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Par Babacar SAMB, ancien Ambassadeur du Sénégal en Egypte, membre de la Commission Nationale de Préparation du Sommet de l’OCI, Comité Document Thèmes et Termes de Référence
Genèse du conflit israélo-arabe :
L’Assemblée générale de l’ONU de novembre 1947 a adopté la fameuse résolution 181 décidant le plan de partage de la Palestine en deux Etats, arabe et juif. Cette partition a été rejetée par les Etats arabes indépendants regroupés dans la ligue des Etats arabes. Ils considéraient qu’il ne peut y avoir qu’un seul Etat arabe. Ignorant les protestations des Arabes, Israël proclame la naissance de son Etat le 14 Mai 1948, jour de retrait de la puissance mandataire britannique, Ben GOURION (1886-1973), le leader travailliste devient premier ministre.
Les Etats arabes entrent en guerre de Mai 1948, à Juillet 1949. Ce fut la première déroute face à l’Etat hébreu.
La proclamation de l’Etat d’Israël est l’aboutissement de la déclaration de Balfour de 1917, promettant la création d’un «foyer juif en Palestine».
Ce faisant, la puissance mandataire britannique venait de trahir une autre promesse faite au chérif de la Mecque, Hussein, pour la création d’un Grand royaume arabe qui devait comprendre l’Irak, la grande Syrie( Syrie, Liban, Jordanie et Palestine). Les grandes puissances (US, URSS, France, Grande Bretagne) s’empressent alors de reconnaître Israël malgré la farouche opposition des Arabes. Elles portent ainsi une lourde responsabilité dans la genèse de ce conflit sanglant qui dure depuis 60ans. Les guerres israélo-arabes, de 1967 et de 1973, consacrent la suprématie militaire de l’Etat hébreu qui s’est permis impunément d’annexer prés de 35٪ des territoires palestiniens, y compris Jérusalem, Al qods al- charif, le Sinaï égyptien, le Golan syrien et le Sud Liban. Le conseil de sécurité de l’ONU vote en 1967 la résolution 242, et, en 1973, la résolution 338, à la suite de la guerre d’Octobre, ordonnant le retrait israélien de tous les territoires occupés en vue d’un règlement juste et durable.
Mais Israel a toujours refusé de se conformer à la légalité internationale. Le retrait du Sinaï n’a pu être obtenu qu’avec les accords de paix séparés de Camp David de 1978. Le Golan reste toujours sous occupation israélienne. Les palestiniens sont chassés de leurs terres et de leurs habitations. Ils étaient contraints de s’exiler en Egypte, en Jordanie, au Liban et dans les pays du Golf. Le nombre de réfugiés est estimé à 2.660.000 en 1987 par l’organisation spécialisée de l’ ONU pour les réfugiés, l’UNRWA Poursuivant sa politique d’occupation et d’harcèlement, Israel procède à l’incendie de la mosquée al-aqsa en 1969 et la profanation des lieux saints islamiques et chrétiens.
Le comité EL QODS et la création de l’OCI
Profondément choqués, les pays musulmans se réunissent à Casablanca, du 22 au 25 septembre 1969, l’invitation de sa Majesté, le roi Hassan II, pour dénoncer l’incendie de la mosquée al-aqsa, a partir duquel le prophète a accompli son voyage céleste nocturne. Pendant ce sommet, les dirigeants du monde musulman présents, ont étudié les voies et moyens à prendre pour la défense d’al qods al charif et de soutenir conséquemment les droits inaliénables du peuple palestinien martyr. Le comité al qods est crée. Il est dirigé jusqu’à nos jours par le roi du Maroc. Ainsi l’idée de création de l’organisation de la Conférence Islamique est née. La conférence de Casablanca étant considérée comme sa première session. Mais la charte de l’organisation ne sera adoptée qu’en 1972 à la MEKKE.
La deuxième session sera accueillie par le Pakistan à Lahore (22-24 février 1974) sans thème précis. Il aura fallu attendre le troisième Sommet à la MEKKE et à Taif (25-28 janvier 1981) appelée « Session de la Palestine et d’Al-qods al-charif », pour voir l’OCI devenir un véritable instrument de coopération internationale. Depuis, dans tous les Sommets, ce thème occupe une place centrale dans les déclarations et résolutions de l’OCI. Une préoccupation constante, jamais démentie par les bonnes intentions des pays membres.
Cependant une analyse attentive des déclarations et résolutions laisse transparaître certes, des condamnations de la politique expansionniste et colonialiste Israélienne et la dénonciation du refus de l’Etat hébreu de se conformer à la légalité internationale sans toutefois être suivies de mesures pratiques réalisables. Loin de moi l’idée de remettre en cause la bonne volonté et l’engagement de l’OCI à apporter efficacement une contribution à la recherche d’un règlement juste et durable du problème Palestinien ; mais nous voulons insister sur la nécessité de se donner les moyens d’influer pratiquement sur le cours du processus de paix.Un seul exemple suffit. Dans le communiqué final de la deuxième session de l’OCI en Malaisie (16-17 Octobre 2003) :
« la conférence a souligné l’engagement des Etats membres à appliquer les principes et règlements du boycott Islamique d’Israel ». La conférence demande à ce que la coopération et la coordination soient renforcées entre les bureaux islamiques et arabes du boycott d’Israel émanant des deux secrétariats de l’OCI et de la Ligue de Etats Arabes… Pour l’application des règles de boycott d’Israel dans les pays arabes et Islamiques ». 5 ans après, quelles mesures concrètes ont été prises à ce sujet ? Que sont elles devenues les nombreuses décisions relatives aux multiples conflits concernant les pays membres : Irak, Afghanistan, Soudan, Somalie etc. ?
Les assassinats ciblés de dirigeants palestiniens, la destruction des infrastructures, les raids sur les habitations, écoles, hôpitaux, les fouilles sous la mosquée d’al aqsa continuent de plus belle.
En 2006, 356 palestiniens on été tués et 454 autres martyrs en 2007, selon les chiffres fournis par le Shin Bet (sécurité intérieure israélienne).
Les deux premiers mois de 2008, ont déjà fait plus de 185 victimes. L’horreur a atteint la limite du tolérable avec les raids israéliens sur GAZA le 1er Mars dernier entraînant 61 morts. Comme d’habitude, le Conseil de Sécurité convoqué d’urgence le 02 Mars, adopte une énième résolution appelant Israel à la retenue et le retrait de ses troupes de GAZA. Les Etats-Unis qui souhaitent la proclamation d’un Etat palestinien en 2008, selon les conclusions de la conférence d’Annapolis en Novembre dernier, justifient ces raids par des impératifs de sécurité d’Israel. Le reste de la communauté internationale condamne timidement. Quant à l’Etat hébreu, il refuse, encore une fois, de se conformer à la légalité internationale. C’est pourquoi le Président Mahmoud Abbas qui a fait toute sorte de concessions pour faire aboutir le processus de paix, déclare suspendre « toute négociation de paix avec Israel ».
Pourtant il a affirmé récemment lors de la visite d’une délégation de l’Union Européenne composée de 60 parlementaires issus de 21 pays, qu’il « n’y aura un autre moment plus favorable à la paix comme en 2008 ». S’agissant de la délégation européenne qui a visité la Jordanie, Israel et la Palestine, elle avait également affiché son optimisme en déclarant que l’année 2008 offrait « d’excellentes conditions pour la création d’un Etat Palestinien ». Généralement, les observateurs avertis pensaient que l’engagement d’Annapolis pouvait vaincre l’obsession sécuritaire constamment exprimée par les dirigeants israéliens. Et des pressions conjuguées de Etats-Unis, de l’UE, de l’UA, de la LEA et de l’OCI, pourraient t-elles infléchir la position israélienne ? Après les déceptions nées de l’échec des plans de paix de la conférence de Madrid, de la « Feuille de route » et du plan de paix de sa Majesté le roi abdellah, le 11ème Sommet de l’OCI à DAKAR ne pourrait-il pas prendre des responsabilités historiques concernant la Palestine en proposant un plan de paix, mieux prendre des mesures énergiques pour mettre fin à l’impunité de l’Etat hébreu ?
Vraisemblablement, la réforme de la charte de l’organisation, chère au Président Abdoulaye Wade, permettrait à l’OCI de jouer sa partition dans le Concert des Nations, et d’être un acteur respecté et incontournable pour tout processus de paix concernant le conflit en question.
Nouvelle vision nouvelle démarche
La nouvelle Vision dégagée par le Sommet extraordinaire de la MEKKE et de Riyad en 2005, prend en charge dans son plan décennal, l’ensemble des défis auxquels le monde musulman est confronté aux 21ème siècle. Ce plan déclare la volonté des chefs d’Etats de traduire en actes les nouvelles résolutions que l’OCI aura à prendre. Nous sommes convaincus que la nécessité de la proclamation d’un Etat Palestinien et l’inviolabilité de la mosquée d’al- aqsa figurera en bonne place dans les résolutions et déclarations finales de ce 11e sommet. La conférence réitérera certainement la présence d’une force d’interposition de l’ONU entre Israel et la Palestine, afin d’alléger les souffrances endurées par le peuple palestinien depuis 60 ans.
Que faut-il faire pour soutenir l’autorité palestinienne affaiblie par l’intrangigence israélienne et les conflits internes opposant le Fatah au Hamas ? Allah le Très Haut fait injonction aux musulmans :
« Si deux groups de croyants s’entretuent employez-vous à les réconcilier. En cas d’agression injustifiée de l’un envers l’autre combattez l’agresseur jusqu’à ce qu’il conforme à la Loi de Dieu. » (S, 49 ; V, 9)
«وان طائفتان من المؤمنين اقتتلوا فأصلحوا بينهما.فان بغت إحداهما على الأخرى فقاتلوا التي تبغي حتى تفئ إلى أمر الله فإن فاءت فأصلحوا بينهما بالعدل و أقسطوا إن الله يحب المقسطين. سورة الحجرات آية تسعة»
Que faut-il faire pour atténuer les difficultés économiques sociales et sanitaires dont le peuple palestinien est confronté du fait de la politique de bouclage des territoires, de la confiscation des terres fertiles, du détournement des eaux, de la construction du « mur de l’apartheid » ?
En tout cas notre pays, le Sénégal qui a accueilli la première ambassade de la Palestine en Afrique au Sud du Sahara en 1975, était aussi le premier pays dans cette région visitée par le président Yasser Arafat. Il a toujours joué un rôle de premier plan quand il s’agit de prendre la défense de la cause palestinienne. En plus, il préside « le Comité de Nations Unies pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien » depuis sa création en 1974.
Depuis 1948, une situation de guerre ou une atmosphère de « ni paix ni guerre » caractérise les rapports entre Israéliens et Arabes. Le peuple palestinien a payé et continue à payer un lourd tribut. Entre le 27 Février et le 1 Mars 2008, 116 personnes ont été tuées par l’armée israélienne. Pendant ce temps Israel se livre impunément à des actes « visant à judaïser la ville sainte et à effacer son identité islamique », d’après les conclusions du comité al qods al charif.
Le 11ème Sommet de l’OCI à Dakar devra concrétiser sa volonté politique pour résoudre la crise palestinienne en traduisant « la rhétorique en action concrète » et veiller à rehausser la crédibilité, le prestige et la dignité du monde musulman. Telle était la conclusion paraphrasée de la déclaration du dernier Sommet de l’OCI en Malaisie. Le renforcement de la crédibilité de l’organisation, exige la réforme de sa charte chère au Président Abdoulaye WADE. La nouvelle charte de Dakar permettrait l’applicabilité du plan décennal mais surtout les projets de textes concernant la Nouvelle Solidarité, le Nouveau Partenariat Economique et le partage du savoir. Pour leur mise en œuvre, il faut nécessairement un climat de paix et de stabilité dans les Etats membres. Déployer des efforts pour éteindre les foyers de tensions meurtrières en Irak, en Afghanistan, en Somalie, au Darfour et entre le Tchad et le Soudan, devient dès lors une exigence. Nous nous félicitons de la médiation annoncée du Président Abdoulaye WADE pour tenter de résoudre le conflit ouvert entre le Soudan et le Tchad. Il semblerait que les chefs d’Etat de ces deux pays de la Ummah seront présents à Dakar dès le 12 Mars.
Enfin, notre plaidoyer sur la Palestine et Al qods al charif se trouve renforcé par cette initiative consistant à apporter une contribution significative pour résoudre les crises dans les pays de la Ummah.
Notre plaidoyer est finalement un appel pour la mise en œuvre du point 10 du communiqué final de l’OCI du dernier Sommet ordinaire en Malaisie. La conférence y affirme « la nécessité d’établir un Etat palestinien indépendant avec Al qods al charif comme capitale. »
Cette aspiration, nous semble t-il, est partagée par tous les peuples épris de paix et de justice.
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