Ont collaboré à ce numéro

 M. Amadou T. WONE
 M. Samba SY
 Mamadou Kassé
 Mme Elisabeth Ducrey
 Mme Fatimata DIALLO
 NATIONS UNIES
 OMS
 PALEO FESTIVAL
 Prof. Makane MBENGUE
 UNIS
 Zimix Festival

Nous lire dans

Compte Utilisateur

Audios



Souscription

MERCI

Le groupe

Directeur de publication
· Elh Gorgui W NDOYE

Rédacteur en chef
· Elh Gorgui W NDOYE

Comité de Rédaction
· El hadji DIOUF
· Papa Djadji Guèye ·

Responsable Informatique
· Alassane DIOP

Responsable Gestion
· Cécile QUAN

Webmaster
· REDACTION

Contact

Adresse
   Salle de Presse
   N0 1 Box 35
   8, Avenue de la
   Paix Palais des Nations Unies
   1211- Genève 10 Genève Suisse.
Téléphones

   +41 22 917 37 89
   +41 76 446 86 04

Service

Publicités, Abonnements et Souscriptions

Téléphone
· Suisse:
   +41(22)917 37-89
   +41(76)446-86-04

Ou envoyez un courriel à Info@ContinentPremier.com

Un regard africain sur l’agression russe en Ukraine.

Publié le, 07 juillet 2022 par El Hadji Gorgui Wade Ndoye

 L’agression russe en Ukraine continue de mobiliser l’attention à Genève et ailleurs dans le monde. Le 3 mars, le Conseil des Droits de l’Homme (CDH) des Nations Unies, entamait un débat urgent sur la question. Après son abstention lors du vote sur la convocation dudit débat, le lundi 28 février à Genève, le Sénégal s’est encore distingué, le 02 mars, à New York, à l’instar d’autres pays africains par un vote neutre. Un tollé en France et dans le monde occidental qui ne peuvent pas accepter que l’Afrique ne porte pas les mêmes lunettes qu’eux ! Lors du débat urgent du jeudi, 3 mars sanctionné par une résolution qui prévoit l’établissement d’une commission d’enquête internationale composée de 3 experts, l’Occident qui voit sa sphère d’influence s’effriter, jour après jour, scrute le Sénégal, membre éminent du CDH, comment ce pays qui dirige actuellement l’Union africaine va-t-il, cette fois, voter ? Les tractations allaient bon train sur les derniers éléments de ce projet de résolution. J’observais tout cela depuis Rufisque, ma ville natale au Sénégal où j’organise chaque année depuis trois ans un cycle de conférences initié à Genève et dénommé « Le Gingembre Littéraire » sur « Le Vivre Ensemble ». J’écoutais aussi les voix d’Africains prenant position sur cette sale guerre qui n’est pas la leur ! Notons que le Sénégal est membre du CDH depuis 2018 et a même présidé cet organe en 2019, en la personne de son représentant permanent auprès de l’office des Nations unies à Genève, l’ambassadeur Coly Seck.        

Dakar vota enfin en faveur de cette commission. A Paris, l’abstention des « anciennes colonies », à l’Assemblée générale de l’ONU, passe toujours mal ! Se pose la question : mais pourquoi l’Afrique devrait-elle suivre les anciennes puissances coloniales qui n’ont jamais écouté le continent premier quand il demandait la fin de la guerre d’Algérie, quand il avait mis sur la table une excellente feuille de route pour la sortie de la crise libyenne qui s’est soldée par le lâche assassinat du Colonel Kadhafi etc. L’Afrique a-t-elle bénéficié d’un plan Marshall malgré sa douloureuse et vaillante contribution à la libération du monde en 1945 ? A -t-elle bénéficié d’un soutien après la crise financière de 2008 ? 

 

Récemment avec la grande pandémie mondiale de la Covid19, les occidentaux se sont partagés les vaccins ignorant le berceau de l’Humanité où des experts et des leaders mondiaux prévoyaient de ramasser des morts par millions ! C’est tout frais tout cela, n’est-ce- pas ? S’y ajoute le racisme anti-Noir qui a pris l’ascenseur avec l’arrivée de partis extrémistes notamment en Europe. Personne n’a oublié les insultes de Donald Trump sur l’Afrique !

Un rôle de grand frère responsable   

 

L’Afrique devrait pouvoir arriver à faire revenir le dialogue entre la Russie et l’Ukraine. Elle a une bonne carte de visite à faire valoir et peut ainsi offrir valablement ses bons offices. Condamner une partie ne serait peut-être pas la meilleure chose. Pourtant Macky Sall, Président en exercice de l’Union africaine a bien demandé aux Russes de respecter l’intégrité des frontières ukrainiennes et de s’abstenir de toute action qui pourrait nuire à la paix universelle !

Le non alignement africain face aux deux blocs ne date pas d’aujourd’hui. Depuis la fameuse conférence de Bandoeng d’avril 1955, l’Afrique a ancré sa position dans la neutralité. Cette attitude est aussi guidée par un réalisme géopolitique. Un nouveau monde s’ouvre et peut s’offrir à nous pour un monde meilleur. L’hégémonie des grandes puissances occidentales est derrière nous. La Russie, héritière de l’Union soviétique, qui n’est pas une puissance coloniale en Afrique comme la France, la Belgique, la Grande Bretagne, est bien présente dans le continent et notamment avec le groupe militaire Wagner et ce, dans un contexte de lutte contre le terrorisme. L’Afrique ne peut se permettre de voir ses pays déstabilisés par aucune force endogène ou exogène. La Russie voit sa sphère d’influence s’élargir. La destruction de la Libye sous l’impulsion des États-Unis et de la France, l’abandon de la Tunisie, le sabotage du Congo, le maintien dans une forme de dépendance humiliante de l’Afrique francophone qui compte actuellement le plus de coups d’État et la partie du monde qui caracole au sommet des pays les plus pauvres malgré les richesses minières, une population jeune et ingénieuse et qui a les mêmes ambitions que toutes les jeunesses du monde, ont fini de convaincre les Africains notamment sub-Sahariens que l’Occident égoïste n’a aucun intérêt à les voir sortir du sous-développement. L’occident, en réalité ne fait plus rêver ! Beaucoup d’Africains ne voient plus qu’un bloc monolithique égoïste et arrogant enclin à donner des leçons de droits humains qu’il viole allègrement dès que ses propres intérêts stratégiques et géopolitiques sont en jeu. L’agression russe en Ukraine montre à volonté une certaine hypocrisie qui passe mal même si les Africains ne sont pas pour la guerre qui déshumanise et met en péril l’avenir de l’humanité. La France, adoubée par l’Union Européenne, interdit la parution de journaux russes sur son sol pour motifs de propagande. C’est assez surprenant pour la terre de la Déclaration des Droits de l’homme (en passant avait-on oublié les femmes ?) qui autorise les caricatures du Prophète du Muhammad Paix et Salut sur Lui au nom de la liberté d’expression !  Par ailleurs, en Occident, la Suisse y compris, on a l’impression qu’il n’y a qu’une narration possible sur l’inacceptable agression. Il est évident que rien ne justifie la guerre qui est le point ultime de la sauvagerie humaine qu’elle soit le fait de la France, des États-Unis, de la Russie, du Sénégal etc… Mais peut-on demander à des journalistes de ne pas se poser les causes profondes, les manquements de part et d’autre, le rôle de l’OTAN dans le déclenchement de cette sale guerre ? Poutine est devenu, ainsi, le « paria »! Les Africains qui sont les ancêtres de l’Humanité et pères des civilisations humaines n’attendent pas de Poutine ni de Xi Xinping de les sauver. Ils n’entendent pas substituer le colonisateur occidental par un autre.

 

Réformer l’ONU

 

Il y a aujourd’hui une urgente nécessité de réformer l’organisation des Nations-Unies, de lui redonner sa crédibilité, de lui donner de vrais moyens pour assurer et préserver la paix universelle et la protection de la dignité de tout l’humain. Le droit de veto doit être éliminé (La Suisse en a fait la demande mais beaucoup ignorent que lors de la Guerre d’Algérie (1954-1962), l’Union Soviétique avait aussi demandé de mettre fin au droit de veto !). La France de De Gaulle à l’époque avait adopté la politique de la chaise vide et manœuvrait avec ses amis sa sale guerre de « défense nationale et de l’Occident » (cela ne vous dit rien !) considérant que les frontières françaises ne s’arrêtaient plus au Rhin mais à la Méditerranée (François Mitterand alors Ministre de l’Intérieur !). Il est évident que le Conseil de sécurité dans sa configuration est anachronique et anti démocratique ! Il est un instrument au service des cinq membres permanents qui sont tous de grands vendeurs d’armes ! 

Sortons vite de cette guerre et ouvrons d’autres possibles pour une Humanité réconciliée avec elle-même. Un des meilleurs gages d’un monde plus inclusif et dans une paix universelle durable.

 

-       El Hadji Gorgui Wade Ndoye – Journaliste accrédité auprès des Nations-Unies, Genève. Directeur des publications.