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Par Pathé MBODJE,
Journaliste, sociologue

Crise du Darfour

N'ayant encore suscité que très peu d'intérêt de la part des Etats-Unis qui avaient même salué le rôle des Cubains dans cette partie du continent, la Corne de l'Afrique, au sens large, compte désormais énormément pour une communauté internationale principalement représentée par les larrons anglo-saxons. Au nom de la richesse des nations et de la croisade contre le "terrorisme".
L'Esprit de Fachoda divise les Anglo-saxons

Le "No" de El Bachir le 20 septembre dernier résonne encore entre les murs de l'Organisation des Nations-Unies (Onu) et aux oreilles de Jean-Karim Fall de Radio France international (Rfi) tellement il a été tonitruant ; il est le même que celui émis quelques jours plus tôt à Dakar, au Sénégal, lors de l'escale du président soudanais en route pour le sommet des Non-Alignés de La Havane où il l'a encore répété, comme il reprendra l'antienne à l'Onu, lors de la traditionnelle session de septembre : pas d'occupation du Soudan par les Etats-Unis, par le truchement de l'Onu, organisme dont George Bush avait rejeté la légitimité en 2003, lors de l'invasion conjointe de l'Irak avec la Grande-Bretagne de Tony Blair. C'était en marge de la 61ème session de l'Onu, lorsque sept chefs d'Etat africains, au nom du Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine, se sont enfermés avec quelques membres de la "communauté internationale" pour trouver un ultime arrangement à l'envoi de casques bleus au Soudan, conformément à la résolution 1706 du 31 août de ce l'organisme international, en remplacement des soldats de l'Ua sans moyens matériels pour assurer la paix au Darfour. "No way", s'entêtera le président soudanais.
C'est de la même fermeté dont avait usé le Mahdi vers la fin des années 20 face à la fière Albion, épouse morganatique des mêmes Etats-Unis qu'elle a pourtant enfantés au XVIIème siècle : devant l'exploitation abusive de la seule richesse de l'époque, la gomme arabique (1), le Mahdi s'était dressé contre la puissance occupante au cours d'une révolte passée dans l'histoire, d'autant que l'Italie venait de s'installer en Erythrée, au mépris de toute logique et sans autre forme de procès ; la communauté noire des Etats-Unis s'attaquera aux Ritals locaux, dans un ultime appel à l'indépendance de l'Afrique devant une Europequi croit que l'Afrique est sa chasse gardée.

Il s'agit en effet aujourd'hui d'une autre forme de lutte contre la reproduction induite des formes et mécanismes de domination des puissances étrangères que celle qui se joue aujourd'hui au nom du Darfour et pour laquelle la rescousse de l'ONU (résolution 1706 et tous les articles pertinents de la Charte de l'organisation internationale) peut s'avérer vaine en la circonstance.

A intervalles plus ou moins réguliers, une subite mauvaise conscience envahit la communauté internationale lorsqu'elle semble se rendre compte, au tournant de la chute du Mer de Berlin et du puissant vent de l'Est par exemple, qu'elle devait se soucier de l'homme, sui generis : le Sénégal nommait son Ombudsman pour mieux reconnaître les droits de la personne et l'Onu intervenait en Somalie par les Gi's américains interposés. Un sémillant politicien français pouvait alors se faire filmer avec un sac de riz sur le dos, pour caractériser le droit d'ingérence humanitaire pour sauver les populations de Mogadiscio livrées aux seigneurs de guerre armés par l'extérieur, en même temps que desmilices, pour mieux exterminer ceux qui s'imposaient à la recolonisation et contenir l'Islamdébordant de la Mer rouge voisine ; cela sentait déjà le pétrole. Le même souci "philosophique" de Bernard Kouchner semble être à la base de la récente volonté d'engagement de la communauté internationale au Darfour, après les efforts de pacification d'un Soudan éclaté en plusieurs entités Nord et sud dans les faits et dont la richesse excite les envies yankee, principalement, surtout devant la soudaine gourmandise chinoise.

"(…) La souveraineté de l'État-garantie par le principe de l'égalité souveraine énoncé à l'article 2(1) de la Charte des Nations unies ainsi que par le principe de non-intervention "dans les affaires qui relèvent [...] de la compétence nationale" contenu à l'article 2(7)-ne devrait plus pouvoir être interprétée comme si les États n'étaient pas "responsables de leurs actes" ou n'avaient aucun "compte à rendre pour ce qu'il font ou ne font pas". En somme, comme le notera Kofi Annan dans son discours de réception du prix Nobel de la paix en décembre 2001, "la souveraineté des États ne [devrait] plus être utilisée pour masquer des violations flagrantes des droits de l'homme" (2).

C'est au nom de cette même logique que l'on chercherait coûte que coûte à pacifier la zone du Darfour où un génocide se mènerait, bien en deçà de celui du Rwanda, en 1994, et pour lequel les mêmes acteurs internationaux avaient pourtant laissé faire.

Depuis 2003, des milices tribales arabes appuient le gouvernement soudanais dans une politique brutale de nettoyage ethnique à grande échelle accomplie en ayant recours à l'assassinat, à l'expulsion forcée, à la terreur et au viol. Selon certains calculs, le conflit aurait déjà provoqué la mort de plus de 400.000 personnes, auxquelles il convient d'ajouter 2,5 millions de personnes déplacées ainsi que 200.000 réfugiés entassés dans divers camps au Tchad.

"La situation est parfaitement connue. En mai 2004, un rapport du Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme décrivait le rôle central du gouvernement soudanais et des djandjaouids dans le "régime de terreur" régnant au Darfour. À l'été 2004, le département d'État américain effectuait sa propre enquête documentaire sur les atrocités commises au Darfour et concluait quant à lui au crime de génocide. En février 2005, la Commission internationale créée par les Nations unies pour enquêter sur le Darfour déposait son rapport et concluait que des crimes contre l'humanité et des crimes de guerre avaient vraisemblablement été commis" (3).

La résolution anglo-américaine de la fin-août veut mettre fin à cette situation : la chute de pans entiers au sud a libéré une partie du continent avec la fin de guerre froide et laisse sourdre des espoirs de paix en Angola, au Mozambique et même au Zimbabwe de Robert Mugabe. Il reste à pacifier cette partie de l'Afrique pour imposer paix au continent africain...et mieux exploiter ses richesses pour et par les autres nations.

Pendant longtemps, c'est-à-dire depuis le début des années 70 et la chute du Négus Haïlé Sélassié, la communauté internationale avait pudiquement fermé les yeux sur cette guerre oubliée de l'Ogaden et s'est même félicitée du "rôle stabilisateur" des Cubains dans la corne de l'Afrique, selon les mots de Andrew Young. Le Lider maximo Fidel Castro avait envoyé ses troupes se battre en Angola et en Ethiopie, au nom de l'Internationale prolétarienne. Ainsi, avec la chute de Siad Barré, en Somalie, et de Gaffar el Nimeiry, au Soudan, cette partie orientale du contient avait été laissée à la loi de seigneurs de guerre armés se disputant un lopin de terre de ces immenses territoires désertiques, proches de l'Arabie saoudite dont ils subissent par ailleurs l'influence religieuse.

L'odeur de pétrole et la lutte contre le terrorisme auraient ramené la "communauté internationale" à d'autres considérations : les Etats-Unis s'empresseront d'imposer la paix en Somalie, la Banque mondiale financera l'exploitation du pétrole tchadien à des conditions dirimantes pour ne pas dire outrageantes pour la souveraineté de l'Etat d'Idrisse Déby Itno et, pour contraindre les bandes armées soudanaises à signer la paix, on laissera bombarder les populations civiles pour mieux s'en offusquer, comme il en est le cas en Somalie.

Cette obstination des signataires de la résolution 1706 ne viserait-elle pas, dans les faits, à prendre une revanche posthume sur le Mahdi et sa révolte qui avait été un véritable affront pour la toute puissante Angleterre ? Telle semble en tout être la position de el Bachir aujourd'hui.


Notes
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(1) Samir Amin : "Le monde des affaires sénégalais", Editions de Minuit, Paris, 1969.

(2 et 3) Jean-François Thibault, Professeur et directeur du département de science politique de l'Université de Moncton, Édition du mercredi 30 août 2006 du journal " Le Devoir " de Montréal.