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Allocution

du Professeur Iba Der THIAM,

 Agrégé d’histoire et Docteur d’Etat

 Vice-président de l’Assemblée Nationale du Sénégal,

Président du Comité Scientifique

 du 3ème Festival Mondial des Arts Nègres

L’Afrique dans la nouvelle géopolitique internationale : Souveraineté et Démocratie

L’événement, qui nous réunit, m’offre l’agréable devoir de rendre hommage à un journaliste africain, modèle, qui force l’admiration de ses confrères et de son lectorat, par son professionnalisme, son sens élevé de l’éthique et de la déontologie et son esprit de rigueur et de responsabilité.

Ce sont toutes ces qualités qui lui valent les distinctions prestigieuses qu’il vient d’étrenner.

Cette cérémonie, sous ce rapport, consacre les efforts fournis, les résultats obtenus et annonce des succès futurs pour «ContinentPremier» et pour El Hadji Gorgui Wade NDOYE. Parti de rien, il y a 7 ans, il s’est imposé comme une référence incontournable par ses exceptionnelles qualités et son talent connu et reconnu.

Ce témoignage présenté, je voudrais, en commençant, faire observer que notre monde bouge à une vitesse jamais égalée.

La géopolitique planétaire subit des mutations, qui, loin de se consolider, donnent naissance à l’apparition de nouvelles dynamiques à la faveur desquelles, l’ordre mondial, instauré par l’Europe, au lendemain des grandes découvertes, amplifié par la traite négrière, la révolution industrielle, l’avènement du capitalisme et des rivalités impérialistes, dont l’expression la plus achevée a été la colonisation, avec son cortège de mépris, d’exploitation, de théorisation du racisme, de la supériorité de l’homme blanc et de falsification de l’histoire et de la culture des peuples opprimés, a connu des changements vigoureux après les deux premières guerres mondiales et les accords de Yalta, la Conférence de Bandoeng, la décolonisation, l’avènement de Deng XIA0PING, en Chine, l’arrivée au pouvoir, de l’Imam KHOMEINY, en Iran, la chute du Mur de Berlin, la dislocation de l’URSS, la montée en puissance des BRICS, les évènements du 11 Septembre 2001 et le triomphe de la mondialisation néolibérale.

Tout au long de ce processus multiséculaire, la place du continent africain dans la géopolitique mondiale a été falsifiée, maltraitée, pour justifier son oppression et maintenir ses populations dans un sentiment de complexe d’infériorité, d’impuissance, de faiblesse perpétuelle et d’arriération systématique.

On a, ce faisant, ignoré, délibérément, qu’il est, pourtant, le berceau de l’humanité et que c’est sur son sol, que se sont constituées les premières communautés et que  se sont exprimées les premières manifestations du génie humain; c’est, en effet, du sol africain, que l’homme est parti, pour civiliser le reste de la planète, comme en portent témoignage, les vestiges archéologiques visibles à travers le travail de la pierre (basalte, silex, quartz), attesté, il y a 2,7 millions d’années dans des pays, tels que l’Ethiopie, le Kenya, le Tchad, ainsi que les témoignages légués à l’histoire par la métallurgie.

De nos jours, aucun scientifique sérieux ne met en doute le rôle pionnier, que l’Afrique a joué dans des domaines comme l’exploration, la navigation, l’invention de la voile, la fabrication des bateaux, ou celle des instruments aratoires.

Le 3ème Festival Mondial des Arts Nègres (FESMAN), qui s’est déroulé, à Dakar, du 10 au 31 Décembre 2010, à l’initiative du Président WADE, a été l’occasion pour les Savants de la Diaspora et du monde entier, de démontrer que la culture du blé, de l’orge, des lentilles, des pois chiches, des câpres et des dattes est attestée dans la vallée du Nil, depuis 17 000 ans, que la métallurgie du fer a 8 000 ans d’existence (Nok, Ubo, Ukwu, IFE, Oko Bénin), que la céramique ancienne est attestée à Onjugu, au Mali, il y a plus de 11 500 ans.

C’est en Afrique que la pensée symbolique a fait son apparition avec l’Homo Sapiens, qui crée l’art, il y a 75 000 ans.

Les africains comptent parmi ceux qui ont inventé l’Astronomie, il y a 37 000 ans.

La pharmacopée africaine a, au moins, 2000 ans d’existence.

La contribution des africains dans l’invention de l’écriture, dans le développement scientifique, les sciences exactes, l’arithmétique, la géométrie, la mécanique, l’architecture, la biologie, la chimie, l’électricité, a été irremplaçable.

Le plus ancien traité du cœur a été trouvé sur un papyrus, qui date d’Amènehote 1èr, vers 1555-1530, avant notre ère.

L’os d’Ishango, première expression de la numérisation du comptage, découvert en Afrique, date de 25 000 ans.

C’est en Afrique, que les pyramides ont été édifiées. Ce fut, dans cet univers symbolique, que des savants comme Solon, Thalès, Platon, Pythagore, Eudoxe, Archimède, Ératosthène ont été accueillis et formés.

Malgré tout cela, certains continuent de dire et d’enseigner, que l’Afrique a ignoré l’écriture, qu’elle n’a eu, ni culture matérielle, ni civilisation scientifique et technique, ni histoire écrite, qu’elle n’a, en somme, contribué, en rien, au patrimoine de l’Universel, ou de prétendre que le continent africain n’était pas encore entré dans l’histoire.

Conséquences ? On a gommé, sciemment, par exemple, le rôle majeur que les Africains ont joué dans un événement aussi capital pour l’histoire universelle, que l’avènement du Monde Libre, pour lequel, ils ont payé un très lourd tribut  à la lutte contre le militarisme, contre le fascisme et contre le nazisme.

Relégués à la périphérie de l’histoire, on leur a dénié tous les droits : le droit d’être un homme respecté, le droit à la liberté, le droit à la justice, le droit à l’égalité, le droit à la dignité, le droit à une indépendance complète, le droit de participer, à part entière, à la marche du monde, le droit d’exercer la pleine souveraineté de leur continent sur son sol et sur ses richesses, le droit d’édifier des démocraties adaptées à leurs réalités, au sens où l’entendait MONTESQUIEU, dans « L’esprit des lois », où il proclame, que chaque civilisation a sa spécificité, déterminée par sa géographie, sa culture, sa trajectoire historique et ses particularités économiques.

On les a exclus du concert des nations. L’Afrique a été découpée en morceaux, à Berlin, en 1885. On l’a colonisée. On lui a imposé le travail forcé, les réquisitions et les corvées, les brimades et les humiliations, l’Apartheid, le néocolonialisme, des accords de partenariat économique injustes, fondés sur l’échange inégal, des élites dirigeantes beaucoup plus soumises aux maîtres occidentaux, qui les ont choisis, qu’aux Etats, dont ils sont originaires.

Une fois installés, ils se sont mis, évidemment, à servir les intérêts de leurs maîtres, plutôt que ceux de leurs peuples.

Certaines puissances, alliées aux pays colonisateurs, en ont profité pour continuer de considérer que les 54 Etats Africains ne méritent pas de jouer un rôle significatif dans la gouvernance mondiale, si bien que l’Afrique est absente du Conseil de Sécurité des Nations-Unies. Elle est mal représentée au sein du FMI et de la Banque Mondiale, ainsi que du G8 et du G20, où elle n’occupe qu’un rôle de figurant.

Les règles de l’OMC foulent au pied ses intérêts et privilégient ceux des pays riches.

La Cour Pénale Internationale semble n’avoir été créée, que pour les seuls africains, alors que les tenants de l’Apartheid  vivent, voyagent et dorment en paix, comme bien d’autres, dans le reste du monde.  

Avec un attrait de presse, on a fait de l’Afrique, le continent de la corruption, des élections frauduleuses, de l’incompétence des élites, la patrie du tribalisme, de la dictature, incapable de prendre, seule, en main, son destin, sans une tutelle étrangère.

A la première crise, on fait appel à l’étranger, au nom d’un droit d’ingérence à géométrie variable.

On spécule sur sa pauvreté,  alors qu’elle n’a, jamais, été pauvre, mais appauvrie, par des siècles d’exploitation et de domination et dispose, encore, de ressources en pétrole, en or, diamant, platine, nickel, colton, lithium, cobalt, phosphate, bauxite, plomb, étain, cuivre, chrome, manganèse, fer, sans parler des cultures d’exportation et de plantation, qui ont nom, arachide, cacao, café, banane, bois, hévéa, palmiste, sisal, coton, etc. et des ressource forestières et halieutiques considérables.

Si vous exprimez les avis ci-dessus énumérés, on vous accuse, avec mépris, de vous livrer à des lamentations ringardes. Ce terrorisme intellectuel a fini par imposer une culture de la résignation et de l’omerta.

On disserte, à tout propos, sur le retard et l’arriération de notre continent, par comparaison avec d’autres, alors que son histoire n’est, en rien, comparable, ni à celle de la Corée du Sud, ni à celle de Singapour, ou de la Thaïlande, ni à celle de tel ou tel Etat d’Amérique Latine, des pays arabes ou d’Europe.

Ce lynchage médiatique a donné naissance à l’afro-pessimisme, si bien qu’on en arrive à gommer, totalement, un fait d’une importance capitale, à savoir que, ce qu’on appelle « Les Lumières, dont le rôle dans les démocraties modernes, est si fondamental, sont apparues en Afrique bien avant l’arrivée de l’Europe. C’est, en effet, dans ce continent, qu’on a trouvé sur un sarcophage royal, cette  inscription si pleine d’humanisme : « Je n’ai pas fait pas pleurer. Je n’ai fait de souffrance à personne».

Dans le Livre des Morts, on a osé déclarer, au sujet d’un Pharaon ayant vécu 1500 ans, avant Jésus-Christ: «Il a donné du pain à ceux qui avaient faim et de l’eau à ceux, qui avaient soif. Il a vêtu celui qui était nu».

Dans la Loi de Maât, citée par Lilian Thuram, « le Pharaon a le devoir de pratiquer la justice, d’apaiser celui qui pleure, de ne pas opprimer la veuve, de ne point chasser une personne de la propriété de son père… Il ne doit point punir injustement ».

En 617, le Prophète de l’Islam (PSL) dit du Négus Nadjachi « qu’il est un Roi juste, qui ne fait de mal à personne ».

En 1236, la Charte du Kurukan Fuga développe un humanisme politique, social et économique et une philosophie du «vivre-ensemble»,  qui ferait pâlir d’envie, la démocratie post-Athénienne.

Dans le Fouta sénégalais, en 1776, la Révolution Torodo instaure la limitation des mandats, à l’initiative de l’Imam Thierno Souleymane BAAL.

Dans le royaume du Walo, le vote était la norme. Une assemblée, dénommée Sébak Bawor, existait et fonctionnait parfaitement. Une Charte des Droits Humains et un Code de l’Etranger peuvent, même, être attestés dans presque toute la Sénégambie et, au-delà, dans tout le Soudan nigérien.

En pays mankagne, l’égalité homme-femme est la règle dans la communauté, jadis, comme aujourd’hui.

On ne dit pas, suffisamment,  qu’au 17ème siècle, ce sont les esclaves noirs d’Haïti, qui ont juré, en chœur : « La liberté ou la mort », tandis que le Guadeloupéen Louis Delgrès proclamait, que « la résistance contre l’oppression est un droit naturel pour tout homme ».

La démocratie n’est, donc, pas étrangère à l’Afrique. On peut, même, dire, qu’elle est inscrite dans le code génétique africain, dont toute l’histoire a été une saga, jamais démentie, de résistances acharnées d’un peuple, toujours, debout, qui n’a, jamais, accepté de se soumette, docilement, à la domination étrangère, encore moins, à l’oppression persistante et à l’arbitraire, de l’aube des temps, à nos jours.

Un monde, qui ignore tout cela, est un monde injuste, un monde de préjugés tenaces, un monde d’exclusion, qui se complait dans la falsification des faits. C’est ce même monde, qui pratique, injustement, une politique des 2 poids et 2 mesures, en instrumentalisant ce qu’elle appelle, la légalité internationale. Notre continent peine, encore, à peser, véritablement, sur le cours des évènements mondiaux.

De 1960 à nos jours, on lui a, toujours, fabriqué un destin imposé, dans lequel, ses populations ont, rarement, joué le premier rôle. Pour cacher cette conjuration inqualifiable, on essaie de faire croire, que la colonisation est dépassée et que les élites africaines sont seules responsables des contreperformances de leur continent.

Certes, les élites ont commis beaucoup de fautes, beaucoup  d’erreurs et, même, des crimes que personne n’oserait justifier, mais, leur comportement a, bien souvent, été la conséquence de la servitude intellectuelle et politique et des traumatismes socioculturels dans lesquels, on les a enfermées depuis des siècles.

Au lendemain des indépendances, à  l’Afrique des « pontins », a succédé, dans l’aire francophone, sur la base d’une planification minutieuse, celle des militaires, puis celle des sociétés civiles « sponsorisées » ou des politiciens dociles ou apprivoisés.

Le néo-colonialisme, l’ajustement structurel, le consensus de Washington, ont pérennisé et, même, accentué la dépendance.

Sous ce rapport, à qui fera t-on croire, que les idéologies sont bien mortes ?

Non, les idéologies ne sont pas mortes. Nous vivons, au contraire, en plein triomphe de l’idéologie néolibérale et ultraconservatrice, qu’il faut, soigneusement, distinguer du libéralisme démocratique et social.

Certes, il n’existe pas de souveraineté absolue, pas plus qu’il n’existe de démocratie absolue, même si cette dernière reste le meilleur régime politique, que l’homme ait inventé.

La liberté, l’égalité, la justice, la responsabilité, bien que devant être les mêmes pour tous, continuent, hélas, en plein 21ème siècle, d’être l’apanage d’une minorité. Il en va de même du droit au bien-être et au progrès.  

Si la mondialisation élimine les frontières et  impose la libre circulation des capitaux, des biens et services, il n’en va pas de même, de celle des personnes. Les portes de l’immigration se ferment peu à peu et le racisme anti-noir fleurit de plus belle, comme en attestent les récentes violences contre des sénégalais en Italie et en Espagne, qui ne sont qu’un exemple parmi d’autres et les agressions contre d’autres religions et leurs symboles partout dans le monde.

Le continent africain doit d’autant plus dénoncer tous les terrorismes, que vous savez, tous, que c’est la Révolution haïtienne, qui a terrassé, le premier, le colonialisme moderne, supprimé l’esclavage, encouragé et soutenu Simon Bolivar, pour libérer l’Amérique Latine de la domination coloniale espagnole et que, selon  le témoignage du Lieutenant-colonel MAITLAND, ce sont 800 haïtiens, dirigés par le lieutenant-Colonel D’estaing, qui ont empêché que les troupes de Washington soient écrasées à la célèbre bataille de Savannah, ce qui aurait, fondamentalement, changé le cours de l’histoire américaine.

Vous savez, également, que c’est en Afrique, qu’ont été inventés la notion d’Etat Arc-en-ciel, ainsi qu’un mécanisme de revue par les pairs.

C’est, toujours, en Afrique, qu’on a enregistré les performances réalisées par le Rwanda, en matière de genre et la parité totale et intégrale, dans toutes les fonctions électives et semi-électives, décidée par le Président Maître Abdoulaye WADE.

C’est en Afrique, enfin, que le printemps arabe a pris naissance et c’est là, qu’il s’est exprimé avec le plus de force et a provoqué des bouleversements d’une ampleur inégalée.

L’Afrique n’’en continue pas moins de recevoir des leçons, en matière de démocratie. Il est temps que les choses changent.

Tour se passe, comme si on avait oublié, que,  née avec Périclès, la démocratie grecque a été, dès l’origine, une démocratie esclavagiste, puisqu’elle acceptait l’esclavage ; une démocratie sexiste, puisque les femmes en était exclues et une démocratie xénophobe, puisque les étrangers en étaient,  eux-aussi, exclus.

Elle était, donc, une démocratie fondamentalement inégalitaire, discriminatoire et incomplète.

Ces tares, s’en est-elle, vraiment, définitivement, libérée, tout un long de son itinéraire historique, du 5ème siècle avant Jésus Christ à nos jours ?

On peut en douter, quand on sait que, si la Révolution Française proclame, par exemple, la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, elle n’en a pas moins rétabli l’esclavage en Haïti. Elle n’en a pas moins instauré le colonialisme et le Code de l’Indigénat en Afrique, en 1887, sans parler du régime de Vichy.

La Grande-Bretagne, mère, dit-on, du Parlementarisme, a été, pendant tout le 18ème siècle, le 19ème et une partie du 20ème, un empire colonial, expression par excellence, de la domination, de l’oppression, de l’exploitation et de l’inégalité.

Si la Révolution américaine marque, incontestablement, un progrès considérable, la situation des noirs a donné naissance à une guerre effroyable et à des combats homériques, bien après 1865. Ce fut au nom du droit à l’égalité, que Marcus GARVEY, DUBOIS, Martin Luther KING, Malcom X et bien d’autres ont sacrifié leurs vies.

C’est pour tout cela, que l’Afrique doit changer la géopolitique mondiale. Elle le peut, si elle développe ses relations avec sa Diaspora et si elle tisse, avec l’Amérique Latine, le monde arabo-islamique, les tigres asiatiques, l’Inde, la Chine et le Japon, mais aussi, l’Europe et l’Amérique du Nord, des partenariats « gagnant-gagnant» nouveaux, des solidarités nouvelles, fondés sur l’égale dignité des cultures, le respect mutuel, le droit au progrès économique et social pour tous, dans le respect des identités de chacun, la justice pour tous.                

Ce statut, expression d’une souveraineté authentique, ne lui sera, jamais, donné, pour paraphraser Frantz Fanon.

Je le répète, à dessein, il n’existera, jamais, de souveraineté totale dans un monde interdépendant et, désormais, mondialisé.

Il n’existe pas, encore, de démocratie modèle, encore moins, une démocratie, mais bien des démocraties, quelle qu’en soit la forme, quelle que soit la citoyenneté qu’elles développent.

Au demeurant la démocratie dans les relations internationales n’existe pas encore. Cela veut dire que nous avons dans la première, dans la deuxième, comme dans la troisième thématique, qui nous sont proposées, des idéaux à réaliser et non des réalités consensuellement partagées.

Pour les atteindre, il faudra lutter, toujours lutter, encore lutter, pour les arracher, en édifiant un ordre mondial acceptable pour tous, des démocraties véritables, des souverainetés effectives, en nous fondant sur le viatique que le Festival Mondial des Arts Nègres a dédié à l’Afrique, à sa diaspora et au reste du monde, viatique qui a nom : Renaissance Africaine et Etats-Unis d’Afrique.

Nous devons avoir d’autant plus de raisons de persévérer, que le centre de gravité du monde est en train de se déplacer d’Europe, vers l’Asie.

Signe des temps. La puissante Amérique vient de faire une option stratégique capitale, en jetant les bases d’une coopération élargie avec les pays du Pacifique.

L’Amérique Latine, à son tour, se réveille et s’affirme, sous la houlette du Brésil.

Les pays arabes sont en train de tourner la page d’une histoire  désastreuse, tandis que l’Afrique marche, gaillardement, vers le développement.

L’espoir est, donc, permis. Ce n’est pas un rêve. C’est une réalité.

Nous devons en avoir conscience. J’insiste, beaucoup, sur le mot conscience, parce que quelqu’un a dit, Dieu sait avec quelle pertinence, que « la conscience est un pouvoir ».