
Vienne-Autriche (Envoyé spécial) – Le 12 avril 2025, restera une date marquée sur le marbre dans l’Histoire de la Francophonie ! « C’est un immense plaisir et un grand honneur pour le Groupe des Ambassadeurs francophones (Gaf) de Vienne de vous voir tous réunis ici pour ce grand concert, le premier organisé à Vienne par l’OIF, à l’occasion du Printemps de la Francophonie », a dévoilé l’Ambassadeur Yacouba Cissé, Représentant permanent de la Côte d’Ivoire et Président du Gaf. « La Francophonie est un humanisme », tel est l’intitulé du concert célébrant le printemps francophone en Autriche. En effet, dans ces temps tourmentés où « la grammaire du multilatéralisme semble hors de portée pour certains et où la boussole géopolitique s’affole, la Francophonie demeure un point de repère fidèle à sa vocation ». Les francophones, sur les traces de Léopold Sedar Senghor (Sénégal), Habib Bourguiba (Tunisie) et Hamani Diori (Niger), les trois chefs d’États à l’origine de la naissance de l’Oif, s’emploient à matérialiser sur le pied d’égalité, le dialogue sud nord, vis-à-vis des organisations internationales, mais aussidans la cité en promouvant la diversité des cultures et des langues de l’espace francophone.
Humanisme
Le 14 février dernier, c’est la Rwandaise Louise Mushikiwabo, Secrétaire générale de la Francophonie, qui accueillait Ismael Lô et son groupe, à Addis Abeba, en marge du Sommet des Chefs d’États de l’Union africaine pour un concert de la fraternité francophone et de l’unité africaine. « Les concerts de la Francophonie sont l’occasion de rappeler par l’exemple et dans la convivialité l’enjeu de la diversité linguistique et culturelle dans le monde que nous construisons », explique le Belge Henri Monceau, Représentant permanent de la Francophonie auprès des Nations Unies et des autres organisations internationales à Genève qui couvre également Vienne. « Cette obligation morale de plaider pour la diversité est au cœur de notre ADN. Mais l’assumer à travers le talent de l’immense Ismaël Lô est un bonheur tant les messages de paix et d’amitié entre les humains et les peuples sont à la fois sensibles et de haute facture », justifie le diplomate. Dans les organisations internationales comme l’ONU, malgré les discours sur l’inclusion et le respect du multilinguisme, la domination de la culture occidentale et de l’anglais demeure une réalité. « Face à un public de diplomates et de haut fonctionnaires internationaux qui évoluent dans un système où le monolinguisme fait la loi, il n’est pas inutile de souligner la richesse de nos expressions culturelles », déclare M. Monceau qui n’a ménagé aucun effort pour que Vienne accueille pour la première fois une grande manifestation culturelle sous la houlette de la Francophonie bâtie, certes, sur le français un « butin de guerre » selon Kateb Yacine, mais qui pour Senghor « devait servir de pont entre les expressions propres des pays nouvellement indépendants dans l’espace francophone ».
A travers ses chansons et une prestation de très haut niveau, Ismael Lô a fait voyager non seulement géographiquement mais aussi dans l’âme humaine, lui qui « trouve les mots et les accords pour aborder avec sensibilité et douceur nos joies et tourments les plus intimes mais aussi les défis de notre temps ». Le roi du folk sénégalais et ses Pros ont déroulé sous le regard admiratif d’ambassadeurs francophones, leur collègue d’Ukraine accompagné de son épouse et un public très nombreux, métissé et de divers statuts, un répertoire allant crescendo pour faire monter les âmes au firmament. De « Baykat », à « Madame », en passant par « Taar du seye », « Joola Kele », « Plus je fais ci », « Manko », les mythiques « Jammu Africa », « Femme sans haine » (en duo fabuleux improvisé avec Marema), « Tajabone » et « Dibi Dibi rek », l’alchimie a bien marché. Les représentants ont dénoué les cravates, le temps d’un concert, et en phase avec l’artiste et le public pour chanter et danser. La francophonie qui promeut la diversité culturelle et linguistique est nécessairement fraternelle et humaniste. L’Ambassadeur de la Côte d’Ivoire est revenu sur scène, ayant ému plus d’un en déclarant : « Quand j’étais étudiant au Canada, j’écoutais Ismael Lô pour me remonter le moral. La chanson « Tajaboon » berçait ma solitude ». Le maître d’œuvre de cette belle soirée en hymne à la paix, à la fraternité et à l’humanisme, Henri Monceau, se confiera au « Soleil » : « L’objectif a été pleinement rempli. Ce n’est pas seulement mon propre ressenti qui me fait dire cela mais les dizaines de messages extrêmement émouvants reçus ».
El Hadji Gorgui Wade Ndoye