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Projet de construction de la Communauté économique africaine : un mirage de plus?
Par Papa Diadji Gueye Dans le cadre de la réunion tripartite du Comesa, des dirigeants
de 26 pays d’Afrique de l’Est et Australe, réunis dans la capitale ougandaise, Kampala, se sont engagés, le 22 octobre dernier, à
coordonner leurs efforts en vue de la création d’une zone de libre échange. En effet, ces pays prônent la fusion en un grand ensemble
économique des trois blocs que sont la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC), le Marché commun des Etats de l’Afrique
Australe et de l’Est (Comesa) et la Communauté de développement d’Afrique Australe (SADC). |
L’objectif visé par une telle démarche est pluriel : au-delà de « l’augmentation des échanges commerciaux inter-africains », comme l’a souligné le président sud-africain, Kgalema Mothlante, ce projet contribuerait, selon les termes du président kenyan, Mwai Kibaki, à « l’atténuation de la pauvreté et la création d’emplois » dans la région.
Dans cette perspective, un groupe de travail a été désigné pour établir d’ici une période de six mois les étapes à suivre pour mener à
bien ce projet.
D’une population de 527 millions d’habitants, ce bloc polarise à lui seul 58,8 % du P.I.B du
continent africain. Les adhérents à cette initiative espèrent, par sa réalisation, améliorer le bien-être des populations, augmenter la
productivité et accroître les échanges commerciaux ainsi que les investissements.
Au vu de cette volonté de
construction aussi marquée, il semble que les dirigeants modernes emboîtent le pas aux grands défenseurs de la cause africaine et de
l’érection des États-Unis d’Afrique comme mesure idoine pour sortir de l’enlisement économique. Un moyen de se libérer du
joug et de la vassalité du monde occidental.
Mais le rêve d’une concrétisation est-il permis lorsque toutes les velléités
de regroupement économiques brandies dans de nombreuses régions d’Afrique se sont évaporées dans les discours politiques, si elles
n’accompagnent pas leurs initiateurs dans leurs cercueils impénétrables ? Où sont passés tous les projets d’union des États
africains dont la fécondation remonte au lendemain des indépendances, pour la plupart dans les années 1960? La récente Union Africaine créée
en lieu et place de l’OUA, qui incarnait tout l’espoir des jeunes générations s’embourbe dans cette spirale de résolution
de conflits interminables ou d’instauration de la démocratie dans les régimes dynastiques ou dictatoriaux.
Or, nous sombrons dans un contexte de crise mondiale à la fois économique et financière, qui prompt les nations
industrialisées à lancer des opérations de sauvetage pour leurs grandes entreprises, principalement les banques. Alors que les États-Unis
doivent débloquer 700 milliards de dollars pour sauver leurs banques, l’Europe doit faire face à une opération de près 1000 milliards.
En conséquence, la promesse d’octroyer à l’Afrique une aide de 12 milliards demeure d’emblée frappée de
vacuité, ce qui réconforte encore l’idée que le sort de ce continent reste plus que jamais entre ses propres mains. N’en déplaise
à Paris qui confirme encore le maintien de son aide publique à l’Afrique, l’implication des africains eux-mêmes dans ce combat
pour la réussite, ou du moins, la survie face à la crise, doit se faire imminente.
Et la crise n’est pas en
passe d’être résolue. Elle ne pourra pas trouver une solution avant les six prochains mois, si l’on en croit le Directeur Général
de Global Equities, Marc Touati, invité sur le plateau du canal TV5.
Outre le niveau d’inflation insoutenable pour la
plupart des pays africains, et qui est prévu au crescendo, soit +12% pour l’Afrique au sud du Sahara, la crise mondiale commence déjà à
laminer les espoirs d’une embellie. Son corollaire frappe déjà aux portes : ralentissement de la demande pour les exportations
africaines, chute vertigineuse des prix des matières premières, essoufflement du secteur du tourisme fortement concurrencé par les marchés
proches et compétitifs, baisse considérable des transferts d’argents…
L’aide extérieure devient
dès lors de moins en moins probable pour sortir de ce bourbier, de sorte que la seule voie qui permet le rêve demeure l’union des
forces dans un grand bloc. L’idée de la création de cette zone de libre échange est certes noble et angélique, mais cette tripartite,
réussira-t-elle là où tout le monde a échoué?
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