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Dialogue politique sur la Sécurité humaine au Mali et dans le Sahel.

Publié le, 12 octobre 2012 par Dr Ibrahima Guissé

 Cette communication restitue quelques grandes lignes d’une Mission effectuée avec la Rencontre Africaine pour la Défense des Droits de l’Homme (RADDHO) au Mali du 4 au 10 avril 2012.

Cette mission d’investigation, a permis divers contacts et échanges avec tous les acteurs concernés par la cirse, notamment les pouvoirs publics, les acteurs politiques, les organisations de la société civile, les organisations religieuses, les mouvements de femmes et de jeunes, les médiateurs de la CEDEAO et les institutions nationales de droits de l’homme. Le Mali n’est pas un cas isolé dans la sous région même s’il se distingue par ses spécificités géostratégiques et sa position entre l’Afrique du Nord et l’Afrique sub-saharienne. Toute chose qui complexifie du reste la sécurité humaine dans cette région.

En guise de dialogue et de discussions, je vous propose quelques éléments de compréhension de la crise actuelle. A partir donc d’un bref état des lieux des causes de cette crise, nous pourrons voir ensemble comment envisager des perspectives de paix, qui doivent nécessairement passer selon nous, par le rétablissement de l’intégrité territoriale et l’unité nationale du Mali. 

 LE MALI « UTILE » ET LE MALI « INUTILE », LA POLARISATION NORD-SUD ET LES MENACES D’INSTABILITE DANS LA SOUS-REGION

Un bref regard historique permet de rappeler que la crise actuelle maliennne à des origines lointaines. Elle a éclaté en 1963, 1990, 2006 et 2012 avec la naissance du Mouvement National de Libération de l’Azawad en 2011.

 

Comment a-t-on alors pu laisser pendant plus de 10 ans des groupes islamistes du GIA (Groupe islamique armé), du GSPC (Groupe salafiste pour la prédication et le combat), de l’AQMI, ( Al Qaeda au Maghreb islamique) des bandes armées, des rebelles s’approprier un territoire grand comme l’Europe, transformer en zone de non droit pour y développer de façon délibérée et en toute impunité une économie criminelle. Zone où tout circule, tout se vend, la cocaïne, les armes, les cigarettes. Zone où l’on vole tout, zone où on pratique le kidnapping des touristes, zone de repli et sanctuaire des islamistes en déshérence. Une véritable bombe à retardement qui menace la sécurité de toute la sous-région.

 

Considéré comme le Mali inutile, rien ne peut retenir quelqu’un dans le nord considéré comme l’enfer par les fonctionnaires ou militaires maliens qui y sont affectés. Le nord est hors de l’Etat, il n’y’a ni école, ni centres de santé, aucune infrastructures de base. En réalité, on a préféré l’abstraire, la considérer comme une fiction jusqu’à ce qu’il se révèle comme la plus grave menace pour l’existence de l’Etat, de l’unité nationale et l’intégrité territoriale.

Aujourd’hui les 2/3 du territoire sont occupés par les rebelles qui sont divisés par les islamistes, eux-mêmes encore sont divisés et n’ont pas le même agenda. Les uns veulent l’indépendance, les autres l’application de la charia sur tout le Mali.

 

Les risques de la somalisation et la création de l’Afghanistan d’Afrique dans cette partie du Mali aussi grand que l’Europe restent réels. Nous constatons en effet que toute l’internationale islamiste s’est donnée rendez-vous au Mali notamment à Gao et Tombouctou où nous avons Aqmi, Ansar dine, Boko haram et peut être demain les shebab.

CRISE DE LA DEMOCRATIE CRISE DE LA SUCCESSION A LA TETE DES ETATS, HYPERPRESIDENTIALISME ET ABSENCE TOTALE DE POLITIQUE DE DECENTRALISATION ET D’AMENEGEMENT DU TERRITOIRE

Le cas du Mali est loin d’être isolé car toute la sous-région a été secouée à des degrés différents par les crises que nous venons de citer, notamment la crise de l’alternance, de la bonne gouvernance avec l’existence d’une corruption endémique, de la patrimonialisation de l’Etat mais aussi l’affaiblissement continue des institutions démocratiques avec des Parlements fonctionnant comme des chambres d’enregistrement, des juges aux ordres et l’existence de l’impunité, l’affaissement des sociétés civiles qui deviennent de plus en plus des appendices des pouvoirs en place ou des partis politiques.

Ces crises multiformes expliquent l’éclatement des révolutions arabes, les coups d’Etats militaires qui reviennent, le conflit ivoirien, le coup d’Etat au Niger et au Mali, la crise politique qui a secouée pendant sept mois le Sénégal dans la période préélectorale. Nous avons également en partie la cause de la débarque rapide d’une institution et de la chute brutale d’une remontée démocratique que connaît le Mali depuis le 26 Mars 1991.

A cela il faut ajouter la misère humaine qui frappe l’écrasante majorité des jeunes pratiquement condamnés au chômage à vie du fait de l’existence d’un système qui admet comme normal des poubelles sociales.

Ainsi en dehors des gouvernements de partage de gâteau, point de salut, pas d’alternance pour une démocratie sociale où l’on reconnaît les droits économiques, sociaux et culturels qui sont alloués en permanence pour des millions d’individus.

Faut-il s’étonner de les retrouver de plus en plus dans les nébuleuses islamistes comme Boko haram qui a fleuri dans les zones du Nigéria où règnent la misère et l’ignorance ou dans Al-Qaïda pour le Maghreb arabe (Aqmi) qui rassemble aujourd’hui les salafistes algériens mais beaucoup de jeunes paumés de l’Afrique de l’ouest dont la Mauritanie, le Niger, le Bénin, le Burkina, le Mali etc. Faut-il s’étonner qu’ailleurs fleurissent également des chapelles ou des groupes d’illuminés de religions nouvelles.

Le coup d’Etat du 21 Mars commis par Amadou Haya SANOGO et le Comité National pour le Redressement de la Démocratie et la Restauration de l’Etat, est à la fois le révélateur et le facteur aggravant de la crise, révélateur aussi du choc profond ressenti par l’armée après le massacre d’Aguelhok, en fin janvier qui a montré la barbarie avec laquelle 70 soldats maliens ont été tués par les rebelles après la commission d’innommables atrocités. Un vrai crime de guerre qui doit faire l’objet d’une investigation de la Cour Pénale Internationale.

Le coup d’État a révélé que l’institution militaire est une fiction au Mali. Situation paradoxale quand on sait que le Mali dispose de deux institutions de formation des militaires à Koulikoro et à Bamako avec le centre Alioune Blondin Beye.

Le coup d’État a révélé la fragilité de l’État et des institutions démocratiques qui se sont écroulés comme des châteaux de cartes mettant à la fois un terme à une expérience démocratique cinq semaines seulement avant l’élection d’un nouveau Président de la République au Mali.

La bataille politique pour la succession à la tête de l’État qui a été engagée dans des conditions confuses constitue un des éléments à ne pas négliger dans ce qui est arrivé au Mali, et qui a fait que beaucoup de maliens ont « accepté » le coup d’État. Cependant les admirateurs, nombreux dans le monde de Amadou Toumani TOURE, ont été surpris par le cauchemar qui est tombé sur le Mali d’une manière aussi soudaine et permettant aux rebelles d’occuper les 2/3 du pays et 65% de la superficie du Mali. C’est dire qu’on n’a pris à sa juste valeur certains aspects de la « démocratie consensuelle », notamment les aspects les plus pervers consistant à bannir toute contradiction, toute démarche critique, toute opposition, et qui a fini par être la forme la plus pernicieuse de la censure et de l’anesthésie sociale, un peuple fier de son Histoire et de sa Culture séculaire.

EN LYBIE

Si la conjoncture difficile politique du Mali, notamment le malheureux coup d’Etat a incontestablement été le facteur déclencheur de la situation que connaît actuellement le Mali, la guerre en Lybie a été un contexte particulièrement favorable à la mise en action de l’agenda des groupes islamistes pour mettre sous coupe tout le nord du Mali. De ce point de vue, la crise actuelle du Mali peut-être lue comme une des conséquences directe des dégâts collatéraux de la guerre en Lybie.

Sinon, comment comprendre que des milliers de rebelles aient pu quitter la Lybie avec 35 000 tonnes d’armements, traverser le Niger, longer toute la frontière de l’Algérie jusqu’à Kidal sans attirer l’attention des services algériens, américains et français ? Comment les observateurs de la CEDEAO, dont certains sont basés à Ouagadougou, n’ont pas pu prévenir cette menace ? Pire, comment les services maliens ont pu être aveuglés par une menace aussi grosse ?

Il apparaît ainsi que les pays de l’OTAN qui étaient impliqués dans le conflit Lybien ont une responsabilité même indirecte par rapport à la situation actuelle du Mali et doivent en conséquence mobiliser toutes les ressources et les moyens logistiques pour mettre un terme d’urgence à la situation au nord du Mali et qui constitue également une menace à la sécurité humaine non pas seulement pour le Sahel mais aussi pour le monde occidental.

 

La situation actuelle au Mali est porteuse de la plus grande catastrophe humanitaire jamais connue dans la sous-région.

Dans les villes occupées par les islamistes, tout a été pillé, les boutiques, pharmacies, la nourriture, les voitures 4x4, les camions, les hôpitaux et centres de santé. La bande du sahel sous la menace de la famine rend cette situation encore plus grave, aujourd’hui les populations n’ont ni nourriture, ni eau, ni électricité. Des cas de viols et d’exécution judiciaire on été relevés à Gao et à Tombouctou où règne la terreur avec l’imposition du voile islamique aux femmes. S’ajoutent à cela des destructions d’un des plus grands patrimoines culturel de l’Humanité.

Aujourd’hui on compte des milliers de refugiés dans les pays limitrophes comme le Burkina Faso, la Mauritanie, le Niger. Beaucoup de personnes déplacées également du côté de Bamako et des villes du sud.

Perspectives de dialogue

L’en jeu fondamental reste donc comment garantir l’intégrité territoriale et l’unité nationale du Mali ?

 

La communauté internationale, le conseil de sécurité des nations unies, la CEDEAO doivent impérativement apporter le soutien logistique et humain pour débarrasser le Mali des groupes terroristes installés au Nord.

Un dialogue inter-malien inclusif y compris avec les groupes indépendantistes Touaregs nous semble également un des éléments de sortie de crise. Car il s’agit d’éviter que ces mouvements indépendantistes, constitués par des Touaregs, qui du reste faut-il le rappeler demeurent des citoyens maliens de plein droit, ne s’allient aux groupes islamistes terroristes venus d’ailleurs.

Enfin, on peut espérer que l’Assemblée générale des Nations Unies qui se tient aujourd’hui même à New-York, saura prendre la gravité de la situation au nord du Mali et dans la sous-région, et pourra amener le Conseil de sécurité à prendre des mesures appropriées, fussent-elles dans le cadre du chapitre VII de la charte des Nations-Unies pour libérer le Mali des forces islamistes terroristes et lui permettre de recouvrer son intégrité territoriale.

Dr Ibrahima GUISSE, Représentant permanent de la RADDHO ( Discours présenté au Palais des Nations, Genève 25 Septembre 2012. Autres intervenants: S.E.M Sidiki Lamine Sow, Ambassadeur, Représentant Permanent de la République du Mali auprès des Nations Unies à Genève. S.E.M. Malloun Bamanga Abbas, Ambassadeur, Représentant Permanent de la République du Tchad auprès des Nations Unies à Genève. S.E.M. Adani Illo, Ambassadeur, Représentant Permanent de la République du Niger auprès des Nations Unies à Genève . Mme Mama Koité Doumbia, Vice-Présidente de l’Association Internationale Genre en Action, Bamako (Mali). M. Oumar Baldet, Consultant international, BIPS Peacebuilding services, Genève. Modérateur: M. Biro Diawara, Chargé de Programmes de la RADDHO, Genève .)

Contact : Ibrahima.guisse@gmail.com ; Ibrahima.guisse@hesge.ch