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GENEVE- L’ancien ministre du commerce du Sénégal, Mme Aïcha Pouye, directrice à la Division des services d’appui au commerce du Centre du commerce international

Quel est l’objet de la session que vous organisez aujourd’hui aux Nations - Unies ?

« C’est une session annuelle du Centre du commerce international (CCI) qui comme vous le savez est l’agence technique d’exécution de l’assistance technique d’appui au commerce des pays en voie de développement, fille de l’OMC et de CNUCED. Cette session constitue, si nous étions une entreprise, notre conseil d’administration ou notre assemblée générale annuelle. C’est une réunion extrêmement importante de trois jours qui nous permet de regrouper non seulement nos partenaires bailleurs de fonds mais aussi les pays bénéficiaires de notre assistance et les agences sœurs avec qui nous travaillons sur le terrain. C’est aussi l’occasion de présenter nos réalisations et notre budget pour les deux années à venir. D’autant plus que le CCI est en mutation avec une nouvelle équipe de direction mise en place, il y a moins d’une année. L’ambition de cette nouvelle équipe est de consolider les réalisations faites par le CCI depuis quarante ans mais aussi de faire un nouveau pas compte tenu des exigences actuelles de développement. »

 

Pensez-vous que le CCI peut réellement influer sur le développement du commerce des pays pauvres ?

« Absolument. Dans cette nouvelle mouvance, l’Afrique occupe une place extrêmement importante soit environ 60 % des activités du CCI, compte tenu de ses priorités de développement. Signalons que plus de trente des cinquante  pays les moins avancés (PMA) au monde, sont africains.
Le CCI a eu à faire des résultats mais jusqu’à lors notre action sur le terrain était beaucoup plus orientée par les besoins  ou les intérêts des bailleurs beaucoup plus que les réalités ou les exigences des priorités définies par les pays bénéficiaires.
Nous voulons aujourd’hui changer cette orientation pour mieux écouter les exigences et les priorités des pays en voie de développement. Il s’agit aussi de voir comment la dimension du commerce international est exprimée dans leurs priorités de développement pour ensuite venir présenter cela avec des programmes cohérents et structurés et en partenariat, en alliance stratégique avec d’autres institutions sœurs.
Ceci permet de présenter aux bailleurs les véritables priorités de l’Afrique, de l’Amérique latine, des Caraïbes, et de leur dire qu’apportez-vous ? »

Pensez – vous que la stratégie de croissance accélérée peut booster le développement en Afrique ?

«  Oui, mais l’appropriation de la stratégie par les pays est le premier pré requis. Le Sénégal a défini la stratégie de croissance accélérée comme étant sa politique de développement économique. Ce n’est pas ce pays qui l’a inventée. Il ne s’agit pas non plus de réinventer la roue et apporter une solution clef en main. Si nous voulons être pris au sérieux, si nous voulons être à l’écoute des besoins et des priorités du pays, il nous d’abor comprendre comment et par quelle voie le pays a défini sa politique de développement économique. Le Sénégal l’a défini à travers une stratégie de croissance accélérée. Cela peut s’appeler autrement dans un autre pays mais pour nous, c’est la porte d’entrée. Mais l’approche ne changera pas, que nous soyons au Sénégal, en Guinée ou au Burkina, nous voulons d’abord écouter les priorités du pays et voir comment les traduire dans sa politique développement économique. Nous sommes conscients que la réduction de la pauvreté  et l’accélération de la croissance ne pourront pas se réaliser sans cette dimension commerce international. C’est par-là que nous pourrons booster la croissance et espérer que l’impact sur la pauvreté va se réaliser. » 

Pourquoi le choix du Sénégal ?

« Dans cette démarche nouvelle, qui est une recherche de cohérence interne, le CCI est en train de restructurer pour être certain que nous avons une structure optimale pour pouvoir réellement atteindre ses ambitions mais aussi une recherche d’alliance stratégique avec d’autres agences parce que nous sommes plutôt basés à Genève.
Nous essayons de bâtir des alliances avec le PNUD, l’ONUDI, et d’autres institutions comme le FD qui sont sur le terrain. Nous avons-nous au CCI, la connaissance des marchés internationaux. Nous avons orienté notre vision vers la promotion et le développement des exportations dans les pays en voie de développement.
Mais c’est le secteur privé qui exporte et pour l’essentiel dans les pays en voie de développement, ce sont les petites et moyennes entreprises (Pme). Ces Pme sont notre première cible. Deuxièmement, cette ambition nouvelle que nous voulons développer, nous ne pouvons pas le faire u jour au lendemain avec l’ensemble des pays en développement qui ont chacun leurs priorités.
Pour identifier les bailleurs, nous avons choisi des pays pilotes dans chaque région du monde, en Afrique, en Amérique latine, dans les pays arabes et aux Caraïbes.
Le Sénégal a eu le privilège d’être identifié en Afrique sub - saharienne en étant un pays pilote. Ce n’est pas parce que le CCI en fait une priorité car l’ensemble des pays africains constituent notre priorité. Mais pour compter, comme on dit, il faut commencer par un. Nous voulons montrer compte tenu de nos relations historiques avec le Sénégal comment cette nouvelle stratégie s’articule dans un pays de surcroît un PMA comme le Sénégal.
Une fois que ceci est bien compris par l’ensemble de nos partenaires au développement et surtout par les bailleurs, puisque le but de la manœuvre c’est de les convaincre.
Avec l’équipe du Sénégal, nous comptons présenter ce pays comme un cas d’école. Ce qui est sûr c’est que la stratégie ne pourra marcher que si le pays s’en approprie au niveau politique. Ce qui nous paraît extrêmement important. Il faudrait aussi une appropriation du secteur privé
Le Sénégal dans sa composante politique via le ministère du commerce, institutionnelle via l’agence sénégalaise de promotion des exportations et dans sa composante secteur privé à travers M. Baïdy Agne, le président du CNP, sera présenté comme un cas d’école à la face du monde. C’est un challenge que nous espérons sera relever. »

Propos recueillis par El Hadji Gorgui Wade Ndoye