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« Nous sommes revenus de Berne satisfaits de notre rencontre avec le conseiller fédéral suisse Christophe Blocher qui nous a reçus le 5 novembre de 14 heures à 18 heures. Il nous a écoutés et a démenti les propos dégradants sur les Noirs qu’on lui faisait porter. Il n’a pas été indifférent à nos revendications». M. Blocher a en effet nié avoir dit que «Les Noirs étaient des paresseux». De même il a dégagé en touche ces propos mis dans sa bouche : « Il ne vaut pas la peine d'investir de l'argent sur le continent africain ». « Il n'y a pas là-bas de culture correspondante, même chez les Africains qui ont été formés en Suisse».

Le milliardaire suisse a tout mis sur le dos de ses détracteurs politiques et sur une certaine presse. Maurice Katala et Martin Maluza que nous avons interrogés à l’ONU se refuse cependant de tout « triomphalisme ».

Pour eux, C’était une bonne séance d’explications et M. Blocher s’est engagé à défendre les Noirs en cas de racisme avéré. Sur la foulée, il a déclaré qu’il ne toucherait pas à l’article 261 bis du Code pénal suisse qui réprime le racisme qu’il avait personnellement attaqué considérant au contraire qu’il attise le racisme. Au grand dam des défenseurs des droits humains.

Le point fort de la rencontre est la lecture du contenu du Mémorandum de 16 pages préparé par le Collectif des Africains. M. Blocher très à l’écoute, était entouré de ses quatre plus proches collaborateurs, chefs de divisons auprès de son ministère, qui ont notamment en charge les questions liées à la migration, l’asile, les réfugiés, la drogue etc. La Diaspora pour sa part a respecté dans sa composition, les trois grandes zones linguistiques : Suisse alémanique, romande et italienne. En outre les dix représentants sont issus de toutes les régions africaines à l’acception de l’Afrique du Nord et de l’Est.

Pour engager la discussion, le Conseiller fédéral a ensuite donné la parole à chacun des dix membres du Collectif des Africains et à ses quatre collaborateurs qui ont pour leur part exposé chacun la spécificité de son travail.

M. Blocher a promis d’user de tout son pouvoir afin de poursuivre au pénal les auteurs d’actes racistes à l’encontre des Noirs. Sur un autre sujet lié à l’édification des minarets en Suisse, comme le veut une partie de la communauté musulmane, le ministre de la justice et police et grand patron de l’UDC (Union démocratique du centre, vainqueur des dernières élections fédérales) reste intraitable : « J’accepte les musulmans mais il y a une charge symbolique très forte liée à ces minarets. C’est un symbole de domination » a –t- il plaidé.

Le Collectif des Africains a demandé au ministre de s’impliquer pour la révision de la Convention du HCR de 1951 portant statut des réfugiés, qui est devenue caduque à leurs yeux. Cette Convention ne prend pas en compte la dimension de la migration liée à la famine, comme le rappelle dans son dernier rapport, le sociologue suisse, Jean Ziegler, rapporteur de l’ONU pour le Droit à l’alimentation. Pour le collectif des Africains il existe aujourd’hui des réfugiés de la famine et de la destruction de l’environnement que la communauté internationale ne peut ignorer.

Les propos extrêmement graves qui ont été imputés à Blocher ont été rendu publics par le journal le plus populaire de Suisse romande à travers une interview de Andreas Gross, député et président de la Commission des Institutions politiques (CIP) du Conseil national (le Parlement suisse) devant laquelle, le ministre suisse s’exprimait le 15 septembre dernier. Tout récemment lors des électiosn fédérales, son parti s’est fait distingué par des affiches représentant des moutons blancs ( Des Suisses clean renvoyant aux frontières un mouton noir (l’étranger criminel).

St Maurice et Hannibal au beau souvenir des Suisses

Les Africains ont remonté le temps avec une justesse des montres suisses pour rappeler à Blocher. Et à travers lui le peuple suisse, les sacrifices du monde Noir pour leur pays. Mais aussi démontrer avec la science l’ancienneté des relations entre les peuples suisse et africaine.

En réalité, argumente le Collectif, la présence des migrants africains en Suisse ne date pas d’aujourd’hui. Elle a même laissé dans l’histoire du pays des traces fort appréciables. Le passage d’Hannibal (Le Tunisien) au 3ème siècle av. J-C. en Valais, ou celui des Maures en Valais et dans les Grisons plus tard, vers le 13ème siècle, offrent encore aujourd’hui des vestiges visibles.

Au 3ème siècle, Saint Maurice, originaire de Nubie et à la tête d’une troupe nubienne dans l’armée romaine, a préféré périr avec ses hommes plutôt que d’exterminer des Helvètes sur ordre de Rome. Partageant la même foi chrétienne que ces populations, Maurice l’Africain deviendra plus tard le Saint patron de la Suisse. Et la ville de Saint Maurice, en Valais, est chaque année un haut lieu de pèlerinage mondial.

A cela ne faudrait – il pas ajouter les migrants suisses dont un ministre valaisan de la Famille des Borgeaud fuyant la disette en Suisse et accueillis en Algérie.

Un bel exemple à méditer

L’heure est aujourd’hui à la détente. Les Africains ont encore fait preuve de sagesse et de responsabilité dans un pays où il est encore possible de dialoguer. Et Christophe Blocher s’est montré en homme d’Etat en s’élevant sur les hauteurs.

Pour croquer la cola de la paix, le ministre de la justice et police, a même donné son accord de principe pour présider à la demande du collectif des Africains une conférence de la diaspora autour du thème «l’Afrique et les enjeux de son développement» qui aura lieu au premier semestre 2008.

Peut –on au 21ème siècle continuer à dénier la Dignité des Noirs et nier l’Apport incommensurable de l’Afrique à la construction de la Civilisation de l’Universel ?

Par El Hadji Gorgui Wade NDOYE