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Journaliste, essayiste, cinéaste, Philippe Souaille vient de publier un livre dense Les Romands qui ont fait l’Histoire aux Editions Adavi ad Libris (645 pages). Franco-Suisse, l’ancien rédacteur en chef de Radio Lac, qui fut également journaliste à la Tribune de Genève à la Télévision suisse romande, est un homme d’une grande culture. Doté d’un carnet d’adresses impressionnant le fondateur d’Adavi productions  a produit Ashakar un long métrage et réalisé une trentaine de documentaires. Ouvert d’esprit Philippe Souaille qui s’était marié avec une Togolaise s’intéresse des questions liées au développement et des relations Nord-Sud. Défenseur de la mondialisation qu’il veut humaniste, le réalisateur de « Le Secret des Dieux », plonge dans la Gouvernance mondiale et réussit à en décrocher des acteurs incontestables  comme Juan Somavia ancien DG du Bureau international du travail (BIT), Nicolas Sarkozy, Luiz Inàcio Lula, l’ancien Secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, l’ancien DG de l’OMC, Pascal Lamy présent à l’Ambassade suisse lors du lancement de Les Romands qui ont fait l’Histoire qu’il a préfacé, etc. (Entretiens)

ContinentPremier : Qu’est ce qui fait l’originalité de Les Romands qui ont fait l’Histoire ?

Philippe Souaille : « La plupart des historiens se concentrent sur une époque, une période et un sujet. Ce qui permet d'explorer le sujet à fond, mais en l'isolant du reste, comme un insecte sous un microscope. J'ai voulu au contraire explorer les liens entre les territoires, les époques et les thèmes, pour comprendre et montrer à quel point ils s'influencent réciproquement. Le résultat, c'est une fresque un peu impressioniste, mais j'aime bien l'impressionnisme, cette manière de peindre en pointillé, qui permet de mieux comprendre l’ensemble lorsqu’on recule pour mieux voir.

En quoi votre livre peut il aider à recréer des liens entre la Suisse et la France au vu des difficultés liées à la question des frontaliers des impôts et la réticence de la suisse à entrer dans l’U.E même si elle situe au cœur de l’Europe ?

La Suisse Romande et la France voisine et plus généralement la France sont indissolublement liées par l'histoire et la géographie. C'est ce que j'ai voulu montrer. Ce n'est pas un hasard si le gros des forces du MCG est constitué de gens qui sont nés ailleurs que dans la région ou dont les parents sont nés ailleurs. Ils n'ont pas conscience de tout ce qu'il y a de commun. C'est là même chose pour l'Europe. Cela fait 2000 ans au moins qu'il existe une volonté d'Europe commune, combattue par des forces centrifuges, nationales ou régionales. La Suisse en a toujours été le coeur et souvent le moteur. Il existe depuis toujours deux manières différentes de la concevoir cette Europe: soit centralisée et jacobine, à la française, soit décentralisée, fédérale, démocratique et régionale, dans la tradition du Saint-Empire Romain Germanique. Ce que l'on comprend mieux à travers l'Histoire. La solution réside forcément dans un mariage des deux conceptions, mais on n'a pas encore trouvé les bons dosages. Ce sera d'ailleurs évidemment les mêmes problématiques pour le panafricanisme.

Vous parlez de Mauricius le Noir, les Africains peuvent-ils le revendiquer aujourd’hui?

 

Saint-Maurice, dont l'existence même n'est pas réellement prouvée, est généralement représenté comme un soldat noir, ce qui n'a rien d'étonnant puisqu'il était censé venir de Thèbes, au sud de l'Egypte. Dans chacun des 25 chapitres de mon livre, j'ai raconté sur le mode de la fiction, un épisode qui a marqué l'époque, mais en y mettant mon grain de sel. Là, j'en fais une sorte de falasha, avec en plus un clin d'oeil - si l'on peut dire - à Samy Davis Jr... Mais le fait est qu'il réunissait probablement en lui toutes ces caractéristiques: noir, juif et déplacé dans une contrée froide et lointaine. Ce qui ne l'a pas empêché de devenir un saint. Là, c'est clair qu'il est exemplaire...

Quand vous jetez un regard sur le présent concernant le terrorisme les guerres de religions en RCA, au Nigeria ou ailleurs vous vous dites l’histoire se répète ils se tapent dessus par ignorance des liens qu’ils ont en Commun ?

Au Nigeria et ailleurs... Du Sénégal au Kenya, il y a des conflits interreligieux au sud du Sahara. Moins au Sénégal, heureusement. C'est entre musulmans et chrétiens ou animistes, entre berbères ou arabisants et noirs, entre nomades et sédentaires... La plupart du temps, ces conflits se surajoutent et oui il y a des différences, mais aussi énormément de points communs. L'homme adore se regrouper en clubs, en clans, en gangs et depuis toujours, partout, les membres d'un clan s'en sont pris aux membres du clan d'à côté. Cela ne date en tout cas pas de la colonisation et les méchants intérêts internationaux ne font qu'exploiter les conflits latents. Comment apprendre à vivre en bonne intelligence en dépit de nos différences, c'est le sens de l'Histoire et c'est l'un des plus grands challenges de l'humanité. D'autant que la puissance des armes a pas mal augmenté depuis quelques décennies. En même temps, l'Islam progresse en direction du sud, et le fait de manière très visible en érigeant des mosquées, en voilant les femmes et les petites filles dans des pays où elles ne l'ont jamais été, comme le Togo, que je connais bien puisque la moitié des ancêtres de mon fils y reposent. Alors forcément, cela déclenche des réactions de gens qui n'ont aucune envie d'avoir à changer de coutume. D'autant que parmi ces musulmans, il y a nombre d'adeptes de la charia. Même dans des pays laïcs depuis plus d'un siècle comme la France et la Suisse, cela crée des tensions, alors en Afrique, où la religion reste très profondément enracinée dans le coeur des gens, c'est leur être profond qui est remis en cause. Sans parler des coutumes tribales, intimement liées à la religion, qui sont un lien social fondamental. Personnellement, je ne crois pas aux miracles. Mais je dirais que plus la croyance de chacun saura se montrer discrète, personnelle et non invasive dans les croyances d'autrui et mieux la société se portera.

Propos recueillis par El hadji Gorgui Wade Ndoye