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Par Jimmy Kenga, Coordinateur Initiative AFRIKA 2000.


WUPPERTAL
– ( Allemagne) -  Les valeurs et m?urs forment-elles un système? On l'affirme généralement. Ainsi, les identités politiques dans la société congolaise sont fortement liées à nos traditions bantu, à l'influence sur les individus de la colonisation belge et des régimes politiques de Mobutu et Kabila. Quelles valeurs et comportements avons-nous hérités de ces trois régimes antidémocratiques? C'est justement dans cette problématique que réside le mal congolais. Par "mal congolais", on entend l'inversion des m?urs et valeurs dont ont été victimes les citoyens congolais suite à la longue colonisation belge et aux régimes successifs de Mobutu et Kabila. Par exemple, sous le règne du parti-Etat MPR de 1967 à 1997, la corruption avait été érigée en mode de gestion. Détourner les deniers publics était devenu une pratique courante et normale aux yeux de beaucoup de gens. Faire le bien représentait une faiblesse, et pratiquer le mal était une fierté.

En sciences politiques, à la différence de l'usage familier, la "Culture politique" désigne le facteur subjectif dans la politique. On entend par là la conception, la prédisposition et le comportement politique qui guident votre rapport avec la sphère politique et le régime politique. Les pionniers de la recherche moderne sur la "Culture politique", Gabriel A. Almond et Sidney Verba, définissent la "Culture politique" de la manière suivante: "La culture politique d'une nation est la répartition spécifique des modèles d'orientation par rapport à des objets politiques parmi les membres d'une nation. " (Almond / Verba 1963,13). Selon le politologue Seitz, la culture politique est bidimensionnelle. Elle couvre à côté d'un répertoire de comportements politiques aussi des systèmes de valeur et d'idéologie.

On peut également examiner la culture politique d'une société soit à partir du fonctionnement collectif des institutions de l'Etat, soit en se basant sur les comportements de la classe politique du pays concerné. En ce qui nous concerne, nous approchons cette thématique en nous appuyant sur les comportements politiques des politiciens congolais.

Les Congolais et la démocratie

Pour beaucoup de citoyens Congolais, la notion de "Démocratie" évoque certainement le changement par rapport à la dictature, les opposants politiques, le groupe des 13 parlementaires, les fondateurs de l'UDPS, le combat des membres et sympathisants des partis politiques d'opposition, la jeunesse estudiantine et scolaire, les activistes de la société civile et des droits de l'Homme.

S'il est vrai que les noms de Patrice Emmery Lumumba, Cardinal Joseph Malula, Joseph Ileo, Jean Bolikango, Joseph Kasa-Vubu etc... sont étroitement associés à la notion d'"Indépendance nationale", il est aussi vrai que le nom d'Etienne Tshisekedi symbolise actuellement la "Lutte pour l'Etat de droit et la Démocratie " en République Démocratique du Congo.

La démocratie s'entend comme étant un système politique ou forme de gouvernement dans lequel le souverain primaire est le peuple. C'est justement ce peuple qui délègue le pouvoir politique pour un temps limité à des représentants élus qui vont défendre ses intérêts.

Si le peuple Congolais aspire réellement à vivre dans un Etat de droit et à bénéficier des bienfaits de la démocratie à l'instar des autres peuples africains ou européens, il faudrait donc se poser la question de savoir pourquoi cet idéal tant exigé par la population congolaise ne s'est pas encore concrétisé après plus d'un demi-siècle de lutte pacifique. La réponse à cette préoccupation n'est pas du tout facile à donner. Il faut également se demander si la classe politique congolaise a vraiment adhéré à l'idéal d'une société démocratique ? D'une manière générale, l'on affirme que le peuple congolais veut la démocratie. Mais qu'en est-il de la classe politique de la RD Congo? En plus des raisons endogènes - inversion des m?urs et valeurs -, il y a aussi des causes exogènes - ingérence extérieure et impérialisme occidental - pour expliquer le manque de démocratie dans ce grand pays africain de 60 millions d'habitants.

En effet, les causes de la situation actuelle de crise politique, sociale, économique et morale en RD Congo sont multiples et multiformes. Il faudrait cependant au moins relever la part de responsabilité des élites congolaises en général et en particulier celle des hommes et femmes politiques dans la faillite de l'Etat moderne au Congo/Zaïre. D'abord, essayons de classifier si possible les différents types de politiciens congolais que l'on rencontre aujourd'hui. Et ensuite, tentons de dégager leurs caractéristiques principales.

En observant l'évolution politique du Congo-Kinshasa et le comportement politique de sa classe politique, l'on se rend rapidement compte que l'on est en présence de deux types de politiciens.

- Le premier groupe de politiciens fait partie de ces élites responsables du Congo-Kinshasa qui s'identifient à l'idéal de la démocratie pluraliste et de l'Etat de droit pour le bien-être social du peuple. Ces hommes et femmes croient en la démocratie comme système politique nécessaire au développement du pays. Ils aspirent au progrès social pour toute la population congolaise. Ces politiciens sont généralement des hommes et des femmes de caractère ayant des convictions et défendant des valeurs démocratiques. Ils se distinguent dans la vie quotidienne par leur intégrité morale et leur constance politique.

- Le second groupe de politiciens fait en revanche partie de cette fameuse élite congolaise qui se caractérise par la légèreté et l'opportunisme politique. Ces politiciens congolais ne s'identifient à aucun idéal politique. Ils sont prêts par exemple à soutenir la dictature ou la démocratie. Peu importe. Ils se montrent indifférents à la misère du peuple. Pour eux, seul leur intérêt personnel compte. Ces politiciens, surnommés politiciens alimentaires par le peuple, se retrouvent malheureusement en grande quantité au Congo-Kinshasa d'aujourd'hui. La crise économique généralisée et l'inversion des m?urs aidant, ce groupe de politiciens cupides et sans convictions ni valeurs morales forme malheureusement le gros de l'actuelle classe politique.

Quelle différence fondamentale existe-t-il entre ces deux types de politiciens congolais?

La réponse à cette question parait à la fois simple et complexe. A mon avis, c'est la possession de la "Culture politique de la démocratie" qui fait sans doute la différence majeure.

Comme on l'a expliqué plus haut, la culture politique guide les comportements des politiciens dans une société. L'Homme d'Etat et juriste de formation qu'est Dr. Etienne Tshisekedi aime souvent insister sur l'importance de la culture politique de la démocratie pour la bonne marche des partis politiques et de l'Etat congolais. A l'égard de la jeunesse congolaise et de la classe politique, le père du mouvement démocratique congolais formule sans cesse la même exigence. Est-ce pour cette raison qu'Etienne Tshisekedi est souvent mal compris par la majorité des politiciens actuels du Congo-Kinshasa? On a malheureusement l'impression d'être en présence de deux mondes différents. L'un se veut responsable et progressif, et l'autre est réputé opportuniste et cupide?

Notre pays souffre cruellement du manque de culture politique de la démocratie chez les gens qui font ou veulent faire de la politique. Il est par conséquent difficile d'imaginer dans un proche avenir l'avènement d'une ère démocratique dans le pays. Sans démocrates dans les institutions politiques et à la tête de l'Etat, il est impossible de parler d'une démocratie en RDC. Devons-nous nous cacher cette vérité qui est à la base du déclin de notre grand pays le Congo-Kinshasa?

On ne parlera donc de véritable changement dans notre pays qu'à partir du moment où la majorité de la classe politique congolaise possédera une culture politique de la démocratie. Nous, qui avons eu la chance et l'opportunité de vivre et d'étudier dans des pays démocratiques européens, nous devons naturellement donner l'exemple de cette culture politique de la démocratie à nos compatriotes. Beaucoup parmi eux sont malheureusement encore victimes de la propagande et de la désinformation de la part des antidémocrates congolais et étrangers. Pourquoi la démocratie serait-elle bonne pour l'Europe et mauvaise pour l'Afrique?


Décrochage social. Les gens ne croient plus en un avenir meilleur.

"L'Etat", ce grand machin qui n'appartiendrait à personne selon une conception populaire très répandue au Congo-Kinshasa, représente jusqu' à présent quelque chose de négatif, de répressif. Il y a donc une véritable crise de confiance dans le rôle de l'Etat. Que l'Etat appartienne à tous les citoyens de la République et que son rôle primaire soit de protéger ces derniers, d'organiser la vie économique et sociale dans un pays, ceci est encore nouveau. Dans un pays sans système de santé et d'éducation viable, sans administration publique digne de ce nom, sans armée nationale, il n'est plus possible pour les citoyens congolais de faire confiance dans le rôle primordial de l'Etat. Ce peuple qui a longtemps souffert des pratiques prédatrices de la part des colonisateurs belges, des politiciens, fonctionnaires, soldats et policiers congolais, n'a d'autre choix que d'être méfiant vis à vis de la politique.

D'une manière générale, l'Etat doit veiller au bon fonctionnement de la société et garantir l'ordre public dans l'intérêt général. Cette conception moderne du rôle de l'Etat est-elle vraiment répandue dans les différentes couches de notre société? Hélas non! Il faut certainement encore un travail énorme d'information et de sensibilisation dans la population congolaise. En conclusion, le rôle de l'État est par définition un rôle unificateur, fédérateur, gérant un territoire dont il s'efforce de fixer les limites avec précision et présidant aux destinées d'un peuple auquel il s'identifie. L'Etat fixe les règles du jeu économique, agit par lui-même (travaux publics, éducation, nationalisations) et organise les relations et la protection sociale.

Aux Citoyens congolais de se réapproprier leur destin et de rebâtir un Etat moderne au c?ur du continent africain. Voilà le défi qui nous attend tous.