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AFRIQUE DE L'OUEST: Le prix élevé des importations céréalières inquiète
Les organismes de surveillance de la sécurité alimentaire craignent que les populations d’Afrique de l’Ouest qui dépendent des importations internationales de blé et de riz aient des difficultés à acheter ces denrées cette année, et donc à se nourrir, en raison de la flambée des prix des céréales.
L’organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a indiqué dans son bulletin publié le 7 novembre que la faible production globale de blé a eu pour conséquence une hausse généralisée des prix des céréales sur le marché mondial : le cours du blé a atteint un record en septembre 2007 et est resté volatile en octobre.
Selon la FAO, le prix du riz a lui aussi augmenté sérieusement depuis janvier 2007 ; de plus, l’impact de l’augmentation du prix du pétrole sur le coût des transports maritimes est venu s’ajouter au problème.
« Le monde entier a rarement dû faire face à une telle préoccupation commune qui a trait à l’inflation du prix de la nourriture, une appréhension qui alimente les débats sur les futures directives concernant les prix des denrées alimentaires, tant pour les pays importateurs que pour les pays exportateurs, qu’ils soient riches ou qu’ils soient pauvres », a indiqué le bulletin.
« Nous sommes préoccupés », a déclaré à Rome Henri Josserand, chef du Système mondial d’information et d’alerte rapide de la FAO. « Nous constatons que les prix risquent de rester assez élevés, ce qui posera de graves problèmes [d’accès] à l’alimentation cette année pour les populations qui vivent en Afrique de l’Ouest ».
La Mauritanie et le Sénégal sont les deux pays de la région ouest-africaine qui dépendent davantage du marché international que de leur production agricole locale. Dans ces deux pays, le blé est un aliment de base qu’ils doivent pourtant importer en totalité.
La Mauritanie ne nourrit que 30 pour cent de sa population qui compte trois millions d’habitants, et le prix du blé importé a augmenté de 75 pour cent cette année, passant de 200 dollars la tonne à 356 dollars – selon le système de réseaux de prévention de la faim FEWSNET.
Le blé est utilisé comme nourriture tant par les populations que par les animaux. « La principale raison qui pousse les personnes à manger du blé est son prix habituellement peu élevé. C’est devenu un aliment de base très important », a indiqué Salif Sow, le représentant au Sahel du FEWSNET.
« Non seulement cela fait des années que le blé est importé, mais il a été la plupart du temps distribué gratuitement et subventionné. Si le prix continue d’augmenter, les populations devront se tourner vers des productions céréalières locales, ou alors elles n’auront tout simplement plus accès à de la nourriture », a-t-il dit.
Au Sénégal, le gouvernement a récemment levé temporairement ses droits de douanes sur le blé ; le prix du pain dans ce pays a connu une augmentation de 12 pour cent au cours du dernier mois.
Une production faible
Selon FEWSNET, la situation au Sénégal, en Mauritanie ainsi qu’au nord du Nigeria s’explique par une mauvaise récolte de mil, de sorgho et de maïs, les trois principales céréales cultivées dans la région.
Au nord du Nigeria, la récolte de sorgho a été écourtée par une saison des pluies qui s’est terminée très tôt ; de plus, en Mauritanie, au Sénégal ainsi qu’au Nigeria, la saison des pluies a commencé trop tard pour que le maïs puisse pousser normalement.
Les autres pays d’Afrique de l’Ouest n’ont pas eu à faire face aux mêmes problèmes : la production des céréales locales au Mali, au Burkina Faso, au Tchad ainsi qu’au Niger est restée dans la moyenne, voire plus.
Cependant en Guinée-Bissau, où l’importation de riz est cruciale, cela reste un problème. Le Programme alimentaire mondial a prévenu que le prix du riz avait augmenté de 40 pour cent par rapport à 2006.
« Nous devons suivre de très près l’impact de ces prix élevés », a indiqué M. Sow.
Les préoccupations les plus immédiates se limitent actuellement au riz et au blé pour les pays importateurs, mais les experts affirment qu’une baisse significative de la production au Nigeria – le pays d’Afrique le plus peuplé – pourrait déclencher par la suite une crise plus grave qui touchera toute la région.
« La réduction des récoltes dans le nord du Nigeria pourrait avoir de sérieuses conséquences sur les prix dans la région, ce qui compliquera encore plus la situation actuelle », a affirmé Jean Senahoun, économiste pour la région ouest-africaine auprès de la FAO à Rome.
Les pays qui ont eu de bonnes récoltes pourraient eux aussi subir des pénuries alimentaires, a-t-il dit.
« De bonnes récoltes dans un seul des pays de la région ouest africaine n’impliqueraient pas forcément une sécurité alimentaire pour les gens qui vivent dans ces régions, dans la mesure où la forte intégration régionale au niveau des marchés fait que les denrées vont librement d’un pays à l’autre », a souligné M. Senahoun.
Une bonne production au Niger, parallèlement à une récolte déficitaire au Nigeria voisin, aurait pour effet de voir une grande partie de la production agricole nigérienne franchir la frontière ; le Niger serait alors confronté à une pénurie alimentaire comme il en a connue lors la grande crise de 2005.
Dans ce cas précis, il s’était avéré que la plupart des récoltes du Niger avaient servi à nourrir des volailles dans de grandes exploitations au Nigeria, pendant que la population au Niger mourrait de faim.
« Même si la production devait être suffisante dans certaines régions [d’Afrique de l’Ouest], si le Nigeria rencontre de graves problèmes, nous pourrions encore nous trouver face à des situations problématiques dans la région », a souligné M. Senahoun.
nr/dh/sm/ail
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