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Revenu, récemment, du Tchad et au lendemain de la décision du président Wade de renvoyer le président Habré dans ce pays qui demandait le jugement ou l'extradition de l'ancien chef de l'Etat tchadien en exil au Sénégal, Reed Brody de Human Right Watch, qui fait du jugement du président Habré la priorité de ses priorités jusqu’à refuser un poste aux Nations unies, se dit prêt si le Sénégal ne respecte pas son engagement envers la Communauté internationale, à savoir, de présenter un ‘Plan C’.Etat des lieux avec celui que des médias occidentaux appellent ‘le chasseur de dictateurs’.

ContinentPremier.Com : Avez-vous discuté du cas Habré avec le gouvernement tchadien et peut-on savoir les contours de votre voyage au Tchad ?

Reed BRODY : Avant que je ne me rende au Tchad, le gouvernement tchadien avait déjà adopté cette démarche très responsable de demander l’extradition de Hissène Habré vers la Belgique. A Ndjaména, j’ai effectivement été reçu par le Premier ministre et le ministre des Droits de l’Homme, et j’ai rencontré les victimes et les différentes Ong impliquées. Nous avons discuté de l’importance que cette prise de position soit rendue publique, ce que le gouvernement a fait après consultation avec l’Union africaine. En effet, le Tchad est certainement l’Etat qui a la meilleure légitimité pour appuyer cette solution et exprimer les attentes de la société tchadienne.

Pensez-vous, enfin, que le Sénégal va juger Habré ou l'extrader vers la Belgique ?

Un jugement au Sénégal était préférable, mais nous savons maintenant qu’il n’aura pas lieu. Le gouvernement sénégalais l’a fait savoir de façon non équivoque. Désormais, le Sénégal est donc tenu d’extrader Hissène Habré. En effet, en tant qu’Etat partie à la Convention des Nations unies contre la torture, à défaut de juger Habré lui-même, le Sénégal est tenu de l’extrader. Le Comité des Nations unies contre la Torture a d’ailleurs déjà condamné le Sénégal pour son inertie en 2006.

Concrètement, qu’attendez-vous du Sénégal ?

Le Sénégal doit agir à la hauteur de sa tradition d'Etat respectueux du droit international et des droits humains. La Belgique a les moyens d’organiser un procès équitable et ce, dans les meilleurs délais. En effet, un juge belge et des officiers, de la police judiciaire, spécialisés dans l’enquête des crimes contre l’humanité, ont préparé le dossier pendant plus de quatre ans. Ils se sont rendus au Tchad, ont interrogé des témoins, visité les centres de détention et d’anciens charniers du régime et ont saisi des copies de milliers de documents des archives de la police politique de Hissène Habré, dont des listes quotidiennes de prisonniers et de personnes mortes en détention. De plus, Bruxelles a la capacité d’accueillir les victimes et les autres représentants de la société civile tchadienne et surtout de garantir l’accessibilité de ce procès aux Tchadiens.

Y a-t-il alors un ‘Plan C’, si Habré n'était ni jugé au Sénégal ni extradé en Belgique ?

Je n’envisage pas un seul instant que Hissène Habré ne soit pas jugé. C’est seulement le temps qui joue contre les victimes qui luttent depuis 20 ans pour que justice leur soit rendue. De nombreux survivants sont déjà décédés. Mais depuis que je me bats à leurs côtés, j’ai eu le temps d’apprécier leur courage et leur détermination. Dès lors, si l’extradition vers la Belgique est à nouveau bloquée par le Sénégal, nous présenterons un ‘Plan C’.

Votre organisation, avec le recul, pense-t-elle avoir fait avancer ou retarder le procès tant attendu de Habré ?

Les victimes ont déclenché la procédure judiciaire contre M. Habré en 2000, alors que ce dernier jouissait d’une immunité totale depuis sa chute du pouvoir en 1990. Avec d’autres militants – de l’Association tchadienne pour la promotion des droits de l'Homme, de la Raddho, de la Fidh, etc., Human Rights Watch a soutenu les victimes dans cette démarche, et les suivantes, ainsi que dans l’investigation des crimes commis pendant la dictature.

De nouveau, quand les juridictions sénégalaises se sont déclarées incompétents en 2001, l’impunité de Habré aurait été consacrée si les victimes n’avaient pas été accueillies par la Belgique. Et ainsi de suite. En réalité, ce qui a retardé le procès ces dix dernières années, ce sont les manœuvres dilatoires employées par le gouvernement sénégalais. Ce que nous avons fait, c’est aider les victimes à surmonter les différents obstacles qui ont été dressés sur leur route et qui ont transformé ce dossier en un véritable imbroglio politico-judiciaire.

Propos recueillis par El Hadji Gorgui Wade NDOYE