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SURDRAMATISATION DES MALADIES INFECTIEUSES : LES JOURNALISTES SONT ILS MANIPULES ?
Les Pensières (Annecy-France)-( envoyé spécial)- Situé sur les rives du lac d'Annecy, « Les Pensières », le centre de conférences de la Fondation Mérieux a abrité du 25 au 28 novembre un atelier des journalistes sur les maladies infectieuses. L’objectif selon Amal Darghouth, responsable de la communication de la Fondation est d’ «informer les journalistes, dans un esprit d’échanges, en période hors crise par l’intermédiaire d’éminents scientifiques sur les maladies émergentes». Pendant trois jours, scientifiques et journalistes ont essayé d’arrondir ainsi les angles pour mieux se comprendre afin de trouver les meilleurs moyens d’informer les populations en cas de crise. |
Les maladies infectieuses tuent chaque année près de 14 millions de personnes dans le monde et chaque jour, 30 000 enfants de moins de 5 ans meurent des suites de maladies infectieuses qui auraient pu être prévenues ou guéries, selon l’organisation mondiale de la santé (OMS). 90% de ces victimes succombent dans les pays en développement. Quotidiennement dans ces régions, le VIH / SIDA, le paludisme et la tuberculose affectent des millions de nouvelles personnes. En réalité une meilleure information aurait permis d’élargir les efforts de prévention en adoptant une méthode pédagogique. Dans les pays du Sud, il y a peu d’écoles de journalisme qui forment des journalistes scientifiques, le fait d’avoir une rubrique santé est en soi une grande avancée. Une ancienne journaliste de RFI s’est offusquée d’ailleurs que des émissions qu’elle avait préparées il y a plus d’une vingtaine d’années soient reprises dans un pays d’Afrique de l’ouest alors que les conditions et l’environnement ont changé. Par ailleurs, l’industrie pharmaceutique manipule certains médecins pour mieux faire vendre ses médicaments. De même des journalistes invités par certains groupes médicaux ou autres organisations internationales tendent à reproduire les textes bien élaborés des conseillers en communication sans un regard critique. S’y ajoute le goût de la sensation et la dictature de l’immédiateté. Est ce qu’une volaille qui meurt, succombe –t-elle nécessairement du virus H5N1 ? N’a –t-on pas exagéré l’information sur la grippe aviaire ? Qui faut-il interroger, le médecin ou le vétérinaire ? Doit on interpréter qu’il s’agit de la grippe aviaire sans attendre les résultats d’un laboratoire spécialisé ? Pour mieux outiller les journalistes, la Fondation Mérieux créée en 1967, a, dans le cadre de son objectif de diffusion des connaissances, des informations scientifiques entre les pays développés et en développement et la formation des acteurs de la santé, organisé cet atelier, une occasion unique d'échange d'expériences et de savoirs entre journalistes, scientifiques, personnes de terrain, et responsables d'organisations mondiales. Souvent, les journalistes dramatisent des situations par manque d’informations correctes ou d’interlocuteurs compétents. D’un autre côté, les scientifiques fuient souvent les médias au grand dam des populations qui ont le droit d’être informées. Pourtant pour prévenir un risque mondial des maladies dites émergentes, l’information qui est la raison d’être des médias est un outil indispensable pour le médecin. Les échanges ont aussi beaucoup tourné autour de la manière dont les informations médicales étaient traitées et les effets que cela pouvait générer sur la population. Il est certes apparu que, comme souvent, les scientifiques voient les médias comme des passeurs d'information. Difficile parfois de faire comprendre la légitimité du journaliste à choisir ce qu'il fait passer ou non, et comment. Sachant que ce choix est aussi dicté par des contraintes commerciales. Un peu comme le système médical qui doit choisir les maladies qui seront soignées et celles qui ne le seront pas. Les deux milieux, médical et journalistique, sont l'objet de pressions de par et d'autres dont il ne faut pas être dupes. Pour Anne Debroise, journaliste scientifique au magazine 'Science et Vie' : « ce cycle de formation de la fondation Mérieux est très intéressant. Les intervenants étaient très compétents, des personnes ayant à la fois des responsabilités mais ayant gardé le contact avec le terrain, très présents dans les pays ou les maladies émergentes font le plus de victimes, en général les pays du sud ». On comptait un mélange de stars médiatiques mais aussi de médecins inconnus des médias. « Leur discours n'était absolument pas formaté par l'industrie pharmaceutique, ce que l'on aurait pu craindre de la part d'une formation organisée par la fondation Mérieux », poursuit notre collègue auteur de nombreux livres dont « Maladies émergentes, quand les virus voyagent ». Au contraire, le débat sur les avancées ou souvent les stagnations dans la recherche pharmaceutique a été sans langue de bois.
El Hadji Gorgui Wade NDOYE, ContinentPremier.Com
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