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DECISION DU COMITE CONRE LA TORTURE : « Une victoire des Victimes » déclare Reed Brody de HRW
GENEVE - La 36ème session du Comité contre la Torture du Conseil des Droits
de l'Homme a condamné le Sénégal pour non respect de la Convention internationale
contre la Torture. En effet, pour le Comité en refusant d'extrader ou
de juger Hissène Habré, le Sénégal a violé le Droit international. La
décision a été prise à la suite d'une réunion dite secrète.Contactées, les autorités sénégalaises,
préfèrent attendre la décision de l'Union africaine avant
de se prononcer. Pour sa part l'ONG américaine Human Rights Watch, soulagée,
a déclaré par la voix de Reed Brody que " cette décision
du Comité constitue un grand mérite car elle permet désormais
de replacer dans un champs strictement juridique, une affaire qui risquait de
tomber dans un feuilleton politique" |
Dans l'histoire du Comité, beaucoup de pays ont, certes, été
condamnés pour violation de la Convention contre la Torture, cependant
la Grande partie de la jurisprudence du Comité concerne les refoulements.
C'est donc pour la première fois que le Comité statue sur la Compétence
universelle obligatoire d'un pays dans lequel se trouve un présumé
tortionnaire.
La Grande Bretagne aurait pu être condamnée s'il elle n'avait rien fait avec
le cas Pinochet, assure Reed Brody de Human Rights Watch, contacté depuis
New York. Pour ce défenseur des Droits de l'Homme, " c'est le Sénégal qui est condamné
et pas l'Union Africaine".
En réalité, affirme Reed Brody " Ce n'est pas en transférant
le dossier Habré à l'Union Africaine, que le Sénégal
pouvait se dérober des ses obligations".
Reed Brody estime que :" L'Union Africaine doit aider le Sénégal à
s'acquitter de ses responsabilités envers la Communauté Internationale".
INTERVIEW EXCLUSIVE AVEC REED BRODY HUMAN RIGHTS WATCH
" L’extradition de Habré vers la Belgique apparaît
comme l’alternative la plus accessible et la plus prometteuse en vue de
le juger"
M. Brody, depuis quand avez - vous saisi le Comité contre la torture sur le cas Habré?
" Le Comité a été saisi depuis 2001 »
La décision du Comité ne risque -t- elle pas de noyer les efforts des Africains qui voulaient créer leur propre Cour des Droits de l'Homme pour connaître des cas comme celui de Habré?
"L’institution d’un nouveau tribunal africain
s’avérerait être une solution trop lointaine, trop aléatoire,
et de surcroît coûteuse. Ni la Cour africaine des droits de l’Homme
et des peuples, ni la Cour de Justice de l’Union africaine ne sont compétentes
en matière pénale. L’extension du champ de compétence
des tribunaux africains existants en vue de leur permettre de juger M. Habré
nécessiterait donc aussi la mise en place de l’infrastructure nécessaire
au bon fonctionnement d’un tribunal pénal, avec toutes les conséquences
évoquées plus haut sur le plan financier".
On dit que REED BRODY, s'est fait un point d'honneur de faire juger Habré.
Est - ce un acharnement de votre part?
" Je travaille pour des victimes qui ont été torturées
par le régime de Hissène Habré, qui ont perdu des parents.
Tant qu’elles ne baissent pas les bras et qu'elles continuent de réclamer justice, je
resterai à leurs côtés. On veut prouver que le droit peut
s’appliquer"
Et si l'Union Africaine décidait de juger en terre africaine HABRE, quelle
serait la nouvelle posture de HRW?
" N’oubliez pas tout de même, que les victimes ont porté plainte
contre Hissène Habré au Sénégal en 2000, et c'est
seulement parce que le Sénégal a refusé de le juger, qu’elles
se sont tournées vers la Belgique. Pour nous, l’essentiel est que Hissène
Habré soit jugé, et qu’il jouisse d’un procès
équitable. Si l’Union africaine recommandait que le procès
de Habré se tienne en Afrique, elle devrait s’assurer que le Sénégal
revienne sur sa position et permette le déroulement du procès
de Habré sur son territoire".
Un dossier de EL HADJI GORGUI WADE NDOYE
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