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Au moment où, le combat pour la diversité culturelle et linguistique, est plus qu’actuelle, au-delà de la nécessité de participer au relèvement du niveau économique de ses pays membres, et de l’ancrage de la démocratie et de la paix dans l’espace francophone, l’OIF doit s’adapter. La Francophonie est souvent assimilée à une histoire de copains, de réseaux ou mieux à une affaire d’une certaine élite qui s’endort dans une routine. A Genève, à l’ONU, exactement, le français n’occupe qu’une place extrêmement incongrue. Le complexe de certains fonctionnaires Français en est pour quelque chose. Quelques ambassadeurs francophones en sont conscients. Au niveau de la Presse, c’est souvent la démission ou tout simplement l’effacement.

Interpellé à Tunis, l’administrateur de la Francophonie, le Canadien Clément Duhaime, répond à cœur ouvert aux questions de ContinentPremier sur la Place de l’Afrique dans TV5, la popularité de la Francophonie, et sur le budget de l’organisation. L’OIF est elle capable de relever les défis ? (Entretien)

TV5 donne -t-elle réellement une place à l'Afrique?

"C'était l’une des premières visions de la Francophonie que de mettre en place TV5 qui montre la diversité de notre espace. Ce projet, en effet, réunit les télés du nord. Nous avons, ces derniers temps, traversé une période de remise en question. Cette période a été extrêmement fructueuse parce qu’elle a permis de voir l’attachement que les personnes avaient pour cet outil de rayonnement mondial et aussi de faire en sorte qu’elle soit encore plus qu’auparavant. TV5 reflète en effet la diversité, mais il faut qu’elle la reflète encore davantage. C’est une télévision mondiale qui a un petit budget par rapport aux autres télévisions, un budget de moins de 100 millions d’euros, CNN est à 400 ou 500 millions, Al Jazzira est à plus d’un milliard. C’est la chaine qui est quand-même le 2ème réseau dans le monde donc c’est un outil de rayonnement mondial extraordinaire. Où que vous alliez, en Chine, au Japon, etc, vous avez TV5".

A quoi est confrontée TV5 ?

" TV5 a une difficulté à produire ses propres émissions, ce qui demande de l’argent. Elle a un petit budget et pour cela, elle reprend les émissions d'autres télévisions. Pour que l’Afrique s’y retrouve mieux, ce qui est une préoccupation, d'ailleurs, qui s’est développée depuis quelques années déjà, Christine Saragosse, la nouvelle directrice de TV5 qui a une très grande sensibilité à ce sujet, comme l’avait eu son prédécesseur, a annoncé qu’elle allait faire en sorte qu’il y ait une très grande diversité culturelle, que ce soit au niveau des films, des documentaires etc …".

La Francophonie pour certains est une affaire d'une certaine élite, pour ne pas dire d'un réseau d'amis. Comment la rendre populaire?

" Moi, il y a deux (2) ans que je suis arrivé. J’ai constaté comme tous mes prédécesseurs que les francophones sont très durs avec leur regroupement, beaucoup plus durs que ceux du Commonwealth, comme si c’était une tradition francophone que de vouloir toujours se critiquer, à se diminuer. Il est vrai qu’on a un problème –et je ne jette pas le blâme sur les organes de presse- un problème de diffusion de nos succès, qui sont importants et nombreux. Quand on organise les Jeux de la Francophonie et qu’on est les premiers puisqu’il y a maintenant 15 ans qu’ils existent, qui ne sont pas simplement sportifs mais aussi culturels et qu’on réussit à travers les années, à réunir des milliers de jeunes après présélection dans le monde, dont certains sont devenus des champions olympiques, ou de grands artistes…, qu’on les fait à Paris et qu’on n’a pas une ligne dans la presse française, cela veut dire qu’on a un problème avec la presse, un problème de relations, pour rendre visibles nos réussites. Là, on a un défi à relever. Avec un audit de notre communication interne et externe, on se rend compte que, dans la presse du sud on est très visible, peut-être parce que c’est là que nos actions sont les plus visibles. Dans la presse du nord, il y a une sorte de scepticisme, de cynisme, qui se dit : mais à quoi ça sert ?…. Va-t-on constamment se poser cette question là quand on voit, nous à l’interne, ce que l’on fait. Et là, on se dit il y a quelque chose qui manque. C’est de ne pas avoir attaché assez d’importance à ce volet-là de la communication. Nous nous sommes trop focalisés à répondre aux besoins de nos Etats-Membres, aux enjeux de l’éducation, des jeunes etc. Il est vrai qu'aujourd’hui ce qui n’est pas dans les médias n’existe pas".

Quel est alors le danger pour la Francophonie? "

"Il suffit que l’on fasse une petite erreur de gestion, que tous les gouvernements et les institutions internationales font, et on s’y attaque en ouvrant les portes et les fenêtres pour qu’on dise que la Francophonie c’est la gabegie alors que pour la première fois depuis longtemps un audit a été fait".

Et que répondez vous aux bruits de détournement?

" Il n’y a pas de détournement de fonds, il n’y a pas de dérive. On peut faire mieux, mais il n’y a jamais eu de détournement de fonds, sauf une fois et les personnes ont été sanctionnées dans les trois semaines et elles sont aujourd’hui en prison. Ce problème-là n’appartient pas qu’à nous. C’est peut-être parce que nous faisons trop de choses, peut-être parce qu’on communique mal mais on reste conscients de cela".

Mais comment faire pour que les populations se rendent compte de l'utilité de l'OIF?

" La Francophonie est populaire. Quand on a 3,5 millions de jeunes et quand nos centres de lecture et d’animations culturelles, réunissent des milliers de personnes à travers le monde, c’est pour moi la preuve que la Francophonie est populaire. On va faire les jeux de la Francophonie l’année prochaine à Beyrouth à l’automne 2009, où le phoenix a été choisi comme symbole, cette grande fête de la jeunesse regroupera 3000 à 4000 jeunes du monde entier! On est en train de discuter avec TV5 pour qu’il y ait plus d’émissions à l’intention des jeunes : c’est aussi de la Francophonie populaire. On a plein d’exemples comme celui-ci. On pourrait définir le terme «populaire » qu’est-ce qui l’est et qu’est-ce qui ne l’est pas?"

La Francophonie montre ses ambitions mais en a -t- elle les moyens?

" Sur l’argent, si vous prenez l'exemple du Commonwealth, une autre institution, qui n’a pas plus de budget que nous et même moins, vous verrez qu'elle compte beaucoup plus de pays riches autour de la table. Moi, le défi que j’ai avec le Président Diouf, c’est que l’histoire a voulu qu’autour de la table de la Francophonie, on ait les pays les plus pauvres de la planète et qu’on ait quelques pays riches. Heureusement, on commence à avoir des pays émergents, c’est notre force maintenant car dans 5-10ans, ces pays vont mettre plus et ceci parce qu’on ne se sera jamais désintéressé d’eux au moment où, ils étaient en situation difficile et qu’on aura, à notre façon, contribué à faire en sorte qu’il y ait une plus grande richesse. Mais à part le Canada, la Belgique (la communauté française), la France et la Suisse, le Luxembourg, pour le reste des autres pays membres, je ne peux pas réclamer plus qu’une certaine part du PIB, soit 30-40.000 euros pour les pays les plus pauvres. Le Canada et la France par exemple contribuent à hauteur de 80% des ressources de la Francophonie".

On dit souvent que certains pays du Sud sont en retard sur leur contribution. Que faudrait-il faire?

" Il y a des pays comme le Niger, qui vient de verser la totalité des arriérés de ses contributions, soit environ 1 million d’euros. Ce n’est pas parce qu’un pays est en difficulté qu’il ne doit pas faire le geste de son attachement à la Francophonie. Il y a des pays qui n’ont jamais été en retard par rapport à leurs contributions : c’est le cas du Sénégal, du Cameroun, du Burkina. Il y a maintenant une nouvelle politique pour trouver des ressources extérieures et nous l’annoncerons à Québec au mois d’octobre prochain.

C’est très mauvais pour nous d’avoir un contributeur majoritaire. La France a actuellement une contribution de 60 % du budget et nous considérons tous que ce n’est pas un actionnaire majoritaire. C’est pourquoi nous demandons à tous les pays d’augmenter leur contribution et de plus, nous devons aller chercher des financements ailleurs. Par exemple nous sommes allés à l’Union Européenne où nous avons obtenu de très gros financements : 6 millions d’euros sur des projets d’appui à la justice à Haïti et à la formation à la négociation commerciale dans tous les pays d’Afrique francophone, des Caraïbes et du Pacifique. C’est cette direction là que nous avons choisie."

Propos recueillis par El Hadji Gorgui Wade NDOYE, directeur de publication.