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Give Peace a Chance
Par Pathé MBODJE, journaliste, sociologue
Népal, Grand Moyen-Orient arabe, Afrique.
Un monde globalement plus à gauche semble plus propice à la paix, du Népal à l'Irlande, en passant par l'incontournable Proche-Orient et l'intraitable el Béchir du Soudan. La même situation existait presque au début des années 90 sans donner nécessairement le même résultat. Qu'est-ce qui a bien pu consolider les intuitions de naguère ?
Les ministres de Affaires étrangères des 27 réunis en Allemagne se sont dits le premier avril dernier solidaires des recommandations de Riyad sur la paix au Proche-Orient. Ce n'était pas un poisson d'avril puisque Mme Angela Merkel a entamé le même jour une tournée dans la localité pour appuyer les efforts de paix que la zone connaît en ce début d'année. Le dieu Mars est en effet tombé dans un profond coma, suite aux traumatismes ressentis ces dernières années, avec les foyers de tension qui se sont multipliés sur la terre des hommes devenus fous au point de mettre l’humanité en péril.
Dès le lendemain et contre l'avis du tout puissant George W. Bush, Madame Nancy Pelosi, présidente démocrate de la chambre des représentants, a visité le Liban où elle a croisé la chancelière allemande, et, du 3 au 4 avril, la Syrie, ennemie jurée de l'Amérique, pour discuter avec le président Asad de la situation en Irak, principalement, subsidiairement des propositions du président Asad à Israël.
C'est que le monde n'a jamais connu une telle euphorie dans la recherche de la paix dans les foyers de tension traditionnels que sont le Népal, l'Irlande, l'Afrique noire dans sa partie septentrionale après la chute de l'apartheid qui a libéré le sud dans les années 90.
Depuis un an en effet, les signes se multiplient qui tendent à un optimisme mesuré dans la recherche de la paix.
Le Libéria du 16 janvier 2006 avec la prestation de serment de Ellen Johnson-Sirleaf a précédé la transition pacifique au Bénin de l’inamovible Mathieu Kérékou le caméléon et les prémices de paix en Ouganda lorsque l'Armée révolutionnaire du Seigneur (Lra) a démontré sa disponibilité au dialogue pour ramener la paix. Enfin, après cinq ans de blocus, la Côte d'Ivoire signait les accords de Ouagadougou le 4 mars avant l'application sur le terrain avec la nomination de Guillaume Soro à la primature, à la place de Charles Konan-Banny incapable d’aider à la réunification du pays par le désarmement et l’identification. Enfin (?) l'Onu est parvenue le 28 mars dernier à trouver un terrain d'entente avec le Soudan pour permettre d'atténuer le pogrom qui s'y passe et qui se perpétue encore, malheureusement, en Somalie.
En Europe, malgré le virage à droite du Portugal (22 janvier 2006) et de la Pologne (25 septembre 2006), l'Autriche de l'ancien collaborateur nazi et ancien secrétaire général de l'organisation des Nations-unies (Onu) Kurt Waldheim a donné l'espoir alors que l'Irlande du Nord de Sa Gracieuse Majesté Elisabeth II voyait enfin catholiques et protestants s'accorder sur un gouvernement d'union en mars dernier.
La plus grande satisfaction vient sans doute du Népal quand la révolution maoïste consent enfin à faire taire les armes et à s'inscrire dans la logique de paix ambiante avec son entrée dans le gouvernement, le 2 avril de cette année.
L'Amérique latine a terminé sa mue et s'est libérée du joug de son puissant en encombrant voisin du nord enlisé dans le bourbier irakien depuis trois ans pour n’avoir pas compris de besoin d’indépendance des peuples.
C'est que le "Bon" Yankee peut désormais parler avec la "Brute" perse et le"Truand" nord-coréen, l'axe du Mal ayant démontré ses limites avec l'accord obtenu avec la Corée du Nord et les perspectives avec l’Iran, malgré les bravades de Ahmedinejad.
Une densité mentale qui évitait de concentrer trop ou tous les pouvoirs entre les mains d'un seul homme ou d'une seule formation était déjà un signe avant-coureur de la prudence des populations du monde et invitait à l’ouverture et à la tolérance. Le Sénégal de Diouf créait ainsi son "Ombudsman" et s'ouvrait à Wade dans le gouvernement de majorité présidentielle, alors qu'ailleurs le même esprit d’altéralité et de tolérance planait sur l'humanité.
Les années 90 favorisent en effet des cohabitations des plus curieuses comme en Russie entre: Eltsine avec la Douma qu’il avait pris le soin de bombarder pour la ramener à la raison, aux USA entre le cow-boy de seconde série Ronald Reagan et la chambre des représentants, en France lorsque Mitterrand a été obligé de cohabiter par deux fois avec la droite, avec Chirac d’abord et Edouard Balladur ensuite.
Au niveau philosophique, l'Organisation des Nations-Unies (Onu) sortait désormais de ses thèmes creux pour aller à l'essentiel ; le droit d'ingérence humanitaire se vérifiait ainsi dans la zone de la Corne de l'Afrique jadis abandonnée aux Cubains, selon la formule de Andrew Young qui voulait atténuer la rancoeur contre l'Amérique. L'opération "Restore hope", généreuse dans sa conception, se heurta malheureusement à l'hostilité générale vis-à-vis des Yankees qui n’ont pas aidé à l’instauration d’un monde plus juste après la parenthèse du bloc soviétique désormais fermée. La reconduite actuelle de la même opération, toutes choses étant égales par ailleurs, avec couleurs locales de l'Union africaine et des forces africaines, est sans nul doute une leçon du passé.
C'était la propédeutique, une période probatoire nécessaire à la maturité de nouvelles idées qui tentaient de s'infiltrer dans la conscience d'une humanité soudain appelée à se colleter à l'essentiel, la dignité de l'autre dans sa différence enrichissante
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