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LA FRANCOPHONIE EST AU COEUR DE LA MODERNITE.
Photo : Léopold Sédar Senghor
Un des Pères Fondateurs de la Francophonie (Ancien Président du Sénégal).
(Poète, Ancien Membre de l’Académie Française)
« Les TIC au service de l’éducation - Édifier la société des savoirs partagés en Francophonie » Par Clément DUHAIME, administrateur de la Francophonie.
La Francophonie s’attachera à prendre en considération les conclusions du Symposium de Tunis dans l’élaboration de sa programmation quadriennale 2009-2013, a assuré Clément Duhaime qui a planché sur la place de l'éducation en Francophonie, après avoir salué "le travail remarquable" mené par le gouvernement tunisien dans l’organisation du Symposium. Il défend dans ce texte l'idée d'une francophonie combattante. La Francophonie, a -t-il dit , malgré ses nombreux défis, "est en fait au cœur de la modernité" |
" L’éducation est, rappelons-le, un des quatre axes prioritaires de l’action politique et de la coopération multilatérale de notre Organisation. Elle mobilise des moyens non seulement de l’OIF, mais aussi de deux opérateurs directs de la Francophonie : l’Agence universitaire de la Francophonie et l’Université Senghor d’Alexandrie.
Cette priorité à l’éducation s’impose surtout à la Francophonie du fait des besoins importants et des insuffisances que l’on constate dans plusieurs systèmes éducatifs de certains de nos États membres. On le sait, même si d’indéniables progrès ont été constatés, les Objectifs du Millénaire qui concernent l’éducation ne seront pas atteints en 2015 et « l’éducation pour tous » reste une gageure à soutenir plus encore qu’un défi à relever.
L’accès à l’éducation ne peut être dénié à des pans entiers de la population : femmes, enfants non scolarisés, mal scolarisés ou déscolarisés, minorités ethniques ou zones rurales. La scolarisation massive ne peut cependant en aucun cas se faire au prix d’une éducation de moindre qualité.
Nous partageons tous la conviction qu’une éducation de qualité a pour but non seulement l'acquisition des connaissances et des compétences nécessaires au développement de chaque société, mais aussi, dans et par le respect des identités linguistiques et culturelles, la socialisation, l'éducation à la citoyenneté, l'ouverture aux autres cultures.
C’est la raison pour laquelle, certes avec des moyens beaucoup trop modestes en regard de ses légitimes ambitions, l’Organisation internationale de la Francophonie, avec la collaboration de la CONFEMEN, a depuis toujours développé plusieurs projets visant à soutenir ses États membres dans la mise en œuvre de leur politique éducative.
Avec l’édification de la société de l’information, l’OIF a aussi une volonté déterminée de développer une véritable Francophonie numérique. Nous nous sommes dotés d’un outil spécifique : l’Institut de la Francophonie numérique, chargé de proposer et de mettre en œuvre notre coopération multilatérale dans ce domaine, en étroite concertation et collaboration avec l’Agence universitaire de la Francophonie, TV5, l’Association internationale des maires francophones et l’Université Senghor d’Alexandrie.
Nous avons choisi de faire porter nos efforts dans quatre directions :
Première direction : la démocratisation de l’accès dans les pays en développement. Pour ce faire, nous avons privilégié les accès collectif dans le cadre, notamment, de laboratoires de formation aux technologies innovantes (Labtic), de maisons francophones des savoirs ou encore au sein de nos Centres de lecture et d’animation culturelle (CLAC) dans les régions rurales. Ce sont en tout plus de 200 structures de proximité dédiées à la diffusion des savoirs et à l’appropriation de la culture numérique.
Deuxième direction : l’acquisition et le transfert de compétences numériques. Le renforcement des compétences nationales reste l'un des défis majeurs pour l'insertion des pays en développement dans la société de l'information. C’est pourquoi la Francophonie forme, chaque année, plus de 2 000 personnes aux technologies et par les technologies.
Troisième direction : la prise en compte des enjeux stratégiques et les concertations. Dans ce domaine, comme dans d’autres, la Francophonie a très tôt saisi la nécessité de se concerter et de faire front. Sa présence active et concertée au sein des instances de décision de la société de l’information, lui permet de donner résonance à ses positions, de se constituer en force de propositions, de peser de tout son poids pour infléchir les décisions internationales dans le sens des aspirations de ses États et gouvernements membres. Notre mobilisation lors du Sommet mondial sur la société de l’information a été, à cet égard, tout aussi exemplaire qu’efficace.
Quatrième direction : la création de contenus numériques. Conscients de la nécessité d’accroître la présence francophone sur la Toile, nous nous attachons à appuyer les initiatives de création multilatérale de contenus par le Fonds francophone des inforoutes, et à accompagner les initiatives de numérisation des patrimoines culturels et des ressources documentaires des différentes filières professionnelles. Il s’agit avant tout pour nous d’aider les pays du Sud à exprimer leur créativité, bien plus que d’offrir une vitrine toujours plus importante aux pays du Nord.
J’ajouterais que toutes ces interventions dans le domaine du numérique, résolument placées sous le signe de la solidarité, veulent aussi se caractériser par une certaine démarche : celle qui consiste à prendre en compte les besoins réels des populations, à recourir aux compétences locales, à favoriser la liberté des choix technologiques et le libre-accès, à promouvoir plus particulièrement les jeunes et les femmes.
Aujourd’hui, l’éducation et la formation ne peuvent plus ignorer les TIC, et en particulier l’Internet, car elles sont présentes partout dans la société, avec laquelle l’école est nécessairement en interaction.
La finalité de l’intégration des TIC dans les systèmes éducatifs est une question préalable centrale : comment peuvent-elles contribuer à l’efficacité des systèmes éducatifs ?
Il est admis que les technologies numériques stimulent la capacité de raisonner, d’apprendre à apprendre, de créer et de collaborer. Mais, installer des dispositifs numériques dans les écoles ne suffit pas pour mieux enseigner et pour mieux apprendre, encore faut-il savoir comment travailler avec ces outils dans les classes en développant de nouvelles pratiques pédagogiques pertinentes et motivantes, encore faut-il des enseignants formés, maîtrisant suffisamment les dispositifs et les contenus numériques.
C’est dans ce but que l’initiative francophone de formation à distance des maîtres, l’initiative IFADEM, est en cours d’expérimentation dans quatre pays de l’espace francophone. Cette expérimentation se donne pour objectifs d’aider les pays à accéder à des plates-formes de ressources pédagogiques libres de droits, à aider les pays eux-mêmes à créer des sites nationaux, à mettre en place des formations professionnelles à distance adaptées au besoin des enseignants prioritairement dans le domaine de l’enseignement du français.
Un tel dispositif suppose, on l’aura compris, la formation de ceux qui sont destinés à l’utiliser : les producteurs de contenus de formation, les animateurs d’ateliers et les tuteurs des regroupements. Quant aux maîtres, si l’initiative IFADEM vise à les aider à parfaire leur formation professionnelle, elle les conduira immanquablement à entrer dans des logiques de travail collaboratif et de mutualisation des bonnes pratiques.
La Francophonie, contrairement à des idées trop vite reçues, est en fait au cœur de la modernité. Les combats d’aujourd’hui préparent les victoires de demain et c’est à la faveur d’événements comme ce Symposium que la Francophonie prend conscience à la fois de la mission qui est la sienne et des partenaires qu’elle peut trouver pour relever avec succès les défis qui se présentent à elle.
Ne doutez donc pas que les travaux de ce Symposium enrichiront nos propres réflexions. Nous saurons en tirer parti pour mettre, dans les programmations qui engageront notre avenir, les technologies au service de l’éducation et faire de celles-ci le garant d’un développement véritablement durable."
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