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"Les Africains doivent maintenir la pression à l'OMC"

M. Nicolas IMBODEN, Directeur de la chambre du Commerce et de l'Ong IDEAS.
Par El Hadji Gorgui Wade NDOYE

GENEVE - L'initiative sectorielle sur le coton, n'était pas inscrite dans l'agenda de Doha pour le développement de novembre 2001. Les subventions à l'exportation et les subventions internes des pays riches faussent le jeu d'un commerce équitable, en entraînant, avec elles, la misère de plus de 10 millions de pauvres africains qui, sans leur produit ( le coton), sont exclus de la carte commerciale du monde. Avec les Africains, des Suisses ont préparé les instruments de la lutte qui devaient amoindrir la gourmandise des USA et de l'UE qui depuis des siècles n'ont fait que se partager le marché africain sans aucun soucis des intérêts des populations africaines.


"Continentpremier" le plus panafricain de vos magazines, s'est rendu à la rue de l'Arquebuse 10, siège de l'ONG IDEAS pour comprendre l'histoire du coton africain. M. Imboden nous dévoile la genèse du " Dossier Coton " et donne ses appréciations des négociations menées par les Africains à l'OMC.

Pourquoi Ideas, Toujours des idées ?

L'ancien directeur général du GATT M. Arthur Dunkel et moi avions pensé qu'il y avait un besoin de conjuguer les principes du libre échange et du développement. Certains parlent que du commerce, mais ne connaissent pas le développement. D'autres connaissent bien le développement mais pas le commerce. Nous avions voulu donner une valeur ajoutée en combinant les deux concepts.

Domaines d'interventions ?

Nous travaillons beaucoup pour l'accession de certains pays du Sud à l'OMC. C'est l'exemple du Vietnam, du Laos, Serbie, Liban Avec ces pays, nous leur demandons de d'abord déterminer leur besoin pour le développement, ensuite nous voyons avec eux ce qu'il faudra faire au niveau de l'OMC. L'OMC devrait promouvoir l'intégration des pays en développement dans l'économie mondiale pour accélérer leur développement et non pas pour le freiner. Nous sommes des libres échangistes, nous sommes pour l'OMC mais nous disons que le système n'est pas parfait mais au lieu de le détruire, il faudrait plutôt le réformer, car il n'y a pas d'alternative à l'OMC.

Comment est née l'idée de lancer une initiative coton?

C'est à partir d'un séminaire organisé par le Club du Sahel et l'OCDE à Accra au Ghana sous la présence des présidents malien et ghanéen que l'idée est venue.
Le sujet était " l'intégration économique régionale " qui regroupait au - delà des gouvernements, le privé, les paysans. Et ce qui était intéressant c'est de voir comment les gens directement interpellaient leurs présidents. Le débat était très ouvert. Mais quand on a aborde la question de l'OMC, une intervention m'avait fâché, car l'intervenant soutenait que c'est l'OMC qui les empêchait de poursuivre leur développement. Je peux comprendre qu'ils s'attaquent à la Banque mondiale ou au FMI moins qu'à l'OMC. En outre, j'avais remarqué que l'Afrique de l'Ouest n'existait pratiquement pas à Genève. Je leur ai dit soyez présents, faites vous entendre. C'est là ensuite qu'un représentant de la CEDEAO, nous avait demandé si nous pouvions les aider a se faire représenter à l'OMC.

Vous savez que la CEDEAO, met parmi ses premières priorités la paix et l'intégration régionale, domaines dans lesquels elle accomplit un excellent travail, ensuite c'est l'OMC à Genève. Nous leur avons suggéré donc, vu les grandes problématiques abordées à Genève, de couvrir certains sujets qui auraient un intérêt réel pour eux et qui irait dans le sens de l'intégration africaine. C'est là où l'histoire du coton est née. Nous avons travaillé en étroite collaboration avec les pays africains pour le triomphe de la cause du coton.

Comment vous vous y êtes pris ?


Nous avons organisé ensemble avec ICTSD et d'autres ONGs- une réunion avec les délégations africaines a Genève pour définir les problèmes et pour étudier de fond en comble ce dossier. Nantis de tous les éléments, nous avons décidé de faire du coton un dossier à soumettre à l'OMC.

Nous voulions aussi que l'Afrique rejoigne le Brésil dans le Comité de règlement des différents pour les avantages qu'il pouvait leur offrir.

Nous avons ensuite proposé d'aller dans les négociations. J'avoue que le délai de soumission était court. Mieux, quand je suis allé voir le Président Blaise Campaoré, il m'a demandé de faire ensemble avec les délégations africaines à Genève, une proposition de soumission que je devais lui présenter dans un délai d'une semaine.

Le Président Campaoré devait rencontrer ses pairs, et voulait coûte que coûte leur vendre l'idée. J'étais tenaillé, mais très déterminé. C'est là que dès mon retour à Genève, nous nous sommes mis au travail avec les ambassadeurs des missions permanentes concernées. Il s'agissait en occurrence du Bénin, du Burkina, du Mali, et du Tchad.

Au niveau de l'OMC, la date fatidique pour les soumissions était le 31 mars 2003.
Le Président Kérékou du Bénin que j'ai vu par la suite a pris aussi les choses en mains et quand je lui ai dit que le Président Campaoré s'en occupe, il m'a répondu : " C'est mon problème. Je m'en charge". C'est à Accra que la proposition de soumission a été finalement acceptée par les ministres de l'agriculture, du commerce et des finances des pays membres de la CEDEAO.

Pour la première fois, avec la venue de Campaoré à l'OMC, un président d'une république se déplaçait à Genève pour présenter une soumission dans le cadre des négociations commerciales ?

Cette présence montrait l'importance du Coton pour les pays africains mais permettait également de faire du bruit autour de ce dossier. Le Président Campaoré a présenté devant la presse internationale et nationale le dossier du coton d'une belle fort manière avec détermination et sans agressivité. A la suite de sa conférence de presse, le coton a pris une autre tournure. Les autres Africains ont commencé à y croire… Le Président Wade a rejoint le groupe en défendant ce dossier lors du Sommet du G8 à Evian. C'était très important.

Comment expliquez vous l'échec de Cancun ?


Après Cancun, je me suis dit si Cancun avait réussi, ç'aurait été une catastrophe. Les rapports de force n'étaient pas les mêmes. Comme c'était le cas dans l'Uruguay Round. Il fallait repenser la manière de négocier. Cancun représente dès lors une étape utile et nécessaire pour passer à une autre étape, pour arriver à un résultat satisfaisant pour toutes les parties. Vous vous rappelez que l'Union Européenne avait changé sa position sur le coton, les USA aussi avaient compris. Ils ont compris plus tard car ils n'étaient pas préparés.

Vous continuez toujours à vous occuper du coton africain ?

Vous savez dès que qu'on arrive dans la phase des négociations, nous n'avons plus de rôle à jouer, notre mandat s'arrête. Ce sont les négociateurs africains qui reprennent le flambleau. C'est à eux de se débrouiller pour gagner la bataille. Ce sont les ambassadeurs et les délégués africains présents dans les salles qui négocient avec leurs homologues des autres pays. J'avoue que les Africains ont bien négocié vu les rapports de force. Je pense sincèrement qu'ils ont obtenu un très bon résultat. Ils ont rejeté à Genève le premier texte que les Etats - Unis leur avaient proposé et ils leur ont soumis leur propre texte. Ils ont ainsi garder l'initiative dans cette négociation difficile

Qui finance toutes ces activités que vous menez ?


Pour le dossier du coton, nous avions eu divers partenaires comme la Suisse, l'Allemagne, la France, la Hollande, l'Angleterre, le Danemark et la Suède. La multiplicité des sponsors garantit une certaine liberté et en même temps permet aux pays donateurs d'être à l'aise avec par exemple les Etats - Unis dans le cas du coton. Pour le projet d'accession du Laos à l'OMC, c'est probablement l'Allemagne qui financera ce volet et pour le Vietnam, c'est la Suisse.

Vous dites que les Africains ont bien travaillé lors des négociations commerciales. Qu'ont ils obtenu concrètement ?

Les Africains ont obtenu entre autres à la suite des négociations, les décisions du Conseil général ci - après :

- Le dossier du coton bénéficiera d'un traitement " spécifique ambitieux et rapide ", " l'amélioration de l'accès au marché ", " la réduction substantielle des subventions agricoles " , " la mise en place de ressources additionnelles et spécifiques pour les pays où le coton a une importance vitale " ….

Mais tout cela est à l'état de promesses, laissées au bon vouloir des pays occidentaux ?

Ce qui est sûr, c'est que les Africains ont obtenu un nouveau cadre de dialogue. Les résultats obtenus constituent un potentiel qui est là comme une direction à suivre. C'est aux Africains maintenant de jouer pour s'assurer que le Comité se crée, de travailler pour que cela avance. Ils devront maintenir la pression par des propositions, par l'activisme.

Quels sont vos prochains défis ?

Nous sommes actuellement dans le suivi des marchés publics au Ghana en définissant de nouveaux mécanismes pour que l'adjudication des marchés se fasse de manière transparente. Cela permettrait de faciliter et les investissements et la mise en œuvre des projets de développement. Par ce mécanisme de suivi des procédures des passations de marchés, nous espérons donner aux pays africains qui veulent lutter contre la corruption de démontrer aux pays du Nord qu'ils y arrivent. Nous avons reçu d'ailleurs une demande du Sénégal pour tester ce système aussi chez eux. Nous avons en outre deux nouveaux projets en dehors de l'accès à l'OMC que nous manageons pour certains pays. Il s'agit d'un projet visant à élargir le même travail fait sur le coton à d'autres produits et pour le Mozambique de définir une politique commerciale et une bonne stratégie de négociations.