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M. DONALD KABERUKA, président de la Banque Africaine du Développement (BAD) a effectué une visite à Genève pour relancer le cycle de DOHA. Il a rencontré à ce titre Pascal Lamy, directeur général de l'OMC. Le rwandais était aussi à l'ONU où il a délivré un discours à l'occasion de la tenue de la 53ème session de la CNUCED qui lançait le premier guide sur l'investissement du Rwanda. M. Kaberuka qui a accordé une interview exclusive à ContinentPremier.Com, s'est fait l'avocat de l'Afrique en marche. Il analyse les raisons de la migration des jeunes africains et opte pour une solution concertée et intelligente. Par ailleurs, il appelle à la bonne gouvernance car dit - il : " l'atout de n'importe quel pays africain dépend d'abord de ses institutions."

Mr le Président, quel est l'objet de votre visite en Suisse ?

" Je suis à Genève pour faire le point avec le directeur général de l'OMC Pascal Lamy, voir ce qui est faisable afin de relancer le Cycle de Doha. Vous savez que le Cycle de Doha n'est pas vraiment bloqué mais on n'a pas encore des solutions. Les pourparlers de Doha sont très importants pour les pays africains car c'est un round crucial censé mettre en avant les intérêts des pays en développement dont ceux d'Afrique .
J'ai profité aussi de l'occasion pour assister au Conseil du développement de la CNUCED. Vous savez que la CNUCED lance depuis des années des études sur des pays. Cela a été fait pour l'Ile Maurice, le Cambodge, aujourd'hui pour le Rwanda. Nous voulons voir avec l'organisation comment aller au-delà des études. C'est ce qui permettra aux pays de participer de façon bénéfique dans les flux du commerce. Je suis satisfait de mes discussions"

Justement, il faut relancer le Cycle de Doha. Que peut attendre un pays comme le Rwanda qui sort d'une longue guerre de la globalisation et des activités des bailleurs comme la BAD ?

" Ah non ! En ma qualité de président de la Banque africaine du développement, je vois l'Afrique de façon différente. Plusieurs pays africains sortent d'une longue période de guerre. C'est le cas du Liberia, de la Sierra Leone, du Congo, de l'Angola, du Rwanda, du Burundi et bien d'autres. Moi contrairement à vous, je ne peux pas condamner ces pays car même l'Europe où vous êtes, a connu une longue période de guerre et est devenue un continent unifié et qui enregistre des performances que vous savez.
L'histoire, c'est l'histoire. Ce qui est important pour nos pays c'est effectivement de mettre des préalables qui nous permettent d'éviter les conflits, mettre en place des systèmes de gouvernance, mais avant tout jeter les bases d'une croissance économique durable. Maintenant si vous voulez dire parce que ces pays qui sont sortis de la guerre, n'ont pas de perspectives, je ne suis pas d'accord avec vous.
L'atout de n'importe quel pays africain dépend d'abord des institutions du pays. Ce ne sont pas les atouts naturels mais c'est ce qu'on fait avec ce que l'on a. D'où l'importance des études faites par exemple par la CNUCED"

Est-ce- que vous êtes assez confiant pour le développement de l'Afrique ?

" Cela m'étonne que vous posez cette question. Non seulement je suis confiant. Je travaille avec tous les africains, avec tous nos dirigeants africains et les partenaires pour qu'effectivement on commence à enregistrer des résultats comme tous les autres pays du monde. Donc de grâce laisser à côté ce débat sur l'afro optimisme et de l'afro pessimisme qui n'a plus sa place.

Nous avons aujourd'hui défini clairement les priorités pour l'Afrique. Nous avons aussi des challenges. Nos pays pris individuellement ou dans le cadre des ensembles régionaux avec les bailleurs de fonds, les partenaires, ont défini un cadre de mise en oeuvre de tout ce programme.

Au niveau de la BAD, je mets l'accent sur trois éléments qui me paraissent importants et qui sont d'ailleurs bien définis dans le NEPAD.

Premièrement, il faut absolument promouvoir la gouvernance et la stabilité de l'Afrique.

C'est le préalable et la condition sine qua non pour le développement. Et à ce niveau l'Afrique enregistre des avancées significatives.
Deuxièmement, on ne peut rien faire sans l'énergie, sans les routes, sans le chemin de fer, sans les barrages ou l'électricité. C'est ce que la Banque mondiale a fait après la deuxième guerre mondiale. Nous sommes tous d'accord aujourd'hui de mettre l'accent un peu plus sur les infrastructures qui sont les facteurs qui bloquent l'investissement privé en Afrique.
Troisièmement c'est toute la question de plateforme scientifique et technologique … Je parle d'une compétence scientifique et technologique à tous les niveaux. C'est cela qui permet à une population d'avancer.

S'il y a bonne gouvernance, la stabilité politique, une connaissance élargie et les infrastructures, là on commence à jeter les bases importantes qui nous permettent de profiter des éventuelles ouvertures du marché mondial et aussi des marchés africains. "

Concernant l'émigration, est il envisageable que la BAD aide les jeunes à se sédentariser en finançant leur projets?

" La BAD ne peut que s'intéresser à la jeunesse africaine comme toute personne qui s'intéresse à l'avenir du Continent. Dans beaucoup de nos pays africains, près de 65% de la population ont moins de 25 ans. Il y a même des pays où 30% de la population ont moins de 15 ans.
Fatalement on doit s'intéresser à ce qui se passe au niveau de la jeunesse surtout au niveau de l'éducation. Il ne faut pas seulement sédentariser, il faut donner d'abord des compétences des connaissances. Surtout des connaissances qui permettent à la jeunesse africaine de s'intégrer dans le monde d'aujourd'hui. La BAD investit des sommes importantes dans l'éducation et dans la santé.

Maintenant pour gérer au mieux les flux migratoires entre l'Europe ou les pays de l'OCDE avec l'Afrique, je vois deux réponses simples. Un premier élément lié au développement. Tant qu'il y a la pauvreté sur le continent africain, tant que les inégalités criantes persistent à travers le monde. Un monde pourtant devenu plus prospère à côté de la misère, la jeunesse africaine dans le désespoir, sera poussée à émigrer vers une Europe qui est devenue plus que jamais une forteresse.

On ne peut que relancer l'appel des dirigeants africains : " aider l'Afrique à se développer". Aider l'Afrique, c'est doubler l'aide, comme cela a été dit à Gleanagos, et améliorer la qualité de cette aide et faire avancer le Cycle de Doha. Voilà la première réponse qui est liée au développement.
Deuxième élément c'est ce qu'a dit un Président africain, "l'Afrique a besoin lui - même de ses cerveaux". Il y a des pays africains où les infirmiers, infirmières et autres médecins formés, émigrent tout de suite en Europe. Il faut travailler ensemble intelligemment pour gérer la question migratoire. Il faut voir la source et éviter de tomber dans l'émotion à cause des images diffusées à la télévision".

Propos recueillis par El Hadji Gorgui Wade NDOYE