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Les échanges entre l'Inde et l'Afrique vont atteindre 90 milliards de dollars vers 2015. Diplômé en Langues Etrangères Appliquées (L.E.A) de l’Université Gaston Berger de St Louis, et en Relations Internationales de l’Institut des hautes études universitaires de Genève, notre compatriote basé au Canada a produit un ouvrage original, bien documenté et qui a l'ambition en déplaçant le curseur de la Chine vers l'Inde de démontrer que les pays africains ont les atouts de traiter d'égale à égale avec le reste du monde pour tirer le maximum de profits de la mondialisation au lieu d'en être uniquement un objet d'enjeux. Dans son livre «L'Afrique dans la politique étrangère indienne: les nouvelles ambitions africaines de New Delhi» publié aux Editions Dictus publishing, Alioune Ndiaye, chercheur associé au Centre d’études et de recherche sur l’Inde, l’Asie du Sud et sa diaspora (CERIAS) de l’Université du Québec à Montréal propose des pistes de réflexions aux Africains pour que le Continent puisse largement bénéficier de ses échanges avec le pays de Gandhi.(Entretiens)

Pourquoi «L'Afrique dans la politique étrangère indienne: les nouvelles ambitions africaines de New Delhi» ?

J’ai constaté que l’attention de nos chercheurs était presqu’exclusivement tournée vers la Chine dans l’étude des rapports entre l’Afrique et les partenaires émergents. Dès lors, il fallait combler ce gap et étudier la relation indo-africaine qui prend de plus en plus de l’importance, et dont la meilleure illustration réside dans le fait que les échanges commerciaux entre les deux entités qui étaient autour de 3 milliards de dollars vers les années 2000, sont arrivés aujourd’hui à un volume de 60 milliards, avec une projection qu’ils atteignent 90 milliards vers 2015. D’autre part cet ouvrage s’inscrit dans une idée plus globale, qu’on pourrait appeler la « Look East policy » pour reprendre une formule connue en Inde. Il s’agit pour l’Afrique de tourner son regard vers l’Est, vers les nouveaux partenaires émergents, pour tirer partie du nouveau rapport de forces qui est entrain de se dessiner sur la scène internationale, et pour sortir du modèle d’exploitation et de domination dans lequel s’insèrent ses relations avec l’Ouest, notamment les anciennes puissances coloniales. Enfin l’autre objectif est de promouvoir une culture de la réflexion et de la production sur la politique étrangère qui est encore peu présente au Sénégal et en Afrique francophone.

 

 Justement on a beaucoup parlé de la Chine Afrique après le long compagnonnage avec l'Occident, quelle analyse faites vous de cette relation, en quoi L'Inde-Afrique pourrait elle apporter une valeur ajoutée au Continent ?

 

La principale identité de la politique indienne c’est qu’elle met beaucoup l’accent sur la coopération technique, le renforcement de capacités et le transfert de technologies. Je pense qu’il y a trois raisons derrière cela. D’abord, il y a une dépendance du passé, en ce sens que l’héritage de Gandhi et de Nehru consistait à construire des relations basées sur des échanges d’idées et de valeur (soft power) au lieu de les circonscrire dans le seul cadre d’échanges de matières premières contre des produits manufacturés. Ensuite, il y a une raison beaucoup plus objective, qui est que l’Inde n’a pas les moyens financiers de la Chine, et que par un phénomène de compensation, elle met en avant ces transferts de technologie qui ont permis par exemple au Sénégal l’ouverture d’une usine d’assemblage de bus TATA. La troisième raison est liée même à la conception que l’Inde a de sa relation avec l’Afrique qu’elle définit comme un partage d’expériences. L’émergence de l’Inde se résume en une aventure scientifique et technologique qui consiste à mettre le savoir et la science au service du développement, grâce notamment au concept de Nehru de « scientific temper », sur lequel il a fondé l’Inde indépendante. New Delhi veut, ainsi, partager cette expérience avec les Etats africains, pas juste avec eux d’ailleurs! Il ne faut pas, cependant, se le cacher, l’Inde aspire aujourd’hui dans le contexte de multipolarité qui se dessine à faire de l’Afrique une des scènes où sa puissance pourra aussi bien se développer que s’exprimer. Ainsi à travers sa diplomatie de l’énergie, l’Inde met à contribution les ressources africaines pour atteindre la sécurité énergétique, de même que sur le plan économique, elle veut profiter des débouchés qu’offre le marché africain. Enfin, sur le plan géostratégique, l’Inde veut intégrer les côtes orientales de l’Afrique dans une stratégie globale que j’appelle le « Triangle de Varuna *» (Ndlr Varuna est la déesse hindoue de l’Océan) pour assurer un contrôle de l’Océan indien dans le but de sécuriser son commerce extérieur et de contrer sa rivale chinoise.

 

 Envisagez-vous d'écrire un autre livre ?

 

Le livre a été très bien accueilli, notamment dans le milieu universitaire, parce qu’il est l’une des rares publications en français, traitant de la politique africaine de l’Inde. Le prochain livre devrait être une continuation du premier et il s’agira, certainement dans le cadre d’un ouvrage collectif, de définir une stratégie africaine par rapport à l’Inde.

 Propos recueillis par El Hadji Gorgui Wade Ndoye