.

Ayant rejoint le maquis dès l’âge de 19 ans, en 1958, deux ans après la création du Paigc, ce jeune ouvrier (il était électricien) bouclera son cursus militaire comme général, après une carrière largement remplie, précédée d’une formation politico-militaire à l’Académie militaire chinoise de Nankin, avec neuf autres de ses compatriotes, dont le seul encore en vie reste Manuel Saturnino Da Costa, ancien Premier ministre de ‘Nino’ lui-même, actuel ministre de la Présidence du Conseil des ministres dans le gouvernement.

Vainqueur de Guiledge…

Après avoir contribué largement à pacifier le Front Sud des opérations (attenant au territoire de Guinée-Conakry), le ‘commandant Nino’ (c’était son appellation) dirigeait le difficile Front de l’Est, lorsque le parti fut surpris par l’assassinat, le 19 janvier 1973, à Conakry, de son leader, Amilcar Cabral. C’est à l’occasion des obsèques de celui-ci, dans cette capitale guinéenne même que, pour la première fois, je rencontrais ‘Nino’, dont le nom m’était familier depuis 1967, année où je parcourus, pour la première fois, en compagnie de feu mon confrère Mame Less Dia, les zones (rurales) libérées du Front Nord. Dans une ambiance généralisée de pleurs et de sanglots au siège du parti, à l’issue de la cérémonie d’inhumation, l’homme, debout, dans un coin de la salle de réunion, les bras croisés au dos, demeurait calme et intrépide, avec, comme seul mouvement, le battement répétitif des paupières, maladie dont il était atteint depuis plusieurs années déjà, mais qui connut, par la suite, sa guérison.

A la réunion du bureau politique du parti qui suivit ces obsèques, il fut décidé une vaste opération militaire de représailles contre tous les camps retranchés portugais sur l’ensemble du territoire. Baptisée ‘Opération Amilcar Cabral’, elle fut placée sous le commandement de ‘Nino’ et culmina victorieusement au camp de Guiledge d’où les occupants s’échappèrent, à la faveur d’une nuit noire.

… il proclame l’Etat

Et le 24 septembre 1973, à Madina do Boé, dans l’Est du pays, c’est à ‘Nino’ que revint l’infime honneur de proclamer ‘l’Etat indépendant de Guinée-Bissau, dont une partie du territoire est occupée par des troupes étrangères’. C’est en sa qualité de président de l’Assemblée nationale populaire qu’il le fit, après que des élections eurent été organisées dans les zones libérées (soit les 2/3 du territoire national). Parallèlement, il était nommé commissaire (ministre) des Forces armées (avec pour adjoint Pedro Pirès, actuel président de la République du Cap-Vert), dans le gouvernement du Premier mnistre d’alors, Francisco Mendès dit ‘Chico Té’ et un Conseil d’Etat présidé par Luis Cabral, frère cadet d’Amilcar.

Au niveau de la direction du parti, réaménagée du fait de la disparition du secrétaire général Amilcar - remplacé par son adjoint, Aristides Pereira, qui sera, plus tard, premier président de la République du Cap-Vert - il devint un des quatre membres dirigeants du secrétariat, aux côtés de Pereira, Luis Cabral (adjoint) et ‘Chico Té’ (membre). A la mort de ce dernier (‘Chico Té’), à la fin des années 70, ‘Nino’ accède, naturellement, à la primature.

A deux visages

Les contradictions au niveau de la direction, et du parti et de l’Etat, liées, en particulier, il faut l’admettre, à des faits de discriminations entre ressortissants des deux entités, Cap-Vert et Guinée-Bissau, ont conduit au reversement le 14 novembre 1980, du chef de l’Etat, Luis Cabral et à son accession à la magistrature suprême, station qu’il conserva, sans discontinuité jusqu’en 1999. Cette présidence fut loin d’être de tout repos. Elle fut traversée par de multiples crises internes au sein de l’appareil du parti-Etat, nées de rivalités d’ordres divers : personnel par ci, ethnique par là, qui ont connu des fortunes diverses.

Aux solutions malheureuses, voire douloureuses - regrettables à tous égards - ont alterné des actes positifs allant dans le sens de l’instauration d’une certaine démocratie, marquée par l’avènement de journaux et radios libres, et l’instauration du pluralisme syndical et surtout politique qui aboutit à la première élection présidentielle pluraliste organisée dans le pays, en 1994, et qui vit la victoire, de justesse, de ‘Nino’ sur Kumba Yala, au second tour, après l’élimination de onze autres candidats au premier tour. Puis vint le grand crash de la guerre civile 7 juin 1998 - 7 mai 1999, qui l’opposa à son chef d’Etat major général Ansumana Mané, et qui finit par son exil à l’étranger pendant six ans.

Retour au Palais

C’est en hélicoptère qu’il débarqua, au stade du 24 septembre, dans le centre de Bissau, pour prendre part, dans des conditions assez controversées, aux présidentielles de juin 2005 qui l’opposaient, en tant que candidat indépendant, entre autres, à Kumba Yalla du Parti de la réforme sociale (Prs) et Malam Bacaï Sanha du Pagc. C’est en préparation de ces joutes qui s’annonçaient violentes que je rencontrais, pour la seconde fois, ‘Nino’ Vieira, à l’hôtel Méridien Président, à Dakar, où le président Abdoulaye Wade avait convié les trois principaux prétendants au fauteuil présidentiel pour tenter d’aplanir les secousses qui pourraient émailler la campagne électorale et le scrutin. ‘Nino’ me reçut comme ‘un ami de la lutte’ (de libération), voire ‘un camarade de parti’ (du Paigc), ainsi qu’il l’eût exprimé, quelques années auparavant, lorsqu’il s’adressa à un groupe de journalistes sénégalais, convoyés de Dakar à Bissau, pour apaiser les signes d’un complot rampant entre les gouvernements des deux pays. Il me tint des propos très patriotes pour la Guinée-Bissau que je transcrivis, en son temps, dans un quotidien dakarois. La providence l’ayant porté de nouveau, à la tête du pays, à l’issue dudit scrutin, je gardais avec lui, des contacts téléphoniques, pendant quelques mois, avant qu’ils fussent interrompus par un concours de circonstances plutôt nébuleuses…

La troisième et dernière rencontre eut lieu à Bissau, le vendredi 26 octobre 2007, à Bissau, dans la petite salle d’audience du palais présidentiel. Ce fut à la faveur d’un séjour privé de trois jours dans la capitale guinéenne que, profitant de l’opportunité du décès de sa mère pour lui présenter mes condoléances, je lui exprimais mon souhait de le rencontrer - ‘ne serait-ce qu’un quart d’heure’, lui avais-je dit - ‘Ce sera difficile’, m’avait-il répondu. Mais, c’est au moment où je n’y attendais le plus où, de retour d’une promenade dans la ville, au coucher du soleil, veille de mon départ sur Dakar, le lendemain matin, que j’eus la surprise de m’entendre dire, à la réception de mon hôtel que je devais rappeler au téléphone le chef du protocole de la présidence de la République, M. Adolfo. Aussitôt fait, je me faisais convoyer par ce dernier sur les lieux de l’audience.

Après une accolade d’usage, nous échangeâmes, pendant une bonne heure (de 20 h à 21 hs environ) sur l’affaire de trafic de drogue, celle de gouvernement d’union nationale, sur les problèmes de défaut de bonne communication du pays et surtout des élections législatives prochaines prévues en 2008 et qu’il souhaitait différer en 2009, en même temps qu’il organiserait les présidentielles, raccourcissant ainsi son mandat présidentiel d’une année ; cela pour raffermir la collaboration entre les membres des deux principaux partis politiques au sein du gouvernement qu’il avait constitué depuis quelques mois déjà. Ce souci de stabilité du pays l’habitait visiblement, et se traduisait dans ses propos comme dans ses gestes ; et il promettait de tout faire, avec toutes les bonnes volontés disponibles, pour y parvenir.

Entre deux feux

Les brouilles survenues entre les membres des deux formations, parties au gouvernement, l’obligèrent à avoir recours à un nouveau cabinet de transition dirigé par son ancien Premier ministre, Carlos Correia, et à organiser les législatives, à la date échue de 2008, en l’occurrence le 16 novembre, qui confirmèrent une majorité du Paigc au Parlement (67 sièges sur 100) et l’obligèrent à faire appel au président de ce parti, Carlos Domingo Gomes, plus connu sous le sobriquet de ‘Cadogo junior’, comme nouveau Premier ministre. Pris entre l’étau de ce parti, dont il fut exclu après la crise de 1998-1999, et un chef d’Etat-major des armées (Tag Na Wai) sur lequel il n’avait aucune prise (installé que celui-ci était par les militaires eux-mêmes en 2004, avant sa nouvelle élection 2005), ‘Nino’ avait, dans ce pays fortement dominé par l’élément politico-militaire et où chaque ‘combattant de la liberté’ (c’est une telle appellation que se sont octroyés les participants à la guerre de libération) réclame sa parcelle d’autorité, du mal à avoir les coudées franches.

Le résultat fut le double ‘massacre’ des 1er et 2 mars qui a emporté celui qu’Amilcar Cabral lui-même avait baptisé prémonitoirement ‘chef national de la lutte de libération’ et que l’ancienne présidente de l’Assemblée nationale, Carmen Pereira, elle-même, ancienne combattante dans le ‘maquis’, vient de saluer comme le plus charismatique des combattants de la guérilla, comparable à Che Guevara’. En tous cas, ‘ce grand serviteur de la Nation aura marqué de son poids l’histoire de la Guinée-Bissau pendant un demi-siècle tout entier, par sa bravoure au combat, son sens du commandant, ses qualités d’hommes et son patriotisme, avec ses grandeurs et ses hauts faits d’armes, mais aussi avec ses faiblesses et ses tourmentes…’

Justin Mendy Journaliste Consultant en Communication Email : justin_mendy@yahoo.fr