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FLIC A BANGKOK : Une nécessité plumitive…

Publié le, 12 décembre 2005 par

« Du hasard à la nécessité… l’écriture est ainsi devenue un outil personnel, un espace nécessaire dans ma vie... » écrivais-je à la parution en 2003 de Flic de Quartier, relatant l’histoire de mes interventions vécues lors de patrouilles dans un quartier populaire ; une écriture impulsée par plusieurs concours de circonstances, l’inscription à 33 ans à l’université, la participation au film Pas les flics, pas les noirs, pas les blancs, d’Ursula Meier, et la résistance à une politique sécuritaire imposée à l’arrivée d’un nouveau patron, qui par ailleurs ne restera en poste que deux ans.

Bref, des circonstances de vie qui vous travaillent au ventre et font resurgir d’anciennes compétences scolaires malheureusement oubliées.

Dès les premières lignes de mon premier roman, j’avais compris que je n’en resterai pas là, en somme, j’avais attrapé le virus souvent exprimé par mes auteurs de prédilection : Alphonse Boudard, Nicolas Bouvier, Antoine de Saint-Exupéry, Joseph Kessel, Jack Kerouac, Ernest Hemingway, Louis Calaferte, pour ne citer qu’eux, entre l’errances et voyages initiatiques, conflits de pouvoirs, haine et amour, décadence et grandeur des hommes, tous les ingrédients d’une excellente chronique, anecdote… un roman peut-être ; bref, des auteurs qui ne laissent pas indemne. Eh oui, me voilà atteint des tics et tocs plumitifs, carnets, stylos, et borgnottage de manière à saisir le détail qui enclenche, sous la couenne, la mécanique de l’écriture.

2003 – 2005 la rencontre des textes de Ferdinand Céline, tranchants comme des lames de rasoir, provoquant de multiples émotions qui m’accompagneront tout au long de l’écriture de Flic à Bangkok, d’où les nombreuses allusions à l’auteur de Voyage au bout de la nuit ; le métier policier, vu comme une odyssée dans la société humaine.

Flic à Bangkok rend hommage à mes collègues des brigades spécialisées envoyés en mission à l’étranger, qui aujourd’hui encore enquêtent sur les réseaux de trafiquants d’enfants et de stupéfiants ; aucun d’eux ne revient intact de ces « voyages » ; ils se reconnaîtront dans ces pages en redécouvrant une légende en Asie du Sud-est, Chan Shee Fu connu sous le nom de Khun Sa ; mais au-delà de l’anecdote, c’est la rencontre de l’Orient et de l’Occident, vue par un policier qui ne connaît de règles que celles édictées par son pays et par les truands de son quartier. A Bangkok, tout le heurte et le séduit, et il comprend vite que les subtilités de ce monde lui échappent. Alors comment mener à bien son enquête, comment en saisir les enjeux ?

Quand on est dépêché par Europol à Bangkok pour y éclaircir le rôle d’un Occidental dans un trafic de drogues et d’enfants d’ampleur internationale, on n’a pas de la ville la vision idyllique d’un dépliant touristique.

Patrick, flic blanc, rompu aux techniques de l’élite policière européenne, doit maintenant jouer sur l’échiquier thaïlandais, dont les règles sont bien différentes, et où il apprend comment se donnent les coups à mesure qu’il les reçoit.

Au-delà de l’anecdote, c’est la rencontre de l’Orient et de l’Occident, vue par un policier qui ne connaît de règles que celles édictées par son pays et par les truands. A Bangkok, tout le heurte et le séduit, et il comprend vite que les subtilités de ce monde lui échappent. Alors comment mener à bien son enquête, comment en saisir les enjeux ?
C’est son voyage au bout de la nuit qui nous est conté ici, car Patrick reçoit l’aide inattendue de Louis-Ferdinand Céline. La désillusion mènera-t-elle Patrick de l’autre côté de la vie ?

Extrait 1

Quarante-cinq mètres carrés. La cellule est plongée dans le noir. Les murs suintent une eau sale. Sous le béton qui s’effrite, la mousse recouvre la pierre. Sol brut. Nattes de bambou. Une faible lueur de clair de lune pénètre par la seule ouverture, interstice grillagé. Plaintes des détenus.

L’homme tend l’oreille. Bruits de pas. Jette un coup d’œil par la minuscule anfractuosité dans le mur de pierre et de béton. Il fait froid. Pluies ininterrompues des moussons. Il attend, les jambes ramenées contre lui. Observe l’obscurité... Il est à peine troublé par les odeurs fétides, par les soufflements des malades et les râlements de ceux dont l’héroïne perd en force. Il est assis à même le sol, avec une trentaine de détenus thaïlandais, laotiens et birmans. Il est le seul Européen. Il va s’évader. Il a été discrètement averti par le gardien de se tenir prêt pour ce soir.

Il respire doucement tout en comptant les minutes qui s’écoulent. Il referme le dernier bouton de sa veste en coton bleu foncé, qu’il a dû acheter 1000 bahts au magasin particulier du directeur de la prison. D’un pied il chasse un cancrelat qui approchait de sa jambe. Il est chaussé de sandalettes de plastique. Ses pieds blancs et ses ongles bien taillés détonnent à côté des pieds larges et tannés, aux ongles rognés, des prisonniers asiatiques. Il y a moins de 20 minutes qu’un groupe s’est allongé pour dormir quelques heures. Les autres se tiennent les genoux sous le menton, en attendant la rotation pour s’allonger à leur tour.

« Je ne peux qu’avoir été dénoncé, rumine-t-il en crispant les mâchoires. Vais leur mettre du plomb dans la tronche. Khun Sa ne laissera pas faire, ne se laissera pas humilié de la sorte ! »

L’homme a de la chance, d’ordinaire les nouveaux venus prennent place auprès de la bassine d’aisances ; large récipient, confectionné de lames de bois, cerclés d’anneaux métalliques. Ici, on mesure l’ancienneté à la distance qui sépare un détenu de cette infection, vidée une fois dans la semaine par le plus jeune... C’est son bizutage, en quelque sorte.

« Tu es un homme de main de Khun Sa, n’est-ce pas ? lui avait-on soupiré à l’oreille. Alors installe-toi ici... sur la natte. »
Il a exceptionnellement reçu la permission de prendre la place d’un ancien, mis à mort le jour précédant son arrivée. Ici, la peine capitale se pratique par une rafale de mitrailleuse. Le condamné est ligoté à un poteau, un paravent de tissu blanc le sépare de deux armes lourdes fixées sur trépieds. Le magistrat ne cligne qu’une seule fois des yeux. Et le bourreau actionne le mécanisme. L’homme avait trafiqué ou avait tué ; avait séquestré ou avait violé ; peut-être avait-il insulté le roi Bhumibol de Thaïlande... crime de lèse-majesté. Il n’avait en tous les cas pas eu les moyens de verser de l’argent pour être gracié.

Le garde-chiourme scrute la cellule. Choisi par le caïd du pénitencier, il rapporte les causeries, sanctionne les fortes têtes et contrôle les va-et-vient des produits stupéfiants. Il sait qu’il est condamné... en sursis quelque temps si le travail est satisfaisant. Arrangement tacite entre la direction de la prison et les caïds à perpétuité. Il a reçu l’ordre de ménager le Français, de le protéger s’il le faut. Il lui a réservé une place auprès de lui. A veillé à ce qu’il échappe aux assauts des détenus, pour qui les nouveaux ne sont qu’une tentation sexuelle.

Plaisir et souffrance... bienvenue à la prison centrale de Bangkok, Klongprem !

Il s’impatiente. Des pas. Une clef tourne dans la serrure. La porte s’entrouvre. Quelques têtes se redressent. Les crânes sont rasés, les yeux tirés et les bouches édentées. Ne savent pas encore que c’est prendre un risque énorme que de se faire remarquer de la sorte, qu’il vaut mieux ne rien avoir vu.

D’un bond il se lève. Enjambe les corps. Le garde-chiourme l’observe filer à l’anglaise, avant de poser son regard sur ceux qui ont bravé l’interdit.

Salut, bande de cons ! fait le Français en crachant par terre, avant que la lourde porte métallique ne se referme sur son ombre.