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Par Papa Diadji Guèye

En visite officielle en Afrique peu après le vote de la loi sur « l’immigration à la carte » plus connue sous le nom de loi sur l’immigration « choisie » adoptée devant le parlement par 367 sur 577 voix , le ministre français de l’intérieur, Nicolas Sarkozy invite les africains à l’abandon du communautarisme.

Diantre, que restera-t-il à l’Afrique lorsque les principes du communautarisme s’effriteront ? Que deviendront les valeurs humaines qui donnent son âme à l’Afrique lorsque la mondialisation rampante bride les références d’une vie fondée sur la solidarité et le partage sans trop sacrifier à l’irrationalité mutilante ?

A l’heure de la mondialisation et de l’uniformisation du modèle, l’économiste anglais John Keynes devient l’instrument de mesure. On presse, on presse et on presse encore jusqu’à l’étranglement des plus faibles. C’est l’œuvre des institutions monétaires et des multinationales. Aujourd’hui on les bassine avec des formules comme « restez chez vous, nous sommes en train de définir les bases d’une nouvelle forme d’immigration! ».

Malgré tout cela, ils sont heureux, ils sourient et partagent le peu qu’ils ont, souvent même sans pour autant que la demande soit explicitement exprimée par le nécessiteux. Il n’est point besoin de tendre la main à l’autre, au voisin pour recevoir son aide. Le lien social est garanti par le rapport à l’autre associé à l’utilité de chaque être dans le fonctionnement du système. La pérennité et la pertinence de ce système communautaire sont définies par la logique du « don contre don ». Elle s’oppose à la logique marchande qui fait que tout est monnayé. C’est le propre de la société capitaliste qui imprime des stratégies obligeant les gens à voir de l’intérêt dans toutes interactions.

Le communautarisme est le système qui a permis à l’Afrique, face à tous les aléas et toutes les injustices qui ont pesé sur elle, de résister par le biais d’un humanisme que cautionnent les pratiques quotidiennes. La personne qui reçoit le cadeau se sent débitrice envers son donataire qu’il essayera de contenter par un retour de don, ce qui nourrit le système, car la roue tournera sur la base du « donner-recevoir-redonner-recevoir » et de façon éternelle, afin que chaque être continue à avoir sa place dans la société. Le rompre, c’est cesser d’en faire partie. C’est un système qui promeut l’action, le travail et la combativité pour toujours laisser les individus en situation de donataire. Toutefois, il est important de relever que la perception de ce système comme étant une entreprise d’aide à une masse inactive, en l’enracinant dans la dépendance prolongée ou la fainéantise béate n’est que le reflet d’une pensée obscure portée à donner une définition fausse à la pratique.

Abandonner ce communautarisme en Afrique, c’est installer une société qui perd ses repères. Un univers hybride qui va droit à la dérive, perdu qu’il serait dans la nostalgie d’une richesse éteinte et la quête de valeurs occidentales lointaines qu’il n’arrivera jamais à acquérir totalement. Une société qui sombrerait dans une contre-façon culturelle où les principes de base vacilleraient entre deux sphères opposées ne laissant place à aucun point d’intersection. Difficile d’en faire émerger « la civilisation de l’universel » chère au poète président Senghor.

S’il est inconvenant de manifester un attachement aveugle et imperturbable à un passé désuet, il est en revanche dangereux de réduire l’essence et le bonheur des africains à une pure marchandisation de l’avoir qui sape le continuum des positions des personnes Humaines.

Prétendre pouvoir passer aisément du principe de Gemeinschaft ( communauté) à celui de Geselleschaft ( société marchande) nous paraît être une mission impossible, une entreprise scabreuse, car convenons avec Joseph Ki.Zerbo (2003) que l’idée européenne du développement qui n’est point une référence « finit par sombrer dans une sorte de casino planétaire ». Ainsi, le vrai développement se pose « en termes alternatifs… et il appartient aux Africains de découvrir, d’inventer de nouveaux paradigmes pour leur propre société». Le développement ne peut pas se confiner à une accumulation de biens et services. Il est avant tout une question d’utilisation judicieuse des valeurs sociales basées sur la morale.

L’ouverture à l’autre est certes une vertu cardinale, mais la fidélité aux valeurs humaines que dessine le communautarisme est le gage du bonheur des africains. Le communautarisme positif ne peut nullement être une entreprise qui nourrit les mécanismes de la pauvreté.