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Par GORGUI W. NDOYE, directeur de publication

Indigènes devenus pour la plupart citoyens de la République de France, ils sont aujourd’hui insultés et traités de « nazillons » à la suite d’un reportage de légitimation bidon du nouveau concept de racisme anti – blanc, de la part d’un aussi sérieux journal dit – on, comme « Le Monde» ( No du 16 mars 2005).

D’un fait social ( actes de banditisme perpétrés lors des manifestations lycéennes du 8 mars à Paris), on évite de faire une lecture politique pour dédouaner la Droite française, en glissant vers l’ethnie, et de l’ethnie, on attaque la religion musulmane. Comme si tous les Africains, étaient d’ailleurs des musulmans. La stigmatisation vise alors les Africains et la religion musulmane. Il est facile de passer de la droite vers l’extrême. Bravo !

Soyons - clair. Le racisme peut toucher toutes les races car des cons, il y en a partout. Malheureusement. Mais a –t- on suffisamment réfléchi sur ces actes d’incivilité des jeunes Noirs? N’y avait – il que des Noirs ? Qu’est ce qui se cache derrière la Déclaration des intellectuels ?

Ce numéro, tente d’y répondre avec des analyses, des interviews toutes exclusives pour que la Lumière Soit !

Vous rappelez – vous ? : « Classe laborieuse, classe dangereuse », « Ces pauvres de salauds». Une ancienne rhétorique du 19ème siècle diabolisant les pauvres et qui aujourd'hui, sert à déstabiliser les Noirs.
Gens d’ailleurs, fils, filles et petits - fils des tirailleurs. Arrière-petits-fils et filles des esclaves noirs. Ils seraient aujourd’hui, ces « Africains, les mal logés de la République » près de 3 millions en France. Ceux qui brûlent ici, dans la souffrance sous le feu ardent. Ailleurs croulent, dans l’indifférence, sous la colère des eaux et du vent.

Les actes répréhensibles, détestables, pourtant compréhensibles d’une bande de voyous notamment noirs sur des écoliers en majorité blanche, ont suffi pour que la France les mette hors la Loi.

Un certain Constant Rémond ne démord pas. Qui va vite en besogne ! Ainsi écrit – il : « Ces images de lâcheté, dignes des exactions S.A. contre les juifs durant la Nuit de Cristal, provoquent un émoi légitime et exige une dénonciation générale. Mais qui sont ces nazillons ?»

Ce sont, pour celui qui veut savoir, les enfants de ces Africains dont parle le père de Giscard d’Estaing et qui lui ont sauvé la vie. Ce sont, comme le rappelle le Président du Sénégal qui a fait du rappel de leur mémoire, son cheval de bataille, la progéniture des Tirailleurs sénégalais. Ce sont les descendants de « ceux qui se sont sacrifiés pour la libération de la France et par voie de conséquence à la liberté du monde d’aujourd’hui qui est un monde de liberté qui aurait disparu si le nazisme avait triomphé » selon les termes de Me Wade qui était visiblement très surpris par notre question sur ce concept à Besançon. Il a dit que " Chez lui au Sénégal, le racisme anti - blanc, n'existe pas. Senghor a développé le concept de négritude car il vivait dans une société aux relents racistes. En tous cas pour mes compatriotes sénégalais, je suis prêt à aider la France. Je peux parler à mes compatriotes mais il faut que l'Etat français se rappelle de la mémoire des Tirailleurs. Le meilleur moyen c'est d'enseigner leur histoire".


L'EGALITE


A l’heure malheureusement des affrontements identitaires, l’Homme noir doit se redécouvrir afin de sauvegarder sa dignité. On nous a finalement tués quand on nous a coupés de notre histoire. C’est pourquoi le Professeur Cheikh Anta Diop, car il faut rendre à Césard ce qui est Césard, a dit qu’il faut qu’on ait cette conscience historique. Si l’on ne retrouve pas cette conscience historique, on ira nulle part. Aujourd’hui, il faudra cependant éviter le repliement identitaire car les frères sont égaux. Les hommes sont égaux. Etre démocrate, c’est - être respectueux de la dignité humaine. L’homme est un partout dans son essence humaine et la diversité n’est qu’une valeur ajoutée au plein accomplissement de son être, en tant qu’humain. Nous devons partager les valeurs fondamentales qui sauvegardent la vie, la dignité et l’égalité entre les hommes quelle que soit leur couleur, leur sexe, leur race, leur ethnie, leur religion, leur conviction politique, philosophique ou morale etc. Il faudra alors revendiquer l’universalité de la condition humaine. Construire l’universel. Cet universel qui n’est pas l’imposition de ses propres valeurs mais le résultat de la fécondation et de l’enrichissement de toutes les valeurs humaines. Le refus du multiculturalisme n’assure pas un avenir durable pour la stabilité de notre planète. L’heure est venue de revendiquer non des identités – cultures, mais des identités positives. D’où la nécessité de respecter et de faire aboutir le projet de Convention de la diversité culturelle : « un projet politique » nous dit la France.


Journalisme et responsabilité


Seulement, « Le Monde » comme nous tous devons savoir que le vérifiable journalistique, n’est pas une vérité scientifique.

Ce que conforte la philosophe de l’éducation Sophie Ernst : « un reportage journalistique est un instantané impressionniste, qui n’est pas normé par des exigences de rigueur scientifique ; pas faux, mais pas exhaustif, encore moins systématique : un petit coup de sonde au hasard des rencontres, élégamment transcrit dans une certaine unité de ton. Il faut un peu de talent littéraire, mais la moitié des élèves de Khâgne sont à peu près capables de faire émerger n’importe quel portrait – type cohérent d’une petite ballade micro en main»


Les journalistes n’aiment pas qu’on leur parle de responsabilité. Pourtant ils savent pertinemment qu’ils sont des médiateurs sociaux et à ce titre ils ont une responsabilité qui les engage. Peut – on continuer à dire que notre rôle est de témoigner. Tout court. Pour témoigner, ne faudrait – il pas être présent. Nos sociétés sont en danger. Surtout dans le cas de sociétés en profonde mutation. « Les confrontations à venir », doivent nous obliger à nous remettre en cause pour mieux prévenir l’irréparable. La liberté d’expression, s’arrête là où le propos ne tend pas à dénier l’existence d’autrui. On l’a vu avec l’histoire du "Coran profané". Tout dérapage se paie en litres de sang, de voitures calcinées… Nous savons que beaucoup de journalistes reproduisent les vérités de leur réseau. Peu, l’avouent. Heureusement que face à la pensée unique, les consciences s’élèvent. L’Homme est trop noble pour qu’on en fasse un instrument. Ma conviction clairement exprimée est que le journalisme du 21ème siècle sera un humanisme ou ne sera plus! Nous y reviendrons dans notre prochain édito ( Le Sens de notre combat).


Dialogue et Pardon


« Nous ne voulons qu’une paix et une quiétude sur un pied d’égalité». La quête de l’égalité fut à l’origine de la rupture radicale entre la France et l’Algérie. Précipitant du même coup le déclin de l’Empire. Tout au long de l’histoire de la colonisation française, les départements, les protectorats et les colonies n’ont cessé de réclamer dans la fraternité, en attendant la liberté promise, l’égalité à la France. Cette dernière de gauche à droite haussait l’épaule, dégageait en touche les aspirations profondes des populations indigènes. Cette France fille de l’Eglise est passée étonnamment à côté de son véritable cri.

La France des Lumières, « l’Or de Paris », est restée dangereusement dans l’ombre. Une bougie qui éclaire, mais qui s’use, se consume au fil du temps. L’Heure est venue de sauver la France.

« … Seigneur Dieu, Pardonne à la France, qui dit bien la voie droite et chemine par les sentiers obliques… " ( Senghor Prière de Paix dédiée à Georges et Claude Pompidou, 1948).